Organisation : Jean Pierre SMITH
Participants : Annick et Dany PIOT, Jean Pierre SMITH et Olivier JAMILLOUX
Distance parcourue : 1133 km
Compte rendu : Olivier JAMILLOUX
C'est un vendredi matin que tout commence. Le temps est encore correct avec un peu de soleil. Cela ne durera pas... Le RDV est à Vernouillet chez Olivier pour ensuite aller prendre le train jusqu'à Paris Gare Saint Lazare, afin de partager le plaisir de fin de semaine qu'ont les gens à aller au travail ce jour là. Qui dit Gare St Lazare, dit un petit café du même nom chez Pierre-Yves, tout content de nous voir passer. On enchaine derrière avec un passage "coup de tampon" par "au Pied de Cochon" et nous voilà partis plein Sud-Sud Est, le long de la Seine. Nous roulons à bon rythme, sacoches au vent, quittant progressivement le brouhaha et la pollution urbaine. Le plaisir de rouler, de partir vers ce nouveau voyage à bicyclettes en itinérant est visible sur tous les visages et les kilomètres défilent ... jusqu'à Corbeille Essonne.
La traversée de la Seine se fait à cet endroit par un pont qui donne l'occasion de forcer un petit peu sur les jambes pour passer le dos d'âne sans changer de vitesse. Et là, boum, Olivier se retrouve par terre au milieu de la chaussée sans comprendre pourquoi sur le coup... État des lieux : rien de cassé sur le bonhomme mais par contre manivelle côté pédalier coupée en deux et casque défoncé en partie arrière !
Heureusement, il n'est que 11h00, on est vendredi, et encore en zone civilisée. Renseignement pris, un vélociste est au bord de la N7 à 2 km de là. Et tout s'enchaine très vite derrière : un peu de vélo patinette, une montée à une jambe, un pédalier de VTT, un casque suffisamment grand (61 cm), un Buffalo Grill à suivre car le "Jean Pierre Time" est arrivé, une averse de pluie pendant le repas et on repart tous repus, secs ... et en retard de 2 heures au moins.
Le BPF de Milly La Forêt sera très utile pour se protéger de trombes d'eau ponctuelles mais aussi à Jean Pierre pour bosser à distance avec son téléphone portable. Passé Larchant, le temps se calme mais reste couvert. Nous finissons par arriver au terme de notre étape à Souppes pas trop tard chez Monsieur "J'ai tout fait mieux que vous", une "chambres - tables d'hôtes équestres", la première de l'annuaire quand on cherche dans le département de chez Mickey !
Le temps est toujours couvert ce matin. Pas mal de kilomètres nous attendent mais sans trop de relief, heureusement pour ceux qui nous n'ont pas beaucoup de kilomètres dans les jambes comme Olivier avec ses 250 km depuis le début de l'année ...
Le départ est un peu hésitant dans les petites routes autour de Souppes mais le canal du Loing nous aide bien à trouver notre départ. S'enchainent Château Landon et Chatillon Coligny pour le bonheur des cartes de pointage de Jean Pierre qui doit y passer pour la douzième fois mais sans les avoir validés.
La route défile jusqu'aux courses pour le pique nique du midi. Dans l'épicerie, ce sera l'occasion d'émettre une éventuelle explication à un fait immuable chez les PIOT : Annick fait toujours les courses et Dany garde les vélos ... C'est un petit sourire de gamine sur le visage d'Annick qui tenant la bouteille de vin à la main devant la caissière en regardant l'affiche à côté d'elle qui annonce que la vente d'alcool est interdite aux mineurs qui nous l'a fait supposer... Annick rêve qu'on lui demande sa carte d'identité à la caisse en voyant sa bouteille !!! Faut pas désespérer, Annick, tu peux toujours tomber sur une malvoyante à une caisse ...
