Au commencement de l'histoire, le comité d'organisation se constituait de trois personnes: Laurent, qui voulait rouler vite et léger, Daniel qui voulait rouler léger mais sans ambitionner de faire un temps, et Jean-Pierre, qui emportait sa tente pour camper en route par beau temps et voulait non seulement rouler doucement mais aussi attraper le maximum des BPF qui passeraient à proximité. On a donc créé deux classes de participants: les lièvres et les tortues. Les tortues partiront plus tôt, les lièvres les rejoindront à Brantôme en Périgord pour la journée de repos. Ensuite, les lièvres, présumés alors épuisés rouleront avec les tortues pour les dernières étapes.
La SNCF s'en est mêlée, rendant bien difficile la réservation des retours en train pour les derniers arrivants. Le lièvrissime fut couronné de cette contrainte (un TGV partant le 18 qui refusait obstinément de l'attendre). S'est aussi créée une troisième classe de participants à taux de SNCF garanti nul : les coachs qui viennent en voiture à Bazas, roulent légers avec les lièvres et repartiront avec Catherine : à vélo jusqu'à Bazas et en voiture ensuite. Le lièvrusse fut, quant-à-lui, couronné du fait de cette dernière exigence.
Pour préparer au mieux cette flèche, Jean Pierre avait eu l'idée de nous réunir initialement au restaurant "le Brantome" connu pour sa cuisine du Périgord. Comme il semble que celui-ci n'ait pas survécu au Covid, nous nous sommes rabattus sur "le Père Lapin".
Mais avant, sur les conseils de Laurent, nous nous sommes retrouvés à la Flamme du Mont Valérien où la phrase du Général De Gaulle gravée au pied de la Croix de Lorraine "Quoiqu'il arrive, la flamme de la Résistance ne s'éteindra pas" s'applique bien à notre flèche compte tenu des handicaps de certaines tortues.
J'avais souhaité un départ du Pied de Cochon pour voir Paris dans ce dernier départ de flèche.
Une touche de déception: le
Pied de Cochon,
cette institution quasi millénaire, n'est plus ouvert la nuit. Décevant. Le tracé, néanmoins, est à la hauteur de mes attentes: on passe la Seine au
Pont Neuf,
île de la Cité.
Ou a oublié de passer devant la
cour de Cassation,
on longe directement le quai et les polices en tout genre, et on arrive à Notre Dame. On ne monte pas le Boul'Mich. On ne voit pas Gwenaëlle là où on l'avait croisée lors du départ de la
flèche Paris-Nice
de 2007. On est ensuite empêchés de passer au
Panthéon
pour la cause futile (au regard de nos ambitions) d'un discours d’Emmanuel Macron pour les 150 ans de quelques chose.
Passage par l’
Observatoire de Paris,
par le
Lion de Denfert-Rochereau (à Denfert, pas à Belfort)
. Rien n’y fait: les voitures (et aussi les vélos fous) rendent le passage dangereux, gâchent le plaisir. Ensuite, la proche banlieue est galère.
Le pire est la plongée vers Bièvres quand il faut se jeter dans le trafic en direction du Christ de Saclay. Juste après la première plongée dans le trafic, on prend à droite et tout se calme: c’est beaucoup mieux. Henri s’est acheté un sandwich dans une boulangerie de passage. L'heure veut qu'on s’arrête juste avant le fanion du départ décalé. Là, on philosophe un peu avec un cyclo bulgare parlant bien le français et déjà connu de la maréchaussée locale.
A la flamme du départ décalé, cela change du tout au tout: piste cyclable en voie propre vers le Christ de Saclay. Vraiment propre, et rassurant. Café au Christ de Saclay dans la chaleur du bitume brûlant. Traversée de la Mérantaise à Gif. Peu avant d’arriver à la gare de St Remy, sur un parcours archi-connu, le parcours traverse sans prévenir les voies de la ligne B du RER et on se retrouve dans une lente montée vers Boulay les Troux, qu’on laisse à main droite dans la côte, vers les Molières.
Enfin, arrivée bien méritée à Dourdan après un festival de côtes. Pour conclure, après le départ décalé, on trouve enfin un très beau parcours pas trop gâché par la circulation automobile. Avant, cela ne vaut plus le coup.
Ce soir, dîner avec Daniel dans son hôtel "Blanche de Castille" à Dourdan. Nous pissons aux quatre coins pour bien marquer notre territoire. On verra plus tard pourquoi.
Retrouvailles pour un copieux petit déjeuner chez Blanche de Castille. Les campeurs n'ont guère apprécié l'averse de 7 h, qui a trempé les tentes.
Départ à 9h30 sous un ciel gris et menaçant. Pour sortir de Dourdan on se fait une bonne côte, ça réchauffe ! Ensuite c'est la Beauce, que les cyclos n'aiment guère tant elle est tristounette, dépourvue de charme, et souvent vent contraire. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Une brise du nord nous pousse.
Le traceur de l'ACP a quand même trouvé une vallée verdoyante et bucolique, celle de la Chalouette. Une petite averse se déverse sur nous.
Courses à Angerville au km 31, où nous trouvons un traiteur très bien achalandé ainsi qu'un boulanger qui fait un "pain écureuil" parfait pour les cyclos.
