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Le journal de PARIS - PÉKIN
(mois de juin)
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Important : Les informations sur le déroulement de Paris - Pékin à vélo 2008 sont strictement associatives, elles ne peuvent être rediffusées que dans le même esprit d'information. Il est strictement interdit d'utiliser ces données à des fins autres que celles définies par le cadre de la loi de 1901, dite "loi associative"

par Henri Dusseau
http://abeille-cyclotourisme.chez-alice.fr/souvenirs/2008_paris_pekin_6.html

Étape 90 : QUINGSHUI - GAOTAI - Lundi 30 Juin 2008.

Distance : 94 km - Dénivelé : ? m
Départ : 7h30 - Arrivée : 14h30

10 000 km !

Mine de rien, kilomètres après kilomètres, jours après jours, discrètement et courageusement nos vaillants cyclotouristes viennent de franchir leurs 10 000ème kilomètres.

Eux seuls, individuellement et collectivement savent et sauront vous raconter ce que représente cette somme d'heures de vélos et de vie communautaire. Vos hommes, vos compagnons, vos pères et grands-pères, vos fils ou vos compagnes, vos mères, vos grands-mères, vos filles sont en train d'écrire pour eux, elles, et pour vous, une inimaginable histoire, aussi belle qu'hypothétique. Soyez certains qu'ils reviendront transformés, expérimentés et probablement plus tolérants, plus humanistes, peut être plus amoureux et vraisemblablement plus conscients de la chance qu'ils ont eu d'avoir pu vivre et participer à cette unique expérience de terrain.

La traversée de la Chine fait beaucoup réfléchir et tous, nous aurons un point de vue, totalement différent du départ et souvent en contradiction avec ce que nous avions pu lire ou entendre sur ce pays. Chacun de nous aura une opinion, certes partielle, mais en tous cas crédible car, à ce jour peu de gens ont eu la possibilité, en totale liberté, de sillonner et de visiter, la campagne ou la ville, durant plus de 4000 km. Nous si.

Notre témoin du jour est : Alain Dupas du Club Cyclotouriste de Nice dans les Alpes-Maritimes (06).

"Partis d'un bivouac plein de cordialité et de rencontres avec les autres, après une nuit passée sous la tente dans un cadre exceptionnel, au milieu d'une plaine entourée de hautes montagnes (nous étions à 1 600 mètres d'altitude) au centre d'un village rural, de 5000 habitants doté de toutes les commodités publiques et privées dont rêvent tous les villages Français !

Dès la sortie du bourg, nous retrouvons le désert pendant une dizaine de Km, puis entrons dans une zone irriguée où poussent tournesols, maïs, houblons et j'en passe, avec une impression de richesse exceptionnelle. Les rivières venues des hautes montagnes sont à sec, parce que chaque goutte d'eau est utilisée pour garantir des récoltes abondantes.

En poursuivant l'étape, nous avons croisé une zone de plusieurs Km² de dunes de sable, et après un arrêt dans un "café" où toute la famille, les amis, les voisins, viennent voir ces diables rouges à bicyclette, pour se faire photographier avec eux, nous arrivons au pique-nique, dans une école primaire, qui nous ouvre simplement et instantanément ses portes.

L'arrivée est toute proche et en début d'après-midi, nous atteignons nos trois hôtels en plein centre d'une ville de 100 000 habitants, pas encore touchée par la nouvelle architecture, et donc très provinciale."

Après 10 000 km dans cette expédition, vous qui avez beaucoup voyagé, pouvez-vous me donner votre sentiment sur votre Paris Pékin ?

"J'ai été un peu déçu par le Kazakhstan, enthousiasmé par le Kirghizistan et depuis 10 jours réellement bluffé et estomaqué par la Chine. Je pensais voir un pays agricole et pauvre alors que je découvre un pays en pleine expansion, où les petites villes nouvelles de 200 000 habitants sont réparties sur l'ensemble de l'immense territoire. Où l'industrie et l'agriculture font bon ménage et où la finalité semble être l'épanouissement des gens.

En ce qui concerne l'organisation j'apprécie en toute connaissance de cause, la résolution des multiples problèmes générés par le déplacement quotidien de 120 personnes : boissons fraîches au cours de l'étape, au repas et à l'arrivée, organisation administrative facilitée, logement et nourriture assurés, chaque soir, entretien des vélos, infirmière, médecins et ostéopathes, au service du groupe, etc...

A contrario, je regrette le critère de choix de certains participants, qui selon moi, ne sont pas de niveau physiquement ou mentalement, pour une telle expédition et qui pénalisent une partie du groupe, en se faisant attendre chaque jour.

En ce qui concerne les capitaines de route, je regrette que ceux-ci n'aient pas été à la hauteur de l'espérance que nous pensions trouver en eux."

Étape 89 : JIAYUGUAN - QUINGSHUI - Dimanche 29 Juin 2008.

Distance : 93 Km - Dénivelé : 193 m
Départ : 7h15 - Arrivée : 12h00

Une étape bien tranquille.

Nous quittons à la fraîche Jiayuguan, alors que se prépare au centre ville, devant notre hôtel, la répétition du passage de la flamme olympique, qui aura lieu le 7 Juillet prochain. Cet engouement et cette ferveur révèlent combien les jeux olympiques de Beijing semblent représenter, pour l'ensemble de la nation Chinoise, un événement exceptionnel. Partout, des drapeaux olympiques, des drapeaux rouges nationaux et le logo des jeux, rouge sur fond blanc. Voitures, motos, tricycles, charrettes, sans compter les avenues, sont ornés de ces oriflammes. Inimaginable de voir une telle adhésion populaire. Sans compter la télévision, qui, tous les jours en direct, retransmet des images du passage de la flamme.

Notre pique-nique sera installé directement dans la cour d'un collège où nous allons bivouaquer. Pour la première fois, nous prenons notre repas préparé par les Chinois qui nous accompagnent. Chacun réagit selon ses goûts et sa nature.

Ces bivouaques, moins confortables que l'hôtel, permettent de mieux vivre en groupe et ont permis dans le cadre de cette aventure de sceller des amitiés, probablement indéfectibles.

Notre témoin du jour est : Meyer Marie de l'amical Laïque cyclotouriste et V.T.T. de Toul en Meurthe et Moselle (54).

"Une étape sympathique, lendemain d'un anniversaire somptueux et inoubliable pour moi. Je ne pensais pas mériter pareil honneur, quoique !

Nous partons tranquillement, pour 93 km, sans difficulté. Nous traversons une succession de cultures aux couleurs variées, aux senteurs multiples, et nous nous interrogeons au sujet de plantes totalement inconnues de nous. Nous pensons cependant qu'elles doivent se manger. Nous faisons des haltes fréquentes dans les nombreux marchés, au bord de la route, dans les villages traversés. Nous sommes interpellés par une étrange activité : des paysans tiennent des sacs en toile de jute, dont le contenu est invisible. A l'arrivée du client, le sac est ouvert et surprise, le vendeur tire par la patte un mignon petit cochon tout rose criant et gesticulant.

Simultanément, nos vélos intriguent fortement les autochtones, ils les soupèsent, les touchent les admirent et semblent être surpris de nous voir chevaucher de telles montures.

Nous arrivons au bivouac vers midi où nous attend un pique-nique Chinois ! Dotée de cette nourriture, un ami cyclo, m'accueille avec une boite de conserve ouverte d'où jaillissent des arêtes de poisson, me déconseillant la dégustation de ce met curieux, odorant et inconnu. J'ai rendu lâchement ma boite à l'intendance ! Par contre j'ai jeté mon dévolu sur le gâteau sec, vraiment sec de la portion.

En approchant du 10000ème km, aujourd'hui en particulier, jour anniversaire de mon fils, je ressens une belle émotion car je sais que tous les jours sont des petites victoires qui m'approchent de MA victoire finale, à Pékin, que je partagerai avec tous."

Étape 88 : YUMEN ZHEN - JIAYUGUAN - Samedi 28 juin 2008.

Les statistiques de la semaine du Dimanche 22 au Samedi 28 Juin :
Km : 569 - Dénivelé : 2073 m
Depuis le départ : 98OO km - Dénivelé 41338 m

141 Km - Dénivelé : 940 m
Départ : 7h15 - Arrivée : 17h00

Allons toujours. Pour lentement que nous avancions, nous ferons beaucoup de chemin. St. François de Sales.

Une étape variée à souhaits.

Les charmes du cyclotourisme c'est la diversité des paysages et la rencontre d'imprévus au détour d'un itinéraire. Ce fut le cas pour nous aujourd'hui : un départ prudent, sous les nuages et la fraîcheur, une traversée du désert sous la chaleur, et enfin une arrivée en pleine verdure à l'abri de la Muraille de Chine.

Il faut dire que l'étape d'hier avait laissé des traces. Dès notre départ, encore dans le désert, nous traversons une nouvelle forêt d'éoliennes, plus de mille, selon nos estimations, peut-être moins selon "les autorités". Nous apprenons que cette province est LA région des éoliennes ! Ici, rien n'est fait sans envisager un avenir à long terme, 50 ans !

La pluie commence à tomber et curieusement elle n'est pas trop mal appréciée. Nous arrivons, par une large route, en faux plat montant sur 80 km, à 2300 mètres d'altitude dans une ville dédiée à l'industrie du pétrole. Il y a eu dans les années passées une production et un traitement du brut. Actuellement le site est en fin de vie.

Pour le pique-nique, nous trouvons refuge dans le hall d'une banque !! Il fait 8°. Après cette halte très fraîche, nous commençons une longue descente qui nous conduit vers notre destination du jour, et notre premier contact avec la Muraille de Chine que nous traversons pour entrer plus profondément dans le pays, "à l'abri des invasions lointaines". Nous sommes encore à 1680 mètres d'altitude.

La journée est loin d'être finie, empreinte de surprises, dîner dans le restaurant d'un grand hôtel où a lieu un concours de chefs cuisiniers, nous y participons, avec enchantement comme spectateurs et comme dégustateurs. Les tables sont couvertes de plats, exposés avec raffinement dont la décoration est un chef d'œuvre à elle toute seule, les asiatiques étant mondialement connus maîtres en la matière. C'est un régal pour les yeux et le palais. Après notre repas où nous avons savouré des mets inconnus, et dégusté du vin Chinois, l'occasion nous a été donnée d'apprécier un spectacle chinois à la fois traditionnel et moderne de danse et de musique, proposé par une troupe de 14 danseuses et 14 danseurs.

Décidemment, nous avons changé de planète.

Étape 87 : ANXI - YUMEN ZHEN - Vendredi 27 juin 2008.

141 Km - Dénivelé : 853 m
Départ : 7h00 - Arrivée : de 17h 45 à 19 h

Chaleur, vent, distance = galère.

