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BRM 1000 de Troyes

22 - 25 juin 2012

par Thierry Streiff
http://abeille-cyclotourisme.fr/souvenirs/2012_brm_1000.html

Troyes (Aube)

Nous sommes 6 au départ de Troyes à 18h00 (2 cyclos de Montigny-le-Bretonneux, un d'Orchies, 1 de l'ACBE, un de Chartres, et moi de l'Abeille de Rueil-Malmaison).
Il n'y aura personne du club de Troyes.

Nous discutons avec D.Moreau, l'organisateur. Si le BRM de Troyes existe depuis déjà longtemps, l'organisation a été reprise par de nouvelles personnes plutôt par tradition.
L'organisateur nous demande comment nous comptons pointer lors des contrôles de nuit. Nous comptions lui poser la même question !
J'ai prévu cartes postales, timbres et appareil photo au cas où.

Nous discutons sur le fait que les tampons de la Poste n'indiquent généralement plus le lieu de dépôt du courrier, la plupart des lettres étant maintenant tamponnées au 1er centre de tri.
Ce n'est du coup plus une preuve de passage.
Néanmoins, c'est le système choisi, et l'organisation a prévu des enveloppes (timbrées !) et des papiers à remplir à glisser dedans.

Je pars avec Jacques, croisé lors du BRM600 de Flins, dont ce BRM 1000 est l'objectif principal de l'année.
Ce brevet peut être vu comme une boucle "ouest" passant par la Bourgogne ouest, le Centre et remontée vers l'Ile de de France, puis à partir de Châlons-en-Champagne, une boucle "est" passant par la Lorraine, la Haute Champagne, puis retour par la Bourgogne.

Nous partons sous le soleil sur la N77 un peu trop fréquentée à notre goût et avec un vent défavorable. Deux groupes de 3 se forment rapidement.
À Saint-Florentin, la Gendarmerie nous barre la route : accident grave. Nous suivons la déviation obligatoire sans problème, juste 6 km de supplément.

Auxerre (Yonne)

Arrêt dîner dans un bar à Auxerre avec Jacques & Yvon, le match de football Allemagne-Grèce passe à la télé. Nous ne nous arrêtons pas longtemps, mais le score a le temps de passer de 1-0 à 3-1. Nous nous habillons chaudement car la nuit est annoncée froide. Nous traversons la Loire à Bonny-sur-Loire, la température descend encore.

À Ménétréol-sur-Sauldre, je signale aux autres que j'ai besoin d'une petite pause sommeil. Nous nous arrêtons sous l'auvent de l'église. Tout le groupe en profite pour dormir une demi-heure. Quand nous repartons, il fait très froid, et je mets tout ce que j'ai sur moi.
La route est globalement plate dans une agréable forêt de sapins et la lueur de l'aube qui arrive derrière nous remonte le moral.

Salbris (Loir-et-Cher)

Nous arrivons à Meung-sur-Beuvron vers 6h45, nous nous apprêtons à envoyer une carte postale de pointage quand le bar/tabac/loto/etc... ouvre. Petit déjeuner agréable en discutant avec le tenancier. Yvon nous quitte pour rouler plus vite : il doit dormir à Châlons-en-Champagne ce soir.

Nous remontons vers le nord, peu de relief, le soleil nous réchauffe, bref une matinée agréable pour pédaler. Nous dépassons deux Allemands en cyclo-sacoches qui passent la semaine en France pour rejoindre l'océan en longeant la Loire.
Un peu plus loin, nous dépassons Yvon qui est arrêté et téléphone. Nous apprendrons qu'il a décidé d'abandonner.

Pithiviers (Loiret)

À Pithiviers, nous arrivons à 11h pour déjeuner et nous avons une envie de pizza. Normalement c'est facile à trouver mais là il n'y a que des kebabs. Repli sur un bistrot et bonne pause en terrasse au soleil.