Pique nique à Andouville où il n'a pas plu, si bien que nous pouvons faire la sieste sur un gazon sec et confortable.
Outarville km 46, nous trouvons un café bien accueillant (ils sont rares dans la Beauce). Jean Pierre en profite pour prendre son dessert, un clafoutis pantagruélique.
Apres Bazoches les Gallérandes km 53, les 23 km de la longue ligne droite de la D97 nous mènent jusqu'à Orléans. Quel ennui ! le trio pédale en silence, vigilant à la circulation intense du samedi après-midi avec des voitures qui roulent vite, trop vite. Je pense à Mr Bonduelle qui vient de disparaître fauché par un chauffard.
Le GPS nous conduit en zig-zag à travers Fleury les Aubrais et St Jean de la Ruelle jusqu'à l'hôtel IBIS, bien vide par ces temps de COVID.
Pour cette 3eme étape, nous avons pu partir tôt. Étant donné la difficulté que nous avions à trouver un hôtel et un camping proche l’un de l’autre, le groupe des tortues avait décidé de dormir à l’hôtel. Le départ se trouve donc grandement facilité car il n’y a pas de tentes à faire sécher et à plier, pas de recherche d’un lieu pour prendre le petit déjeuner. La trace passe par la route de Blois, une grande ligne droite longeant la Loire. L’itinéraire de la Loire à vélo passe sur l’autre rive de la Loire et n’est pas accessible.
En ce dimanche matin il y a peu de circulation et nous arrivons rapidement à Meung sur Loire. Il est un peu plus de 9h00 et c’est jour de marché. Nous pensons qu’il sera facile de trouver un bar pour le café mais nous devons vite déchanter. Le nouveau propriétaire du bar en face du château ayant décidé de n’ouvrir qu’à 10h00, nous repartons donc vers Beaugency.
C’est le premier BPF que je pointe. Jean-Pierre l’avait déjà lors d’un séjour Abeille dans cette ville. Nous arrivons en longeant le vieux pont sur la Loire qui d’après la légende a été construit en une nuit par le diable en échange de l’âme de la première personne qui passerait sur le pont (le
pont du diable
). Les habitants y firent passer un chat.
Nous montons vers la cité médiévale pour faire une visite, prendre notre café et acheter à manger pour midi.
Nous repartons direction Le Domaine National de Chambord. La longue traversée du parc qui entoure le château est très agréable. Nous voyons des traces de sanglier sur le bord de la route. L’arrivée « royale » en vélo nous permet d’accéder jusqu’à une grande
pelouse face au château
sur laquelle nous décidons de prendre notre repas et de faire une sieste bien méritée.
Chambord est notre 2eme BPF du jour. En cette fin d’été il n’y a pas trop de touristes dans ce haut lieu du patrimoine français. Nous finissons la journée à Chatillon sur Cher en ayant parcouru 93 km.
Pas d'hôtel à Chatillon sur Cher. Daniel passera donc la nuit à Selle sur Cher, un peu déporté vers l'est de la trace des tortues qui campent. Le matin venu, il nous faut nous rejoindre. Il faut aussi, pour les campeurs, trouver un petit déjeuner. Pas facile car Chatillon sur Cher est en haut et le camping en bas, au bord de la rivière, juste avant le pont qui va vers Hendaye.
On convient donc de rejoindre Daniel, qui a pris la route directe, à Valençay (BPF) et c'est là qu'on prendra notre petit déjeuner. Ceci nous fait parcourir 17 km à jeun après plus d'une heure et demie à tout replier. C'est dur !
Ensuite, comme les jours précédents ont créé une habitude de longues distances, Henri s'est habitué et décide d'aller pointer
Palluau sur Indre
: un BPF aubaine qui attend pas trop loin de la trace. Il part devant vers Fredille, en direction de Pellevoisin. Avec Daniel on va moins vite et, à Argy, affamés et assoiffés, on trouve un
resto ouvrier près de l'ancienne gare.
Toutes provisions oubliées instantanément dans les sacoches, on opte pour le resto. Suivi d'une sieste un peu plus loin sur la route.
Henri, facilité en cela par son trajet plus long, pique-nique pas loin de nous et nous double dans les grandes largeurs. Il faut dire que, dès que nous avons eu le dos tourné, il a oublié toute idée de sieste. La trace se prolonge jusqu’à St Gaultier, au passage de la Creuse. C'est là qu'on retrouvera Henri, déjà arrivé depuis quelque temps. Total 87,8 km pour la journée sauf pour Henri qui en parcourra environ 100. Qui dit que les tortues ne font pas de chemin sous leurs carapaces ?
Premières nouvelles des lièvres. Ils sont partis du départ décalé de Bièvres ce matin et ont osé dîner à Dourdan dans notre restaurant le
Blanche de Castille
. Demain matin, ils traverseront la Beauce.
Nous avions convenu la veille au soir de partir du resto-bar le AlloAllo sur la place du champ de foire. Quand j'arrive au bar les vélos sont là, mais pas les cyclos. La boulangerie était un peu loin...
St Gaultier est le point bas de cette étape qui n'arrête pas de monter. La longue côte de Roussines au km 21 est particulièrement éprouvante, surtout qu'elle se fait en plein soleil.
