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par Gérard Grèze
http://abeille-cyclotourisme.fr/souvenirs/2011_pbp_gerard.htm

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Paris Brest Paris 2011

Par Gérard

(Rueil - Brest - Rueil = 1265 km)

Départ de Rueil à vélo vers 13h30 pour essayer de partir avec la première vague à 16h00. Il fait très chaud et c'est un peu orageux, le ciel est menaçant mais ça s'éclaircira en arrivant vers Marly. J'ai décidé de monter doucement les collines nous séparant de Guyancourt, mais avec la chaleur je transpire tout de même abondamment en arrivant au stade des Droits de l'Homme.

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Jean est au service de sécurité, je le salue puis me dirige vers l'entrée du stade. Il y a déjà beaucoup de monde alors que les portes doivent s'ouvrir dans 10 minutes. Je retrouve Claude du club de Bois Colombes, il est seul de son club et sera assisté par son frère.

Nous papotons mais un groupe d'italiens s'intercale entre nous dans le stade au moment ou je pose mon vélo pour la photo avant le départ. Vers 15h30 le tamponnage des carnets commence pour la première vague. Je dois pouvoir en être, mais un américain s'exclame : "what a beautifull randonneuse Alex Singer". Je me retourne pour constater : "what a beautifull fixy !" Il a une très belle machine à pignon fixe avec un pignon de chaque côté du moyeu, un 15 dents pour l'aller et un 16 pour le retour. Avec un plateau de 46 je trouve que ça fait de grands développements, mais il me dit qu'en Caroline du nord le relief est équivalent alors ça devrait aller. Pendant ce temps quelques cyclos m'ont doublé. Je suis juste devant les contrôleuses quand un organisateur arrive en déclarant : "stop c'est fini pour la première vague". C'est bête je pensais partir avec Claude, mais il est devant. Tant pis, ça laisse le temps de faire des photos et de voir Jocelyne avec son tampon dans la rangée d'à côté.

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Mes contrôleuses qui auront le temps de me photographier  Jocelyne prête à tamponner les carnets de route

Quinze minutes plus tard nous sortons du stade pour nous regrouper sur la route dans l'aire d'attente avant le départ de la première vague. Mes parents sont à la sortie, mais je ne veux pas perdre ma place sur la première ligne. Ils me rejoindront un peu plus tard et nous pourrons bavarder jusqu'au départ de premiers. Je me retrouve alors sous le portique de départ. Je suis trop près pour le photographier, mais parfaitement placé pour voir la voiture et les motos qui nous ouvriront la route tout en limitant la vitesse à 30 km/h.

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Le compte à rebours est lancé 10, 9 ...1, 0.

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Ça part mollement alors je profite de ma position pour rester devant et ainsi éviter tous les à-coups du peloton. Le passage des carrefours est protégé jusqu'à Elancourt et en tête je vois parfaitement la route, c'est idéal pour passer les ralentisseurs et autres ilots directionnels.

Les véhicules ouvreurs nous laissent avant Jouars et là les furieux passent à l'attaque. Je reste à peu près dans les roues jusqu'à Montfort l'Amaury où la côte fait des dégâts. En haut je suis un peu lâché par le peloton, mais derrière ça roule beaucoup moins vite alors je fais un effort pour rejoindre le groupe de devant. Ce sera difficile mais je profiterai de l'abri de ce gros peloton jusqu'à Condé-sur-Vesgre. Là dans la longue ligne droite je laisse partir les plus rapides et je passe ensuite de groupe en groupe car je préfère laisser passer ceux qui oublient de ralentir quand ça monte.

Dans les villages les riverains ont sortis les tuyaux d'arrosages, bidons et bouteilles pour nous ravitailler en eau car il fait très chaud et c'est très apprécié. J'en profiterai peu après Châteauneuf en Thymerais.

Voilà Longny-au-Perche, 120 km, faits en 4h15 soit 15 mn de plus qu'en 2007, on voit que le vent défavorable nous a un peu ralentis. Les côtes passeront mieux qu'il y a 4 ans et voici Mortagne à la tombée du jour. Victor me double dans la côte à l'entrée de la ville, il est parti dans la troisième vague à 16h40, il compte s'arrêter le moins possible avant Brest, il est parti pour faire un très bon temps.
Arrêt bref, mais l'eau coule très lentement pour remplir les bidons et il y a foule.

