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Le Paris Brest Paris 2015

du participant numéro H251

par Thierry Streiff
http://abeille-cyclotourisme.fr/souvenirs/2015_pbp_thierry.html

Inscription

Ma motivation pour ce Paris-Brest-Paris est très moyenne : je ne voyais pas l'intérêt de participer une nouvelle fois. Je me suis pré-inscrit par défaut avant de partir en Corse en mai pour pouvoir me décider plus tard.

Ma première fois en 2011 s'était bien passée, je m'étais beaucoup arrêté, j'avais beaucoup discuté, et utilisé tout le temps imparti. Certes, en 2015, j'ai fait les brevets de qualification, mais je fais toute la série tous les ans depuis 2011.

Finalement je me suis inscrit, mais sans plan précis. Je pense juste qu'il serait bien d'éviter la dernière nuit sur le vélo, ce qui impose un temps entre 75 et 77 heures. Je projette un premier arrêt sommeil à Brest et un deuxième à Tinténiac ou Fougères au retour.
J'ai le même vélo qu'en 2011 mais avec un moyeu dynamo, ce qui change beaucoup la route de nuit.

Retrait des dossiers et contrôle des vélos

pbp_2015_24Le samedi, il semble que tout le monde est venu en même temps. Le contrôle du vélo me prend une heure d'attente pour un contrôle de deux minutes. L'intérieur du vélodrome est plus restreint que le gymnase des Droits de l'Homme, et la circulation plus confuse. Pour le dossier, il faut faire plusieurs fois la queue... et je dois attendre encore une heure pour retirer le gilet fluo et le maillot optionnel. Dans la file, j'échange quelques mots avec mes voisins et chacun commente l'attente un peu longuette. Devant moi un colosse suédois, tout sourire "I can do that once in my life" (je peux bien le faire (attendre) une fois dans ma vie, un anglais à la petite moustache : "It's France, it looks confusing but it works eventually" (c'est la France, ça semble mal organisé mais ça finit par marcher). Mon voisin français "Quel cirque, ils devraient prendre des leçons sur l'Ardéchoise". On finit par arriver à la distribution où je salue Gérard qui fait le bénévole en attendant son départ du lendemain.

Etape 1 : Saint-Quentin - Brest, 614 km

Cette étape est en fait une nuit et une journée puisque le départ est en fin d'après-midi le dimanche.

J'ai décidé d'aller au départ en vélo, il y a 20 km, mais cela me détendra et me permettra de vérifier que tout va bien sur le vélo. J'arrive tranquillement 45 minutes avant mon heure de départ car le nouveau système avec heure choisie à l'inscription évite la cohue des cyclos poussant pour partir en premier.

Je suis en autonomie, mais je ne suis pas très chargé : je prévois de manger et dormir aux contrôles. Dans mon groupe de départ, je note que beaucoup n'ont rien sur leurs vélos et partent comme pour une balade de 100 km.

Sur le chemin du Vélodrome, je croise Claude et Maxime, Abeilles bénévoles de ce jour. Je rejoins le parc alloué à la lettre H, départ à 17h45. Eric est là et prend des photos. Je croise André Vaneeckout, l'organisateur du BRM 1200 Bruxelles-Strasbourg-Bruxelles que j'ai fait en 2012. Il me confirme qu'il l'organisera à nouveau en 2016. Je salue quelques têtes connues, souvent croisées sur les brevets. Notre parc avance dans le sas de départ après le départ de la série G. Je suis entouré de brésiliens exubérants et de japonais qui photographient tout ce qu'ils voient.

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La foule bariolée des cyclos au départ

17h45 : top départ ! Je trouve l'allure plus calme qu'il y a quatre ans. Par contre, le comportement des Japonais me fait peur : ils prennent des photos en roulant au milieu du peloton qui slalome dans les rues de Montigny. Je glisse prudemment à l'arrière du groupe.

Après quelques dizaines de kilomètres, les groupes s'étirent, même s'ils occupent souvent toute la largeur de la route. Je reconnais Yvan, l'administrateur du forum Internet des Rubans Blancs, que je n'ai jamais rencontré. Nous discutons un peu avant de se perdre dans Châteauneuf-en-Thymerais.

J'arrive rapidement à Longny-en-Perche, pour les premières vraies côtes. J'apprécie mes séjours en montagne de juillet : j'enroule jusqu'à Mortagne sans beaucoup d'efforts.

