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VISITE DE PARIS : L'ENCEINTE DE PHILIPPE AUGUSTE
ET LES VIEUX QUARTIERS ENVIRONNANT

Le 5 mai 2012

par Henri Courmont
http://abeille-cyclotourisme.fr/souvenirs/2012_enceinte_philippe_auguste.html

Marie-Louise nous a, encore une fois, organisé une visite du vieux Paris commentée par une guide très cultivée et passionnée par son sujet. Cette guide nous avait déjà permis d'approfondir nos connaissances sur les ponts de Paris et sur les passages couverts.

Nous nous retrouvons une bonne vingtaine sur le Pont des Arts à 9h30, c'est samedi et peu de monde circule dans Paris sous un ciel assez gris.

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La visite commence par la vue splendide des lieux qui nous entourent : la pointe de l'île de la Cité et le Pont-Neuf, le Palais de justice et la flèche de la Sainte Chapelle, le sommet des tours de Notre-Dame, les théâtres de la Place du Chatelet, le Louvre, le Pont du Carrousel en aval, l'Institut de France avec les cinq académies qui le composent : l'Académie Française (1635), les Inscriptions et le Belles Lettres (1663), les Sciences (1666), les Beaux Arts (1803), les Sciences Morales et Politiques (1832). Le pont des Arts fut le premier pont de fer construit à Paris en 1806 à la demande de Napoléon.

L'enceinte de Philippe Auguste se place dans le contexte des luttes entre Philippe Auguste et la dynastie anglaise des Plantagenêt. Afin de protéger Paris pendant son absence, le roi français, avant de partir pour la troisième croisade, ordonna la construction d'une muraille de pierre de 1180 à 1210.

La rive droite fut fortifiée de 1190 à 1209 et la rive gauche de 1200 à 1215. Le délai séparant la construction de l'enceinte sur les deux rives de la Seine avait pour origine des raisons stratégiques ; le duché de Normandie étant alors aux mains des Plantagenêts, l'attaque serait venue plus probablement du nord-ouest. Philippe Auguste décida la construction de la forteresse du Louvre afin de renforcer la défense de la ville face à une attaque remontant la Seine.

La rive gauche que nous visiterons aujurd'hui, étant moins urbanisée et moins exposée fut considérée comme moins prioritaire.

Le mur était renforcé par des tours séparées par deux portées d'archet et de nombreuses portes bien surveillées permettaient la circulation.

Nous contournons l'Institut de France par la rue Mazarine, anciennement rue des Fossés de Nesles. Lorsque l'enceinte fut détruite, l'emplacement libéré permit la construction d'un jeu de paume. De nombreux jeux de paume existaient dans le quartier, dont trois rue de Buci. Ce jeu ancêtre du tennis, était très prisé. Lorsqu'il perdit de l'intérêt les salles furent utilisées à d'autres fins : théâtres, écoles de dessin etc... C'est ainsi que le jeu de paume de la rue Mazarine permit au jeune Molière de lancer son "Illustre Théâtre".

Nous apprenons que les portes cochères construites en arrondi datent du XVIe et XVIIe siècle, au XVIIIe et plus tard, elles deviennent rectangulaires.

L'Hôtel de la Monnaie fut construit sous Louis XVI de 1768 à 1775 d'après les plans de l'architecte Antoine. Philippe Auguste, comme de nombreux souverains ensuite, habitait le Palais dans l'île de la Cité, actuellement le Palais de justice. Ce n'est qu'après 1370 que le Louvre fut occupé par les rois.

En face du Pont-Neuf, nous empruntons la tranquille rue du Jardinet puis la rue de Nevers.

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Les constructions du XIIIe utilisaient à la fois la brique rouge et la pierre qui se mariaient harmonieusement. La rue Dauphine fut percée en 1607 sous Henri IV entre la Seine et l'enceinte de Philippe Auguste dans les jardins du couvent des Augustins. Les moines se sont opposés à l'acquisition de leur terrain, mais Henri IV les aurait convaincus en leur disant que cette rue valait mieux que la vente de quelques choux. Elle fut nommée ainsi en l'honneur du dauphin, fils d'Henri IV.