Même si une bonne averse refait son apparition avant Montargis, c'est au sec que le pique nique se déroulera et c'est même sous le soleil que nous arrivons à Varzy, ville avec contrôle de Flèche, son vélorail, son café, sa terrasse ensoleillée, son orchestre de jazz manouche en fond sonore et sa bière fraiche pour cette fin d'étape ! Sauf qu'il reste encore 10 bons kilomètres jusque Champlémy, avec une pente non négligeable, que les jambes de Dany n'apprécieront pas, sujettes à une fringale et à un effet désastreux des bulles de la bière... Pas beaucoup de réserve le petit bonhomme !
Nous arrivons finalement à plus de 20h00 et passons directement à table, sans se doucher (ce qui contrarie toujours Dany) pour rejoindre nos 2 colocataires allemands de la soirée qui sont à table depuis deux bonnes heures à nous attendre. Ils commencent à avoir faim avec leur rythme biologique d'Europe du Nord alors que nous, nous commençons à nous tourner vers un rythme plutôt du Sud !!
Le soleil est là ce matin. Nous remettons nos sacoches sur nos montures dans le petit jardin verdoyant du gîte et réattaquons à 8h30 les coups de pédales. De belles petites routes ondulées défilent sous nos pneus alternant forêts et champs, ombres et soleil. Après une petite visite de la superbe église romane de St Révérien, une petite pancarte et un pique nique à La Machine, c'est à Decize qu'on passe la Loire.
La chaleur commence à se faire sentir et les longues lignes droites sans ombre de l'après midi dans l'Allier sont pénibles. Nous finissons par trouver ce qui semble être un café chez un particulier mais qui est en train de fermer... On sera son dernier client de la journée en plein après midi !
On retrouve de l'ombre finalement en fin de journée dans l'allée du Château de Paray le Frésil, lieu de notre prochaine nuit, chez Mr Le Comte, son épouse Esméralda et sa fille Victoire. Depuis le temps que Jean Pierre nous en parlait, on va enfin faire étape chez eux ! L'endroit est charmant avec son château finement massif en pierres et briques et les tours aux deux extrémités, son grand parc arboré, sa piscine en contre bas et son salon en terrasse. Nous garons nos montures dans les dépendances sous le château et rencontrons cette famille haute en couleurs, quelque peu en décalage avec nous... mais rien ne nous fait peur !
Le cadre : Le château, ses grandes salles aux plafonds très hauts, aux innombrables trophées de chasses, sa grande bibliothèque tout en bois et ses milliers de livres, mais aux toits qui fuient, aux murs qui se fissurent, à la piscine froide (sauf pour Olivier), aux chambres et sanitaires à refaire, fait quand même ressentir la force et la beauté de son passé plein d'histoires.
Les personnages : Le comte, grand, droit et fier, son fauteuil et sa pipe, son verre d'alcool dans le salon où l'on passe après manger, racontant ses chasses en Namibie ou la chasse aux lapins. "C'est très amusant..." comme il dit ! Victoire, jeune fille très moderne mais évoquant "les villageois" venant sauver le contenu du château lors d'un incendie n'arrivent pas à cacher ses racines. Esméralda, pratiquant l'élevage de chevaux de course afin d'essayer de subvenir à la survie du domaine, maitresse femme de caractère et haute en voix, tenant son mari au sol pour qu'il ne plane pas trop dans un temps révolu, essaie de tenir le château à flot, qui s'extasie devant les sandales très chics et simples d'Annick car elle n'arrive pas à en trouver de ce genre !
Bref, une belle étape, haute en couleur et riche en rencontre et un peu décalée, bref, exactement ce qu'on recherche en diversité dans nos voyages ... Et que dire de l'air rêveur de Jean Pierre à chaque fois qu'il entend les prénoms d'Esméralda et de Victoire !!!
Le matin, le départ est presque nostalgique déjà tant la soirée de la veille fut attrayante. Nous tournons le dos à cette halte avec un ciel très menaçant, résidus des orages de la nuit... Le débriefing de cette chambre-table d'hôtes nous occupe toute la matinée en même temps que nous pédalons !