Cette étape anodine sur le papier s'est révélée particulièrement pénible, surtout par la traversée longue et fastidieuse d'une fraction du désert de Goby.

Une chaleur forte et surtout un vent contraire et violent ont sapé lentement mais sûrement les forces du groupe. Il faut dire que traverser un désert en virtuel sur une carte topographique reste un exercice d'école excitant, à contrario, l'effectuer en grandeur nature, avec plus de 9000 km dans les jambes, après un bivouac, et par une température de 40°, relève de l'exploit. C'est en puisant dans leurs réserves que beaucoup de cyclos ont terminé cette étape.

Heureusement l'hébergement s'effectuera en hôtellerie, modeste certes, mais suffisante pour reprendre des forces, avec un accueil chaleureux matérialisé par des banderoles de bienvenue.

Au cours de l'étape nous avons doublé un groupe d'une vingtaine de cyclotouristes : Grecques, Polonais, Lithuaniens, qui, partis du mont Olympe en Grèce, rejoignent comme nous Beijing. Bien qu'ils aient envié notre logistique, nous leur avons souhaité bonne chance.

Au fil des jours, il faut toute la vigilance et la solidarité de tous pour continuer à vivre en harmonie, cette extraordinaire aventure, et ne pas se laisser dominer par les conditions de route, du climat, et l'accumulation de la fatigue.

Le témoin du jour : Blanchard Jean-Yves du club des randonneurs Luziens Lagunak de Saint-Jean-de-Luz dans les Pyrénées-Atlantiques (64).

"L'étape du jour semblait difficile dès le matin. Chaleur et vent de face sont au menu. Installé dans un groupe d'une quinzaine de cyclos, nous prenons régulièrement les relais, pour avancer en faisant le moins d'effort possible car ce vent tenace, régulier et usant ne permet aucune fantaisie.

Nous avons circulé sur une voie latérale à l'autoroute, utilisée comme piste pour tracteur. Route au revêtement irrégulier, avec quelquefois des trous dangereux. En revanche la circulation est assez faible, heureusement, car les camionneurs avertissent bruyamment et passent sans ralentir dans un nuage de poussière.

A 12h 45 un pique-nique chaud et des rafraîchissements ont été les bienvenus, car cette halte était attendue par tous. Puis j'ai décidé, me retrouvant seul un peu par hasard, d'en profiter pour me tester et rouler seul, contre le vent, à mon allure. Tout a très bien marché et cette solitude m'a fait rêver à mon cher Pays Basque, à sa fraîcheur, sa verdure, et ses couleurs. Pour rompre cette solitude désertique, je m'imagine les distances en fonction de celle que je réalise régulièrement : dix kilomètres par ci, quinze par là et ainsi j'avance sereinement.

La température, sur la route est montée jusqu'à 40°. Et soudain, comme par un coup de baguette magique, au Km 115, la végétation est revenue, le vent a cessé et avec d'autres cyclos que j'avais rattrapés, je me suis plongé avec délice dans un canal d'irrigation bien venu, et terminé l'étape tranquillement dans une excellente ambiance.

Après 100 jours de route je dois dire que la réalité du voyage est conforme à mes espérances. Je regrette néanmoins, que nos capitaines de route, connaissent assez mal la psychologie des hommes qu'ils sont censés aider et conseiller. Il suffirait de presque rien pour que les rapports entre adultes soient meilleurs, c'est mon souhait le plus cher, pour terminer sans problème cette expédition."

Étape 86 : DUNHUANG - ANXI - Jeudi 26 juin 2008.

121 Km - Dénivelé : 153 m
Départ : 7h00 - Arrivée : entre 13h00 et 14h00

Le désert.

Pour la première fois depuis notre entrée en Chine notre étape s'est entièrement déroulée au milieu du désert. En conséquence des dispositions un peu nouvelles ont été prises : départ matinal, afin d'avaler un maximum de km avant le déjeuner, pour arriver le plus tôt possible à l'hébergement.

Les groupes de couleurs se sont modifiés en groupe d'affinité. Tout le monde semble y trouver son compte ; les plus en forme de la journée, roulent en tête et ceux qui souhaitent flâner, peuvent librement arriver plus tard. Il faut souligner que depuis que nous roulons en Chine, nous n'avons aucune escorte policière ce qui nous laisse une totale liberté de mouvement.

Il faut ajouter que sur la route de ce jour, nous n'avons rencontré qu'une très faible circulation, un revêtement parfait et en prime le vent dans le dos. Du coup cette étape qui aurait pu être très pénible et étouffante par une température avoisinant les 40° a été agréable.
Un déjeuner au km 91, nous a permis de prendre un peu d'ombre sous des abris en feuillage.

Chacun ayant construit sa traversée du désert selon sa forme et son inspiration, la plupart ont trouvé cet exercice nouveau comme une expérience intéressante. Ce désert est minéral et sablonneux, sans vie, sans construction, hormis une forteresse en ruine au km 42. Certains ont aperçu des sortes de gazelles, cheminant par paires.

Ce soir nous retrouvons les joies du bivouac qui se situera dans l'enceinte d'une usine désaffectée.

Notre témoin du jour : Michel Helmbacher des randonneurs de Strasbourg du Bas-Rhin (67).

Depuis notre départ vous avez pris des milliers de photos. Pouvez-vous nous dire combien, pourquoi et quelle va être la destination de ces magnifiques clichés, qui de l'avis général, sont pour la plupart remarquables ?

"Plus de 15000 clichés. Je voyage en vélo depuis plus de trente ans et la finalité de mon activité reste la photo et l'écriture. Concernant ce voyage, sur lequel je suis heureux, je trouve vraiment matière à assouvir ces besoins élémentaires. Tout ce que j'ai vu est une découverte permanente, une surprise continuelle et quotidienne. Tous les soirs je travaille sur mon ordinateur, je visionne mes photos du jour, une moyenne de 150 par jour, j'élimine et je choisis ce qui me plaît le plus. Je les classe par étapes, et je sélectionne celles que je considère comme les dix meilleures du jour. Ensuite je rédige un compte rendu et j'enregistre les données G.P.S. Cette sélection quotidienne est envoyée à mes amis et à la Fédération, lors des journées de repos, si j'ai une connexion. A mon retour j'envisage de créer un DVD qui pourrait être proposé aux participants, en accord avec la Fédération.

Je suis un homme heureux d'avoir participé à cet extraordinaire périple et ayant organisé moi-même des voyages cyclo-camping, je mesure bien les aléas de l'organisation".

VISITE des GROTTES de MOGAO - Mercredi 25 Juin 2008.

La journée était loin d'être terminée car après l'installation dans deux hôtel de Dunhuang et un déjeuner (Chinois !) nous reprenions les vélos pour nous rendre à une vingtaine de kilomètres afin de visiter les grottes de Mogao. Peu de monde dans le groupe savait où nous allions mettre les pieds.

Avec, une fois encore un réel étonnement, nous avons plongé directement du 21 au 4ème siècle !

Figurez vous un centre touristique très bien organisé, reconnu au patrimoine de l'Unesco depuis 1987. De quoi s'agit il ? En plein désert, une barrière rocheuse de 1700 mètres de longueur et 50 mètres de haut. A ce stade, rien de bien exceptionnel. Sauf qu'en approchant, nous découvrons, dans la falaise 735 grottes, de toutes tailles. Toutes ces cavernes, sont soigneusement fermées, car elles cachent des trésors.

Plus de 2500 statues et 45000 m² de fresques liées à la religion et à l'art bouddhiste sont présentées.
Peu de grottes sont ouvertes au public, et celles mises à l'exposition révèlent des merveilles exceptionnelles : Statuts et fresques de toutes tailles, toutes pièces uniques et en un seul exemplaire (Bouddha, assis, couché, géant, plus petit !). Ces chefs d'œuvres ont été édifiés du 4ème au 14ème siècle de notre ère. La falaise ayant été recouverte pas les sables du désert, les peintures et les statues ont été ainsi protégées des ravages du temps et des hommes et c'est après la révolution culturelle, que ces trésors sont revenus, pour le plus grand bonheur des savants du monde entier et des visiteurs, pour mise à l'étude des premiers et pour faire l'admiration des seconds, dont aujourd'hui les cyclos du Paris Pékin 2008.

Ce soir nous nous sentons un peu plus riches et un peu plus fiers d'avoir connu ce patrimoine inestimable.

URUMQI - DUNHUANG - Mardi 24 juin 2008.

Pour la deuxième fois dans notre périple, pour des raisons de sécurité, la décision était prise de franchir les 1200 Kms entre Urumqï et Dunhuang en chemin de fer.

Plusieurs bonnes raisons avaient milité en faveur de ce choix : La traversée d'une partie du désert de Gobi, nous a été déconseillée par des spécialistes, la chaleur pouvant atteindre 50° fin juin. Faire reposer au maximum les cyclotouristes qui doivent encore pédaler pendant près de 4000 Kms et faire l'expérience des transports ferroviaires Chinois.

Cette décision prise en juillet 2007, s'est avérée des plus judicieuses et a permis une coupure nette dans le pédalage quotidien et un changement de rythme salutaire.

C'est en car que nous avons rejoins l'immense gare d'Urumqï, car la ville est très étendue. Il nous a fallu près d'une heure pour atteindre ce monument, moderne et fonctionnel.
A 20h43, à l'heure précise prévue, nous quittions cette inoubliable ville dans un train fort élégant d'une quinzaine de voitures, tractées par une locomotive diesel. Deux voitures avec par cabine 5 ou 6 couchettes larges avec matelas et couette nous sont réservées.
Voitures confortables, très propres avec un responsable, impeccable dans sa tenue. Il coupe le courant à 23h00 et met à la disposition des voyageurs de l'eau chaude.

La nuit se passe sans problème et après un petit déjeuner, apporté par la logistique, nous arrivons à destination à l'heure exacte 10h30.

A noter que la traversée du désert ne présente qu'un intérêt relatif, hormis trois moments forts : Le coucher et le lever du soleil et la traversé sur plusieurs kilomètres de champ d'éoliennes. Plus de mille (1000) pièces tournent inlassablement leurs ailes d'acier !

Arrivée dans une gare moderne et monumentale qui n'existait pas l'année dernière ! Sur une voie qui n'existait pas non plus ! Quand on vous dit que la Chine nous étonne.

Repos à : URUMQÏ - Lundi 23 juin 2008.

Ce matin repos et grasse matinée pour les cyclos.

