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Par Jean-Pierre
8h55. Après l'heure, c'est plus l'heure. Nous nous retrouvons tous au Pied de Cochon pour la première étape qui commence par un ptidej. Jocelyne, qui est venue avec Michel, nous propose une variante Parisienne au parcours si méthodiquement Gamin-isé... Ptidej, en tout cas, Pied-de-Cochonnesque, mais sans remise, il faudra le signaler à l'ACP. Le briefing prévu est expédié: pas de briefing car nous savons tous à quel programme nous nous exposons: ptidej le matin, piti café à 11 heures, déjeuner avec café puis sieste le midi, goûter vers 4 heures, bière à l'arrivée (voire avant car Michel est parmi nous), dîner avant de dormir et permis de glace à toute heure, pour le reste, c'est juste du vélo. L'équipe est rodée: seuls deux nouveaux entrants aux usages des Traits d'Union Européens à valider, on verra bien.
9h29: en avant pour l'étape. Rue Rambuteau, passage au Mont de Piété, passage place des Vosges, rue de Charenton jusqu'à la porte et au pont, puis rue de Paris, qui longe la rive droite de la Seine. Pas de faux-pas, nous sommes juste ralentis par les feux et les humains non-vacanciers sur le bord de la route. Nous passons Réau, fief de Snecma (Safran, maintenant) et décidons de ne pas nous arrêter au musée de l'espace. Une autre fois peut-être.
Enfin, on arrive à Blandy les Tours (BPF 77) à une allure record face à un vent déchaîné. Rumeur dans le peloton: "c'était une étape éliminatoire, pour épuiser le maillon faible", mais de maillon faible, point ne se déclare parmi nous. On mange les VTS, puis les extras offerts par Jocelyne, puis sieste, puis café (ou l'inverse). Tout se met en place et il fait beau. On repart vers Les Écrennes par une route mal revêtue et on oblique plein Ouest dans un autre raid éliminatoire vers Donnemarie Dontilly (BPF 77), que nous rejoignons pile-poil à l'heure du thé. Thé, donc.
On repart ensuite plein est vers Nogent sur Seine en by-passant Provins (BPF 77). Au carrefour de la route de Provins à Nogent, deux vélos, qui partent si vite qu'on n'a pas le temps de les identifier, prennent la coupe (le nominal selon Mr. Garmin), les trois autres (qui comprennent nos deux "nouveaux") continuent droit vers la centrale nucléaire et prennent enfin à droite la petite route verte qui passe dans les zones de lacs qui jouxtent la Seine, un magnifique paysage bucolique en direction de Nogent, enfin.
À Nogent sur Seine, bière pression de rigueur avec cacahouètes offertes par le patron, qui court des marathons. Résa dans une pizzeria proche car l'hôtel ferme le resto les lundi soirs, pâtes et glaces. Au final, personne ne sera éliminé et nous serons cinq à l'arrivée à Venise.
Par Jean-Claude
Après la longue étape d'hier, la nuit a été bonne et réparatrice, ponctuée soudain par un unique mais énorme coup de tonnerre suivi d'une brève averse. Tandis que la télévision nous apprend la victoire de la Gauche aux élections législatives, la défaite de Ségolène, de Bayrou et de Marine Le Pen, la fatigue se fait néanmoins un peu sentir.
Le petit déjeuner est à 8 heures « vélos chargés, prêts à partir ! » a prévenu l'organisateur. Nous sommes d'accord, c'est vrai, les bonnes habitudes se prennent au début même si nous ne sommes que cinq. Le petit-déjeuner-buffet est varié et copieux et effectivement vers 8H45 nous sortons du Loisirhôtel presque comme un seul homme.
L'itinéraire de la journée est d'une grande simplicité: traverser le département de l'Aube presque entièrement et, plus précisément, quitter la vallée de la Seine en direction de Chaource au sud-est et là, plein est, direction Bar-Seine où nous retrouverons la vallée du même nom. Nous allons emprunter en tout et pour tout 4 routes départementales (que nous ne haïssons pas) bref, un itinéraire de 95 km et un dénivelé quand même de 766m, près du double de celui de la veille.
La première partie du trajet s'effectue dans un paysage typique de Champagne. La route très vallonnée est bordée de vastes espaces cultivés à perte de vue. Nous traversons de minuscules villages où ne subsistent que quelques fermes et aucun commerce. Le ciel est sombre. Un vent constant pousse les nuages, nous pousse en même temps et fait tourner les pales des immenses éoliennes dont nous percevons parfois le bruissement. Le plateau s'abaisse soudain dans la jolie vallée de la Vanne où repose le gros bourg d'Estissac. Belle descente!
Nous allons au ravitaillement. C'est un plaisir de songer déjà au pique-nique ! Mais, une Liébautine (habitante d'Estissac), regardant le ciel, nous prédit la pluie. Nous faisons un tour du côté de la halle aux grains du 17è S, prenons quelques photos... puis c'est le café que nous prenons car il faut qu'un certain rituel s'installe dès le début... Daniel sort son chocolat et le patron nous prévient que la pluie arrive. Je ne vous laisse pas languir plus longtemps : la pluie nous ne la verrons pas !
Les sacoches un peu plus pleines, nous nous engageons dans une belle vallée, passons près d'une curieuse tour ronde signalée sur la carte, la vallée s'élève, les collines sont boisées, nous apercevons des biches dans un champ, la route grimpe franchement dans la forêt et nous passons au sommet de notre étape à 301m !
Le BPF de Sommeval se trouve un peu à l'écart de notre itinéraire mais il est convenu de ne pas le rater. Jolie descente pas très longue. Photo à la pancarte. Le village dort, pas de commerce, pas un café pour pointer, une jolie église prise en photo et pique-nique devant l'entrée du cimetière où les habitants dorment aussi. Il y a des bancs et de l'herbe épaisse! Quel beau pique-nique ! Jean-Pierre se confectionne une énorme salade améliorée et partage avec nous un délicieux melon. C'est sûr, après cela, il sera plus léger ! C'est l'heure de la sieste courte et bienfaisante, nous le savons maintenant, les bonnes habitudes se prennent dès le début ! Allongé sur l'herbe, je regarde passer les nuages sombres et fais des étirements ...