Je retrouve des groupes avec des Italiens et un Canadien avec une belle randonneuse "Boulder". Un peu plus loin je bavarderai avec un danois. Malgré la nuit il fait encore chaud et on reste en tenue légère. Peu après minuit voilà le contrôle de Vilaines-la-Juhel. Très bien organisé avec de nombreuses toilettes et des robinets à l'extérieur. L'eau est très fortement chlorée et n'a pas bon goût, heureusement que les pastilles citronnées changeront ça.

Vilaines-la-Juhel - Fougères

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Fougères à 4h30.

Toujours en tenue courte je repars et les groupes commencent à s'éclaircir. Par moment je suis seul et je m'arrêterai vers 2h00 pour une petite pause et pour mettre des manches car il fait un peu plus frais.

Avec la chaleur j'avais des difficultés à manger du solide alors il est temps d'avaler une nourriture consistante.

Malgré l'heure matinale il y a encore du monde dans les villages pour nous encourager. Le contrôle à Fougères est calme il n'y a pas trop de monde, j'en profiterai pour me masser les jambes car après 300 km les muscles sont un peu moins frais qu'au départ.

Fougères - Tinténiac

Étape courte et peu vallonnée, tout va bien. En arrivant au contrôle je croise Sina et Bruno de l'ACBO. Ils sont partis dans la troisième vague et ont du me doubler dans la nuit. Sina pense avoir roulé trop vite et est un peu fatiguée. Ils repartent en me disant à tout à l'heure. Sachant qu'ils m'ont repris environ 45 mn depuis le départ, je me demande si je les reverrais. En repartant je croise Claude de Bois Colombes il semble encore bien, il avait abandonné en 2007, il serait bien qu'il finisse cette année (ce ne sera malheureusement pas le cas).

Tinténiac - Loudéac

gerard_08Le jour s'est levé, c'est plus agréable de voir le paysage, même si les premières vues sont pour l'antenne de diffusion sur la colline de Bécherel. Je vois deux cyclos au loin et je pense que ce sont Sina et Bruno. Nous roulons à la même vitesse, heureusement voilà le contrôle secret à Quédillac, nous repartirons ensemble et ferons route commune jusqu'à Carhaix sur le chemin du retour. Trois randonneuses Singer voilà qui donne envie à Sina qu'on se fasse photographier ensemble quand nous rencontrons une équipe de Maindru.

Au contrôle une restauration rapide propose saucisse-galette, pas très diététique, mais il faut manger un peu de solide alors je me laisse tenter, il faut aussi satisfaire le goût.

Loudéac - Carhaix

Encore une étape difficile avec une succession de côtes. Bruno profite au maximum des descentes et je prends plaisir à rouler avec lui. On assure les relais et nos compagnons apprécient, il faut insister pour qu'ils passent un peu devant pour nous relayer. Le vent est défavorable et ça fait du bien de s'abriter un peu aussi.

A Carhaix on ira déjeuner au self et l'arrêt se prolongera, on se prépare à attaquer le Roc Trévezel point culminant de la randonnée à 346m.

Carhaix -Brest

La montée au Roc Trévezel se fait sous le soleil mais le ciel se couvre légèrement, une tendance orageuse fait son apparition. Le panorama au sommet se perd dans la brume, on devine à peine où se trouve Brest. On commence à croiser les premiers groupes sur le chemin du retour, mais les touts premiers sont déjà passés sur la partie du parcours spécifique à chaque sens. Voilà un gros groupe avec quinze à vingt maillots blanc et bleu que nous n'identifions pas, on croise Jan des randonneurs de Seattle et le tandem de Jean-Galbert et Geneviève, rapide salut car nous sommes dans la descente vers Sizun. Le parcours vers Brest est sinueux et dans le groupe la fatigue semble se faire sentir.

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Arrivée au Roc Trévezel Brest au pont Albert Louppe   Au fond la rade de Brest

Arrêt photo au pont Albert Louppe puis à la pancarte "Brest". Il reste environ 10 km pour un circuit touristique dans la zone portuaire et vers l'amirauté et enfin la montée par la rue du château qui nous amène au contrôle. L'intérêt de cette boucle passant par le port et ses rails ne séduit pas les cyclos, les étrangers ne comprennent pas pourquoi on fait un tel parcours dans Brest. Le site du contrôle est moins bien que celui de 2007, il faut davantage marcher et on y perdra un peu de temps.