À St Benoit du Sault (BPF), le charcutier fait des pâtés à la viande délicieux. On en mangera tout l'après-midi. Visite de la partie médiévale du village où nous trouvons près de l'église un square ombragé idéal pour le pique-nique avec vue sur la rivière et la campagne environnante.
Après la sieste, reprise difficile sous un chaud soleil surtout que ça monte, ça monte jusqu' à St Sornin-Leulac km 57 où nous découvrons que le dernier café existant est fermé depuis des mois et que le village est traversé par la N145: un enfer, une succession de trains de camions plus gros et plus bruyants les uns que les autres.
La descente sur Châteauponsac (BPF) est un vrai plaisir.
Ce soir, à Châteauponsac, les campeurs abandonnent leur tentes, pour le confort d'un petit chalet. La nuit s'annonce froide, c'est plus raisonnable.
Nous avions réservé au même endroit avec Daniel et comme son chalet, dans notre camping, était grand, nous n’avons pas planté les tentes et squatté sa chambre d’enfants. Nous sommes donc prêts à partir un peu avant 9h00.
5 km après le départ nous sommes arrêtés par un troupeau de vaches limousines avec leurs veaux qui traversent la route. Le paysan nous confirme que le lait des limousines ne sert qu’aux veaux. Elles allaitent pendant 9 mois et font un veau par an.
Nous repartons et croisons la route du Tour de France qui passera demain dans ce secteur. L’étape du jour (48,3 km au nominal) n’étant pas très longue nous décidons de faire un détour pour aller pointer le BPF de
Cieux
et de visiter Oradour sur Glane.
Nous nous arrêtons à la boulangerie de Cieux pour pointer nos BPF. Exceptionnellement, frappé par la divine tamponnite, Daniel pointera Cieux avec nous sur un carton de BPF dédié à cet usage exclusif. Nous y achetons aussi notre repas du midi. Aujourd’hui, mercredi, c’est le jour du pâté de pomme de terre. La boulangère nous indique que nous pouvons pique-niquer au bord du lac. L’endroit est fort agréable et occupé par de nombreux pêcheurs (et autres pénitents : ndlr).
Après avoir pris notre repas et fait une petite sieste nous repartons pour
Oradour sur Glane
. Le 10 juin 1944 deux cents Waffen SS en déplacement entre deux cantonnements accomplissaient, ici, une action de terreur. Ils ont pillé, incendié le bourg du village et massacré 642 personnes dont 193 enfants. Ce lieu de mémoire est resté en l’état et a été classé monument historique en 1945. Un mur de pierre a été construit autour du village pour protéger et sanctuariser le site.
Pour terminer l’étape nous décidons de prendre une route qui longe la Vienne et donc, même si elle est un peu plus longue, devrait être plate. Il n’en est rien, notre route monte et descend sur le versant bordant la rivière. Il faut dire que depuis 3 jours nous n’avons pris que des petites routes très vallonnées et que nous avons croisé peu de voitures. Daniel nous quitte à l'entrée du bourg pour aller dormir un peu plus loin. Nous arrivons au Camping d’Aixe sur Vienne. Il est en plein centre-ville dans une zone assez bruyante. La gérante du camping, peu aimable, n’a pas d’indication à nous donner pour notre repas du soir. Nous partons explorer les environs et nous trouvons une vendeuse de Pizzas à emporter. Nous faisons notre choix et rentrons au camping pour manger. Cette étape à Aixe sur Vienne ne nous laissera pas un souvenir inoubliable.
Nuit banale, mais pas de rosée. Pour le petit déjeuner (comme pour dîner hier), il faut monter la rue Mauvais Accueil et émarger doublement: (1) au café pour thé ou café et (2) à la boulangerie pour ce qui se mange. Globalement, la décision de faire de cette flèche une flèche sans réchaud était une mauvaise décision. Le petit déjeuner prend du temps, alors qu'un simple thé chaud avec un pain au lait au sortir de la tente fait des merveilles. Et il est toujours temps de prendre un second petit déjeuner quand les hasards du chemin le permettent !
Nous avons rendez-vous avec Daniel au BPF de Nexon: un diverticule à l'ouest de la trace nominale de la flèche. Les bienheureux lièvres qui nous suivent éviteront soigneusement ces détours pour se concentrer sur le tracé, optimisé, de la flèche. Ils évitent ainsi des côtes terribles pour 14 km seulement. Arrivés à Nexon, on poursuit l'effort en allant au centre commercial du haut. De là on rejoint les Cars, sur le tracé nominal, lui. On y pique-nique, on n'oublie ni la sieste ni de nous intéresser à l'histoire mouvementée de la famille des Cars, ses châteaux, ses possessions, ses maîtresses, ses revers de fortune, du moyen age à nos jours, Guy des Cars est un représentant actuel de la famille.
Un peu limé par l'accumulation de ces côtes hors nominal, Daniel file direct vers sa chambre d’hôtes en suivant quelques kilomètres de plus le parcours nominal (facile !) de la flèche.
Avec Henri, en nous traînant comme des limaces, on va vers le 2ème BPF diverticule de la journée, à l'ouest du parcours nominal, cette fois. Il s'agit de Chalus. Pour ce faire, il nous faut passer (à l'aller et au retour) la chaîne de montagnes locales. Après Cieux hier, on ne perd plus l'habitude de monter au plus près des étoiles. Pas fini: à Chalus, on monte au château, point haut local. On est pile poil sur la route de Richard cœur de Lion.