Je fais un court arrêt-sandwich à Mortagne-au-Perche, je mets les jambières avant de repartir dans la campagne bosselée du Perche. Il y a des cyclos tout au long de la route et on voit de derrière une longue guirlande de lampes rouges. Chacun s'accroche ou décroche des différents groupes selon sa vitesse et sa forme de l'instant. J'alterne le roulage en groupe et seul, rapide et plus lent, cela casse la monotonie et maintient ma vigilance.

Il est 3 heures du matin à mon arrivée à Villaines-la-Juhel. Je me souviens qu'il vaut mieux ranger son vélo en bas de la rue sinon il faut beaucoup marcher. Je décide d'aller manger chaud, c'est rapide : le self est désert.

Je reprends ma progression dans le flot des loupiotes rouges. Comme souvent, beaucoup sont partis trop vite et à l'arrêt au stop du Ribay où l'on croise la N12, je vois des visages déjà marqués par la fatigue.

Plus loin, je rattrape une cyclote de Fleury-les-Aubrais. On ne se connaît pas mais c'est "la" Séverine du forum des Rubans Blancs. On discute en roulant, elle me raconte avoir chuté à Montfort-l'Amaury poussée par un Italien. À Chanrigné, ses vitesses arrière ne passent plus. On s'arrête, verdict : câble cassé près de la manette. Comme nous n'avons pas de câble de rechange (j'ai changé tous les miens il y a moins d'un mois), je fais une réparation de fortune en bloquant son dérailleur sur un pignon de la cassette en coinçant le câble dans le serrage rapide. Elle a maintenant un vélo à 3 vitesses. Comme le câble peut glisser, je décide de rouler avec elle jusqu'à Fougères où il devrait y avoir un vélociste. Cela va certes me ralentir, mais si cela lui permet de réussir son premier PBP (ce sera le cas), l'avoir aidée sera un souvenir plus marquant qu'une heure ou deux de moins sur mon temps.

À Fougères, je prends un petit déjeuner très moyen dans le gymnase, j'avais oublié qu'on peut avoir beaucoup mieux au restaurant en bas. Il y a une très longue queue aux toilettes. C'est un problème dans beaucoup de contrôles: le nombre de toilettes est souvent trop juste. Fougères est un jalon symbolique : c'est 25% de la distance parcourue à l'aller et bien sûr 75% dans l'autre sens.

Je repars dans un petit groupe, ils montent forts, tous en danseuse dans la côte pour sortir de Fougères. Je les laisse partir... pour les rattraper 5 minutes après sur le plat. À quoi bon se démolir les jambes dans la montée ? Cette étape est roulante, il fait beau mais frais, rouler est vraiment agréable. Je salue le groupe du PBP des Jeunes que je croise dans la campagne.

Le contrôle de Tinténiac est au fond d'une cour industrielle pas très accueillante, mais tous les services du contrôle sont groupés (parking à vélo, pointage, restauration, toilettes), ce qui en fait un contrôle très pratique. J'ai des petites douleurs à l'estomac depuis quelques heures. Je connais les symptômes, ce sont des débuts de crampes. Ce n'est pas lié à l'effort : c'est de manger trop vite, sans mastiquer assez. Je décide de supprimer les sandwiches et les boissons gazeuses de mon régime. Je croise Yvan en sortant, penché sur son vélo. Ses plateaux font du bruit, rien de grave mais entendre ça pendant des heures, ça finit pas agacer. Je vais chercher mes petits outils et on bricole ça.

Je n'ai aucun souvenir de la montée de Bécherel à l'aller, ce qui est bon signe. Après Bécherel, j'échange quelques mots avec les "dames d'Angers", dont Lydie (d'Angers) du forum des Rubans Blancs. Plus tard, les groupes se faisant et se défaisant, je roule avec un jeune cyclo. Jean-Luc a environ l'âge de ma fille et il commence à travailler, on devise tranquillement mais sans traîner sur la route de Loudéac. Nous faisons un rapide arrêt café chez "Mamie Galette" à Illifaut avant les bosses de Loudéac.

C'est l'heure du goûter à Loudéac, on s'arrête pour manger, rapidement mais sérieusement. Peu après Loudéac, nous croisons un peloton : ce sont les plus rapides qui sont sur le retour. Les bosses jusqu'à Corlay me semblent moins longues et moins rudes qu'en 2011, il faut dire que je les avais passées sous un gros orage. Jean-Luc et moi ne comptions pas nous arrêter à St-Nicolas-de-Pélem, mais c'est obligatoire : contrôle secret. Ensuite, c'est roulant jusqu'à Carhaix.