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Voilà, il n'y a plus qu'à rentrer à Paris Restauration à Brest  Envoi de messages aux familles

Début du retour vers Paris

Brest - Carhaix

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Dans les rues de Brest le retour est lancé

On repart vers 20h00. A Landerneau on retrouve Victor avec un genou abîmé, c'en est fini de ses ambitions de faire un temps, mais il veut essayer de finir "tranquillement" avec nous. Il me semble que nous ne roulons pas tranquillement et faire 600 km dans son état n'a pas l'air très raisonnable. Il s'arrêtera d'ailleurs rapidement conscient de son incapacité à finir, même en acceptant une certaine douleur.

Vers Sizun la route est très mouillée, il a du pleuvoir abondamment. Nous ne recevrons que quelques gouttes mais quand on retrouve le parcours commun à l'aller et au retour je suis ébloui par les lumières des cyclos arrivant en face. C'est décidé je m'arrêterai dormir à Carhaix. Il sera un peu plus de minuit, une bonne heure pour se reposer.

Sina et Bruno se sentent bien et décident de continuer au moins jusqu'à Saint-Nicolas du Pélem où est organisé un ravitaillement/hébergement.

Au dortoir de Carhaix, aménagé dans un gymnase il ne reste plus que des matelas sans couverture, tant pis je m'en contenterai. Une bonne douche et au lit pour un réveil demandé à 5h30. Il fait frais et je me réveillerai plusieurs fois. Quelques minutes avant 5h00, je décide de me lever. Il ne pleut plus. Après un petit déjeuner c'est reparti pour ma deuxième étape qui pourrait être la dernière si le sommeil ne se manifeste pas avant Saint-Quentin-en-Yvelines.

Carhaix - Loudéac

Il fait encore nuit et il y a un peu de brume, plus quelques gouttes de pluie par moment. J'ai beaucoup de mal à voir la route quand arrivent des cyclos en face. Je suis parfois obligé de freiner en ligne droite pour assurer ma trajectoire. Enfin un peu avant 7h00, le jour se lève et c'est reparti.

Arrêt bref à Saint-Nicolas du Pélem où je ne vois pas les vélos de Sina et Bruno. Cette étape est difficile mais la forme est plutôt bonne.

Loudéac - Tinténiac

gerard_16A Loudéac je ne m'attarde pas non plus, il reste encore une étape difficile jusqu'à Tinténiac. Je fais juste un passage par la restauration rapide pour assurer une réserve afin de passer les côtes sans risquer la panne sèche.

Sur la route je croise encore beaucoup de monde, tous ne termineront probablement pas dans les délais. Au fil des côtes je change de compagnon, un français de la Rochelle me propose de finir ensemble mais il grimpe trop vite pour moi.

Voici le contrôle secret à Illifaut, les gens du cru sont au ballon de rouge ou de blanc, pour moi ce sera un Pepsi. L'antenne de Bécherel apparaît à l'horizon avec la dernière grande difficulté de cette étape. Ensuite c'est une longue ligne droite en descente vers Tinténiac.

Tinteniac - Fougères

gerard_17Étape facile, le vent favorable est bien établi ça roule à un bon rythme.

Arrivé à Fougères je décide de faire une halte à la restauration rapide pour recharger l'estomac car l'étape suivante est encore bien pourvue en côtes. Je vois les vélos de Sina et Bruno, mais ils sont introuvables. En fait ils sont couchés dans l'herbe devant la restauration et se reposent. Sina se relève quand je sors, elle se rallonge mais je l'interpelle pour savoir s'ils pensent repartir bientôt. Elle dit qu'elle est prête, on interroge Bruno, il est aussi prêt.

Fougères - Vilaines-la-Juhel

Dans la première côte un groupe nous double très rapidement, je reste sur mon rythme, ils ne tarderont pas à craquer et je finirai par les repasser. Sina me dit que c'est trop rapide pour elle, il vaut mieux que je ne les attende pas. Tant pis mais c'est vrai que je me sens bien et les kilomètres défilent. Je rencontre un danois qui habite en Suisse, il roule un peu vite pour moi mais il pense qu'il faut qu'il réduise sa vitesse alors il propose que nous roulions ensemble. C'est sympa, mais à l'approche de Vilaines, il me distancera dans les dernières côtes.

