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Les BPF et moi …

Quand est-ce qu'on commence à faire du cyclotourisme, du vrai, c'est-à-dire celui qui vous épanouit sans contraintes et vous donne un bien être général en associant culture et sport ? J'ai vu beaucoup de cyclos (surtout ceux du dimanche matin) mais par contre des cyclotouristes, beaucoup moins … Je ne me suis pas posé la question trop longtemps pour mon cas en fait ! J'ai été initié par mon père et ses compagnons de vélo des années 1980 (dont mon futur beau-père, ce qui prouve que le cyclotourisme est un sport encore plus complet qu'on ne pense !) . La sortie du dimanche matin reste un bon tremplin et m'a permis de me mettre en jambe et de me découvrir quelques aptitudes pas évidentes au départ mais aussi surtout d'avoir les premières émotions en vélo : un sommet de petite bosse, un arrêt boulangerie, la vision d'un chevreuil qui ne nous a pas entendu arriver à la sortie d'un virage, une bonne douche après une matinée de pluie, etc. … Mais même si la région du grand ouest parisien se prête bien au vélo avec entre autres son ouverture vers le Vexin, on finit par trouver son espace petit et pas assez diversifié … La sortie du dimanche matin montre vite ses limites ! Deux choses vont me faire basculer pendant mes études en classe de BTS en 1985 : un professeur en automatisme (cours que je n'aimais pas pourtant … ) et un copain de cette même classe (Pascal B.). Le premier m'a « poussé » à faire mon premier 200 et en plus à sortir en Province (Paris - Sancerre) et l'autre m'a trop relaté les virées de journées et de week-end de son club de l'ABEILLE de RUEIL MALMAISON chaque lundi matin en classe … Il était trop tard à partir de ce moment-là, le cyclotourisme m'avait contaminé et pour je ne sais toujours pas pour combien de temps encore …

Dès 86, j'ai attaqué en solitaire quelques balades à travers la France pour découvrir les Alpes et les Vosges. Sans le savoir, ce sont mes premiers BPF qui sont tombés par les photos que j'ai prises à chaque sommet de col comme la Schlucht, le Lautaret ou le Ballon d'Alsace. J'étais tellement fier d'arriver en haut de ces routes regardées pendant des heures le soir tard dans ma chambre sur les cartes Michelin que l'appareil photo chauffait pendant ces sorties ! En octobre de cette même année, je m'inscrivis donc à l'ABEILLE, ce qui fait maintenant 17 ans …

En 1987, la grosse année : mes premiers itinérants avec sacoches, en gîtes en camping et mes prés de 10 000 Km me permettront de faire 160 BPF à travers toute la France. C'est facile au début, il y en a partout, où que vous passiez !

Les années suivantes, une bonne partie des organisations du club et celles perso ont souvent été orientées BPF. Ce fut un long fleuve pas très tranquille avec des hauts des bas. Des évènements familiaux comme mon mariage et la naissance de nos deux enfants ralentiront le rythme des sorties, mais ne les arrêteront jamais. Ma prise de la fonction de président de la section du club pendant 5 ans, mais aussi le fait que ma femme soit une fille de cyclo (cf. plus haut), aidera beaucoup pour la continuité des virées cyclos durant ces années … J'en profite d'ailleurs pour remercier d'une part mon épouse pour sa complaisance envers ma soif de balades en vélos et les grands parents pour nous avoir dépannés si souvent pour la garde des enfants … Et finalement par des organisations bien ciblées et provoquées, le col d'Allos se trouva être le dernier des BPF à pointer …

Depuis quelques années, à la vue des 20 ou 30 derniers BPF, j'avais retenu celui-ci pour finir plutôt que le cap Gris-Nez ou Ploumanac'h. Mes débuts cyclos m'ont profondément ancré une nette préférence pour la montagne. De plus, j'avais dit que je le ferai en partant de la région parisienne, et donc quel bon support qu'une Flèche de France ! Ce sera donc « Paris Briançon » prolongée jusqu'à Gap via Vars et Allos. Et en plus pour boucler cette longue histoire, un passage par le Galibier est sur le parcours comme lors de ma première grande sortie alpine en 86 !

Cette dernière ascension sur le col d'Allos, sera d'autant plus forte en émotion qu'elle sera faite d'une part avec mon pote des débuts (Pascal B.) et sera conclue avec un pot au sommet au champagne avec mon père qui nous attendait avec la boisson au frais. C'est lui qui m'a mis sur un vélo, qui m'a vu faire mes premiers 20 Km un dimanche matin où d'ailleurs j'y avais vomi mon petit-déjeuner dans la seule bosse du parcours avec ses 500 m de montée. Quelle belle revanche sur ses débuts difficiles en haut de ce col d'Allos !

Ce n'est pas le simple fait d'arriver en haut d'un col et de finir ses BPF, ce sont aussi des années de randonnées qui vous remontent à l'esprit avec tous leurs grands moments. Ce sont en autres ces muletiers pour descendre du Col du petit Mont Cenis vers Modane ou sur Berzè Le Châtel, ces nuitées en gîtes ou en camping sous le soleil du Pays de Loire ou la grêle de St Urcize dans les Monts d'Aubrac, les coups de fringale qui m'ont fait passer de l'âge du Mars et du Bounty aux gâteaux de riz dans les grands brevets, des vélos poussés dans la neige comme dans le Mercantour ou le Ventoux, des nuits de camping à dormir avec ses affaires trempées pour essayer de les sécher, des brevets de 400 qui passent sans problème et des 200 galères, des nuits de pleine lune lors de Flèches Vélocio, ce souvenir des yeux humides et brillants de joie d'un couple de vieilles personnes en haut de Notre Dame de La Salette qui en voyant mon vélo avec des sacoches, des garde-boues et de l'éclairage, m'ont dit  : « Ah, enfin un vrai vélo ! ».

C'est tout cela et bien d'autres qui sont les principaux dons reçus pendant toutes ces années de randonnées « BPF-iennes ». Voilà le vrai côté des BPF, des rencontres de toutes sortes de gens, une rencontre avec soi même et la soif de donner envie aux autres ! Il n'y a rien de plus collectif que ce sport individuel … C'est un moyen d'intégration dans la vie collective (ma timidité originelle en a pris un bon coup). C'est un moyen de culture générale extraordinaire (sur la géographie et les produits régionaux notamment …) C'est un moyen de s'affirmer malgré ses handicaps (les kilos de trop, qui sont toujours durs à porter vis-à-vis des gens « normaux » quand on est jeune, sont oubliés quand on fait des « trucs » en vélo qu'ils pensent trop durs pour eux). Bref, le cyclotourisme avec un vrai « C » pour cyclos et avec un grand « T » pour tourisme est une hygiène de vie plus qu'un sport.

Merci donc à tous ces cyclos qui m'ont mis sur un vélo, qui ont pointé des cartons bizarres devant moi (mon futur beau-père entre autres ), qui m'ont entraîné dans de grandioses randonnées, merci à mes parents de m'avoir laissé partir tout seul faire mes premières virées et d'avoir en partie masqué leur inquiétude, merci à tous ceux qui entretiennent cette éthique de sport où seuls le plaisir et l'épanouissement personnel rémunèrent nos efforts.

Mais après les BPF terminés, que vais-je faire ? Ce sera le prochain chapitre à écrire !!!

Olivier JAMILLOUX

Le 18/08/2003

"Le Cyclotourisme, un art de vivre"