Arrêt-minute à Carhaix, juste le temps de pointer. La nuit tombe pour la deuxième fois sur PBP. Derrière nous, deux cyclos parlent bruyamment dans une langue slave. Jean-Luc me dit que ce sont des Bulgares. En fait, c'est un seul cyclo qui parle tout seul. Il parlera seul ou en nous apostrophant pendant toute la montée du Roch Trévezel, apparemment sans comprendre que nous ne comprenons rien. Il nous colle : ralentit quand on ralentit, accélère quand on accélère, tout en baragouinant à tue-tête. On finira par le semer en freinant en haut une fois qu'il est parti dans la descente. En haut du Roch, il y a de nombreux camping-cars et des voitures, certains se sont créé un point d'assistance intermédiaire à mi-chemin entre Carhaix et Brest.

À Commana, Jean-Luc me dit qu'il s'endort malgré la fraicheur. Des riverains sympathiques lui proposent un matelas avec une couette et la dame rentre me faire un café. Je repars seul après avoir discuté avec ces sympathiques Bretons.

Peu avant Daoulas, je vois un cyclo arrêté, penché sur son vélo. Il ne parle ni français, ni anglais, ni allemand (il me semble polonais), le seul mot que je comprends est "kaputt" quand il montre son vélo. Je vois finalement que la chaîne est bloquée entre ses deux plateaux. Il n'y a aucun moyen de la sortir sans desserrer les plateaux, mais il n'a aucun outil et pas de frontale non plus. Je vais essayer de le dépanner. Les vis sont bien serrées, mes clés Allen sont petites et il est 1 heure du matin, donc je ne suis pas très habile. Nous parvenons à réparer et il est super-content. Je lui fais signe de monter sur son vélo pour qu'on rallie Brest ensemble, mais il me fait signe qu'il va dormir. Quand je le quitte il est assis dans l'herbe trempée de rosée et mange un sandwich tout noir du cambouis de ses mains. Brrr !

L'opération m'a pris un peu de temps, mais ça m'a bien réveillé et je suis content de l'avoir dépanné. Mes petits outils en sont à leur 2ème PBP mais aujourd'hui ils ont servi deux fois ! Je continue jusqu'à Brest, on tourne tellement avant le pont Albert-Louppe que j'ai plusieurs fois l'impression de revenir en arrière.

Les contrôleurs de Brest m'indiquent qu'il n'y a plus de place pour dormir. En effet, je vois des cyclos couchés dehors, parfois emballés comme des papillotes. Je vais avaler une soupe et je vais voir le couchage. Surprise : il y a de la place tout de suite, dans des vrais lits et des chambres de deux. Royal ! Je demande combien coûte l'option "déjeuner au lit", mais ça n'est pas prévu... Douche, lit, sommeil profond...

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Taiwanais, Chinois, Australiens, Suédois...

Jour 2 : Brest - Fougères, 305 km

Lever à 7h15, comme un mardi ordinaire, comme quoi ce n'est pas si dur Paris-Brest ! Au self, je salue le groupe de Flins qui déjeune déjà. Ils sont arrivés à Brest un peu avant moi et ont donc aussi passé une bonne nuit. Je repars à 8 heures, il fait frais mais très beau. J'avale les bosses de Guipavas et nous voilà à la campagne. Je roule avec un cyclo qui habite à côté de Fougères et il est impatient de passer à la maison. Des rubans de brume s'accrochent encore dans les vallées. Le Roch Trévézel est vite monté, tous les cyclos sont applaudis en haut, comme si nous venions de monter un grand col. Par contre, c'est beaucoup moins agréable ensuite : il y a beaucoup de gros camions. Et sur la route, il n'y a pas de place pour 2 rangs de cyclos et 2 rangs de camions, d'où des dépassements un peu chauds, avec des 40 tonnes qui pilent quand ils voient au dernier moment que "ça ne passe pas". Bretagne oblige, la plupart des camions sont des transports de porcs et de poulets.

Je mange à Carhaix. Je repars plus dévêtu car il fait un peu lourd. Je rejoins Yvan dans les bosses d'avant Loudéac. Le revêtement routier ne s'est pas arrangé en 4 ans. Que celui qui en doute descende la route de Merléac dix fois assis sur sa selle !