En guise d'échauffement, nous devons retourner à notre « col » de la journée puis c'est la descente vers Javernant . J'ai repéré l'église du 16è S au portail richement sculpté (photos). Mes camarades ont disparus, je les retrouve (encore) au café un peu plus loin.
La route assez plate se poursuit dans les forêts qui entourent Chaource . L'intérieur de l'église est un véritable musée de la statuaire du 16è S : mise au tombeau, crèche en bois, bas-reliefs représentant la passion...
La soif de l'après-midi nous entraîne de nouveau au café. Le soleil et le ciel bleu sont apparus. Le dernier tronçon de 20km comporte de belles côtes. Patrice, allongé sur son vélo-couché, réalise des descentes sans concurrence aucune. Avant la dernière descente sur Bar, je tente d'attirer mes compagnons dans la visite d'une commanderie, pas très loin de la route... mais, le convoi est lancé et ne tourne même pas la tête. Je dois sprinter pour les rattraper !
Tour de ville de Bar-sur-Seine. Au café, autour de la bière rituelle de fin d'étape, il est question des vignes de Champagne dévastées par un orage et de la véritable andouillette de Troyes au Chaource qu'il serait génial de déguster. L' Hôtel du Commerce nous accueille. L'intérieur est un labyrinthe créé au fur et à mesure des agrandissements. Repas du soir : salade de pommes de terre aux harengs, andouillette et frites, tarte maison, boule à la vanille.
Cette bonne journée a appris aux petits nouveaux ( Michel et moi) qu'il existe aussi quelques coutumes auxquelles les « anciens » sont attachés. Nous verrons, par la suite, qu'il faut s'accorder des pauses et que le voyage à vélo est aussi un art de vivre.
Par Patrice
Une étape « honnête » est prévue aujourd'hui : 109 kilomètres, et 1000 mètres de dénivelé. D'aucuns hasardent l'idée qu'on pourrait partir vers 7h30 : le principe est accepté, mais les choses étant ce qu'elles sont et les ultimes préparatifs ce que nous savons, le départ effectif aura lieu à 8h30. Le principe de réalité aura une fois de plus triomphé. Le départ s'effectue sous quelques gouttes, juste de quoi déplier les Gore-tex et les très sexy panties d'aillleurs plus adaptés au vélo droit qu'au couché, dans cette dernière configuration l'eau a en effet tendance à rentrer par le bas, pour être efficacement canalisée là ou vous pouvez deviner. La journée démarre le long du vignoble champenois, et
Jean-Claude ne tarde pas à crever
, sous les quolibets des uns et des autres. Re-départ après une bonne demi-heure, nous arrivons bientôt à
Essoyes
avec l'arrière-pensée de visiter l'atelier de Renoir, qui est bien entendu fermé (précédents au cours des derniers traits d'union : maison natale de Beethoven fermée à Bonn, maison natale de Chopin fermée quelque part en Pologne). Pas trop frustré quand même, le groupe poursuit sa route en direction du premier bistrot, ou d'aucun et en particulier Daniel croit reconnaître la Belle Gabrielle (modèle préféré du maître, un rien pléthorique paraît-il) en la personne de la tôlière. Nous le laissons à ses méditations culturelles pour nous re-consacrer à une séance de sarcasmes visant Jean-Claude dont le pneu arrière s'est une fois de plus fendu en deux. Il est 11 heures, et nous n'avons pas fait 30 kilomètres !
La matinée se déroule paisiblement, quoiqu'à un bon rythme, sur joli fond d'asphalte rouge serpentant dans un environnement verdoyant. Nous décidons de ne pas pique-niquer et de viser un restaurant que Daniel connaît bien, à Arc en Barrois. C'est fou comme un consensus peut vite être obtenu, quand on pose les problèmes dans les bons termes. Il suffit que quelqu'un lance à la cantonade « Vous êtes sûrs qu'on doit pique-niquer ? Avec le risque de pluie ? » Et hop, ni vu ni connu...
Finalement, Arc en Barrois n'est pas le pays du restaurant de Daniel. Le climat au sein du groupe n'a pas le temps de s'alourdir, nous trouvons un estaminet qui nous régale d'abondantes crudités, d'un confit de canard et d'un bol de fraises à peine cueillies.
Dans l'après midi, longue séquence de « j'enlève le Gore-tex pour le remettre aussitôt et l'enlever derechef » pour cause de pluie intermittente, le tout assaisonné par une série de petits cols de plus en plus élevés, pour terminer à 470m. Langres est en vue, pas plus haut que là où nous sommes. Las ! deux côtes de 70m de dénivelé devront être franchies avant de pénétrer les portes de la vieille ville pour pointer, boire un coup, etc.
C'est enfin la longue descente sur Culmont, haut-lieu des annonces ferroviaires à la gare de l'est. Ce soir, nous sommes en chambre d'hôtes, dans une ferme qui sent bon la France profonde, purin à l'appui, mais dans laquelle nous serons très sympathiquement accueillis et qui nous vaudra à table une conversation somme toute instructive sur les veaux, vaches, cochons, le cycle des saisons et l'amendement des terres.
Par Daniel
Aux racines chrétiennes de l'Europe
Après une bonne nuit réparatrice dans le calme de cette ferme de la Haute-Marne nous prenons un copieux petit-déjeuner avec nos hôtes. C'est ainsi que nous apprenons que nous marchons ainsi sur les traces du président Lamouller, président de la FFCT, qui pendant le Paris-Pekin en 2008 est venu se mettre a l'abri des médias et des festivités locales dans cette maison lors de l'étape de Langres. Photos d'adieu avec nos hôtes et nous voila partis sous un ciel gris et quelques gouttes de pluie.
A Rosoy/Amance, Garmin nous ordonne de prendre à droite une toute petite route, qui longe la Mance (Non le A ne manque pas. L'Amance est à 3/4 km de là. Allez comprendre!). La route serpente joliment dans une abondante masse de verdure. Il a beaucoup plu ces dernières semaines.