L'arrivée d'une bonne et durable averse fractionne le groupe entre ceux qui s'habillent en préventif et ceux qui attendent les premières gouttes pour se protéger. Des monceaux de branches et feuilles hachées par les orages de la veille tapissent la route par endroit. D'une façon collégiale, le pique nique du midi se transforme en resto au contrôle de la flèche de Le Donjon. Et nous tombons chez Thérèse, autre personnage haut en couleur aussi mais plus populaire cette fois ci... Forte en gueule, grande concurrente à Dany, elle passera le service en histoires brèves et expressions "de terrain"... Joie pour nous d'avoir ce type d'environnement, qui plus est, au chaud et au sec. Nous reprenons les vélos et comme dit Thérèse : "les affaires reprennent !".
Après l'épisode resto, deux choses importantes : il se met à faire beau et Jean Pierre nous quitte pour rallonger en kilométrage et dénivelé le parcours et aller pointer Châtel Montagne. En parallèle, pour justifier notre choix différent de Jean Pierre, nous prétextons qu'on reste sur le nominal et qu'en plus, on fera les courses pour le soir ! Ce qu'on fit ... Au menu, terrasse à Renaison pour attendre JP avec une bière (qui en prendra aussi une en arrivant), sacoches pleines avec les courses dedans dont des faux filets pour le barbecue du soir, l'apéro au Champagne pour fêter les 8000 km de JP depuis le début de l'année, un petit cadeau pour JP avec un gobelet en plastique rigide avec des pingouins dessus et une brosse à dents avec une tête d'éléphant car il a perdu les siens ! Fini, le fond de 1/2 bidon qu'Olivier lui avait fabriqué avec son bidon percé lors de sa chute du premier jour ...
La chambre d'hôtes est carrément une petite maison individuelle avec terrasse, barbecue, piscine froide (sauf pour Olivier toujours...), chambres, cuisines, salon,... même si cela n'est pas dans l'esprit exacte de ce type d'hébergement, cela permet d'être indépendant en horaires d'apéro et de repas, et Jean Pierre peut ainsi être le maitre du feu avec le barbecue ! Belle étape chez la fille de l'inventeur de la Madeleine de Renaison.
Bon, cela commence à se vallonner... Les gorges de la Loire sont au menu de la matinée pour aller chercher St Maurice Sur Loire. Ce petit village, sans aucun touriste en cette journée de fin juin quelque peu nuageuse est vraiment sympa avec sa petite rue qui serpente vers le bas en forte pente et en cul de sac, son bistrot-épicerie-la Poste-Boulangerie, son château, ses restes de rempart et son point de vue sur la Loire.
La route continue vers St Germain Laval, Bellegarde Sur Forez (et sa pancarte, comme ça, pour le plaisir de la faire), un passage dans le Rhône avant de remonter dans la Haute Loire vers St Symphorien et son ultime montée vers l'étape du soir.
On le saura plus tard mais à l'approche du village de Châtelus, on peut savoir si le châtelain est présent ou non par la présence ou pas de sa bannière sur le haut du donjon carré qui domine la vallée. Le gîte, comme souvent, est bien planqué tout en haut du village, sur une petite route à forte pente, mais gage de tranquillité pour la nuit en voisinage par contre...
Nous tombons sur un bel ensemble de bâtisses basses en pierres bien rénovées avec nos chambres qui donnent sur la campagne alentour, une belle vue sur la vallée et l'église dominante de St Symphorien. Le temps d'une douche et de réparer une chambre à air pour JP, et nous pouvons contourner la ferme pour arriver sur la face "auberge". Nous y serons les seuls à manger, et heureusement pour le propriétaire. Dany avec sa lampe frontale pour mieux lire les questions des apéricubes du midi, lui fera une forte impression ! Belle étape, propre, cossue et très calme, une fois qu'on y est arrivé en vélo !
Après avoir constaté que le châtelain n'avait pas découché puisque le drapeau flotte toujours bien haut ce matin, nous réattaquons par l'inverse de la forte montée de la veille puis par de superbes petites routes de campagne entre vallons, fermes et bosquets. Les points de vue s'enchainent jusqu'à arriver à Ste Catherine, pointage de la Flèche. Nous sommes en terrain lyonnais. Les vignobles mais aussi le maillot d'un des clubs de foot phare de l'hexagone trônant dans un bistro et dédicacés par des noms célèbres pour les spécialistes nous le confirment !