C'est tea-time à Loudéac, mais pour moi, ce sera moins distingué : sandwich trempé dans de la soupe, c'est ça qui m'inspire et ça glisse tout seul. Une plaisanterie avec les bénévoles, un grand merci et je suis reparti. Je rejoins un russe et un allemand. Mais après 5 km, dès qu'un des deux doit passer devant, il casse le rythme. J'accélère et m'éloigne de ces enfantillages. Je rattrape un cyclo de Salins-les-Bains (BPF) avec qui j'avais parlé au départ. On discute un peu, il m'explique qu'il n'est pas rapide mais s'arrête très peu. Un gros groupe nous dépasse, et je monte dans leur train. En tête, le groupe de Flins, je me dis que je vais m'accrocher juste un peu car sur les brevets ils sont un peu trop rapides pour moi. Je remonte saluer Geneviève et Franck, la vitesse du groupe est en fait raisonnable (pour moi), donc ça me va. La montée de Bécherel fait plus mal de ce côté : c'est plus raide et les jambes sont aussi plus fatiguées qu'à l'aller, tout le monde mouline. La nuit tombe quand nous atteignons Tinténiac.

C'est l'heure de dîner, direction le self car il y a peu de monde. Je vois d'autres membres du groupe et je propose qu'on mange ensemble. Chacun raconte ses petites anecdotes... Nous décidons de rallier Fougères avant de dormir, d'autant plus qu'il n'y a que 54 km et que c'est une étape facile. Il fait bien noir. Discussions variées en roulant avec Michèle, une cyclote de Bondoufle partie pour 80 heures, un cyclo fan de l'Olympique Lyonnais, et un Bavarois dont la ville est jumelée avec une ville bretonne. Nous atteignons Fougères un peu plus tard que prévu, la nuit, on manque de repère. Les contrôleurs nous indiquent qu'il est inutile d'aller voir au couchage car c'est complètement plein. Ils nous interdisent d'ailleurs de nous coucher dans le gymnase pour des problèmes de sécurité. Ils nous proposent de faire 10 km jusqu'au Loroux où la commune "aurait" organisé un couchage. Je demande s'il y a un téléphone, car ce n'est pas la peine d'y aller si c'est plein. On ne peut pas appeler. Nous sommes bien ennuyés... et là je vois Geneviève et Franck tout frais revenant de la douche. Ils nous indiquent qu'ils vont dormir et qu'il y a probablement de la place au couchage. Nous y courrons et en effet, après 10 minutes, nous avons de la place. Dans le dortoir, je mets un masque sur mes yeux et des boules dans mes oreilles : la nuit est trop courte pour être interrompue.

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Allemands, Russes et... Français

Jour 3 : Fougères - Saint-Quentin, 310 km

Réveil assez tôt, j'aurais bien dormi un peu plus, mais ce n'est pas non plus une cure de sommeil. Je déjeune rapidement avec Michèle avant de partir. Cela ne nous empêche pas de nous arrêter à la Tanière : cafés, crêpes, et promesses de cartes postales sont échangés. J'accroche un groupe de Danois qui semble rouler à la bonne vitesse mais ils se doublent beaucoup, slaloment sur la route, dangereux... Je les quitte dans la montée d'Ambrières-les-Vallées. Le jour se lève et mes yeux piquent, je m'arrête et marche un peu pour me réveiller. Je tiens jusqu'à Lassay-les-Châteaux et m'arrête au café où j'ai pointé le BPF en 2012. Un grand café et une barre énergétique... Deux américains comateux sont attablés "Are you OK ?", "It's hard...". J'ai sommeil mais eux ont l'air complètement cuits. Le café et l'arrêt m'ont réveillé et ça va beaucoup mieux. La bosse après le Ribay passe toute seule, je double plein de cyclos. Quelques kilomètres plus loin, je suis doublé sur le plat par deux hollandais avec des guidons de triathlon dont je crois me rappeler qu'ils sont interdits.

Il n'est que 9h30, Villaines est assez calme à part un speaker de France Inter qui meuble l'espace sonore. Je suis étonné de voir aussi peu de vélos garés. Je décide de me refaire une trempée sandwich-soupe. Une gamine porte mon plateau jusqu'à la salle, je lui dis que ce soir elle aura mal aux jambes, elle me rétorque "Moins que vous !", bien vu... Un cyclo du Jura me demande s'il peut repartir avec moi. Je lui dis que je pars dans 10 minutes. 10 minutes après, personne, je repars.