Au km 29 village de Pisseloup, nous avons une pensée pour le général De Gaulle. Aux dire de Michel, le lieutenant De Gaulle courtisait ici une jeune fille bien sous tous rapports. Effectivement il y a à Pisseloup 2 ou 3 belles maisons bourgeoises, qui auraient pu abriter une fiancée digne du Général. C'était, bien sûr, avant qu'il ne rencontre Yvonne.
Pique nique au km 63 à Menoux , sous la protection de Notre Dame de l'Espérance. Premier signe religieux de l'étape. C'est exactement ce qu'il faut à des aventuriers comme nous. Nous pouvons ensuite faire la sieste l'esprit tranquille, nos vélos sont sous la garde d'un berger Allemand qui apprécie le cake de Patrice.
Comme toujours la reprise est un peu molle surtout que le soleil a fait son apparition et qu'il fait chaud. Bon compagnon, il ne nous quittera pratiquement plus.
Après 90 km de pédalage nous arrivons à Luxeuil . Charmante petite ville d'eau, au dessus de laquelle passent régulièrement les avions de chasse de la base éponyme avec un bruit infernal.
C'est là que nous faisons la connaissance de Saint Colomban , moine irlandais qui fonda en 590 un monastère qui fut pendant deux siècles le plus grand centre de la vie monastique en occident. Il y rédigea "La régula Monachorum" règle très stricte: Prière, étude, travaux manuels et ascèse constante. Règle que nous avons tenté d'appliquer à nous mêmes pendant notre "saint périple", sans succès il faut bien l'avouer. En 610, en conflit avec la famille Royale après avoir vivement reproché au roi Thierry ses relations adultèrines, il fut chassé de Luxeuil. Il se refugie à Tuggen au bord de lac de Zurich (nous allons y passer), puis à Bobbio en Italie (à quelques encablures de Vérone une de nos étapes) A croire que ce n'est pas Jean Pierre mais Saint Colomban qui a tracé notre parcours.............
Sur le tronçon Luxeuil-Ronchamp nous croisons un baroudeur en tricycle couché équipé d'un Rohloff. Nous avons tant de choses à échanger sur nos merveilleuses machines que nous créons un bouchon de cyclos sur cette petite route de campagne. L'un d'eux nous met en garde: "si vous montez à la chapelle de Ronchamp, courage!"
Pendant les 20 km qui nous restent à parcourir, nous commentons joyeusement cet avertissement. " Si on est prêt à monter le Splügenpass, alors gravir Notre Dame du Haut c'est une plaisanterie ".
Arrivés à Ronchamp , nous nous délestons rapidement de nos sacoches à l'hôtel pour attaquer la fameuse côte. Il avait raison le cyclo! C'est très très raide et la descente ne sera même pas une partie de plaisir puisque nous serons sur les freins en permanence. Je me brulerai d'ailleurs en faisant la boulette de toucher un disque de frein.
L'effort en valait la peine: Vue superbe sur les Vosges toutes proches et Notre Dame du Haut est à la hauteur de sa réputation: Le silence, la paix du lieu, la lumière transformée par les vitraux bleu marine et vert sombre, tout inspire au recueillement. Est-ce la fatigue ou l'inspiration divine nous sommes tous les cinq, chacun dans son coin, en repos sur un banc, en méditation ?
Par Michel
Aujourd'hui nous quittons les routes françaises. Ce soir nous coucherons en Suisse. Départ hésitant, GARMIN vient à notre secours, tournez à gauche, la petite route proposée s'élève sérieusement, allons-y. Nous nous enfonçons dans la forêt, à droite de nombreux étangs, à gauche à travers les trouées végétales, les ballons vosgiens.
Quittant la forêt, nous apercevons le relais radio de CRAVANCHE. Faute de pâtisserie, la pharmacie fera l'affaire pour le premier contrôle BPF de la journée. Le soleil donne, je quitte mes effets et me retrouve en débardeur, tout le monde se badigeonne de crème solaire, ça va chauffer.
Belfort, la place du théâtre nous accueil pour la pose café et ce second pointage, BPF et trait d'union. Jean-Pierre a repéré une piste cyclable. Bonne pioche elle nous mène directement sur Danjoutin, porte d'entrée sur le SUNDGAU, région sud de l'ALSACE, réputée pour ses carpes grillées.
Arrêt à Delle , troisième BPF, nous en profitons pour renouveler le ravitaillement et la boisson, la chaleur s'accentue. Direction COURCELLES, route idéale "dixit le guide cyclo", pour rejoindre RECHESY, quatrième BPF du territoire de Belfort. Traversé de villages pittoresques, et enchainement de belles cotes, enfin nous apercevons le clocher de RECHESY, c'est l'heure du pique-nique.
Pour la sieste cela va être difficile car le cantonnier du coin n'a pas l'intention de quitter sa désherbeuse motorisée. Ils y arriveront tout de même. Les commerces étant fermés, photos de la pancarte, et c'est reparti, direction la SUISSE, sur des routes toujours aussi vallonnées.
Enfin nous entrons dans FERRETTE, dernier BPF de la journée. Attention, nous avons quitté le T.D.BELFORT, ici nous sommes dans le Haut-Rhin. La température dépasse les 35°, je suis carbonisé, je me rafraichis à la fontaine locale, puis récupère au salon de thé.
Mais il faut quitter la fraicheur de ce salon, car la journée n'est pas finie. Dernier effort avant la frontière: un long faut plat balayé par un vent contraire nous hisse à 475m d'altitude.
À la frontière SUISSE , le poste de douane est fermé, photo du célèbre drapeau rouge à croix blanche pour immortaliser notre passage en terre Helvète. À nous les pistes cyclables, la première nous emmène jusqu'à BÂLE, et malgré la circulation automobile nous nous sentons en sécurité. Pour traverser la banlieue, il suffit de suivre le fléchage de la piste.
Voici BÂLE, policiers et cyclistes locaux vont nous guider à travers les larges avenus de la cité. Nous recherchons les rives du Rhin, que nous devons remonter ensuite jusqu'à SISSACH, terme de notre étape. Mais nous n'en sommes pas encore là, le compteur affiche les 100 km et il nous en reste une bonne trentaine.