Descentes et montées par St Didier puis Condrieu, voilà le pique nique qui arrive déjà. Un petit Ricard le commence, un vin local accompagne la suite, et une petite sieste le termine. La routine s'installe dans nos deux vieux couples ....
L'après midi, nous sommes obligés de rassurer une automobiliste qui voit Jean Pierre allongé par terre, les bras en croix. Il faut lui expliquer que Jean Pierre n'a pas eu d'accident mais qu'il ne fait qu'une simple sieste au bord de la route et que les pompiers ne sont pas nécessaires car il maîtrise très bien tout seul cette situation.
Sous un ciel menaçant, nous continuons notre route en zigzaguant avec la ligne de TGV pour finir le soir au dessus ! Et oui, la ferme qui nous héberge pour la nuit n'a pas été expropriée de sa colline où elle est implantée car le TGV passe en tunnel et non en tranchée ouverte à cet endroit, contrairement à bon nombre d'autres endroits... Les 130 moutons, les 1300 couples de pigeons et les hectares de céréales ont eu chaud. Heureusement, la terre isole bien du bruit et des vibrations car on ne l'entend pas du tout. On peut prendre ainsi l'apéro en terrasse avec l'arrosage des 1000 premiers km d'Olivier depuis le début de l'année ! Rattrapera t-il Jean Pierre d'ici la fin de l'année ? Le programme de chacun laisse penser que non car Jean Pierre prépare son "Paris Brest Paris" du mois d'août alors qu'Olivier est plutôt orienté "Paris Brest" de boulangerie. Il nous reste à faire sécher notre lessive du soir prés du four de la cuisinière et la nuit fera le reste.
Le grand beau temps est installé et ne nous quittera plus jusqu'à Nice maintenant. Cette journée est la première un peu dure avec une entrée dans les montagnes drômoises. Les kilomètres du matin sont assez plats autour de Chabeuil jusqu'à Crest, lieu de pique nique. La chaleur est là. Il va faire bon cet après midi dans les bosses ! Les montées successives des cols de Lunel, Lescou (819 m.) puis Pré Guittard (1053 m.) nous permettent de nous hisser à 1000 m d'altitude gentiment ... mais chaudement. Le paysage est superbe et le sud fait vraiment son apparition avec sa lavande, ses cigales et sa végétation trapue.
Jean Pierre, notre vénérable organisateur nous confirme qu'il ne reste plus qu'à se laisser glisser jusqu'à La Motte Chalancon et que le gîte est juste après. Trop jeunes (Annick, ta carte d'identité, stp !!!), nous croyons JP et avons encore fait le coup du bistrot à l'arrivée avec la mousse salvatrice et finale, on peut se relâcher... Le "juste après" en montagne et surtout avec JP, il faut s'en méfier ! Il a juste omis de savoir que notre hébergement est un petit peu plus loin et un peu plus haut, à 5 km, dont 2,4 km de plat et 2,6 km ... à 10%. Le prix de la tranquillité du soir surement ! C'est vrai qu'une fois là haut, on découvre une belle petite maison restaurée dans un hameau un peu abandonné, des champs de lavandes bio (donc de toutes les couleurs, y compris le mauve) et un propriétaire accueillant qui a quitté la ville et famille à cause du stress. Faut dire qu'il était fonctionnaire à Marseille ! Son stress en tout cas ne se ressent pas trop et cette étape sera très bien dans un superbe cadre et une table du soir et du matin à la hauteur des envies et des besoins !!!
Après avoir goûté les 7 sortes de confitures plus ou moins inhabituelles du petit déjeuner, il faut redescendre la montée de la veille ... Quelques rayons de la roue AR ne supporteront pas les freinages d'Olivier. Cela lui permettra de montrer à Jean Pierre comment on joue de la harpe cyclotouristique pour retendre les rayons intacts quand on n'a rien pour appuyer son vélo, en pointant le vélo sur sa roue avant sans se baisser ! L'arrêt chez un vélociste le lendemain permettra de démonter la roue libre et de remplacer les rayons manquants.