La route s'incurve vers l'est, afin de contourner la région parisienne.
La Seine-et-Marne gagne haut la main le prix des chaussées défoncées : les traversées de Nemours et de Provins sont des morceaux d'anthologie : les rues sont un patchwork de bitume de différentes couleurs et malheureusement différentes hauteurs.
Après Montereau-Fault-Yonne (où l'on peut observer facilement qu'au confluent l'Yonne est bien plus large que la Seine et que donc la Seine devrait s'appeler l'Yonne), cela devient bosselé.

Provins (Seine-et-Marne)

Nous cherchons à nous ravitailler à Provins, c'est le jour des Médiévales, et les rues sont pleines de touristes.
Nous arrivons à notre lieu d'étape un peu tôt, douche et quelques heures de sommeil et nous repartons vers minuit pour reprendre le parcours nominal.
Nous pointons à la Poste de Montmirail.

Châlons-en-Champagne (Marne)

Suivent de longues lignes droites roulantes vers Châlons-en-Champagne. Encore une nuit bien froide : mes mains sont glacées. Mini-pause devant la Poste Rive Gauche de Châlons juste après le pointage par carte postale.

La route droite et bien lisse hypnotise même si le jour commence à poindre.
À l'Epine, une voiture croisée nous salue d'un petit coup de klaxon, je réalise qu'il vient de me réveiller. Avertissement sans frais, mais il faut que je m'arrête pour laisser passer la vague de sommeil. Nous faisons une pause de 30 minutes face à la basilique. Pendant ce temps, nous voyons passer les 2 cyclos de Montigny puis Bernard s'arrête pour discuter 2 minutes. Tout le monde est donc groupé.
Nous repartons et roulons avec Bernard sur une route droite vers le sud-est mais avec de belles rampes. Les bourgs se font très rares, nous projetons un petit déjeuner à Nettancourt, Bernard se souvenant du bar de ce bourg. Désillusion en arrivant : pas de boulangerie, le bar est fermé... heureusement une jeune femme a ouvert une boutique multi-services : dépôt de pain, viennoiserie maison, café à volonté, épicerie... nous prenons notre petit-déjeuner en discutant de la désertification rurale.

Bar-le-Duc (Meuse)

Nous repartons direction Bar-le-Duc où nous longeons le canal pendant quelques kilomètres. Nous voulons faire quelques courses, mais tout semble fermé.
A la hauteur de Longeville-en-Barrois, je râle car les panneaux nous font prendre le contournement de la ville et faire 3 km en plus : j'aurais dû suivre le GPS bêtement.
A Ligny-en Barrois, nous avisons une supérette à côté de l'église, nous faisons quelques achats d'alimentation et mangeons avec Bernard sur le banc installé juste devant.

Trois cyclos allemands arrivent, avec des vélos de course lourdement chargés en cyclo-camping. Ils nous montrent un rayon cassé, nous sollicitant pour savoir quelle solution il y aurait. Mais trouver un rayon un dimanche dans la Meuse ...

La route ondule maintenant en remontant la vallée de l'Ornain jusqu'à Gondrecourt-le-Château. Une belle montée nous permet de changer de vallée en passant par Vouthon-Haut.

J'entends que ma roue avant frotte. Je m'arrête et constate qu'une vilaine coupure dans le pneu le fait se déformer sous la pression. Très ennuyeux d'autant plus que je n'ai pas de pneu de rechange avec moi... le pneu n'est pas neuf mais il est en bon état ailleurs. Je retire un peu de pression pour qu'il ne frotte plus. En redémarrant, la fatigue me fait rater le départ et je chute sur le côté avec les cales engagées... A part la sacoche tordue et la selle qui a tourné, pas de dégâts apparents. Je me suis juste écorché le genou et tordu le poignet.

Nous descendons dans la vallée de la Meuse à Domrémy-la-Pucelle, où je m'arrête 5 minutes le temps de pointer le BCN des Vosges. Puis nous remontons la Meuse sur quelques kilomètres pour pointer à Neufchâteau.

Neufchâteau (Vosges)

Lors des Flèches de France ou des BRM, si l'on pointe en même temps les BPF, on passe beaucoup de temps à s'arrêter pour pointer. C'est inconciliable avec un pédalage en groupe.
Mon arrêt technique pour mon pneu et ma chute nous ont fait perdre un peu de temps et nous nous demandons si nous aurons le temps pour la nuit d'hôtel prévue à Langres.