Après le énième coup de tampon (ici pour le trait d'union), nous apercevons les rives du RHIN. Le fleuve à cet endroit n'est pas encore très large, mais la courant y est impressionnant. Il n'est pas conseillé de s'y baigner. Le ciel s'obscurcit et les premières gouttes d'eau, prémisse d'une bonne averse, s'écrasent au sol.
C'est la première fois que je circule à vélo en SUISSE, et suis impressionné par l'aménagement et le fléchage de ces pistes cyclables. Nous nous faufilons à travers les lotissements, terrains de sports, et jardins potagers, enjambons les autoroutes, remontons les lignes de chemin de fer, puis tout à coup la grêle s'abat sur nous , heureusement un pont va nous servir de refuge. Nous ne sommes pas les seuls, de nombreux cyclistes s'agglutinent sous cet abri de fortune. C'est un véritable déluge qui tombe à présent, les grêlons sont énormes et recouvrent peu à peu le quai de la gare.
Une éclaircie, nous en profitons pour reprendre la route gorgée d'eau, à LIESTAL, un distributeur bancaire nous ravitaille en Franc SUISSE. Une averse se déverse sur la ville, nous nous abritons une seconde fois, mais le temps presse: Il est 19h30 et nous avons encore 7 km à parcourir. Nous abandonnons la piste cyclable, trop longue, et empruntons les trottoirs car la circulation est intense et la visibilité limitée.
Un cyclo, notre bon samaritain, alors que nous sommes perdus et trempés, nous conduit à SISSACH. Ouf voici l'hôtel, il est 20 heure et ici les restos ferment à 21 heure. Tout le monde sous la douche, mais celle-ci est la bienvenue. 132 km au compteur, des côtes, des descentes, de beaux paysages, enfin la SUISSE, notre train d'union se présente bien, encore une belle journée de passée. Demain, nous attaquons les premiers cols.
Par Jean-Pierre
Départ le matin par la piste cyclable N°3 (la "Nord-Sud"), qui zigue et zague joyeusement parmi les rues parallèles à la nationale en fond de vallée. N'oublions pas qu'en Suisse, ou bien on roule dans les fonds des vallées , ou bien on se bouffe des cols jusqu'à plus soif. On s'égare une fois ou deux, on prend des passages pas fréquentables en vélo couché. Alors, juste pour le plaisir de ronchonner, ou en prévision du moment où ça commencera à bien monter, Patrice ronchonne. Enfin, la route commence à monter, raide, très raide, ce qui n'était pas annoncé sur la plaquette, trop publicitaire, de ce trait d'union. On ne le dira jamais assez: Patrice avait bien raison !
Pour éviter de redescendre au moment où la piste cyclable N°3 nous quitte (en descente) à main droite , on continue sur la route vers Kienberg. " Comme ça, on finit tranquillement de monter au col, puis on redescend vers l'Aare ! ", dit l'organisateur qu'on ne nommera pas. En fait, après une mini-montée, la route redescend vertigineusement vers Kienberg, puis remonte raide, très raide, très-très raide vers le col. L'organisateur dit que les montées sont optimisées par ce chemin. Personne ne le croit. Patrice sait maintenant pourquoi il ronchonnait préventivement tout à l'heure. Des pépés nous doublent à vélo. En haut au col (783 m, dit Patrice dans son dernier souffle, mais seulement 779 m selon Mr. Kümmerly+Frey ), piti café avec Daniel. Le reste de l'équipe boude. Il est 10h. Ensuite, longue et belle descente par la route, jusqu'à la rivière Aare.
Démocratiquement, nous roulons 50% du temps sur des routes faciles à suivre et 50% sur des pistes réputées cyclables, pour tenter de bâtir une fragile coalition visant à consolider l'autorité du chef qui navigue ici en vents contraires. Peine perdue... Le temps passant, en direction de Zürich par les rivières, on prend de plus en plus de routes et de moins en moins de pistes cyclables (normalement, on quitte la route 3 (Nord-Sud) à Aarau pour prendre la route 5 (Mittelland) jusqu'à Zürich. Courses à 11h30, pique nique à 12h45. Ni piti café ni sieste après le repas. Tout fout le camp.
De Baden à Zürich, on prend la ligne droite de l'ancienne route, avec la rivière Limmat à main gauche et non à main droite. Il y a aussi une piste cyclable, mais c'est plus moche (quoique plus court).
À Zürich , pas de thé (tout re-fout le camp), on ne passe pas par Bahnhofstraße, on ne pointe pas à l'agence centrale d'UBS (tout re-re-fout le camp) et on file tout droit vers le lac par la méthode cyclo usuelle: au jugé. La sortie de Zürich le long du lac est magique mais lente du fait des promeneurs du vendredi soir. Ensuite, on accélère progressivement jusqu'à une allure de raid éliminatoire sur la longue route plate le long du lac jusqu'à Rapperswil. La piste nous protège efficacement du trafic de la route, on s'arrête juste pour une pause technique et faire un sort à nos stocks de bananes ou de chocolat.
Rapperswil: la carte imprimée de Openrunner est bien utile pour trouver sans la moindre hésitation le chemin de l'auberge de jeunesse de Jona. Garmin, pour sa part, boude depuis le départ du matin car on ne suit pas ses conseils, alors Patrice lui a coupé le kiki. Pas de souvenir du dîner. Demain, ptidej à 8h, sans rösti et sans oeufs. On s'en passera.
Par Jean-Claude
Au réveil, de notre chambre avec balcon à l'auberge de jeunesse de Jona, nous avons une vue magnifique sur le petit lac de Zurich : l'Obersee (photos). Petit-déjeuner très correct et complet. Attention, pas de provisions [au ptidej] pour la route dit le règlement !
Départ vers 8H45, il fait beau, des nuages s'attardent sur les sommets au sud. Cette dernière étape du trait d'union européen n'est pas très longue (78 km) mais offre un beau dénivelé de plus de 1000 m. Nous longeons d'abord la rive nord de l'Obersee avec de belles vues sur le lac et les montagnes.
À Brugg, extrémité du lac, des nids aménagés partout attirent un grand nombre de cigognes. Les cigogneaux sont au nid et les parents claquent du bec. Il est rare, même en Alsace de les voir d'aussi près !