La journée s'annonce dure avec la chaleur et l'enchaînement de quelques petits cols à partir de Remuzat. Deux cols sont au programme ce matin avec le Soubeyrand à 994 m et le Peyruergue à 820 m. Pour le premier, régulier et roulant, il passe bien, avec en prime au sommet, une belle vue sur le Mont Ventoux que nous contournerons car on fait partie de la Confrérie des Blazés du Ventoux. On aurait pu être les Galériens ou les Moins Que Rien du Ventoux mais on verra une autre fois !
Le deuxième col pose plus de problème ... Il est tard, on a faim, on est devant un resto à l'ombre avant de l'attaquer. Il faut être fort pour ne pas poser pied à terre mais nous avons une motivation incontournable : nous avons le plaisir de retrouver la famille EVE de l'autre côté du col ... pour le pique nique. Aussitôt dit, aussitôt fait (enfin plus ou moins vite suivant les participants), l'ascension est avalée pour les retrouver à St Auban S/Ouvèze sous la bonne ombre salvatrice d'un vaste tilleul.
Qu'il est bon de retrouver des Abeilles dans ce contexte là ! Pique nique au frais, sieste à l'ombre et un tandem affuté en plus pour l'après midi ... Que du bonheur ! Nous repartons finalement en prenant de bien belles routes à cyclo pour se faire le col d'Aulan à 845 m, Montbrun Les Bains, toujours pour Jean Pierre puis après être rentré dans la Région PACA, nous passons à Aurel et finissons à St Trinit, mais loin du bourg, en pleine campagne une fois de plus ... mais sans montée vertigineuse pour terminer. Jean Pierre n'a pas du réussir à trouver un refuge de montage disponible sans doute !
L'étape du soir fait table d'hôtes permettant ainsi à Claudette et Pierrot de manger avec nous avant de retrouver leur véhicule et retourner à Pernes dans la nuit. Un tour à la piscine pour Olivier même si l'eau est bonne pourtant et un apéro perso devanceront le repas. Le propriétaire est très sympa avec un bon accent local pour lâcher ses grandes pensées philosophiques du soir sur les Marseillais, ces gens de la vallée et de la côte qui montent un peu trop chez lui dans ses montagnes : "les mouches reviennent quand il n'y a plus de mistral" ou "les Marseillais sont tellement là qu'ils en perdent leur accent". Cet homme, producteur de lavande, de céréales, éleveurs de chevaux de dressage, chasseurs aussi mais surtout grand ramasseur de champignons (400 kg pendant la dernière saison), n'est pas avare de paroles et de décibels. Le menu sera à la hauteur pour tous, y compris Jean Pierre qui ne mangera pas tout !!! Pourtant la charcuterie avec les sanguins dans l'huile, le poulet (à moins que cela ne soit une autruche, vue la taille ?), les légumes, la grosse plâtrée de cèpes, tout était bon. Alors pourquoi en laisser ?
La nuit est reposante et digestive. Vivement les efforts du lendemain.
Toujours du grand beau temps ce matin. Le Ventoux, les champs de lavande, une petite distillerie artisanale, des bories provençales et un parcours très roulant nous occuperont toute la matinée jusqu'à Forcalquier ce matin. Le paysage défile et la région parisienne ou la Picardie n'existent vraiment plus dans ce genre de moment là. On se balade pour de vraies vacances comme le sont toujours nos voyages à vélo et les contraintes semblent bien loin... Il n'empêche que la chaleur et quelques petites rampes nous rappellent que cela se mérite aussi ces moments là !