Pas pour la plupart des encadrants et quelques cyclos volontaires, James Mara, Joel Gaborit, Gérard Duru, Gérard Genest et Michel Rougert qui prennent la route pour conduire les véhicules et les bagages à Dunhuang, à plus de 1000 km au sud. Ils auront fait la moitié du voyage lundi en fin de soirée et normalement nous devrions tous nous retrouver mercredi matin à l'hôtel.

Hier soir, nos deux Luxembourgeois de l'expédition, ont simplement et dignement célébrés la fête nationale du Grand Duché, en entonnant "l'Uêlzecht " , leur hymne national.

Ces 48 heures de repos permettent à la majorité des cyclos d'aller se balader en ville et de jeter un œil sur la plus grande ville de l'Ouest.
En ce qui concerne le signataire, curieux de nature et jamais blasé, je dois dire que je reste stupéfait de voir cette cité et cette région en marche.

Si toute la Chine est du même calibre qu'Urumqï, il ne fait aucun doute que ce pays est parti pour étonner le monde.

Tout ici est activité, propreté, amabilité. Les différentes communautés semblent mener une vie harmonieuse, sans heurt et vraiment en toute tranquillité. Pas un seul policier en tenue, pour contrôler, canaliser ou surveiller le centre ville. Aucune restriction pour se balader n'importe où et n'importe quand.
Des commerces où tout se vend, à des prix étonnamment bas, avec un personnel surabondant et toujours disponible pour le chaland, ou la vie modeste, des couturières de rue, côtoie en toute simplicité les Mercedes noires avec chauffeurs qui transportent (probablement) des hommes considérés comme importants (aux moins par eux-mêmes !)

Partout des gens jeunes, aimables, souriants, qui ne nous comprennent pas et qui font tout, pour être gentils. Peut être que notre statut d'extra terrestre étranger active cette sensation, mais ici tout semble bien réglé, chacun est à sa place actif et consciencieux.

Avant de partir, j'avais lu que l'Ouest de la Chine était une région pauvre, avec un statut différent, à cause notamment de sa majorité musulmane, fermée à l'étranger et sous haute surveillance. De ce que j'ai vu et ressenti, j'affirme que le visiteur étranger passe totalement à côté de ces affirmations. J'ai vu dans la rue, une classe moyenne majoritaire, sur les chantiers des hommes et des femmes actifs bien au-delà de notre notion du travail "à la Française".

Partout des produits de qualité, non pas seulement des chaussettes ou des liquettes, mais des voitures, des autocars, des ordinateurs, des engins de chantier, des constructions à l'architecture audacieuse et une ville à l'urbanisme cohérent. Je n'ai pas vu un seul mendiant, un seul tag, un seul policier en tenue.

Il nous reste près de deux mois pour observer, comprendre et avoir un avis, subjectif bien sûr, sur ce que nous aurons vu. A ce jour la surprise est au moins aussi énorme que le sentiment de puissance, d'efficacité et de réalisme qui se dégage de cette première semaine vécue ici. Ce point de vue, naturellement n'engage que le signataire et non la Fédération Française de Cyclotourisme.

Étape 85 : SHIHEZI - URUMQI - Dimanche 22 juin 2008.

156 km - Dénivelé : ? m
Départ : 7h30 - Arrivée : 18h30

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A gauche, c'est Claude et son écusson "Abeille". A droit, on ne sait pas...

Dans un jardin !

Cette longue étape, réalisée sous une chaleur de 39°, s'est déroulée en deux parties très distinctes. La première très agréable, sur une route nationale peu fréquentée et au milieu de cultures nombreuses et variées. Cela ressemble un peu à la vallée du Rhône, mais en 20 fois plus grand !

Les contacts avec les paysans sont hélas quasiment impossibles, à cause de la muraille de la langue, mais les Chinois nous manifestent une grande sympathie, par de grands gestes ou des coups d'avertisseurs !

Un loupé pour le pique nique du midi, car notre camion frigo est arrivé avec deux heures de retard au point de rendez vous. Il faut dire que les conditions d'organisation sont très différentes en Chine. Nous devons rouler toujours en convoi, non pas à la demande des autorités (Nous n'avons plus aucun policier pour nous encadrer) mais pour suivre la voiture pilote conduite par un Chinois. Nous sommes malheureusement incapables de nous diriger seuls.
Notre guide s'étant trompé de route, nous l'avons aveuglément suivi et avons du parcourir une trentaine de kilomètres supplémentaires, après avoir attendu les cyclos dans une station où en réalité ils ne sont jamais passés. Ce retard imprévu, nous a fait terminer l'étape difficilement, sous la forte chaleur et en plus nous sommes arrivés dans les faubourgs de l'agglomération de Urumqi et la circulation d'un groupe de 100 cyclos dans une ville de plus de 2 millions d'habitants n'est pas simple.
Heureusement des cyclistes locaux, venus à notre rencontre, nous ont permis de regagner notre hôtel, où nous allons prendre 48 de repos.

Nous prenons, en effet le train pour Dunang à 1000 Kms au sud, mardi 24 juin à 20h 40 (locale) = 14h40 en France.

Grosse déception, la rencontre avec le passage de la flamme olympique, n'est plus d'actualité !

Notre témoin du jour : Robert Dervaux de l'amicale des diagonalistes de France, demeurant à Romilly sur Seine (10) Aube.

"Mon premier souci est de savoir, chaque matin l'heure du départ, le kilométrage, l'heure du pique nique et le nombre de km restant après ce dernier. Je souhaite en effet faire le plus grand nombre de km le matin, pour éviter la chaleur de l'après midi et j'aime connaître ces prévisions pour me préparer mentalement.

Mon sentiment sur le Paris Pékin est que c'est une très grosse organisation et que cette vie de groupe ne permet hélas pas un contact permanent avec les populations. Par contre les rapports avec l'encadrement sont bons.

Je suis déjà passé à Urumqi, il y a 8 ans, lors d'un voyage en Chine en Inde et au Pakistan. La taille immense de la ville ne m'a donc pas surpris.

Pour parler de la Chine, cette visite me confirme que ce pays se développe très rapidement et je souhaite que tout le monde profite de cette évolution, car nous voyons des disparités importantes entre la campagne et les villes.
Depuis le départ de Paris, je constate que, hormis la Chine, hors norme, la richesse des pays semblaient diminuer au fur et à mesure que nous allions vers l'est.
Très attaché à l'environnement, je souhaite également que ce souci soit pris en compte par les pays émergents.

Mon souhait est d'arriver à Pékin en bonne santé. Et je pense que cette extraordinaire randonnée est pour moi probablement, la fin des mes grandes randonnées. Je continuerai le cyclotourisme, mais plus sur de telles distances, ni en cyclos-camping.
Il faut savoir tourner la page !"

Étape 84 : KUYTUN - SHIHEZI - Samedi 21 juin 2008.

La statistique de la semaine
du dimanche 15 juin au samedi 21 Juin : Km parcourus : 563 - Dénivelé : 2729 m
Depuis le départ : 9236 km et 39265 m de dénivelé

100 km - Dénivelé : 198 m
Départ : 7h45- Arrivée : 15h00

Riche ChIne ignorée !

Tout revient en ordre dans notre fonctionnement et chacun a repris sa place dans la logistique.

L'étape du jour s'est déroulée dans une très vaste plaine, à l'évidence riche, grâce à une double activité. Une très forte production agricole, avec en particulier la culture du coton, qui amène, à l'époque de la récolte plus de deux millions de saisonniers. Et pourtant cette région est sèche. Ce sont des générations d'agriculteurs et d'ingénieurs qui ont au fil du temps, perfectionnés au plus haut point des réseaux d'irrigation, permettant une telle production
Il est vrai que nous sommes au pied du château d'eau de l'Asie et que les rivières, asséchées, à cette époque, doivent débiter au printemps des millions de mètres cubes d'eau. L'autre richesse est l'industrie lourde et au milieu des champs, d'immenses hauts fourneaux produisent, je pense de l'acier.

Etonnement également, tous les panneaux d'indications routières sont rédigés en Chinois et en Arabe. Ceci confirme que nous sommes en pleine région musulmane.

Nous découvrons des villages et surtout des villes, avec des constructions récentes, des arbres le long des avenues, des parterres de pots de fleurs, tout est vraiment splendide dans cette région, rarement visitée par des touristes locaux, jamais par des touristes Français.

Ce soir encore un grand hôtel nous reçoit, avant le retour aux bivouacs, dans les prochains jours.

Quelques lignes encore pour en terminer sur nos 4 jours d'isolement et d'incertitude. Il faut préciser que si le but : Entrer en Chine avec nos véhicules a été atteint, c'est notamment grâce aux services de l'Etat et de la Fédération et à la bonne volonté évidente de l'Etat Chinois. Nous sommes en effet les seuls étrangers à pouvoir bénéficier d'une telle faveur. Les J.O. proches ne permettent plus l'entrée de véhicules étrangers.

Ceci dit, les obstacles pour réussir ont été difficiles à franchir. Nos 7 véhicules ont dû en tout premier lieu passer devant l'équivalent de nos service des mines. Dans un bâtiment ultra moderne, sur deux chaînes parallèles, les véhicules sont vérifiés, auscultés, contrôlés. Nous n'en menions pas très large car ceux-ci ont déjà beaucoup souffert au Kazakhstan en particulier. Au bout de 15 minutes, le contrôleur tout sourire a donné un avis favorable ! Nous allions donc pouvoir être immatriculés, dans la mesure ou le conducteur obtenait le permis de conduire Chinois.

Avant tout il est nécessaire de passer un examen de la vue. Nous n'en menions pas large car aucun de nous ne sait lire les idéogrammes Chinois. Une solution nous a été proposée : Lire des signes en forme de trident et indiquer les sens des dents. A gauche, à droite, en bas ou en haut. Avec l'appui du groupe de souffleurs et la bonne volonté évidente de la contrôleuse, nous avons tous eu notre certificat de bonne vision, même Jean-Claude le cuisinier, qui ne voit que d'un œil !

Nous avons donc en main, le sésame magique : Le permis de conduire les véhicules en Chine, sauf les poids lourds, interdit aux plus de 60 ans. Problème pour nous car nos trois chauffeurs titulaires ont tous cet âge. En toute hâte, pour dénouer une situation inextricable, Enrique et Clément les ostéopathes, Ermina notre infirmière ont dû passer le permis poids lourd Chinois. Epreuve de conduite en ville avec inspecteur dans la cabine. Sans problème le permis a été délivré à nos trois candidats. Il faut dire qu'ils avaient été préparés à cette épreuve, au moins une demie heure sur le parking voisin.

Munis de nos précieux documents et sans nous poser de questions, nous avons rapidement quitté notre résidence forcée, pour rejoindre, 465 Km plus à l'ouest les cyclos.

Le témoin du jour est : Jean-Pierre Decouty du club de S.A.G.Cestas (33) Gironde.