C'est parti pour les Alpes Mancelles en solo. Ça monte, ça descend mais j'avance bien. A Fresnay-sur-Sarthe, je m'arrête prendre un café offert par un anglais en vacances. Il fait lourd, jusqu'à Mamers la route est droite et vallonnée et il y a beaucoup de camions : c'est désagréable. J'ai l'impression de piocher et de ne pas avancer. On me propose de l'eau fraîche, je m'arrête. Un peu plus loin on me propose une madeleine, je m'arrête. Mauvaises excuses... mais je vois bien que nous sommes nombreux à nous arrêter. Après Mamers, il y a beaucoup moins de circulations. Dans chaque pré ouvert, il y a des cyclos allongés faisant la sieste. Ça finit par me persuader de faire pareil et je m'allonge dans l'herbe à l'ombre pendant 20 minutes, somnolant en entendant les cyclos passer sur la bitume. Je reprends la route, remonté par la sieste et un peu de mauvaise conscience.

À Mortagne, je croise Geneviève au pointage, le groupe de Flins vient d'arriver aussi. Le site de Mortagne est un des plus pratiques : tout est groupé et... il y a beaucoup de toilettes. Je vais acheter un sandwich, un bénévole fait des sandwiches avec des gants jetables, mais il rend la monnaie avec, ce qui est nettement moins bien, surtout quand on voit la couleur des gants.

Je repars avec le groupe de Flins dans les bosses entre Mortagne et Longny, ils temporisent car ils ont perdu quelques éléments et je pars devant. Après Longny, le parcours est très roulant et j'avance vite. Le temps se couvre. Je rattrape quelques cyclos mais globalement j'en vois peu.

Je me souviens qu'il y a 4 ans, Mickaël et moi étions arrivés à Dreux à 8 heures du matin, et là il n'est même pas 19 heures le jour d'avant. C'est bon pour le moral. J'hésite entre manger à Dreux ou Saint-Quentin. Mais j'ai peur de la foule à la restauration à Saint-Quentin, j'opte pour un dîner rapide ici. Je croise Michèle qui va bien, elle sera dans les délais pour ses 80 heures. J'appelle Eric pour lui indiquer que je serai à Saint-Quentin vers 22h, il se propose de venir me chercher ce qui me fait très plaisir.

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Juste arrivé

On est toujours un peu pressé sur la dernière étape, elle parait d'autant plus longue. Toujours peu de cyclos, la nuit tombe pour la 4ème fois sur la route de Paris-Brest. En bas d'Elancourt, un cyclo chute devant moi à un rond point. C'est un belge qui m'avoue qu'il n'a plus de batterie sur son éclairage. Le moyeu dynamo est vraiment un gros progrès : éclairage puissant et à volonté. Je lui propose de se caler dans ma roue, discuter nous fera paraître la fin moins longue. Dans le slalom final entre les ronds-points, j'ai l'impression qu'on nous allonge la route, ce qui est un peu vrai, puisqu'on rejoint le vélodrome par le parc de l'étang. J'accroche un petit groupe derrière un énergique tandem britannique et voilà : c'est fini.

Impression étrange, l'arrivée n'est pas matérialisée, on arrive directement dans le parc à vélo. Eric est juste là. Je vais remettre mon carnet de route dans le vélodrome en trottinant pour me détendre les jambes. Comme prévu, c'est la cohue pour manger ou boire, autant rentrer à la maison.


Bilan

Ce fut donc un PBP sans objectif, sans beaucoup de pression, sans pépin ni physique ni mécanique. Une certaine sérénité qui m'a permis de moins penser à ma propre randonnée et d'avoir plus de recul sur le déroulement de l'événement. Un peu d'ennui sur la route parfois : avec les Paris-Brest Audax et Randonneurs en 2011, la Flèche Paris-Brest en 2012, les Relais Mont-Saint-Michel - Brest et Brest - Nantes en 2014, et une randonnée en Bretagne sud début 2015, les routes m'ont semblées trop familières.

Rouler devant la grande vague "des 90 heures" a l'avantage de limiter les attentes pour manger ou pour dormir, mais par contre, j'ai raté l'heure du dîner à Loudéac et à Villaines, moments de grosse ambiance dans ces bourgs.

J'ai vu aussi moins de cyclos, un peu toujours les mêmes à mesure des arrêts. Je n'ai pas vu de "galériens", à la limite du temps ou de leur capacité physique. J'ai pu faire la connaissance IRL (In Real Life comme on dit sur Internet) de personnes du forum des Rubancs Blancs avec qui je n'avais pu communiquer que virtuellement auparavant.

Thierry Streiff (toutes les photos sont d'Eric Lesieur, merci à lui)


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"