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Vélo-fourchette à La Fourg'ette

du 10 octobre 2019

 

par Jean-Pierre
https://www.abeille-cyclotourisme.fr/souvenirs/2019-10_velofourchette.html

9:00. Parking de Oinville sur Montcient À 9h00 (oui, 15 minutes avant l'heure fatidique où on devient en retard) : Quelques Abeilles matinales battent la semelle de patte. Les organisateurs manquent à l'appel. Mais que fait la police ? Enfin une rumeur enfle dans le peloton: ils arrivent.

Ils arrivent en effet, avec le visage affichant les marques inimitables d'une de ces choses douteuses qui s'apparentent à la dingue, sans doute récupérée aux Marquises ou dans une des îles de la Polynésie, d'où ils reviennent juste. La dinguerie des petits Piots, dirons-nous, ne serait-ce pas encore un pléonasme ? En tout cas pas de Piti Piots aujourd'hui sur les vélos. On les reverra a midi à La Fourg'ette (nom prédestiné).

Les Piti Piots ont apporté le Piti café, des Piti gâteaux, auxquels s'ajouteront les pitites chouquettes apportées par Eric, toujours dans le ton, où les pitites tuiles du boulanger des Alluets, chaudes de ce matin.On ne va pas être en manque.

En ce 10eme jour d'octobre 2019, un maximum d'abeilles (23) a répondu a l'appel pour la vélo-fourchette d'honneur des Piti Piots et Annick m'a confié l'honneur d'en faire un compte-rendu fidèle. Fidèle ? Quelle erreur !

On roule.

L'avant du peloton turbine, car qu'y faire, à l'avant, à moins qu'on n'y turbine ? Il est animé par Guy et Rayjane, tandis qu'à l'arrière, où se trouvent mes quartiers, on ronronne doucement, entre deux apparitions de Rayjane.

C'est un parcours d'exception. Après un bref passage par Vetheuil, on file au milieu des côtes du Vexin, comme si on disputait, mais sur un bien petit braquet, la "Stephen Roche" en direction de la route des crêtes. Route des crêtes vers les hauteurs de la roche Guyon, qu'on esquive a dernier moment par un "À droite" fulgurant, pour finalement rejoindre au plus vite l'Epte par une descente vertigineuse vers Amenucourt, descente dont Patrick nous avouera que c'est un de ses terrains de jeu favoris (donc raide).

En fin de peloton, on pense donc on est, et on a moins de jambes ; mais on compense ce manque gravissime par une activité intellectuelle qui décoiffe. Monique a, rompant la belle harmonie de sa roue libre bien lisse, une maxi-couronne destinée à l'accompagner quand l'envie lui prend de grimper aux arbres. Parfois, la Chaîne, résolument non-coopérative, décide de sauter et de se mettre au chaud dans l'espace douillet entre la roue-libre ainsi magnifiée et les rayons. Il s'en suit une discussion sur la correspondance entre le braquet, cet être impalpable, la pente, le poids et la puissance instantanée. Nous parlons, comme on parlait à Camelot de l'éternelle conquête du Graal, de la quête du braquet parfait, de l'allure parfaite au braquet parfait. Impossible de décrire cette complexité avec des simples phrases Twitter : Appuyer, oui mais pas trop, mouliner, oui mais pas trop: c'est l'histoire d'une vie.

La
            FourgetteCeci, après la traversée de l'Epte et un bout de piste cyclable la longeant, mais SANS Christian et Monique, qui ont coupé et n'ont pas longé l'Epte, nous amène au but ultime de cette vélo-fourchette d'exception: à La Fourg'ette .

La vie reprend. Certains (on ne dénoncera point) marquent leur retour à la civilisation par un petit jaune, animé de questions profondes sur les caractéristiques essentielles des RICARD et autres pastis. D'autres, ayant sans doute oublié la règle d'or du cyclo : faire une pause technique à l'approche immédiate du lieu d'étape, se transmettent la place aux toilettes salvatrices. Marie-Louise, qui est venue avec Claude, a pour sa part fière allure avec son bras plâtré de frais, et Claude, l'inventeur de la vélo-fourchette devant l'éternel, nous apparaît tout petit, du seul fait de ce contraste : sans plâtre. 

Bref, c'est l'heure du repas qui honorera les Piti Piots.

Pour le retour, Guy régnera sur le grand peloton et j'aurai l'honneur de gérer les coupes, ces formidables warp zones postulées quantiques qui permettent de violer, sans risquer l'outrage, la thermodynamique de Poulidor, en ce qu'elle nous affirme encore -à tort- que moins on va vite, plus on met de temps à arriver au but.

Au Château de Maudétour, Robert et Jacqueline retrouvent leu voiture. On les reverra au parking du départ. "Approche voiture": encore une inimitable stratégie abeille pour contourner les lois de Poulidor, de la nature et de la chute des corps.

Après la coupe suivante, alors que les Abeilles véloces sont encore loin derrière, en bas et sous le vent, Bernard, qui fonce vers l'écurie, néglige fièrement la traversée de Rueil (un village du Vexin) et arrive détaché au pot du retour après de multiples sauts sans faute dans diverses warp zones non signalées par l'organisateur. On sent la patte du professionnel. Naturellement, Christian et Monique le suivent.

Jamais nous ne reverrons Rueil.

C'est enfin la troisième célébration. Que de souvenirs ! combien de parcours collineux, venteux, pluvieux , grêleux, neigeux (on dirait la narration de l'inoubliable Uzerche-Tulle de Michel !) que nous, un nombre impressionnant d'Abeilles, avons endurés. --  Pourquoi ? Pourquoi ? Pour le simple plaisir d'être le VIP d'une organisation "Annick & Dany", d'être chouchoutés à l'arrivée au parking, à ce moment de bascule où on regrette encore d'avoir quitté son lit douillet pour venir battre la semelle sur ce parking pluvieux. Un piti café, le sourire d'Annick, une grosse connerie dite par Dany l'air hilare, et ça repart... Ça repart en direction du resto où le menu a, lui aussi, été mitonné, testé, négocié, dans les seul but de faire plaisir aux abeilles participantes (et tout cela en laissant Picsou bec dans l'eau, enfermé dans son coffre fort).

Bravo, donc, et surtout, pour tout cela, et pour tout le reste que j'omets de mentionner, merci, trois fois merci ; Si nous étions en réunion Abeille, j'ajouterais: "Ça vaut un triple ban ; Garçon, remettez-nous ça !"

Jean-Pierre

"Le Cyclotourisme, un art de vivre"