"Pour mes 70 ans, je me suis offert, cette balade de Paris à Pékin, peut être en guise de conclusion de ma vie de cyclotouriste, déjà bien remplie.

Tout me confirme que visiter le monde, est une source d'enrichissement et de connaissance, pas seulement avec les habitants rencontrés, qui nous étonnent et nous surprennent toujours, mais aussi avec nous mêmes. Nous rencontrons d'autres cultures, d'autres modes de vie, d'autres habitats, toujours différents de nos repères. Je me demande comment les populations rurales, peuvent vivre sans ce que nous considérons comme le minimum : L'eau et l'électricité. Et cependant les gens semblent heureux, sobrement et proprement habillés. Souvent les enfants sont en costume d'écolier et les femmes en particulier en Ukraine et en Russie sont très coquettes.

Je trouve la vie de groupe, assez difficile et je m'efforce de m'adapter. Globalement cette expédition me confirme que dans un groupe on trouve des gens avec qui je souhaiterais repartir et d'autres non.

Je me sens désormais très à l'aise dans ce Paris Pékin et mes inquiétudes avant le départ, au sujet de mon âge, de la très longue distance à parcourir, des différences de climat et autres craintes se sont envolées au fil des kilomètres.

Le maillot de Cestas, devra rejoindre la muraille de Chine dans une quarantaine de jours."

Étape 83 : JINGHE - KUYTUN - Vendredi 20 juin 2008.

L'entrée dans l'empire du milieu.
Ces quatre premières étapes parcourues en territoire Chinois, ont été, pour les cyclos et pour la logistique, réalisées séparément. En ce qui concerne les "pédalants", ces étapes ont constitué le véritable premier contact avec la Chine et nous devons dire que cette entrée en matière est prometteuse d'un séjour exceptionnel.

186 km - Dénivelé : ? m
Départ : ? - Arrivée : ?

Les retrouvailles.

Cette dernière étape, très longue, mais avec des hommes et femmes en super forme s'est déroulée sans histoire.

L'hôtel Oriental International, haut de 22 étages, nous reçoit, avec professionnalisme. Ici encore à 4000 km de Shanghai, nous découvrons une ville ultra moderne avec buildings, parcs, fleurs, bâtiments publics superbes qui font réfléchir vraiment sur le réveil de la Chine !

A 22h00, nos 7 véhicules, ornées de plaques d'immatriculations chinoises, pilotés par des chauffeurs avec permis de conduire chinois ! rejoignent les cyclotouristes pour la plus grande satisfaction de tous : cyclotouristes et encadrants.

Les retrouvailles ont du bon !

Repos à : JINGHE - Jeudi 19 juin 2008.

La journée de repos dans un hôtel très confortable, permet à tous de faire des emplettes, l'apprentissage du Yuan et des étiquettes incompréhensibles pour nous. La conversion est facile : 10 Yuans = 1 €. La vie ne nous paraît pas chère, pour les achats courants.

Étape 82 : LAC de SAYRAM - JINGHE - Mercredi 18 juin 2008.

140 km - Dénivelé : ? m
Départ : ? - Arrivée : ?

Rouler sur l'autoroute !

Notre troisième étape chinoise donne l'occasion de retrouver l'autoroute, cette fois achevée et c'est sur la bande d'arrêt d'urgence, avec un terrain favorable, en légère pente descendante que nous rejoindrons Jinghe pour notre première journée de repos, en territoire chinois.

A droite, les contreforts de l'Himalaya, attirent nos photographes et provoquent notre admiration.

Étape 81 : QUINGSHUIHEZI - LAC de SAYRAM - Mardi 17 juin 2008

90 km - Dénivelé : ? m
Départ : ? - Arrivée : ?

Un chantier spectaculaire.

La seconde étape chinoise sera bien différente quant au relief. Il nous faut en effet gravir un col à plus de 2000m. Ce n'est pas la pente qui nous pose problème mais un gigantesque chantier, permanent du pied jusqu'au sommet du col.
Et un chantier Chinois, c'est vraiment un spectacle. Ici, rien n'est construit "petit bras". A travers une gorge, traversée par un torrent, des milliers d'hommes et d'engins construisent une autoroute deux fois deux voies, sans interrompre un intense trafic de poids lourds et de véhicules 4x4. Inutile de préciser que le passage durant deux heures d'une caravane de cyclotouristes, a assuré le spectacle, les hommes du chantier en parleront encore dans 50 ans.

Impossible de tout voir et il faut être vigilant pour ne pas oublier le dromadaire à côté du scraper, ou le pilier de 50 mètres de haut, au pied d'une chaîne d'hommes, remontant les pierres de la rivière pour réaliser des gabions.

Au col, pas de pancarte mais un panorama reposant avec un grand lac, d'une vingtaine de Km de long sur cinq de large

C'est au bord de ce lac, que nous passerons la nuit, sous des yourtes dernières générations, posées ici pour les touristes locaux, forts nombreux.

Côté logistique.

Nous avions déjà adopté l'heure Chinoise. (Midi en Chine = six heures du matin en France).

Nous nous apprêtons donc au petit matin déjà chaud, à nous organiser pour attendre. La frontière est fermée chaque jour de 18 heures à 8 heures du matin. Sous les yeux ahuris des personnels civils et militaires de service, nous installons tables et tabourets et faisons chauffer le café.

Il est très tôt et déjà le téléphone de Jean-François est en action. Notre situation est expliquée. Nous savons que toute la nuit, l'Ambassade de Chine en France, celle de France en Chine, monsieur Lin et ses services, le siège fédéral et notamment Marie Claire Davilla et bien entendu Dominique Lamouller n'ont pas dormis et font l'impossible pour "forcer" une décision favorable à notre entrée en Chine.

Notre moral est excellent. Nous savons que les cyclos continuent de progresser, malheureusement pour eux, sans affaire de rechange. Par chance ils ont dormis en hôtel lundi, avant de regagner un camp de yourtes, mardi soir.

Chacun s'organise. Le camion frigo est branché dans le poste des maîtres chiens. Un tournoi de belote interne débute. Il faut attendre, encore attendre. Midi : Rations de survie et vodka, avec toast portés à nos secouristes. 16 heures, tout le monde somnole. Un ordre arrive du camion de commandement : "Nous partons".

En cinq minutes montre en main, le camp est plié, rangé, embarqué, nettoyé. Encore une dernière péripétie pour récupérer les passeports auprès du chef de la sécurité qui traînent les pieds et nous repartons en convoie vers la Chine promise.

Trop pressés, nous franchissons une ligne de stop. Nous devons reculer. Il faut faire vite car la frontière ferme inexorablement à 18 heures locales. Le feu vert est redonné et avec circonspection et un peu d'inquiétude nous avançons. Cette fois la procédure semble enclenchée et irréversible.

Les véhicules passent sous la douche et sont radiographiés. Nous passons les derniers de la journée. Encore quelques vérifications sur ordinateur, dans un poste de douane et de police neuf et rationnel et nous sommes certains cette fois de passer la frontière.

Nos véhicules sont parqués pour la "Sinisation" qui se fera demain. Nous filons à l'hôtel, prenons notre premier repas chinois en pleine place publique, noire de monde et nous allons vite dormir, conscient d'entrer dans un autre monde.

Étape 80 : JARKENT - QUINGSHUIHEZI - Lundi 16 juin 2008.

69 km - Dénivelé : ? m
Départ : 8h00 - Arrivée :16h00

Changer de monde.

Depuis le passage de la frontière, la différence entre le Kazakhstan et la Chine saute aux yeux, d'une façon vraiment surprenante.

Rien que le poste de douane est déjà à l'image de ce que souhaite démontrer cet immense pays. Des douaniers et des policiers courtois, souriants et efficaces. Nous avons même la possibilité de noter, sur un boîtier électronique, la qualité du service du préposé au contrôle des passeports !
Les visas sont méticuleusement vérifiés et en quelques minutes, si tout est conforme, les piétons ou cyclistes peuvent passer.

Nous changeons de monde. Arrivant d'un monde rural, nous sommes plongés dans un espace urbanisé, une ville neuve et moderne. Des centaines de grues de chantier, dénotent une activité fourmillante.
L'organisation méthodique de toutes les activités humaines saute aux yeux. En un instant nous avons changé de monde.

Il faut cependant pédaler et notre première étape chinoise après un passage à la frontière sans difficulté, sera finalisée par une réception officielle, avec discours, musique et danse.

Notre premier hôtel Chinois : nous avions oublié le confort de l'eau chaude et du service au client. Notre premier repas chinois également : l'apprentissage de l'usage des baguettes commence.

La séparation !

Après la journée de repos et une succession d'informations, en provenance directe de Paris et de la Fédé, nous partons confiants. Nous sommes presque certains que les vélos passeront, sans trop de problème et que les véhicules suivront. A 10 heures, après une trentaine de kilomètres de route, vélos et véhicules commencent les formalités pour sortir du Kazakhstan, à midi les vélos par petits groupes entrent en Chine, non sans émotion. Monsieur Lin, notre mentor Chinois et cheville ouvrière du parcours "Chine" est présent. Tout marche parfaitement.

Les 7 véhicules achèvent le parcours du combattant et la valse des tampons et fièrement quittent le territoire kazakhe pour se présenter 8OO mètres plus loin en territoire Chinois. Nous apercevons de nos cabines les derniers cyclos, en tenue officielle rouge, quittant le très moderne poste frontière Chinois.

Jean-François, dirige la manoeuvre en tête du convoi. Moment fort, la caravane motorisée, va franchir la rivière frontière. Un garde impeccable dans sa tenue kaki, ses épaulettes rouges, et sa casquette, digne de son rang, fait un signe. Nous allons entrer c'est un signe énergique, d'arrêt absolu. N'avions nous pas bien compris ?

Nous sommes dirigés prestement et fermement, en territoire Chinois, vers un parking. Monsieur Lin est là. Congratulations, sourires, nous sommes au bout de nos peines. Du moins nous le pensions. Au bout de quelques minutes, nous comprenons mieux la cruelle réalité. L'entrée en Chine nous est interdite ! Nous devons immédiatement rebrousser chemin et revenir en terre Kazakhe. Un gros problème, surtout pour les cyclos, car nous sommes en possession de tous les bagages.

Nous essayons de finasser avec les Kazakhes, qui nous demandent de repartir à Jarkent, la ville dont nous arrivons à 30 kms. Nous reculons de 400 mètres et garons nos véhicules au bord de la route, côté Kazakhstanais.

Nous résistons au bord de la route, dans le bruit, la poussière au milieu d'une noria de véhicules, cars, camions et engins de toutes sortes. La police en tenue et les gardes frontière arrivent puis l'armée. Nous refusons de repasser le poste frontière Kazak, soutenu par Dominique au téléphone. La tension est palpable. Nous frôlons l'incident diplomatique.