A la sortie de Brugg, la route s'élève. Il faut gravir le Ricken-Pass à 800m d'altitude. Dans cette forte pente nous progressons lentement et en nous retournant nous admirons pendant longtemps la vue sur le beau lac de Zurich dans son écrin de montagnes.
Descente sur Ricken, où nous faisons provisions, puis sur Wattwill (alt. 613 m). Nous sommes dans la vallée de la Thur qu'il faut monter jusqu'au col avant la descente sur le Liechtenstein. Au début, la vallée de la Thur est assez plate et large puis elle s'élève, se rétrécit, se faufile on ne sait comment entre des montagnes qui culminent à 2300-2500 m.
A Neu St. Johann, nous trouvons un endroit rêvé pour le pique-nique : des bancs peints en rouge et de l'ombrage. Après la sieste coutumière, la progression reprend. La montée est plus facile que celle du matin. La route monte par paliers où il est possible de reprendre son souffle jusqu'à la rampe finale qui demande des efforts certains.
J'ai rarement pédalé avec autant de bonheur que dans cette haute vallée de la Thur . Des paysages verdoyants dans un cadre de montagnes, des rivières abondantes aux eaux transparentes et fraîches, des maisons et des fermes bien entretenues, et cet écriteau sur une auberge : « Wir sind lustig zu arbeiten ». J'ai vu là comme une image idéale de la Suisse !
Arrivé au col à Wildhaus (1090 m), je visite... mes collègues n'arrivent pas... Je descends un peu, ils sont là, dans un salon de thé, dégustant une tarte aux poires (l'art de voyager à vélo)...
On arrive vite dans la vallée du Rhin car la descente est très rapide (passages à 15%). Devant nous s'étire une large vallée plate bordée de hautes montagnes. Nous sommes encore en Suisse mais de l'autre côté du Rhin c'est le Liechtenstein !
Le Rhin rapide, tumultueux, partage la vallée. Il est rectiligne et dompté par de hautes digues. Le pont franchi, nous sommes dans la Principauté du Liechtenstein. Notre auberge de jeunesse est d'aspect moderne. Nous partageons la même chambre, les nouveaux en position dominante dans la mezzanine.
Tour à vélo dans Vaduz. Le château qui domine est toujours le lieu de résidence de la famille princière. Le Liechtenstein est une monarchie parlementaire et compte 35 000 habitants. La monnaie est le joli franc suisse ! A notre retour, l'espace du bas a changé : Patrice s'est chargé de redisposer les couchages, c'est plus convivial. Nous ressortons pour dîner au restaurant du mini-golf : salade, énorme pizza arrosée de bière et la télé qui diffuse un match de la coupe du monde de foot ...
Pour cause de compte rendu, je me couche tard. Dans l'obscurité, par l'échelle, je parviens à regagner mon couchage sans me casser la figure mais en réveillant, je pense, quelques amis au sommeil léger.
Le trait d'union européen est terminé, nous avons parcouru 750 km mais, heureusement, dès demain, le Paris-Venise continue !
Par Patrice
Plusieurs contraintes pour la journée : ce sera la plus dure du voyage, avec 1600 m de dénivelé, et c'est dimanche, donc pas de commerces ouverts et donc restaurant le midi. Il y a une contrainte plus pesante que l'autre. Nos abeilles s'ébrouent après une nuit difficile, pour cause de victoire de l'Espagne à l'Euro. On pourrait penser qu'il ne devrait pas y avoir tant d'afficionados à Vaduz, et bien si !
Les mauvais esprits, sans le moins du monde contester les choix des organisateurs, donnent libre cours à leur helvétophobie latente : 250 francs suisses la nuit dans un petit dortoir de 6 lits, dont la moitié sur une mezzanine reliée à la terre ferme par une échelle de meunier de quatre mètres absolument verticale ! Il a fallu sélectionner pour mettre la-haut ceux qui n'avaient pas d'antécédent de rupture du col du fémur, et qui accessoirement n'étaient pas atteints d'une déficience organique susceptibles de les conduire à se lever souvent la nuit.
Déjà que vu l'absence de savon et de serviettes (Auberge de Jeunesse oblige), d'aucuns s'étaient lavés les cheveux au Génie sans bouillir et tant soit peu essuyés avec les protège-matelas !
Trêve de déblatérations. Nous prenons la route, jetons au passage un oeil à Vaduz, capitale du Liechtenstein ! Il n'y a que des banques à voir, et en plus elles se cachent ! Bref, nous n'avons pas sablé le champagne au terme de la fin officielle de notre Trait d'Union Européen... ! Le plus intéressant est à venir. La journée commence par une
longue montée le long du Rhin
, sur des levées de terre absolument rectilignes, suivie d'une longue descente le long des mêmes levées, pour cause de route fermée.
Il fallait passer sur l'autre rive. Parce que c'est le début de journée, nous ne cherchons pas à établir les responsabilités réelles face à ce désastre, et assumons collectivement la faute. Une côte, une longue descente et c'est le début de l'ascension qui nous conduira ce soir à 1500 mètres d'altitude. 70 kilomètres parcourus dans la matinée, c'est un record !
Nous déjeunons peu avant Thusis, non sans une longue attente pour se faire servir, au point que nous ne prendrons ni dessert, ni café ! C'est dire le niveau d'exaspération. Le café, justement, sera pris à la terrasse d'un bistrot, terrasse qui n'est en fait qu'un encorbellement au-dessus d'un vertigineux à-pic. La pente est irrégulière, mais localement très forte, les motos sont nombreuses, et font un bruit à la limite du terrifiant dans les nombreux tunnels. Nous montons à notre main, en nous attendant de temps à autre. Après un ultime coup de reins, nous arrivons sur une sorte de plateau, ou que nous considérons tel, dont le principal attrait est que s'y trouve notre hotel Walserhof, où nous recevrons un sympathique accueil très italien avant la lettre, et dont les röstis assez quelconques, pour ne pas dire décevants eu égard aux accents émus et lyriques qu'avait eus Jean-Pierre pour nous en parler, n'ont pas atteint notre sérénité.