Un grand coup de fatigue m'envahit au retour. On avait anticipé -et Daniel était mandaté auprès des hôtes de la table d'hôtes- la quête d'une solution de nuit qui nous évite de rajouter encore des kilomètres et des côtes. Les hôtes de Daniel, quand on leur le dit en anglais, comprennent la demande: Au bout du bout, Henri plantera sa tente dans leur jardin tandis que j'occuperai l'autre lit de la chambre twin de Daniel. Les propriétaires sont anglais (pas écossais comme j'avais cru), ont vécu 40 ans en Irlande du Sud. Ils ont retrouvé ici un paysage irlandais, mais sans la pluie quotidienne. Il y a d'autres occupants et notre dîner se passe sur la terrasse dans l'air encore chaud du soir et à proximité immédiate des canards du lac voisin. Le petit déjeuner est inoubliable.
Pendant ce temps, le troupeau de lièvres, parti 3 ou 4 jours après nous, nous talonne sur les routes en direction de Brantôme en Périgord. En tendant l'oreille, on croit entendre venir du nord des bruits de sabots survoltés. Les lièvres nous suivent, les lièvres vont bientôt nous passer en trombe à l'image de la vague qui passe le coquillage fixé sur son rocher.
À bien des égards cette étape a un goût particulier:
Nous saluons notre hôte et quittons "la vieille Maison d'Aurin" dont nous garderons un excellent souvenir.
Henri m'avait prévenu la veille: "ça monte bien et sur 5km jusqu'à la gare de Bussière Galant".
À La Coquille (km 15), le premier café avec ses néons blafards ne nous inspire pas. Heureusement le second sur la place du village a une terrasse sympathique qui nous tend les bras. Nous y rencontrons une jeune pèlerine lestée d'un gros sac, qui marche vers St Jacques.
Quel courage par cette chaleur !
Dans la descente vers Mialet (km22), nous sommes doublés par une voiture qui fait péter son pot d'échappement à la décélération. Un bang impressionnant! J'ai cru qu'un de mes pneus avait éclaté.
Dans la forêt du Nontronais, nous tombons sur une voiture accidentée au milieu d'une ligne droite, sans trace d'autre voiture. L'explication nous sera donnée par une petite pancarte plus loin: "Route des sangliers".
Toujours dans cette belle forêt, quelques km avant St Pardoux la rivière (km38), Catherine nous fait la surprise de nous doubler.
Arrêt retrouvaille. Hoc arrive peu après, mais pas Christine qui répare son frein sur une autre route. Nous ne la retrouverons que le soir à l'Hôtel.
Pique nique et sieste à St Pardoux.
Nous longeons la Dronne sur 20km et arrivons à Brantôme en Périgord.
Hoc nous a réservé une table sur la terrasse du Charbonnel. Nous avons tellement de choses à nous raconter que le Maître d'hôtel sera obligé de revenir 3 fois avant de prendre la commande. Nous y ferons un repas gastronomique et en même temps léger.
Le magret à la réglisse est une pure merveille !
Journée de repos. Essentiellement, on scie du bois: dans des visites, en pique-niquant, en observant les démonstrations des jeunes lors de la journée des associations locale, ou tout simplement en faisant la sieste.
Le matin, les campeurs (Jean Pierre et Henri) viennent à notre hôtel (Catherine, Christine, Daniel et moi-même) pour prendre le petit-déjeuner ensemble à 8h. Dans le contexte COVID-19, les mesures sanitaires prises par l'hôtel font que nous n'avons pas à nous servir des nourritures sur le buffet mais à demander aux serveurs de nous les apporter.
Petit déjeuner pris, les campeurs partent illico et nous, les hébergés à l'hôtel, 30mn plus tard. Nous roulons à un rythme soutenu pour combler notre retard. Au kilomètre 13, Catherine et Christine commencent à rouler à la vitesse de lièvre, je suis Daniel qui roule à son rythme. Il navigue à la carte sans GPS !
Quelques kilomètres plus loin, nous avons dépassé Christine en train de ramasser quelques pommes. Puis comme une lièvre de Jean de la FONTAINE, elle nous redouble. A l'entrée de Tocane-Saint-Apre (kilomètre 23), d'un coup d'œil de lynx, Daniel a repéré de loin les vélos de JP et Henri devant un supermarché. Les lièvres n'ont rien vu.
Catherine et Christine, prévenues par Whats'App, nous informent qu'elles vont faire les courses (alimentaires) plus loin après la plus grande montée de l'étape. C'est une décision bien raisonnée. Restant avec les tortues jusqu'au sommet de la grande montée, j'ai rejoint les lièvres pour chercher un lieu de pique-nique au bord de la rivière l'Isle.
Cependant, au lieu de nous rejoindre, les tortues, bucoliques, quittent le parcours en empruntant un véloroute pour arriver à un lieu de pique-nique à l'autre bord de la rivière l'Isle. Après le repas (et sieste pour les tortues), la suite du parcours se fait sous la chaleur à 38°C avec le pointage de contrôle à Mussidan et en deux groupes. Les tortues ont fait 13km en plus car le véloroute ne mène à nulle part.