De grosses limousines noires des R.G (?) arrivent, nous hésitons et la pression monte d'un cran ! A bout d'argument, les forces de police augmentant, nous devons rebrousser chemin encadrés par plusieurs voitures de police et sommes assignés à résidence, passeports confisqués, dans un parking sous douane, entre les deux pays, plus au kazakhstan, toujours pas en Chine.

C'est une immense déception. Nous sommes séparés des cyclos et nous ne savons pas pour combien de temps. La nuit sera morose. Heureusement demain sera un autre jour.

Repos à : JARKENT - Dimanche 15 juin 2008.

"Les rencontres sont multiples et diverses, mais dans celles qui sont rares et authentiques, il y a comme un accord trouvé avec soi même."

Cette journée de repos a permis à chacun d'entre nous de se préparer pour trois jours d'autonomie complète, car le passage de la frontière pour nos sept véhicules d'accompagnement, ne sera probablement pas simultané avec le groupe des 101 cyclotouristes. Il faut impérativement que l'autorisation, en provenance de Pékin, arrive au poste frontière avant lundi matin. Il est fort possible que les véhicules passeront mardi 17 ou mercredi 18 tants les formalités chinoises sont complexes. L'avenir nous le dira.

A ce propos, saluons de nouveau le travail des personnes impliquées dans notre expédition auprès des Ministères et des Ambassades, qu'ils en soient chaleureusement remerciés. Impossible n'est pas Français dit on, une fois encore cette formule s'avère exacte. Ce travail de relation et de diplomatie, indispensable à la bonne progression de notre expédition, porte ses fruits.

Le témoin du jour est : Jean Marchand du club de L'union sportive de Dugny (93), Seine-Saint-Denis, Membre de l'équipe d'encadrement, chargé de la gestion des bagages et de l'hébergement.

"Tout d'abord, je tiens a préciser pourquoi j'ai choisi d'être bénévole dans l'expédition du Paris-Pékin. Après avoir organisé et participé, entre autres, à 11 tours cyclotouristes de la FFCT, je me suis dit que cette aventure serait la cerise sur le gâteau d'accompagnateur. En accord avec mon épouse Anne-Marie, je me suis engagé pour cette expédition.

En bref, j'ai apprécié l'accueil chaleureux des populations des pays de l'Est et de l'Asie centrale. Petit moment d'angoisse, avec la traversée de la Forêt noire, sous la neige, mais comme le dit le proverbe : "après la pluie, le beau temps".
Après avoir franchis des zones arides, montagneuses sous un soleil ardent, nous allons demain entrer, enfin, en Chine".

Quel est votre rôle au sein de l'équipe d'encadrement ?

"Je conduis l'un des deux véhicules contenant les bagages des cyclos. Avec Henri, je suis chargé d'un sujet très sensible : l'attribution des hébergements pour chaque membre du groupe et bien sûr à chaque étape. Ma journée débute à 5h00, afin que les cyclos puissent charger leurs sacs dans le véhicule. Vers 8h00, les 2 véhicules bagages prennent la direction de l'étape suivante. A l'arrivée, nous vérifions avec notre hébergeur du jour, l'état des lieux et les particularités locales puis j'effectue la répartition des chambres et je reste présent jusqu'au dernier arrivé".

Étape 79 : SHONJI - JARKENT - Samedi 14 juin 2008.

Les statistiques de la semaine :
Km parcourus : 512 - Dénivelé : 8570m
Depuis le départ de Paris Km parcourus : 8670 - Dénivelé : 37536m
473 heures de pédalage

95 km - dénivelé : 123
Départ : 7h00- Arrivée : 13h00

Peu de gens comprennent l'immense avantage qu'il y a à ne jamais hésiter et à tout oser. Erasme

De nouveau la steppe !

Comme prévu nous ne prenons pas le jour de repos à Shonji, mais nous filons directement à Jarkent, ville de 45 000 habitants. La route est plate, et nous retrouvons sur une soixantaine de Km la steppe désertique. La chaleur est forte 38° à l'ombre !

Nous devions être hébergés dans une école, nous le serons dans 4 hôtels différents. Trois confortables et propres, le dernier tout juste acceptable. Deux douches d'eau chaude pour 54 personnes. Nous prenons nos repas tous ensemble, dans le même restaurant, trouvé lui aussi en catastrophe.

Bien entendu la préoccupation de tous reste le passage en Chine, lundi 16 juin.
L'équipe d'encadrement prépare avec soins toutes les solutions envisageables. A cette heure (18h00 locale, 14h00 en France), nous ne savons toujours pas si nous pourrons franchir la frontière avec nos véhicules. Si la solution véhicules chinois avec chauffeur est imposée, cela nous occasionnera beaucoup de complications, notamment pour le transfert de nos matériels, à travers une zone neutre entre les deux pays Kazakhstan et Chine. Par ailleurs nous devons entreposer et faire garder les véhicules de la Fédération, à Jarkent pendant deux mois.

Tout cela est fort compliqué, et il faut travailler dans l'urgence, faire comme si la proposition demandée à des tiers, était définitive, alors que nous savons qu'une seule solution existera in fine. Dans tous les cas, pas d'affolement, toute l'équipe et tous les cyclos ont conscience de vivre une vraie aventure, inédite, incroyable et pleine de rebondissement.

Le moral de tous est excellent, chacun a pris conscience que notre réussite était l'affaire de tous, donc de chacun.

Étape 78 : KEGEN - SHONJI - Vendredi 13 juin 2008.

77 km - Dénivelé : 305 m
Départ : 7h1 5 - Arrivée : 12h30

Adieu à la montagne.

Nous continuons notre marche à l'est et notre retour dans la plaine. Notre passage en montagne a été très salutaire et nous franchissons notre dernier col Kazakh à 1936 mètres, sur des pistes roulantes mais poussiéreuses. Nous avons maintenant l'habitude et trouvons presque naturel de rencontrer des routes non goudronnées.

Notre hébergement de Shonji est une école. Là encore les habitudes sont acquises : Les hommes seuls, dorment dans le gymnase, les couples et nos 4 femmes seules, dans des salles de classe, débarrassées des tables et des chaises. Chacun, à sa convenance opte pour dormir soit sur un lit de camp avec matelas, soit seulement avec le matelas Tipi (donné par un de notre partenaire). A propos de ce matelas, gonflable automatiquement, nous devons dire qu'il fait l'unanimité et est particulièrement apprécié.

Le plus difficile reste de n'avoir pas d'eau dans les écoles. Heureusement les 2 douches installées dans l'un des camions, sont largement utilisées.

A l'origine nous devions prendre un jour de repos à Shonji. Devant l'incertitude du protocole de notre passage en Chine, Jean-François, chef de l'expédition, propose à l'équipe, de reporter ce jour de repos demain à Jarkent, ville importante, dernière étape avant la Chine. Nous devons en effet nous adapter, heure par heure, aux instructions en provenance de Paris et envisager toutes les solutions pour avancer dans notre périple.

Décision est prise d'envoyer dès aujourd'hui une équipe de reconnaissance à Jarkent pour trouver des solutions. Jean-François, Henri, le fidèle interprète AndreÏ et Jean en font partie. Le véhicule de Jean étant en panne -radiateur percé - il sera remorqué par le 20t de Jean-François, jusqu' à cette ville pour essayer de trouver un réparateur !

Nous rencontrons dès notre arrivée les autorités de la ville pour obtenir conseils, aide et appuis. La première information reçue est que nous ne pourrons pas bénéficier d'une école pour nos deux dernières nuits kazakhstanaises ! L'aventure se corse. Il faut trouver en toute hâte, 115 lits. Après des heures de palabres, le but est atteint, nous logerons dans quatre hôtels différents. La nuit sera plus courte et, demain sera un autre jour.

Le témoin du jour est absent, car il fallait, en priorité, agir pour trouver, différentes alternatives à notre entrée en Chine.

Étape 77 : CAMPEMENT 1900m - KEGEN - Jeudi 12 juin 2008.

58 km - Dénivelé : 434 m
Départ : 7h45 - Arrivée : 15h30

Retour au Kazakhstan.

Notre dernière nuit s'est passée en bivouac à 2000 m d'altitude, au milieu d'un parc naturel et au centre d'une prairie envahie par les edelweiss. Nous les avons admirés, photographiés et laissés en paix.

Pour entrer en Chine, nous avions deux possibilités. Soit passer directement du Khirghistan en Chine par des cols à plus de 4000 et avec de mauvaises routes, soit revenir au Kazakhstan, descendre dans la plaine et passer à une frontière très fréquentée, en plaine. Cela sera notre option.

Nous avons donc retrouvé le Kazakhstan ce soir, un peu comme si nous retrouvions nos habitudes. Étape courte mais rendue très pénible par plus de quarante km de piste et un vent défavorable. Nous avons laissé en Khirghizie Dominique et Brigitte Lamouller, notre guide Sacha et malheureusement Yves Marie Marchais, personne importante de l'encadrement qui a dû être rapatrié en France pour raison de santé. Nous lui souhaitons au nom de l'ensemble du groupe un prompt rétablissement.

Nous préparons avec sérieux et méthode notre passage en Chine lundi prochain. Toutes les situations sont envisagées.

Le témoin du jour est : Régine Ferrand du vélo-club d'Annecy (74) Haute Savoie.

"Pour ce voyage, j'avais trois objectifs : Atteindre Odessa, arriver au khirghistan et revoir la muraille de Chine.

Odessa pour moi était la fin de l'Europe et la rencontre avec la Mer noire. Le khirghistan c'était les montagnes, les troupeaux de chevaux, le grande Nature et les cols à plus de 3 000. Ces deux objectifs ont étés atteints, comme les cols à plus de 3000, je ne suis vraiment pas déçue. Enfin la muraille de Chine parce que j'ai été très impressionnée par cette construction et ce travail hors du commun, lors de mon premier voyage en Chine en novembre 2004.

Depuis quelques jours, pour des raisons techniques d'organisation, nous avons beaucoup parlé de notre voyage retour. Je dois dire que j'ai été assez perturbée par ces questions. Je dois maintenant me motiver, car le 3 août est encore bien loin et ma seule pensée doit être mon objectif : Pékin. Mon " fan-club ", mes enfants, ma famille, mes amis, mes ex collègues de travail, comptent sur moi. Avec l'aide de mon mari Michel, je souhaite impérativement finir ce très long voyage."

Étape 76 : KARAKOL - CAMPEMENT (1900m) - Mercredi 11 juin 2008.