Par Daniel
Séquences émotions: Le Splügenpass
Le hasard a voulu que je sois le rédacteur du Compte-Rendu de la fameuse montée du Splügenpass, notre 9° étape. C'est beaucoup d'honneur pour un néophyte des montées de col. Le petit-déjeuner est silencieux. Est-ce la perspective de la grande épreuve ou la grisaille du dehors et la bruine qui commence à tomber qui est à l'origine de ce silence ?
Première séquence émotion: la porte du garage dans lequel nos cinq montures ont passé une bonne nuit ne s'ouvre pas. Toutes les têtes pensantes du groupe sont en plein effort pour tenter d'ouvrir cette porte récalcitrante. En vain! Une certaine tension commence à se faire sentir. Finalement c'est la charmante jeune fille de l'hôtel qui trouvera la solution.
Nous redescendons allègrement les 3 km qui nous séparent du village de Splügen (altitude 1200 m). Derniers achats avec nos derniers francs suisses. Nous sommes au pied du monstre. Jean Pierre est plein de sollicitude envers nous. Aurait-il peur que ses troupes ne franchissent pas l'obstacle ?
Pour nous impressionner, la route attaque verticalement dans la pente . C'est tellement raide qu'un Camping-car s'arrête devant nous et le conducteur demande à un villageois s'il peut s'engager dans cette voie. La réponse doit être rassurante, car il repart.
À notre tour de nous engager, après le premier raidillon la route tourne enfin à droite et c'est une succession de lacets, qui nous permet de nous élever lentement au dessus de la vallée de Splügen. Le bruit de la voie-expresse laisse la place à celui du torrent, qui sera notre compagnon pendant une grande partie de l'ascension. En juin c'est encore la fonte des neiges, l'eau est abondante. Ce qui donne du tonus au chant aquatique.
La montée du col se décompose en trois parties: Une première succession de lacets qui permet de sortir de la vallée de Splügen, puis la route serpente dans un fond de vallée le long du torrent et là on attaque une 2° serie d'épingles à cheveux si importante qu'elle se perd dans les nuages. Le col se situe à 2200 m, soit 1000m de dénivelé en 9km. Cela fait quand même du 11% de moyenne......
Dès les premiers virages, Jean Claude et Jean Pierre disparaissent dans les hauteurs. Nous ne les reverrons qu'au col. Et pourtant Jean Claude a pris le temps de faire quantité de superbes photos. Je reste au contact de Michel, qui me surveille dans le passage délicat de la route en chantier. Je suis obligé de grimper sur la haut-côté pour laisser passer les camions chargés de veaux à destinations de l'Italie, qui visiblement ne veulent pas briser leur élan (les camions pas les veaux) pour un cyclo, qui n'a rien à faire là. Ces veaux deviendront bientôt d'excellentes scaloppina di vitello a la milanese. Patrice, qui fournit le plus gros effort sur son vélo couché, ferme la marche.
La lenteur de notre progression nous permet d'admirer la flore alpestre: rose abondant des
rhododendrons
et bleu intense des petites
gentianes
.
Deuxième séquence émotion: Après 2h de montée nous arrivons tous au sommet du Passo di Spluga , où Jean Pierre nous accueille avec une généreuse tablette de chocolat, suisse bien entendu ! Au col plus de douane, donc plus âme qui vive. Qu'importe! Malgré le vent glacial, qui souffle généreusement, nous avons chaud au coeur et un large sourire est sur toutes les lèvres. Ce n'est pas la joie de Maurice Herzog au sommet de l'Anapurna, mais presque !
À nous les 30km de descente jusqu'à Chiavenna (1870 m de dénivelé) ! Nous attaquons joyeusement la descente. Les plus lents dans la montée deviennent curieusement les plus rapides....
Splendide descente, parfois vertigineuse, tant la route est audacieusement accrochée au flanc de la montagne . Un souffle d'air chaud, qui vient du sud et qui sent bon les pins, vient à notre rencontre. C'est l'été en Italie !
Troisième séquence émotion: Voici une des merveilles de l'Italie: Il
Lago di Como
. Nous roulons tout au bord de l'eau. On aurait bien envie de sauter dedans, tant il fait chaud. Bac de Varenna à
Bellagio
(c'est gratuit pour le vélo). Nous avons le temps d'admirer toutes ces beautés. Nous sommes sous le charme.
Nous nous imprégnons de l'ambiance de ce lieu magique après cette formidable journée de cyclotourisme. Merci à Jean Pierre pour ce choix du passage des Alpes.
Par Michel
Ciao BELLAGIO, que nous quittons avec regret. L'hôtel était agréable et la ville charmante, comme toutes celles bordant le lac de Côme.
Après réflexion, nous n'irons pas, ce n'était pas prévu, à la Chapelle de La Madonna di GHISALLO, plantée à 750 m d'altitude, elle reçoit depuis des décennies, les maillots jaunes, roses, et autres paletots cyclistes, c'est le pendant de Notre Dame des Cyclistes de la bastide d'Armagnac. Nous préférons longer le lac , la montée du SPLUGEN hier nous suffit. Direction LECCO, la route embaume jasmins et lauriers roses plantés dans les jardins des propriétés bourgeoises du 19 ième siècle.
On s'arrête soudainement, sur notre gauche un accès au lac, c'est un petit camping. Pour Daniel la proximité du lac et la chaleur ambiante l'ont fait craquer. En deux temps, trois mouvements, et plouf le voici plongeant dans le lac. Tandis que Jean-Claude le rejoint, je me contente de tremper les pieds, le contact est agréable et je regrette de ne pas avoir de maillot bain.
Nous traversons deux longs tunnels à l'éclairage incertain, attention aux nids de poule. LECCO, la ville située à l'extrémité du lac est vite traversée. Bergame est à 30 kilomètres, la circulation devient plus intense et il va falloir cohabiter plus ou moins bien avec le flux automobile. Camions, camionnettes, voitures, ça n'arrête pas de défiler, coup de frein, accélération intempestive et gaz d'échappement, nous regrettons les petites routes et pistes cyclables que nous avons empruntés depuis notre départ.