Le soir nous dînons ensemble dans un restaurant au centre ville de Bergerac.
Après un bon petit déjeuner dans notre hôtel à 7h30 nous (Catherine, Hoc et Christine) ne partons qu’à 9h 30 mais Daniel est déjà parti depuis 1/2h car on nous a annoncé une côte difficile au début et il veut prendre son temps pour la monter.
À la sortie de Bergerac nous passons devant Prunidor, producteur de pruneaux d’Agen, et ça sent fort la prune !
Nous entamons la montée à Monbazillac, c’est une belle côte ! ... mais avec vue sur le château qui domine le domaine et sur ses belles vignes bien alignées. En haut, Hoc n’oublie pas de pointer.
Vers 10h nous rattrapons Daniel mais nous ne savons pas si les autres tortues sont devant ou derrière ? Le paysage change, il y a un peu moins de vignes et les vaches ne sont plus des Salers.
C’est toujours bien vallonné et nous changeons de région viticole, maintenant c’est l’Entre deux mers.
Passage par Duras. Nous apprendrons après que Jean-Pierre et Henri vont Pique-niquer à Duras.
Nous voyons d’immenses champs rouge et vert de Sorgho ou millet à balais, je découvre cette céréale. Daniel nous attend à Montségur pour le pique-nique mais je passe sans le voir. Je mange toute seule en haut de la côte et les attends en faisant la sieste.
Nous arrivons trop tôt à La Réole pour notre chambre d’hôtes. Nous faisons le tour de la ville avec encore de bonnes côtes ! Le château, l’abbatiale, l’abbaye, les ruelles et vieilles maisons, l’ancien hôtel de ville... et nous prenons une bière dans une petite brasserie locale avant de rejoindre notre chambre d’hôtes.
Le soir, nous nous retrouvons tous au restaurant retenu par Hoc: Les perles à Pimpin. Jean-Pierre et Henri qui sont de l’autre coté de la rivière arrivent à vélo (ça monte) et nous apprenons que Henri a subi la première crevaison de cette flèche. Encore un très bon dîner.
Aujourd'hui 15 septembre 2020 nous partons de La Réole vers Brocas petit village landais. La Réole est une petite commune de Gironde dont la plus grande partie se trouve sur un éperon rocheux en rive droite de la Garonne. Notre chambre d'hôtes est dans le bourg sur la hauteur. La température chaude nous a permis d'avoir des vêtements lavés et secs pour cette étape qui s'annonce encore plus chaude. Au petit déjeuner notre hôtesse nous explique son projet et celui de la commune qui tente de réhabiliter les logements vétustes trop nombreux. La commune a subit une paupérisation due en grande partie à la fermeture des usines de tabac. Une population désœuvrée côtoie les monuments historiques me laissant une impression étrange. Après un fort bon petit déjeuner et l'équipement de nos fiers destriers Christine et moi dévalons l'éperon rocheux et rejoignons les quais. Hoc et Daniel partis d'une autre chambre d'hôtes se trouvent au même moment que nous devant le pont suspendu du Rouergue pour un départ groupé improvisé. Les campeurs Jean-Pierre et Henri, après avoir replié leurs tentes au camping situé sur la rive gauche au lieu-dit du Rouergue sont sans doute en route de leur côté.
Notre trajet nous conduit à travers les champs et quelques petites communes. À Auros la trace nous joue des farces avec une proposition de chemin botanique que nous empruntons dans un sens puis à rebrousse pédale effrayées par les cailloux et les herbes. Ce n'était qu'une manière de couper une boucle de la route, le jeu n'en valait pas la chandelle. Qui avait donc tracé ce chemin poétique? A
Bazas
nouvelle pose après 26 km. Une magnifique cathédrale gothique, étape du chemin de Compostelle, la cathédrale Saint Jean-Baptiste, côtoie une place de marché entourée d'arches salvatrices, les couverts, sous lesquelles nous nous rafraîchissons dans un des cafés. Coca-Cola bien frais et aspersion d'eau sont indispensables pour continuer notre route sous la chaleur de milieu de journée. À Pompejac j'aperçois des chèvres, aurons nous l'opportunité de manger de leur fromage ? Hélas non, nous n'avons parcouru que 33 km, il n'est pas l'heure de déjeuner.
Après de longues lignes droites en plein soleil, les landes expliquant cela, une halte sur la terrasse du café à Callen (149 habitants au dernier décompte) nous sauve une fois de plus. Les lignes droites qui n'en finissent pas seront le fait marquant de cette journée. Les 17 km sur une départementale très passante nous poussent à rouler pour en finir le plus vite possible. Lorsque, enfin, nous arrivons à Brocas, le jeu consiste à trouver le gîte. En cherchant bien des petits panneaux nous mettent sur la voie. De jolis petits bungalows créés et loués par la commune nous accueillent, merci Jean-Pierre pour avoir trouvé cette possibilité. C'est là que nous retrouverons Bertrand et Claudine qui nous rejoignent en voiture pour rouler avec nous jusqu'à Hendaye (voir plus si affinités...). Daniel sera le cinquième occupant. Les chambres sont attribuées, les vêtements sont lavés et suspendus sur le fil à linge au soleil du soir. Nous avons réservé une table pour les 7 cyclistes au café restaurant de Brocas en face de la mairie.