81 km - Dénivelé : 533 m
Départ : 8h00 - Arrivée : 15h30

Difficile et splendide étape.

Pour notre dernière étape entièrement au Khirghistan, nous avons été vraiment gâtés.
Un départ en plaine avec toujours cette même impression d'abondance, de labeur et de sérénité, puis une élévation douce et progressive, enfin un sérieux effort pour s'élever à 1900 mètres. Effort d'autant plus rude que dans les derniers 20 km un fort vent violent de face, descendant de la vallée est venu compliquer notre progression.
Le pique nique du coup a été avancé et les cyclos arrivant éparpillés sur une heure ont appréciés les sapins et l'ombre pour prendre un long repos.

A 15h30, les camions ouvrant la marche, nous montons tous la dernière marche pour atteindre le bivouac, au cœur de la nature, au bord d'un torrent. Encore une image de carte postale, mais en relief, sonore et odoriférante. Au loin des troupeaux de chevaux regagnent la vallée le coup d'œil valait le déplacement. Pour faire montagne plus vraie, nous avons droit en prime à quelques gouttes d'eau.

Le bivouac installé, le repas préparé, une "conférence" sur la Chine de Henri Gaulard, les derniers mots du Président, qui nous quitte demain, tout roule sans heurt ni mauvaise surprise.

Reviendrons nous au Khirghistan ? l'avenir le dira.

Le témoin du jour est : Henri Alméras, demeurant à Villefort (48) Lozère.

Quelles sont vos impressions sur le khirgistan que nous quittons demain ?

"Un pays très intéressant du point de vue touristique, compte tenu de la présence de la montagne, ce qui apporte un plus par rapport à la steppe. Toujours le même accueil chaleureux et bruyant des enfants aux magnifiques sourires, présents au bord de la route et qui regardent avec curiosité et étonnement les petits hommes rouges venus d'ailleurs et de très loin.
Salam ! l'accueil des hommes et des femmes, en particulier dans la campagne est également très chaleureux et nous pouvons même lire dans les regards un certain respect pour les cyclotouristes. Le niveau de vie est certes moins élevé qu'en Europe, mais nous ne sommes pas certains que les gens soient moins heureux."

Pourquoi roulez vous en couple ?

"Nous pratiquons le cyclotourisme depuis notre mariage - 40 ans et pas de voiture - et il n'y avait aucune raison que nous ne partions pas ensemble. Partir pour Pékin est une décision mûrement réfléchie, prise d'un commun accord. Depuis notre départ de Paris, nous n'avons jamais douté malgré les difficultés réelles des 8000 premiers kilomètres et nous sommes persuadés que sauf accident nous serons tous les deux, en amoureux, sur la muraille de Chine.

A travers cette expédition, nous sommes fiers et heureux d'être les deux seuls représentants du département de la Lozère et les couleurs languedociennes sont ainsi présentes dans ce peloton international."

Étape 75 : TIHAÏ BUKTA - KARAKOL - Mardi 10 juin 2008.

94 km - Dénivelé : 474 m
Départ : 8h15 - Arrivée : 14h15

Au revoir lac Issy Kül.

A regret notre étape nous conduit après une cinquantaine de kilomètres, loin des rivages du lac Issy-Kül, dont un des bras se termine à Karakol, à quelques kilomètres de la ville.

Cette découverte a été un enchantement pour tous : Lac bleu caraïbes, plages de galets ou de sable ocre, ciel bleu, rivage accueillant et désert. Et pour finir, à notre droite le majestueux glacier Ogour Bachy, traduction "la tête de taureau", qui domine à 5 226 mètres !

L'étape a été attrayante, avec de larges routes ombragées mais en assez mauvais état. La campagne est verdoyante, et les nombreux canaux d'irrigation, assurent des récoltes de toutes sortes.

Notre hébergement se situe en centre ville. Il s'agit d'un camping, avec plusieurs possibilités d'hébergement : yourtes, tentes, bungalows, maisonnettes. L'habitude est prise, tout le monde est au lit à 21h 30, maximum. Les organismes ont besoin d'un maximum de repos, pour récupérer.

Demain est un autre jour.

Le témoin du jour est : Alain Labialle des cyclos randonneurs Lourdais (65) Hautes Pyrénées.

"En tant que capitaine des capitaines, responsable des cyclos sur la route, ce sera une grande satisfaction de pouvoir amener, dans les meilleures conditions possibles, tous les cyclos à Pékin.

La difficulté de mon poste n'est pas uniquement physique.- J'ai cependant perdu 7 Kg ! - Chaque jour, je dois assurer la cohésion des 5 groupes, avec l'aide des 4 autres capitaines et assurer la coordination avec les services de police. Chaque matin je dois étudier la carte et prévoir les sites de pique niques, les lieux intéressants sur le plan touristique ou culturel. Chaque groupe, dans la mesure du possible est autonome.

Le groupe organise l'entraide et la solidarité en fonction des aléas de la route. Rien n'est prévisible et tout doit être organisé. Il n'est pas question de laisser un seul cyclo sur le bord de la route. Quelques Kms avant l'arrivée, je dois organiser le regroupement général, afin d'entrer dans la ville en toute sécurité et avec l'appui des services de police. Je dois enfin prévenir la logistique de notre heure d'arrivée, afin que tout soit en place, dans les meilleures conditions possibles, pour faciliter l'accueil et le repos des cyclos. Ma responsabilité est passionnante, malgré la lourde charge de pédalant et d'organisateur. Sans compter ma fonction d'élu Fédéral"

Étape 74 : KAJI SAYE - TIHAÏ BUKTA - Lundi 9 juin 2008.

28 km - Dénivelé : 74 m
Départ : 10h00 - Arrivée :11h30

Pourquoi une si petite étape ?

Venir en Asie centrale et ne pas passer une nuit dans une yourte est comme venir à Paris et ne pas contempler la tour Eiffel !

Notre programme a donc prévu de passer une nuit dans cette maison de nomade. La difficulté, pour la réalisation est notre nombre. Jamais un groupe des 120 routards, n'a traversé ce pays. Le maximum de logis dans un campement est de 8, soit une capacité de 30 à 40 personnes. D'où notre obligation de trouver trois camps. Ces haltes étant prévues pour des cavaliers ou des randonneurs pédestres, une distance d'une trentaine de kilomètres se comprend aisément. Nous avons donc initiés tout le monde à la nuit Mongole en trois étapes, le reste du groupe, dormant dans nos tentes.

Le soleil éclatant continue de nous enchanter à son lever et à son coucher et à nous dessécher de midi à 15 heures ! Heureusement, la nuit à la belle étoile s'annonce radieuse.

Petit incident, aujourd'hui, dans l'installation du campement au bord du lac, nos deux camions de 20 tonnes se sont ensablés et un tracteur a été dépêché, pour les sortir de ce mauvais pas !

Demain une autre aventure !

Le témoin du jour est : James Mara du cyclo club de Guyancourt (78) département des Yvelines. Capitaine de route du groupe rouge.

"Je souhaite parler de ce que représente pour moi, la différence entre le projet et la réalité de Paris-Pékin .

Ces deux mots représentent 12 330 Km ! Des heures de vélo à travers deux continents gigantesques, l'Europe et l'Asie. Des rencontres avec des peuples, où les racines et les coutumes sont les bases simples du mode de vie, ou le passage de l'étranger est consideré comme un honneur et une fête.

Grâce à cette expédition je mesure le gouffre qu'il y a entre ce que j'ai lu, ce que j'avais imaginé et ce que je vis. Je ne connaissais pas la plupart des pays que nous traversons et je constate avec plaisir que l'accueil, la gentillesse, le sourire sont vraiment des valeurs de l'Europe centrale et de l'Asie.

Tous les jours l'improvisation dans l'organisation stricte est indispensable. L'adaptation doit être permanente, rapide et efficace.

Je ne pensais pas, par ailleurs, rencontrer autant d'animaux sauvages dans ces immenses territoires traversés : des vipères, des lézards à crête, d'énormes grenouilles, des papillons, des tortues, des marmottes au pelage magnifique, des bouquetins, des chameaux et de nombreux oiseaux : corneilles grises et noires, merles tricolores, blancs, gris et noirs, des rapaces dont des aigles sauvages, (7 observés et identifiés 5 au kazakhstan et 2 au Kirghistan).

Je découvre également, dans ce Paris Pékin, la solidarité entre hommes, femmes et couples. Au départ chacun vivait pour soi et dans son petit espace d'égoïsme, au bout de trois mois, chacun fait plus attention à l'autre, la difficulté de l'un, devient un peu celle de tous. Je n'avais jamais vu la vie collective (des adultes) sous cet angle et cela sera pour moi une de mes grande découverte de ces mois passés ensemble, dans la difficulté, l'inconfort, la souffrance, l'inexpérience. La vie communautaire a remplacé la vie de l'individuel forcené.

Mon souhait : Que l'Aventure à vélo continue ! Un petit clin d'œil aux écoles de Loubressac (46) et Montigny le Bretonneux ((78)

Étape 73 : KARA TALA (lac Issik Ko h) - KAJI SAYE - Dimanche 8 juin 2008.

76 km - Dénivelé : 608 mètres
Départ : 7h45 - Arrivée : 14h30

On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi même, après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner, car elle est un point de vue sur les choses. Marcel Proust

La Sérénité !

Après 73 étapes et plus de 8 000 km, découvrant depuis quelques jours ce magnifique pays qu'est le Kirghizstan, nous vivons dans un espace et dans une ambiance particulière. Les chaînes de montagne, le lac Issik köl et les vallées immenses dominées par les hautes montagnes, sont le reflet de la nature à l'état originel.
Nous découvrons une région, le sud du lac, qui par bonheur, hormis quelques rares exceptions, est restée vierge. Les nomades sédentarisés, ne sont manifestement pas attirés par cette étendue d'eau. Du coup aucun aménagement sur la rive. Aucun bateau, sur les flots. Aucune agression dans le paysage, peu de village, donc très peu de circulation et du coup tout est calme, tout est serein.

C'est dans ce contexte, que nous prenons conscience de notre propre sérénité qui règne sur l'ensemble de notre caravane. Les tensions dues à la fatigue et à une organisation communautaire indispensable, ont disparu. Chacun a pris sa place et tout se déroule calmement et paisiblement, souvent avec le sourire.
Il a fallu beaucoup de difficultés et du temps, quelques tensions aussi, pour que ce groupe hétéroclite au départ, devienne homogène. Ces deux derniers mois de route, doivent nous permettre, non seulement de découvrir la Chine, mais de vivre une aventure humaine apaisée et riche dans l'approche des autres.