Après les courses, l'heure est à la recherche d'un endroit sympa. A PONTIDA , nous apercevons un jardin public qui fera l'affaire. Un cyclo se repose sur un banc. Comme nous, il subit la chaleur. Les bancs ombragés nous attendaient. Après le repas, la sieste s'impose malgré le ronronnement du flot de voitures qui passent non loin de là. Sur le point de partir nous décidons de prendre notre expresso dans le café juxtaposant le jardin. Les anciens attablés sur la terrasse s'interrogent sur nos montures surchargées et notre destination. Dans une corbeille, une imitation de bomboloni nargue Michel et Jean-Pierre, fins limiers dans le domaine de la pâtisserie basque et italienne. Leur avis est catégoriques, ce beignet rabougri et ranci n'a rien à voir avec le vrai, l'unique Bomboloni, que l'on vous sert dans les pastellaria de TOSCANE.
Nous traversons des agglomérations sans grand intérêt, puis nous apercevons au loin la veille citée de BERGAME dressée sur la colline. Dômes, clochers, palais se rapprochent au fur et à mesure de notre progression. Une dernière rampe que nous finissons de grimper à pied, car il devient périlleux de se maintenir sur les pavés de la cité.
Alors que nous comptions sur GARMIN, celui-ci reste muet, et nous devrons pousser nos vélos encombrants dans un dédale de ruelles étroites avant de découvrir notre gîte, un B & B. Le jardin d'intérieur est ravissant et ombragé. Demain c'est repos et nous allons profiter de l'endroit. Il est 15h, et c'est la première fois depuis notre départ que nous arrivons si tôt.
Par Jean-Pierre
7h15 ptidej ultra matinal, prélude à une étape qu'on craint longue, mais on perd un temps précieux à payer l'hôtelier. Après avoir étudié le chemin de sortie, différent de celui qui a été Openrunneré, visant à sortir de la ville haute par la porte de Venezia (San Agostino), le capitaine loupe la bonne route (la Via Pignolo) juste après la porte et on s'égare un peu pour passer du Nord au sud de l'Adige, où se trouve notre route. Il faut dire qu'en Italie, la signalisation des routes est très mauvaise et sans aucune continuité, les cartes sont approximatives même au 1/200 000° et il n'y a virtuellement pas de pistes cyclables en alternative aux routes. Mieux vaut donc avoir OpenRunneré méticuleusement le chemin et le suivre ensuite à la lettre avec Garmin, à défaut de quoi Mr. Garmin se vexe. On le saura pour l'avenir. Ici, Mr. Garmin n'est pourtant pas encore vexé. L'étape promet d'être longue et souvent casse-bombons, mais on doit passer par Brescia, le lac de Garde et en particulier par Sirmione, pour une arrivée magique à Verone. Sauf 5 affluents do Pô qu'on doit traverser pratiquement sans descendre, c'est plat. Quelle comparaison avec le trajet de la préalpine de Rossini que passe seulement 100 km plus au Nord, voire celui de l'Alpine de Rossini, encore plus au Nord !
Traversée de notre 1° rivière, le Fiume ("F") Serio, qui descend de Cluzone (de la Préalpine de Rossini). On s'approche du lac d'Iseo, un détour qui aurait été touristique, rivière.
Traversée de notre 2° rivière, le F. Oglio qui descend de Breno (sur la Préalpine, au pied du Passo del Croce Domini, qui mène au célèbre pointage du Rifugio Bonardi).
Café à Ospitaletto, courses à l'entrée de Brescia. On roule sous un soleil de plomb, reposés par la journée de repos d'hier, qui n'était pas de refus pour nos carcasses de paresseux.
Notons que, alors qu'à Bergamo nous étions dans l'orbite de Venezia, dont le lion posait sa patte amicale mais ferme sur la ville, à Brescia, pourtant sur la ligne droite de Bergamo à Venezia, nous entrons dans la ville par la route dite "de Milano" et non par la route dite "de Bergamo". Vue de Brescia, Bergame n'existe pas. Pas simples, les relations entre les Guelfs, les Gibelins et leurs copains ou ennemis respectifs, et pas simple, dans cet environnement "à la Machiavel", de trouver des panneaux indicateurs utiles quand on change de territoire d'influence. Nous le constaterons de manière encore plus aigüe demain sur les petites routes à mi-parcours environ entre Verona et Venezia.
Traversée de notre 3° rivière à Brescia. C'est le F. Mella, qui nous vient du Passo del Maniva, situé juste après le Rifugio Bonardi de la Préalpine, là où nous avions décidé avec Henri en 2005 de poursuivre sur la route en dépit de l'éboulement qui l'avait emportée un peu plus loin et d'où vient une photo qu'on trouve sur certains forums de vélo. On rêve d'aller manger au lac de Garde mais c'est trop loin. Alors, peu après Molinetto (la moulinette), on s'arrête sur deux bancs à l'ombre. Pas de place pour la sieste, alors on mange et on repart.
On traverse alors notre 4° rivière. C'est le
F. Chiese
qui descend du lac d'Idro, d'Anfo, après l'éboulement, le tunnel et la descente vertigineuse qui suit le Passo de Maniva (Préalpine). Dans la descente vers Padenghe sul Garda, pilotés par Mr. Garmin, nous perdons malencontreusement Michel et Jean-Claude, qui prennent une route non-côtière et moins touristique passant pas Barcuzzi. Par tel. portables aidant (c'est la première fois du voyage qu'on doit les utiliser), on se donne rendez-vous au bout de la presqu'ile de
Sirmione, juste avant le fort
.
C'est donc là qu'on se regroupe tous les 5, dans un mouchoir de poche de 5' d'écart, vers 15h. Certains se baignent tandis que d'autres siestent. Pour Daniel, ce choix quasi-dictatorial est un dilemme traumatisant: quelle tyrannie, dans ces traits d'union Abeille ! On repart ensuite vers Peschiera del Garda , un autre fort. Cocas et gâteaux à Peschiera juste en bord du lac avant la traversée de la rivière qui vide le lac par la route touristique qui traverse le fort.