Ce soir c'est la joie de se retrouver tous devant une table bien garnie et l'église de Brocas nous gratifie de ses lumières embellissant l'architecture remarquable réalisée entièrement en béton. Les patrons du café nous expliquent que non, ils ne peuvent pas ouvrir le matin pour les petits déjeuners. Déception, nous devrons nous organiser pour prendre notre petit déjeuner dans le gîte. La nuit portera conseil.
Pendant l’étape vers Brocas, chez le sympathique aubergiste de Callen, avant Labrit, qui nous a accueillis, nous avons soudain réalisé la quasi-impossibilité de rallier Salies de Béarn depuis Brocas en 1 jour, du moins pour des tortues. Ce tracé est un tracé de lièvre, pas un tracé pour tortues. Alors on le regarde enfin: Sur la route, il y a Hagetmau et Amou (hôtel uniquement, pas de camping). On choisit Amou, on y retient l'hôtel "Au feu de bois", peu après le pont.
On peut alors, rassurés, prendre le petit déjeuner dans le gîte des lièvres. La nourriture des lièvres est excellente et propice aux longs voyages rapides. Facile, en somme, d'être lièvre ! Les 2 tortues qui campent partent devant. Vite doublées en trombe par Claudine et Christine, puis par Catherine et Bertrand.
Le premier quart d'étape, vers Mont de Marsan, se passe bien. La trace évite le centre. On décide néanmoins d'aller au centre pour éviter les voies à grande circulation mais sans intention, à priori, de nous y arrêter. Mais.. j'ai vécu en ce lieu (route de Saint-Sever) mes premières années d'école communale. On y prend donc (j'insiste) un café nostalgique où je tente de m'y remémorer mes années de vie en ce lieu, enfant. Rien ne ressemble à mes souvenirs, c'est juste très moche. Dommage !
Le second quart d'étape, c'est la petite route qui by-passe la nationale vers Saint-Sever sur l'Adour. On y quitte les Landes plates et aborde la Chalosse, avant l'Adour qui marque la frontière et qu'on traverse juste avant Saint-Sever.
Le troisième quart d'étape nous mène à
Hagetmau,
BPF 40. Là, on s'échoue à une terrasse de café juste à coté d'un hôtel. Tout ce qu'il faut pour que le doute s'installe: "Pourquoi avoir coupé l'étape aux 3/4 à Amou, et non à la moitié à Hagetmau ?". Quand le doute s'installe, la raison s'efface.
Dehors, il fait chaud ; dans le café il y a le tour de France. On ne lutte pas contre le tour de France.
Alors, confiant en ma propre lenteur, le pars seul devant sous le soleil pour le quatrième quart d'étape, vers Amou, abandonnant Henri et Daniel au Tour de France. Ce 4° quart n'est finalement pas beaucoup plus collineux que les trois autres et si rejoindre Amou prend du temps, ce n'est, par contre, pas difficile à cette lenteur. Pas de côtes raides.
Il ne reste que 26 km (le 5° quart) vers Salies de Béarn. On verra demain qu'il fallait le couper: c'est un enfer de côtes. Mais, pour l'heure, on n'en sait encore rien et, tour de France arrivé, Henri et Daniel arrivent guillerets dans la presque fraîcheur du soir et nous profitons d'un bon dîner, dans l'hôtel "Au feu de bois".
On profile déjà l'étape du lendemain (jusqu'à Salies de Béarn) et réalise qu'on peut repousser l'étape de Salies de Béarn jusqu'à Saint Palais, qui serait alors notre première étape Basque, aussi en hôtel (car pas de camping).
Ce faisant, on voit bien la coupe à effectuer sur le trajet pour rallier St Palais, sans réaliser que, par les nationales, on traverserait Sauveterre de Béarn, un BPF du Béarn. Patatras ! je n'avais pas mon carton de BPF du Béarn, les ayant tous pointés il y a bien longtemps et ma carte n'est pas stabilotée des noms des BPF qu'elle contient. On loupe ainsi l'option de pointer (par les nationales) le BPF de Sauveterre. Ce BPF fera défaut à Henri. La honte est sur moi.
Demain, donc, on ira à St Palais, où on logera dans un hôtel basque. On sera ainsi plus proche de l'étape suivante de Itxassou, qui, autrement, semblerait bien lointaine.
Amou - Salies de Béarn, ça ne ferait que 25km. C'est un peu court ! Alors nous pousserons jusqu'à St Palais soit une étape de 52 km. Nous serons fort contents de cette décision le lendemain dans l' étape collineuse qui nous mènera à Itxassou. Nous quittons le sympathique et courageux couple d'hôteliers qui vient de reprendre "Au feu de bois" en pleine période de confinement.
Premier mur de la journée pour passer de 48m à 158m en quelques km et rejoindre la D947 DAX / ORTHEZ.
Descente sur la vallée du Gave de Pau où se trouve l'exploitation du Gaz de Lacq. Belle remontée serpentante pour redescendre sur la station thermale de Salies de Béarn.
km 25. Là au milieu des curistes qui s'ennuient et qui ont déjà pris place sur la terrasse du restaurant pour le déjeuner, nous dégustons notre traditionnel petit café. Il est 11h45.