Nous voulions connaître également, en quelques mots, le point de vue de Dominique Lamouller, notre Président fédéral, qui pédale quelques jours avec nous :

"Plein les yeux " a été son premier cri à la descente du vélo !
Au départ de l'étape de Kara-tala, ce matin, la sortie de l'école fut buissonnière. Comme chaque jour, les groupes ordonnés prennent la route et très rapidement c'est l'éparpillement ! Et ce sera ainsi toute la journée. Les appareils photos deviennent plus importants que le vélo. Devant les sites merveilleux du lac Issik kôl, c'est vraiment une journée magique pour les cyclotouristes. Quel dommage de ne pas pouvoir continuer avec vous !"

Notre témoin du Jour est : Herminia Baque Vidal, infirmière de l'expédition.

Herminia pouvez vous nous dire en quoi consiste votre responsabilité ?

"Ma journée se décompose en deux parties bien distinctes : Dés le matin, je suis présente dans le véhicule de sécurité et d'assistance, de 7 heures à l'arrivée, vers 14 heures en moyenne, quelquefois beaucoup plus tard, pour apporter, sur la route, un secours ou une aide immédiate aux cyclotouristes : donner de l'eau quand il fait chaud, offrir du café chaud quand il fait froid. A chaque arrêt, les cyclos fatigués viennent me demander quelques conseils ou des médicaments pour des maux classiques dans ce genre d'expédition.

Puis à l'arrivée, commence réellement mon travail d'infirmière. Je dois assurer une foule de petites actions, pour soulager ou réparer les blessures de la journée. Assurer les pansements, fournir de la pommade, donner des cachets. Chaque soir je suis occupée trois ou quatre heures pour écouter et proposer des soins.
Les cyclotouristes, ont besoin de conseils. La fatigue du jour est très variable selon le temps et le profil de l'étape. Je dois ajouter que les cyclos sont toujours très aimables et gentils avec moi. Ce sont de très bons malades et ils suivent scrupuleusement mes conseils ou mes instructions.

Je forme avec François Levan, le médecin une excellente équipe. Mon mari, Xavier, médecin et participant cyclotouriste, en accord avec François, si besoin est, peut venir nous donner un coup de main.

Pour moi cette expédition me semble difficile dans la réalisation, mais chacun fait l'impossible pour que tout marche bien et c'est vraiment un plaisir de travailler avec Jean François Dérégnaucourt, le chef de l'expédition."

Étape 72 : KEMIN - KARA TALA - Samedi 7 juin 2008.

Les statistiques de la semaine :
Km parcourus : 670 - Dénivelé : 5537 m
Depuis le départ de Paris Km parcourus : 8172 - Dénivelé : 34858 m

110 km - Dénivelé : 716 m
Départ : 7h10 - Arrivée : 15h30

Lac et Montagne.

Encore une étape splendide, découpée en 3 parties.
Au départ toujours la même large et riche vallée de Tchin Kemin, puis franchissement d'une splendide gorge creusée par la rivière Tchou (la 3ème plus grande rivière du Khirghiztan), qui grimpe pendant 33 kms et nous propulse à 1620 mètres et enfin arrivée et découverte du bassin du lac Issik Köl.

Un vent assez violent, de face, a rendu cette étape beaucoup plus difficile que prévu. Le temps est orageux, mais nous passerons sans trop de dommage à travers les gouttes. Ce ciel nuageux, tempère la chaleur et comme nous terminons en altitude, il fait frais ce soir.

Pour le moment nous avons aperçu le lac de loin et notre logement dans une école, (où nous préparons nous même les repas) est situé à trois encablures du lac.

Ce soir nous avons à notre table deux jeunes motards du Limousin et de Touraine, qui partis de Pékin, rejoignent la France. Ils sont un peu surpris et même admiratif de notre périple !

Prendrons nous un jour la grosse tête ?

Le témoin du jour est : Alain Labeyrie de Cholet Vélo-Sport.

" Je découvre la Khirghizie, pays magique et magnifique de par ses montagnes (l'altitude moyenne du pays est de 3 000 mètres). Ce soir en arrivant, près du lac, j'ai été émerveillé par les couleurs : Les bleus du lac, le blanc des montagnes coiffées par des neiges éternelles, et l'ocre des champs de seigle.
Ici, le cheval est roi. C'est l'époque de la transhumance et nous avons souvent été stoppés par des immenses troupeaux de moutons, de chèvres et même de chevaux. Tous les bergers se tiennent fièrement et naturellement sur leurs magnifiques chevaux. Les enfants, filles ou garçons, dès leur plus jeune âge montent à cru.

Les habitants, notamment en montagne vivent encore dans les Yourtes et continuent la tradition nomade. Je découvre également deux mondes : La ville et la campagne. La différence entre la vie urbaine, la capitale Biskek en étant l'exemple type est aux standards européens alors que la campagne nous semble encore, dans certains cas, au 19 ème siècle.

Mon plus grand souhait serait que, les écoliers qui me font l'honneur de suivre mon périple, puissent vivre plus tard les mêmes émotions que me procure ce Paris-Pékin. D'ores et déjà je peux leur annoncer que j'ai de merveilleuses histoires à leur raconter.
Rendez vous en septembre ! "

Étape 71 : BISHKEK - KEMIN (1 123 mètres) - Vendredi 6 Juin 2008.

106 km - Dénivelé : 500 m
Départ : 7h15 - Arrivée : 14h30

"Le but c'est le chemin". René Char

La remontée vers les sommets.

Dès le départ, l'ambiance est excellente. Le jour de repos a été savouré, le temps est frais, car le ciel est nuageux. Globalement tout le monde est en forme. Nous avons le plaisir d'accueillir parmi nous notre Président Dominique Lamouller qui, naturellement s'intègre au groupe pour le plus grand bonheur des participants.

Pendant plus de 100 Km nous remontons la rivière Tchou qui coule dans une vallée large d'une vingtaine de kilomètres et bordée par des chaînes de montagnes aux neiges éternelles de plus de 4 000 mètres.
Coté décor, c'est le summum. Coté nature également : L'eau, la terre et le soleil contribuent à une production très abondante de seigle, de maïs, de blé et d'arbres fruitiers.

Nous croisons les premiers camions Chinois qui inondent sur le pays des produits manufacturés de toutes sortes. Après un passage au bazar de Bischkek, ils repartiront au Kazakhstan et dans les autres pays de l'Asie centrale. Pour avoir utilisé ce bazar pour nos achats, nous pouvons vous confirmer l'immensité de celui-ci et l'activité incroyable de ces milliers de petites boutiques. Tout se trouve ici, il suffit simplement de savoir où. Là est toute la difficulté pour les non initiés.

L'arrêt pique-nique s'est fait au km 80 et notre hébergement est assuré dans l'école du village. Avant de se reposer, il a fallu ressortir des camions toutes les tentes encore humides depuis notre départ du bivouac en montagne.

Le témoin du jour est : Pierre-Marie Werlen du club : Côte de nacre cyclo - Luc sur Mer dans le Calvados.

Je suis ravi d'être le témoin du jour le 6 Juin, car je suis président d'un club qui regroupe de nombreuses communes où a eu lieu le débarquement du 6 Juin 1944, sur les plages de Juno-beach. Cela me permet de saluer notamment les soldats Américains, Anglais, Canadiens, Français et autres qui se sont sacrifiés pour que nous puissions 64 ans plus tard rouler tranquillement en Asie Centrale.

Je dois aussi exprimer mon sentiment de bonheur et de plaisir à participer à cette expédition. Je découvre des paysages inconnus et somptueux, des visages radieux, en particulier ceux des enfants. Une curiosité réciproque, permet un contact facile. Nous sommes à égalité de regard et la relation est équilibrée. Chacun est une étrangeté pour l'autre. Le cyclotourisme, comme la marche, facilite la relation humaine, à portée de tous.

Heureux aussi de découvrir dans le groupe des hommes exceptionnels, dont les qualités humaines permettent de partager des moments forts et inoubliables. Heureux enfin, car vis-à-vis de moi-même ce voyage me permet de me découvrir. J'avais beaucoup d'appréhension, avant de franchir les deux grands cols a plus de 3000 m, moi qui à mon palmarès n'avait que quatre cols à moins de 1000 mètres, ce handicap me "bouchait l'horizon" et j'étais inquiet de ne pas pouvoir passer cet obstacle. Le fait d'avoir franchi ces cols, m'a totalement libéré et simplement j'envisage la suite du voyage en toute sérénité.

Étape 70 : SOUSSAMYRA - BICHKEK - Mercredi 4 juin 2008.

147 km - Dénivelé : 1207 m
Départ : 7h00 - Arrivée : 18h30

Une étape magique !

Notre première nuit pleine nature, à 2002 mètres est un évènement. Tout a fonctionné parfaitement, le dîner se terminant rapidement car un orage s'est abattu sur les tentes. A minuit un merveilleux ciel brillant d'étoiles inconnues, nous signale la fin du mauvais temps.
A 7h 30, la nature reprend ses droits, la quiétude de la montagne revient, nous levons le camp. Une autre pierre blanche dans notre livre de souvenir.

Dès le départ, il faut remonter à plus de 3000, pour franchir notre deuxième col du Kirghizistan. A dix heures, tous groupés, police, cyclos, véhicules, nous franchissons un tunnel de 3 Kms, qui coupe le sommet de 3 600 m (Type Galibier). Par précaution, les cyclos portent un masque pour éviter les risques de pollution. Une vertigineuse descente, dans un décor à couper le souffle, permet de récupérer et vraiment de se régaler !

Après le pique nique il faudra encore rejoindre la capitale du pays, Bichkek. En fin d'après midi, fourbus et heureux, nous rejoignons notre hôtel pour deux nuits ! Ce soir tout le monde dormira tôt, et demain est jour de repos.

Le témoin du jour est : Georges Farjou : Cyclos sport Villefranchois sur Rouergue (12) Aveyron.

"Après un premier bivouac pleine nature qui s'est très bien déroulé malgré des conditions climatiques difficiles, orages pendant la nuit, nous avons pris le départ pour notre deuxième étape de haute montagne, qui s'annonçait difficile. Parti dans les derniers après avoir participé au démontage des tentes et rangement dans les camions, je me suis senti très bien dès le début du col. Bonnes jambes, bien dans la tête, les 17 Kms de montée ont été effectuée à mon rythme, en prenant mon temps, en admirant le paysage grandiose et en réalisant quelques photos. Après le col de plus de 3000 d'hier, c'est mon second 3000 et je dois dire que c'est un des plus beau que j'ai gravi dans ma vie de cyclotouriste. La fin du col, avant le tunnel ressemble un peu au Galibier et la descente vertigineuse s'apparente aux dolomites. Une route en bon état, une météo de rêve, tous les ingrédients étaient présents pour que les grimpeurs soient aux anges. La descente d'une trentaine de kilomètres, est la plus longue et la plus pentue depuis notre départ de Paris. Sur la route, nous avons croisé des troupeaux de chevaux en transhumance, pour moi c'est la première fois que j'observe cette tradition.