Une nouvelle péripétie technique dans la côte de sortie de Neufchâteau va régler le problème. La côte étant raide, je mets le pignon le plus grand, et j'entends le dérailleur qui est accroché par les rayons, je m'arrête mais je vois que le dérailleur est légèrement tordu. Je recule la butée de réglage et j'essaie de changer plusieurs fois de pignon, mais la commande est devenue très dure. Après quelques essais, c'est le câble qui casse dans la commande.
La situation est devenue bien plus préoccupante : je me trouve sans dérailleur arrière à Neufchâteau, ville très calme de province, un dimanche après-midi. Et il reste 300 km parmi les plus bosselés du parcours (les côtes de Haute-Marne et de Côte-d'Or).
Jacques repart seul : il garde toutes ses chances pour réussir ce brevet, alors que je suis bien parti pour rentrer à la maison en train.
J'essaie de forcer le dérailleur sur un pignon central en réglant la butée basse mais ça ne permet pas d'aller assez loin pour avoir un pignon assez grand. Je bloque alors le câble cassé dans l'attache rapide de la roue arrière et je peux ainsi régler le dérailleur sur le pignon que je veux. Je repars pour faire un essai, car je ne suis pas sûr que les 3 braquets disponibles (en changeant de plateaux) permettent de tout faire. Si ça ne va pas, ce sera retour Neufchâteau, nuit à l'hôtel, et retour en train le lendemain.

Après 10 km, je m'arrête pour bloquer la chaîne sur le pignon juste au-dessus, en effet grimper les rampes à 6-7% sur le 18 est trop fatigant.
Après 15 km je rattrape Jacques mais mes développements font que nous n'allons pas aux mêmes rythmes. Le fait de ne pas avoir le braquet idéal implique que je dois prendre plus d'élan et enrouler plus dans les côtes.

Langres (Haute-Marne)

Il se met à pleuvoir doucement d'abord puis de manière continue. La route monte et descend sans cesse, avec des montées bien rectilignes si déprimantes pour les cyclos.
La route est annoncée complètement barrée quelques kilomètres avant Langres, mais comme à mon habitude, je passe outre : on ne sait jamais où les déviations (faites pour les voitures) peuvent nous emmener et il y a toujours moyen de passer (passerelles piétonnes, etc.). C'est bien le cas, les ponts sur la Marne et le canal sont totalement coupés sauf pour les piétons et donc pour les cyclos marchant à côté de leurs vélos.

À Langres la montée jusqu'aux pieds des remparts ne nous est pas épargnée. Je rejoins Jacques et nous décidons de rouler ensemble la nuit, c'est plus sûr.

C'est l'heure de dîner mais Langres est très très calme. Nous finissons dans une enseigne de restauration rapide où nous faisons la fermeture. Pas de nuit à l'hôtel vu l'horaire : nous nous arrêterons selon les besoins.

Le temps a changé, il est beaucoup plus doux que les 2 nuits précédentes mais beaucoup plus humide. Après 15 km, il commence à pleuvoir. En montant une côte après Auberive, je sens que mon pneu s'est déformé encore plus et je ralentis. Quelques mètres après, la chambre qui a du faire une hernie par une ouverture du pneu explose.
Arrêt obligatoire... et utilisation d'un accessoire très utile que je trimballe dès que je fais une randonnée un peu longue : le morceau de vieux pneu. Je remonte le pneu abîmé avec le morceau de vieux pneu à l'intérieur, une nouvelle chambre et c'est reparti... Par contre, je continuerai à surveiller le pneu à chaque arrêt pour détecter si le trou s'agrandit : j'ai peur que le pneu ne se déchire.