Nous retrouvons des restes de l'enceinte de Philippe Auguste dans le parking Dauphine.

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Le carrefour de Buci actuel est à l'emplacement de l'ancienne porte de Buci par laquelle entrèrent en 1418 les bourguigons grâce à la trahison du fils du gardien de la porte qui leur donna les clefs. Le massacre de plusieurs milliers de parisiens s'ensuivit.

La rue Mazet était précédemment la rue de la Contrescrape-Dauphine, elle tient son nom actuel d'un médecin français André Mazet (1793-1821), médecin, mort de la fièvre jaune qu'il était allé étudier à Barcelone.

Nous arrivons en fin de matinée cour du commerce Saint André où se trouve le célèbre restaurant "Le Procope", le plus ancien café du monde ouvert par un italien en 1686, voisin de l'Ancienne Comédie Française qui contribua à établir sa renommée. Au XVIIIe, les idées libérales et révolutionnaires y prirent leur essor et l'histoire de l'encyclopédie est intimement liée au Procope.

Nous sommes installés par table de 6, le cadre est superbe et le rapport qualité/prix du menu est intéressant. Nous prenons le temps d'apprécier les lieux avant de poursuivre notre visite des rues environnantes. Un grand nombre de révolutionnaires habitaient le quartier: Robespierre, Danton, Fabre d'Eglantine, Marat y avait son imprimerie. Même le fameux docteur Guillotin y mit au point son nouvel appareil pour raccourcir les condamnés en allégeant leurs souffrances. Il le testa sur des moutons.

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Rue Danton nous découvrons le premier immeuble construit en béton au début du XXe siècle ; il est très bien conservé.

Rue de l'Eperon, dans un ancien hôtel particulier où se réunissaient les savants des Lumières fut ouvert en 1883 le Lycée Fénelon, premier lycée féminin de Paris.

De la rue du Jardinet amputée par la construction du boulevard St Germain on pouvait accéder à Hôtel de Rohan son nom dérive de l'altération de Rouen, en raison de l'hôtel de l'Archevêque de Rouen voisin. Elle porta aussi le nom d'impasse de la cour de Rouen. Henri II y fait construire plusieurs bâtiments pour sa maitresse Diane de Poitiers.

La Place St Michel, la plus grande place de la rive gauche a été réalisée lors de la percée du Bd St Michel en 1855 et la Fontaine St Michel construite en 1860 par Davioud.

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La Rue de l'Hirondelle fut également amputée par la construction du Bd St Michel. Au n° 22, l'Hôtel de la Salamandre, fut construit par François Ier, pour Anne de Pisseleu. Au dessus du porche, l'emblème du roi, une salamandre en bas-relief.

Dans la rue Git-le-Cour, nous sommes invités par le patron de l'Hôtel du Vieux Paris à entrer pour voir les restes vraisemblablement de l'enceinte de Philippe Auguste intégrés dans les murs de l'hôtel actuel. L'établissement qui fut très fréquenté par les beatniks, reçoit maintenant beaucoup d'américains de Californie.

La Rue Christine près de la rue Dauphine doit son nom à seconde fille d'Henri IV et de Marie de Médicis, née en 1606.

Rue des Grands Augustins où vécurent de nombreux artistes ; au 5 & 7, Picasso habitat de 1937 à la fin de la seconde guerre mondiale, c'est là qu'il peignit Guernica. Jean-Louis Barraud tint son théâtre expérimental dans ce "Grenier des Augustin"  de 1932 à 1936.

Nous avons tous la tête bien pleine, Paris est une encyclopédie et notre guide en a une connaissance approfondie. Il se fait tard et la visite se termine en bordure de Seine.

Un grand merci à Marie-Louise qui a su trouver l'opportunité d'organiser cette journée passionnante.

Henri Courmont


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"