Le reste de l'étape, 70 Kms après le pique nique a été moins attrayant, car de plus 5° ce matin nous sommes passés à + 40° dans l'après midi, dans la vallée pour rejoindre Bichkek.
De 3 270 nous somme passés à 900 mètres. De nombreuses crevaisons ont ralenti notre progression, bizarrement les très grandes chaleurs favorisent la crevaison, je constate, je ne me l'explique pas.

Pour moi ce voyage est formidable et inoubliable, rien à dire sur l'intendance, la préparation, l'itinéraire et la gestion des évènements. Par contre, sur la route, et je sais que cela n'est pas facile, les capitaines de route me semblent manquer d'expérience dans la gestion des hommes. La bonne volonté ne suffit pas. Un regret aussi, trop de couples, plus de 30%, du groupe, ce qui pose quand même quelques problèmes, pour la cohésion."

Étape 69 : TALDI BULAK - SOUSSAMYRA - Mardi 3 juin 2008.

88 km - Dénivelé : 1354 m
Départ : 7h00 - Arrivée : 16h00

3 303 Mètres - Un fabuleux col !

Départ à la fraîche pour l'ascension de notre premier grand col. Le temps est splendide, la température est de 10°, 24 kilomètres de montée sont programmés. La quasi-totalité des cyclos se sont surpris eux-mêmes en montant avec aisance cette difficulté majeure. Les moins en forme ont pris leur temps et tous ont appréciés de franchir, pour la plupart, leur premier 3000. La descente a été délicate, car, malheureusement la route n'est pas encore revêtue.

Des paysages grandioses, beaucoup de vie pastorale dans les prairies. Les paysans, logés dans les fameuses yourtes, habitation typique d'Asie centrale, travaillent pour produire lait, crème et beurre de jument. Beaucoup de cyclos ont goûtés le lait de jument fermenté. Les avis sont partagés.

Pour la première fois, nous avons installé le bivouac. Tout a très mal commencé, car à notre arrivée sur le site prévu, un orage très violent est venu assombrir l'horizon et notre moral. Dans une prairie sans arbre, la grêle et la pluie ont fait quelques ravages. Par bonheur, après une heure très pénible, le soleil est revenu, les camions ont pu passer dans les chemins boueux et en 2 heures environ le bivouac a été installé.
Cuisine, réfectoire, chambres, tout sous tentes, douche dans un camion, cette première expérience, attendue sera, une fois de plus, un moment fort de notre voyage.
A 2200 mètres, la nuit risque d'être froide, mais désormais notre volonté d'aller de l'avant balaye nos difficultés.

Cet après midi nous avons reçu la visite d'un journaliste de l'Agence France Presse, qui va nous suivre pendant quelques jours. Il tombe très bien, nos étapes kirghizes sont de toutes beautés.

Demain un autre grand col.

Le témoin du jour est : André GIROUX, M.I., demeurant à Montréal - Québec -Canada.

"J'ai adoré l'ascension du col, car cela m'a permis de mieux connaître, les réactions de mon corps en altitude. C'est la première fois que je monte si haut en vélo et tout s'est bien passé. La descente difficile, sur une route non goudronnée, m'a permis de tester mes réflexes. Tout au long de la descente, j'ai admiré la vie des nomades Kirghizes, qui vivent, avec leurs troupeaux : Chevaux, avec des dizaines de jeunes poulains de quelques jours, chèvres et moutons. Ces paysans vivent dans des yourtes, 6 mois de l'année, pour assurer le pâturage de leurs bêtes.

De chaque côte de la route une chaîne de montagnes aux neiges éternelles assure un magnifique décor. Le pique nique de midi a été pris dans la vallée, au bord d'un torrent. En plein soleil, la chaleur était très supportable car nous sommes au dessus de 2000 mètres.

A notre arrivée sur les lieux de notre bivouac, un orage avec grêle et pluie mélée, nous a fait craindre le pire. Heureusement, une heure après le soleil est revenu et nous avons pu installer, en pleine nature notre bivouac, tentes collectives pour la cuisine et le réfectoire, tente pour 4 personnes. J'attendais avec impatience ce premier bivouac, j'en suis ravi. Cette journée est pour moi, une des plus belles de notre aventure, car j'adore le vélo en montagne."

Étape 68 : TALAS - TALDI BULAK - Lundi 2 juin 2008.

71 km - Dénivelé : 853 m
Départ : 8h10 -Arrivée : 14h00

A quoi bon emprunter sans cesse les vieux sentiers ? Tu dois tracer des sentiers vers l'inconnu.(Henry - David Thoreau)

Des paysages grandioses.

Cette fois, nous touchons l'excellence ! Un vrai décor de carte postale. Une nature vierge, des hommes et des femmes authentiques aux visages brûlés par le soleil et le froid. Aucun touriste n'est jamais venu dans ces vallées. Et nous ne saurons jamais ce que pense ces villageois lorsqu'une armada de plus de 101 cyclotouristes et 7 véhicules se hissent dans ces lieux tranquilles. La réaction amicale et spontanée semble naturelle ici.
Les cyclos sont très heureux et les réactions de plaisir sur ce pays et ses paysages jaillissent spontanément. Qui peut se douter de la difficulté d'héberger dans ces hautes vallées notre groupe ?

Ce soir, une école a déménagé 6 classes pour que nous puissions installer nos lits et nos duvets. Il n'y a pas d'eau, pas de douche et deux toilettes au fond de la cour. Personne ne se plaint! Est-ce le miracle de l'altitude ou bien la sérénité qui atteint soudainement notre groupe?

Nous vivons ces instants magiques en silence et nous avons une pensée amicale pour tous les cyclos fédéraux qui vont profiter du mois de juin pour se lancer dans les grands brevets. Vous partagez notre aventure, nous partageons les vôtres.

Le témoin du jour est : Jean-Pierre ROMPTEAUX de l'Aviron Bayonnais, demeurant à Anglet (64) Pays Basque.

"Tout d'abord je dois dire que nous sommes ravis d'être entrés au Kirghzistan car nous attendions avec impatience la montagne. Ici, nous côtoyons le grandiose. Nous sommes très agréablement surpris par le nombre de personnes qui nous encourage, tout au long de notre périple.

Nous sommes séduits par la flore avec ses multitudes de couleurs variées à l'infini, par les animaux familiers : chevaux, ânes, chèvres, veaux, vaches, qui nous croisent sur la route. Nous avons même eu la chance de doubler des troupeaux de moutons, montant en transhumance. Ici, et ce n'est pas du folklore, les bergers sont à cheval. Dans le ciel, un couple d'aigle a même survolé notre "chemin de joie."

Notre ascension à 2 000 mètres s'est faite assez facilement car le décor est reposant. Le chant des oiseaux et le murmure du torrent résonnent comme une magnifique symphonie. Cette vallée typique est bordée en rive droite par des moyennes montagnes recouvertes de pâturages et en rive gauche par les "montagnes célestes" qui culminent à plus de 4000 mètres.

Je roule en compagnie de ma femme, Nicole. Nous avons cassé notre tirelire pour participer à cette épopée, afin de fêter en 2008, l'année de nos 60 ans. Le 13 mai, comme convenu avec nos amis, j'ai bu le lait de chamelle en guise d'anniversaire ! Grâce à la FFCT, avec les encouragements de nos enfants, de nos 6 petits enfants, de toute notre famille et poussés par nos amis, nous réalisons une expédition certes un peu folle, mais qui comptera dans notre vie."

Étape 67 : TARAZ - TALAS - Dimanche 1er juin 2008.

160 km - Dénivelé : 855 m
Départ : 7h10 - Arrivée de 17h15 à 19h

"Il faut oser, ou se résigner à tout." Tite live

L'entrée en Kirghizie.

Nous voilà déjà dans notre dernier pays, avant la Chine ! Il faut se pincer pour y croire.

Après une fâcheuse erreur de parcours (+ 30 km), nous entrons rapidement dans le pays des Kirghizes. Le relief change immédiatement et nous commençons à admirer les paysages lacs et montagnes. Un vrai régal.

A signaler également que nous avons trouvé à la frontière, notre nouvel accompagnateur : Sacha, une homme jeune, Khirghize, d'origine Russe et qui sera notre guide durant notre passage dans ce pays.

Notre première nuit, à plus de 1000 m, sera plus fraîche, car nous avons pris de l'altitude. Nous sommes hébergés dans un camp de jeunes, très acceptable. Chambre de 25 lits.

Demain une autre découverte.

Notre témoin du jour est : Michel Boog du Vélo Randonneur Cantonal de Roc Baron (83) Var.

"Après les steppes du Kazakhstan, nous nous attendions à un changement de relief. L'étape de la veille, nous laissait présager des étapes escarpées. Au départ ce matin nous avons pour commencer roulés dans la vallée en apercevant les chaînes de montagnes à plus de 4000 m. Vallée riche, transformée en plaine agricole fertile et besogneuse.

Après une erreur de parcours, nous arrivons enfin à la frontière. Le passage s'est effectué assez rapidement et en deux heures nous roulons pour la première fois de nos vies au Kirghizistan. Un arrêt pique nique au km 60, au bord d'une rivière au fort courant, à l'ombre ce qui a été très apprécié. Sur ce site une source miraculeuse, la légende dit que le fondateur du Kirghizistan est venu s'y désaltérer. Nous avons tous bu et attendons les miracles.

Nous reprenons les vélos et atteignons un barrage, en pleine opération de lâchage d'eau, ce qui forme une gerbe étonnante, avec un débit inimaginable. Nous avons compris pourquoi la rivière du bas, était aussi tumultueuse. Ce barrage, construit par l'URSS est placé sous la protection de Lénine, dont le buste est sculpté dans la montagne. Un lac d'une vingtaine de km, est retenu derrière le barrage. Quelques ressemblances avec Serre Ponçon (05) sont frappantes.

Puis nous continuons notre montée permanente. Les ovins et les bovins sont très nombreux, dans les pâtures. Premier changement visible les costumes : Les femmes sont très souvent en rouge, la plupart des hommes portent un chapeau assez haut en feutre blanc. L'accueil est chaleureux et bon enfant.

Sur les 50 derniers km nous avons dû subir quelques petits orages et comme nous sommes en altitude, il fait nettement plus frais : 23° dans l'après midi. Notre arrivée dans un camp de jeune, en pleine forêt, met un terme à une première journée fort attrayante malgré sa longueur."



"Le Cyclotourisme, un art de vivre"