On traverse alors notre 5° rivière, le F. Mincio de Peschiera del Garda (Préalpine) en traversant les morceaux du fort construits sur les iles opposées de cette rivière, à l'image de certaines fortifications de tradition hollandaise. On n'est pas ici dans l'orbite de Vauban. On peut penser au vieux fort Totten et à son alter-ego Fort Shuyler qui lui fait face en amont de New York par la baie qui rejoint la mer par le nord-Est en amont de la East River. Ils seraient reliés dans les mythes New Yorkais par un hypothétique tunnel jamais mis en évidence et difficilement imaginable avec les techniques de la fin du XVIII° siècle. Le fort de Paschiera del Garda est, pour sa part, largement plus ramassé, à la mode hollandaise, la rivière étant étroite. Son boulot est de bloquer l'arrivée des Autrichiens (des Tyroliens, tra-la-la-itou) descendant la rivière Mincio (et le lac) par bateau depuis Riva del Garda.
On remonte enfin la pente pour notre arrivée sur Verone, en traversant un ridicule Fiume qu'on ne comptera pas car il monte au nord vers l'Adige au lieu de descendre au sud vers le Pô. Après un AD et une belle côte vers Sona, Jean-Claude crève de l'arrière et on en profite pour valider où on se trouve. En dépit de nos doutes, Mr. Garmin ne nous a, une fois de plus, pas trompés: nous sommes bien sur la route de Verone par Lugagnano. Bravo, Mr. Garmin !
On descend enfin vers notre 6° rivière, l'Adige, qui traverse Verone et nous vient de Bolzano (Alpine) et Montan (Préalpine). Nous passons ainsi la frontière des Dolomites. Si nous avions roulé un petit 100 km plus au nord, dans les préalpes par le trajet de la Préalpine, voire dans les Alpes par le trajet de l'Alpine, ce trajet nous aurait pris un bon 3 à 4 jours au lieu d'un.
138 km, arrivée à l'hôtel à 19h30, il ne fallait pas trainer. Les douches, puis le dîner à l'hôtel, font du bien. Pas encore de rizotto au menu. Mais où donc est le Frioul, champion du monde toutes catégories du rizotto ?
Par Jean-Claude
Nostalgie : c'est la dernière étape du Paris-Venise. La nuit a été quelque peu sonore ( victoire footballistique de l'Italie sur l'Allemagne). Nous nous levons tôt car l'étape est longue (135 km prévus) et promet d'être chaude. Le profil est très simple : ça descend en direction de la mer mais si lentement que l'on ne s'en aperçoit pas !
Arrivant dans la salle à manger, nous sommes tout surpris (et ravis) de nous trouver en compagnie d'une équipe de jeunes (et dans l'ensemble jolies) Japonaises en tenue cycliste rose, élégantes et ne manquant pas d'appétit au sens propre. Finalement nous serons les premiers à prendre le départ, ces demoiselles ayant à leur disposition un car luxueux qui doit les emmener dieu sait où, elles et leurs légers coursiers...
L'hôtel est proche du vieux centre que nous avons décidé de visiter brièvement. Nous y entrons par le pont Garibaldi . L'Adige qui serpente à travers la ville roule d'alpestres eaux tumultueuses vert-claires. Nous bifurquons vers la Piazza del Duomo puis vers le pont Pietra. Très peu de monde en cette heure matinale. Nous nous dirigeons vers le sud, passons devant l'église Sainte Anastasia puis devant le Palazzo Maffei sur la piazza del Erbe.
Nous sortons de ces rues encore calmes par le Ponte Nuovo et là, nous tombons dans la circulation matinale !
La sortie de Vérone n'est pas très aisée mais assez vite nous trouvons des routes tranquilles. Le regret de ne pas avoir vu le balcon de Juliette nous effleure quelque temps... La matinée est encore fraîche et le soleil voilé. Nous progressons dans une campagne totalement plate. A l'horizon, à notre gauche, les Préalpes voilées de brume. Ce ne sont que vergers et champs de maïs copieusement arrosés grâce aux nombreux canaux d'irrigation.
Cette matinée manque de piment, c'est un nuage inhabituel de... moucherons qui va s'en charger. Profitant de notre arrêt au bord d'un canal, ces noirs insectes s'abattent soudain sur nous et... ne peuvent plus décoller, scotchés qu'ils sont à notre sueur (et à notre crème solaire). Nos bras bronzés sont noirs en un instant ! Rien n'y fait, il faut fuir...
Un peu plus loin, le soleil commence à taper fort ; Cocorico ! nous arrivons à Arcole . Le général Bonaparte s'est illustré là, un peu comme le Chevalier Bayard au pont du Garigliano. Il devait déjà y avoir des moucherons et même des moustiques mais les Autrichiens étaient, je pense, plus à craindre... Le pont est toujours là et une obélisque en marbre rose a poussé .
Il fait chaud ! Sur une place de village nous trouvons quelques bancs et un peu d'ombre. Pour la sieste, l'herbe jaune ne me tente pas mais les « barbus », ceux qui ne rasent pas avant l'arrivée, n'en ont cure... Le départ a lieu dans la canicule. Un peu plus loin, café italien et surtout eau fraîche.
Dans cette campagne, les indications routières sont rares mais finalement, Garmin aidant, l'entrée dans Padoue se fait sans peine. Quelques photos et rafraîchissements à la terrasse d'un café.
Ah ! Sortir de Padoue à vélo, c'est comme chercher la sortie du labyrinthe sans le fil d'Ariane ! Nous nous engageons dans une direction pour aussitôt revenir sur nos « pas »... L'idéale route tracée existe bien puisque finalement nous l'avons trouvée. Ce sont les derniers kilomètres, nos ombres s'allongent maintenant devant nous... Et c'est enfin le panneau « Mestre » qui nous réunit pour la photo-souvenir.
Que ressentons-nous ? Eh bien pas grande émotion car ce dont on se souvient plus tard c'est le voyage, tous ces paysages, ces journées que nous ne sommes pas prêts d'oublier... Après 150 km et 11h30 de voyage, Garmin, jamais fatigué, nous amène à l'hôtel comme une fleur.
L'hôtel fait plutôt dans le luxe vénitien: marbre au sol et dorures partout... Et puis pour clore la journée, la cagnote nous offre une glace ! Mais une glace à discrétion ! On fait dans le gigantisme ! Nous sommes insatiables !
Et demain, c'est Venise ( Byzance en quelque sorte!)...
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