A Vilaines-la-Juhel l'ambiance est toujours aussi joyeuse. Je fais quelques photos, ce qui me vaut des commentaires de l'animateur qui s'impatiente de me voir arriver.

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Avant la nuit et les 220 km restant à parcourir, je ferai mon deuxième vrai repas à la restauration où il n'y a presque personne. Le service est parfait, les gens sont aux petits soins pour nous.

Vilaines-la-Juhel - Mortagne au Perche

Je repars juste avant la nuit, le vent n'est pas tombé et c'est très bien.

Les routes sont très belles avec des bandes blanches très visibles alors ça roule comme en plein jour. Tout va bien je commence à songer à une belle amélioration de mon temps de 2007. Il y a de moins en moins de monde sur la route et je serai souvent seul sur cette étape. L'arrivée sur Mortagne est plus facile qu'en 2007, la forme est bien meilleure, les côtes sont avalées avec une certaine aisance.

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Contrôle dans le décor de l'hôtel de la bouteille pour rappeler le pointage à Mortagne du premier Paris-Brest-Paris en 1891.

Dernier massage des jambes avant de passer à la restauration rapide. Il y a des cyclos qui dorment dans des postures plus ou moins confortables. Pour moi ça va, je peux repartir confiant pour la suite.

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Mortagne - Dreux

Nous sommes plusieurs à partir ensemble, mais dans les côtes ça se disperse. Un néerlandais me rattrape et reste à ma hauteur, je comprends qu'il apprécie mon éclairage puissant. Il ne parle pas anglais et seulement quelques mots de français mais il est sympa et apprécie ma compagnie. A un moment je voudrai ralentir et le laisser partir pour ne pas le retarder mais il ralentit pour m'attendre et je n'arrive pas à me faire comprendre. Finalement je fais un effort pour passer ce moment de baisse de régime et ça va mieux en arrivant vers Dreux.

L'arrivée sur le contrôle est toujours aussi compliquée, mais de nuit c'est plus supportable que de jour. Mon équipier me fait comprendre qu'il veut repartir très rapidement, il est en train de réaliser son meilleur temps pour son troisième Paris-Brest-Paris et il ne veut pas perdre une seconde. On prend le temps de manger un gâteau avec un chocolat chaud et c'est reparti, objectif Saint-Quentin vers 7h00. C'est faisable mais il ne faut pas traîner.

On rattrape un groupe à peine moins rapide que nous, je propose de le dépasser mais mon équipier me dit : "ça va". Dommage car ce groupe roule finalement assez mal et je prendrai mes distances car je redoute qu'il y ait un accrochage avec chute. Finalement mon équipier repasse devant,  j'y vais aussi et ça roule bien mieux à mon goût. La côte de Gambaiseuil arrive, elle passe très bien, mais quelques cyclos de province ne connaissant pas la route et ayant peur de se perdre à l'approche de Guyancourt demandent qu'on les attende. On finira donc ensemble à 7h05 avec les premiers rayons du soleil.

Claude Galvaing est au contrôle d'arrivée et je retrouve Patrick qui a suivi ma progression sur Internet et est venu m'accueillir avant d'aller travailler au technocentre Renault à proximité.

Claude Morel est là aussi, il me propose de me ramener à la maison en voiture, mais il me dit aussi qu'il doit être de retour au gymnase à 9h00 pour reprendre du service en tant que bénévole. Je le remercie d'être venu, mais ça me semble bête de faire un aller-retour pour me ramener alors que je suis encore capable de rentrer à vélo.

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Les gradins du gymnase des Droits de l'Homme transformés en dortoir.
Le retour par le parc de Versailles et les bords de Seine sera bien agréable.
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Arrivée à la maison à 9h00. Douche et au lit à 10h00 pour une bonne journée de sommeil, qui sera suivie par une bonne nuit de sommeil me permettant d'aller travailler le lendemain.

Voilà c'est fini, ça c'est très bien passé et l'impression est bien meilleure qu'il y a quatre ans. J'ai pu rouler dans un certain confort, puisque sec et dans une température modérée, sauf durant les premières heures excessivement chaudes. J'ai roulé avec plus de monde qu'en 2007 et globalement les cyclos étaient plus bavards. Tout le monde était moins fatigué et cette édition restera un très bon souvenir.

J'ai aimé :

J'ai moins aimé :

Merci à Sina pour les photos illustrant le bout de chemin parcouru ensemble.

Gérard Grèze


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"