Nous poussons jusqu'à Caresse km 32 où un énorme résineux nous offre son ombre pour le pique nique. Comme le soleil tape, Henri en profite pour tendre sa corde à linge et faire sécher sa lessive, très remarquée par les automobilistes de passage. Nous traversons le Gave d'Oloron et attaquons notre deuxième mur de la journée après La Bastide de Villefranche. De là, on rejoint St Palais en longeant La Bidouze.
L'Hôtel du Midi est situé sur la grande Place, très animée le soir. On y danse même le folklore basque ou béarnais (Ndlr: Basque).
Résultat il faudra attendre une heure du matin pour que les conversations trop sonores prennent fin.
Nous quittons St Palais vers 9h00. Nous ne sommes pas pressés car la météo prévoit un temps couvert et nettement moins chaud que les jours précédents. Nous avons quelques gouttes avant le départ mais rien de bien méchant. Sur les conseils de l’hôtelier, nous avons modifié notre parcours. Nous allons passer par
Iholdy
et Helette et rejoindre notre trace. C’est un bon conseil qui nous permet d’éviter une pente à 2 chevrons sur la carte Michelin.
En fin de parcours de cette longue flèche avec de nombreux détours, les organismes sont un peu fatigués. Jusqu’à présent nous avions un paysage de collines, maintenant nous sommes aux Pays Basque et l’environnement est plutôt montagneux. Nous trouvons un bar à
Iholdy
pour prendre le café. Daniel fait le service car le patron et encore plus fatigué que nous.
À midi nous arrivons à
Louhossoa
. Alors que nous nous installons sur le trinquet pour prendre notre repas, il se met à tomber quelques gouttes. Le restaurant du trinquet avec sa terrasse couverte ne demande qu’à nous accueillir. Nous nous installons et commandons des ris d’agneaux aux cèpes. La serveuse nous amène un énorme plateau. Nous faisons un excellent repas.
Ensuite seulement, nous repartons pour Itxassou fin de l’étape et BPF (pour ceux qui ont la « tamponite »). Itxassou se trouve juste à côté du Pas de Roland, un des passages pour traverser les Pyrénées pour les pèlerins de Compostelle.
Lors de cette flèche nous avons longé plusieurs fois le chemin des pèlerins et vu plusieurs d’entre eux. Ce soir sur les conseils des lièvres, nous avons décidé de faire étape à l’hôtel du Chêne. Nous y prendrons notre deuxième repas gastronomique de la journée. L’adresse est bonne, nous pouvons le confirmer.
Itxassou (BPF Bearn) est un drôle de village basque. On dirait deux trous, avec des maisons, des routes et autres choses dedans. L'hôtel est à coté de l'église, au fond d'un trou. Si, à l'image de Hoc qui nous a légué ses enseignements, on trouve puis suit la meilleure route vers notre destination, on sort du premier trou par une côte très raide qui nous hisse à la crête séparant les deux trous. À droite, part une route longeant la crête: ne pas la prendre car elle n'a aucune chance de nous mener là où on veut. Non, il faut plonger droit dans le second trou dans une pente à bouziller ses freins, puis en ressortir par une route non moins pentue, mais montante. Alors enfin, on est sortis d'Itxassou. Hoc nous avait suggéré d'accorder l'honneur du pied à ces deux côtes. OK, Hoc, puisque tu le dis...
Après, on se trouve sur la route favorite (quasi-unique) des cyclos locaux: la D20 d'Espelette à Ainhoa, suivie de la D4 vers St Jean de Luz. Passé Espelette, par une route à 8% qui nous semble verticale, on se hisse au col de Pinodieta à 176m d'altitude, on redescend puis remonte vers Ainhoa (fatigue, on ne fera pas le détour par ce magnifique village basque). On descend (ou monte, c'est tout comme) vers Sare où, après quelques recherches compliquées et collineuses, on s'échoue (du moins tel en est mon souvenir) dans l'antre écolo d'un couple qui vend des cafés aux noms compliqués au prix de l'or, avec des pâtisseries maison au millet et au sorgho qu'on croirait détournées tout droit de l'écuelle de quelques animaux locaux pour faire plus Vegan.
Ascension, maintenant, du col St Ignace: "le second col se monte bien", disait Christine. Ben oui, il culmine à l'altitude majestueuse de 169m, et on y va par une pente à 4%. J'ai pourtant bien du mal à arriver en haut. Christine nous aurait-elle trompés ? En haut, on fait la pause près du parcours d'un petit train à crémaillère qui monte, qui monte...
Y a plus qu'à longer la rivière et se laisser glisser jusqu'à St Jean de Luz. Ensuite, c'est la côte, c'est forcément cool, comme la route du bord de la Vienne de l'étape du 9 septembre. Rêvons un peu.
La fille de Daniel, nous révèle ce dernier, est à St Jean de Luz. Facile: il est 15 heures et on est arrivés, allons lui dire un petit bonjour. Daniel, qui s'y retrouve toujours dans les lieux fâchés avec la géographie (et fâchés avec les cartes), nous fait suivre un chemin tourmenté qui passe par moulte trottoirs couverts d'êtres humains dépourvus de roue, qui nous amène au lieu précédemment célébré par Hoc (dont l'ombre nous hante toujours) pour ses macarons. Pourquoi pas, en somme, aller à St Jean de Luz et y acheter des macarons ?