Il pleut maintenant bien fort et un petit vent s'ajoute encore à notre inconfort. A Colmier-le-Haut, Jacques me dit qu'il faut qu'il s'arrête dormir. Le village est petit et il n'y a rien pour s'abriter. Jacques trouve un petit appentis le long d'une vieille maison. C'est petit, pas trop propre, mais nous serons au sec pendant une heure et demi. Jacques dort mais je n'y arrive pas : ce n'est pas (encore) mon heure. Par contre, étant mouillé, je commence à avoir froid.
Nous repartons sous la pluie battante et le vent me fait grelotter, en bas de la descente de Recey nous sommes trempés de la tête aux pieds. Les longues montées sont les bienvenues car elles nous réchauffent alors que les descentes nous glacent. A Echalot, c'est moi qui a sommeil, et nous nous arrêtons dans un abribus pendant 30 minutes où je dors en continu.

Le jour se lève mais nous n'attendons pas de chaleur solaire : le ciel est gris et le plafond très bas.
Nouveau redémarrage glacé... Nous empruntons sur quelques km la D901 et sommes doublés par 4 semi-remorques avec grand bruit et jaillissements d'eau sale. Heureusement, nous quittons cette route à Lamargelle pour longer la vallée de l'Ougne jusqu'à St-Seine-l'Abbaye. Nous espérons y déjeuner, mais le bar n'est pas encore ouvert et la boulangerie est fermée le lundi. Nous nous réchauffons dans le sas de la banque (1ère banque que nous voyons depuis Langres) en attendant que le bar ouvre. Le petit déjeuner nous fait du bien et je pointe le BCN de la Côte d'Or.

Nous repartons sur la partie la plus haute du brevet puisque le parcours saute d'une vallée à l'autre. C'est usant mais la Bourgogne est ma région natale et ces bosses en lacet de 200 mètres de dénivelé à 5-6% sont mes préférées. Après une longue descente, nous pointons à Vitteaux où nous constatons que les 5 participants restants passent pointer au même endroit sur 15 minutes.

Montbard (Côte-d'Or)

La route qui vient ensuite est beaucoup moins agréable : elle est plate certes, mais il y a beaucoup de circulation. Nous passons au large d'Alise-Ste-Reine (site supposé de la bataille d'Alésia) puis traversons Montbard. Jacques et moi convenons d'une pause déjeuner à Ancy-le-Franc, ce qui me permettra de pointer le BCN de l'Yonne. Au bar d'Ancy où nous nous arrêtons, se trouve une équipe Sky qui ne semble pas très motivée pour rouler.

Quand nous repartons, j'oublie de pointer le BCN. Je m'en rends compte trop tard et je suis très déçu sur le coup car nous nous étions arrêté à Ancy pour cela, mais je le garde pour moi car c'est 100% de ma faute.

Tonnerre (Yonne)

La route vers Tonnerre court-circuite la vallée de l'Armançon par les collines et est donc bien vallonnée, assez en tout cas pour nos jambes devenues lourdes, et il y a aussi beaucoup de circulation. Il fait assez chaud quand nous arrivons à Tonnerre, nous pointons rapidement et repartons, nous sommes pressés d'en finir. La côte d'Epineuil à la sortie de Tonnerre est longue mais assez roulante et c'est une des dernières du parcours.

Troyes (Aube)

Il reste 50 km avec quelques bosses, et beaucoup de forêt. A Chaource, nous prévenons l'organisateur de notre arrivée 1 heure et demi après. Un peu avant l'arrivée à Troyes, Jacques a un gros coup de mou, nous continuons à un rythme très tranquille jusqu'à l'arrivée.

Nous sommes très en retard par rapport à mon estimation à cause des différents aléas mais cela n'a pas d'importance puisque nous sommes dans les délais.

Bilan :

Le parcours est sympathique, mais les difficultés se trouvent dans le dernier tiers.
Par contre, ce parcours emprunte certaines routes fréquentées qu'il doit être possible d'éviter.
Nous avons pu voir qu'avec des vitesses et des stratégies d'arrêt différentes, les temps ont tendance à s'uniformiser.
Le fait d'être partis à deux avec l'intention de rester ensemble nous a bien aidés, surtout moralement quand la mécanique et la météo sont devenues défavorables.

Thierry Streiff


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"