Curieux comme le ciel est noir. D'un noir qui tourne à l'obsession. Qui a fermé les volets ?
On se trouve, terrasse, bien sombre au demeurant, d'un café de la place des macarons (louis XIV, je crois), on boit un coup dans des verres trop sombres, puis on sonne la retraite vers les 17h.
Le ciel est noir, le vent ébroue ses grandes ailes en secouant tout autour de nous, et nous repartons par les mêmes trottoirs, maintenant ruisselants d'eau, en direction d'Hendaye. Hendaye ? C'est où ? Facile, c'est à côté ! Et on n'en finit pas de sortir de St Jean de Luz, qui déplie devant nos roues trempées ses multiples plis. Vient alors, à l'ultime panneau (minuscule) "partageons la route, autos-vélos: 1 m minimum", la fin de la piste cyclable. Ce panneau, personne ne l'a vu mais tous le respectent: 1m: c'est la distance maximale à laquelle nous frôlent les voitures lancées à toute allure, toutes vitres embuées, sur cette route couverte d'eau.
On disait "à côté". À côté, ça veut dire à 11 km à raison d'une côte tous les 1,5 km. On disait "pente faible". Pente faible ? oui: dans les 6%. On arrive à monter très haut, en transpirant à 6% sous nos gore-tex ruisselants (et si on n'est pas haut perchés, c'est que la mer est tombée dans un trou), puis on redescend en trombe au niveau de la mer. C'est comme les
Ardennes Belges
sans les belges.
Après un temps infini sous une pluie battante, une piste cyclable s'ouvre à droite et s'enferme derrière une barrière infranchissable, je la loupe et dois attendre 1 km pour enfin la rejoindre, et on recommence à voir des humains. Devant nous, arrive le panneau "Hendaye". Arrêt, on embauche des espagnoles qui prenaient l'eau par là. Sollicitées ("Ola !"), elles nous font gentiment la foto qu'on rêve de faire depuis 1100 km. Le téléphone utilisé pour la foto, grâce sans doute au tampon "Cieux" que nous arborons fièrement tous les trois, a survécu à cette exposition à l'eau du ciel.
Daniel nous trouve la gare SNCF "TGV et assimilé" proche de la frontière avec Irun. La SNCF, pas d'accord, nous le fait savoir: Guichets fermés tout le week-end (à quoi sert-il de vendre des billets quand sanctionner leur non-possession est plus rémunérateur), unique robot vendeur de billets en panne, et téléphones incapables, avec l'appli SNCF, d'acheter un billet avec vélo. Cela se résoudra dimanche soir à Bordeaux, qui pullule de TGV. En attendant, on rentre en vrac à l'hôtel de Daniel et on retrouve les lièvres sauf Hoc à table pour un ultime bon dîner.
Christine rentre par le train de lundi 9h00 et les trois autres lièvres retournent à Brocas à vélo, où une voiture les attend... trop tard pour doubler les tortues !
Défi relevé: voyage terminé, plans de route pas trop orientés lièvres (un peu tout de même, dans la Chalosse) coexistence pacifique entre lièvres et tortues, et le gîte de Brocas des lièvres, un véritable job à temps plein, continue à m'écrire.
Vu par La Fontaine, si on excepte Hoc (le lièvrissime), les trois tortues seront les premières à Paris, suivies de Christine (le lièvrior). Hors concours, on trouve enfin Catherine avec Bertrand et Claudine (le liévrusse), qui ne seront de retour que mardi... Mais La Fontaine n'est pas visible, on n'ébruitera pas sa conclusion.
Bravo aux participants, complets et partiels et aux coachs des participants, pour avoir rendu possible ce voyage peu commun, et bravo à Daniel pour avoir tenu sans jamais perdre son bel optimisme.
Pour Jean Pierre, c'était la vingtième ! l'ultime ! Parfaitement préparée et bien découpée : on a pu arriver au bout. Toutes ces flèches représentent des milliers de mètres de dénivelé et des milliers de kilomètres par tous les temps et aussi des moments merveilleux gravés dans le marbre. Celle-ci était en plus de sa longueur accompagnée de coups de fatigue et de douleurs rhumatismales auxquelles Jean Pierre a vaillamment fait face. La réussite n'en a que plus de saveur.
Pour Henri, c'est une de plus de son escarcelle et une riche moisson de BPF. Soutien sans faille du moral des campeurs face aux moustiques du soir, à la pluie du matin, à l'absence de petit déjeuner, il a la sérénité des montagnards.
Pour moi elle était inespérée, touché par un cancer je pensais ne plus pouvoir faire de longs périples. J'ai goûté chaque kilomètre parcouru comme les bons moments partagés au pique-nique et aux étapes du soir. Merci à vous deux pour ce chaleureux compagnonnage.
À Brantôme, ou plus exactement avant Brantôme, les lièvres nous ont rejoints.
Par la grâce de Hoc nos repas ont pris une dimension gastronomique ou au minimum "cuisine du terroir". Le dîner sur la terrasse de l'Hotel Charbonel au bord de la Dronne à Brantôme ou "La Cuisine aux Cèpes" à Bergerac en sont des exemples mémorables. Ces belles tablées ont été chaleureuses et joyeuses.
Quelle flèche inoubliable !
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |
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