Dans l'après midi, une dernière ascension nous fait arriver sur le plateau de Valensole, haut lieu de la lavande nationale. Et comme nous sommes juste avant juillet, les tiges ne sont pas encore coupées. Ceux sont donc des champs entiers de superbes étendues ondulées plus ou moins mauve qui nous entourent, accaparent nos yeux et appareils photos et assaillent nos nez grand ouvert. On a l'impression de voir les magnifiques photos d'un catalogue publicitaire pour la région, vous savez, les images qui semblent trop belles et qu'on a l'impression de ne jamais voir en vrai, même en étant sur place.
C'est l'occasion aussi de vivre un grand évènement à Valensole même. Bon, ok, Olivier et Jean Pierre prennent une belle glace, rien d'inhabituel, mais Dany a pris un .... jus de fruit ! Photo faite pour immortaliser cet instant rare, nous repartons vers notre fin d'étape. Zone très touristique en pleine saison estivale avec les gorges du Verdon, Riez et sa chambre d'hôtes sont heureusement réservés pour les Abeilles.
Peu avant notre arrivée, les motards de l'ABEILLE (Jean P, Rayjane et Guy P et les BRUNET), en train de faire un voyage sur plusieurs jours, nous contactent pour que, le soir même, on puisse manger ensemble sinon au moins boire un coup... Les cyclos sont toujours partant et savent se rendre disponibles dans ces moments là. Les motards, enfin certains, c'est autre chose ! Finalement, aussi soudainement qu'avait eu lieu leur coup de fil pour un RDV, c'est aussi rapidement qu'ils annulent le RDV du soir car ils n'ont plus le temps... On prendra quand même un apéro au resto juste à côté du gîte à leur santé et leur organisation.
Le gîte du soir, puisqu'on en parle ... Un artisan maçon à la retraite qui n'a pas perdu ni son temps ni les matériaux lors de ses chantiers. Sa maison, ancien corps de ferme rénové ne manque pas de charme. La terrasse extérieure (où nous prendrons notre petit déj sous la glycine demain matin), sa piscine (où l'eau est chaude mais Olivier reste toujours le seul baigneur), l'intérieur tout carrelé avec ses grandes pièces en pierres apparentes, l'escalier magistral pour aller au 1er et le soucis de décoration des chambres donnent un ensemble très agréable ...Seul ombre au tableau, on ne verra pour ainsi dire pas le proprio pour discuter un peu, dommage pour des chambres d'hôtes.
Une bonne nuit s'offre à nous et heureusement, car demain, il y a du boulot avec les gorges du Verdon, avec vues d'en haut, de très haut, via la Falaise Des Cavaliers. Bref, de la montée sous le soleil !
Etape sommet de notre voyage avec les gorges du Verdon aujourd'hui. Il fait bien sur grand beau et les appareils photos vont chauffer, eux aussi ! Après avoir quittés notre terrasse ombragée du petit déjeuner, nous remontons sur les vélos et partons jusqu'à Moustiers Ste Marie. Le groupe se scinde en deux. Olivier part devant, voulant profiter plus longtemps de la montée des gorges, alors que les Piot et JP prennent le temps de se balader en ville (et une boulangerie pour JP) avant d'attaquer. Le contournement du lac de Ste Croix permet de se mettre en jambe et de bien partir de l'altitude 0 par rapport au niveau de la rivière.
La montée est finalement assez longue par rapport au dénivelé réel de la rivière. Mais que ne ferait-on pas pour avoir de beaux points de vue ! Les avantages principaux de la rive gauche sont sans doute le fait qu'il n'y a pas beaucoup de véhicules qui montent par là, que c'est un peu plus arboré en première partie d'ascension. Après un début assez calme, on arrive dans un premier temps à Aiguine et sa belle maison fortifiée aux toits à tuiles vernissées. La pente augmente mais permet d'arriver au col d'Illoire (967m d'alt.) mais il n'y pas le moindre replat sur la route pour se reposer en roulant. En fait, la montée est ininterrompue jusqu'à la Falaise Des Cavaliers, son tampon BPF pour JP, son parking ombragé pour les vélos et son resto avec terrasse panoramique sur les gorges pour notre repas du midi. Mais pour y arriver, que de beaux points de vue et quelle belle route... On sait pourquoi on est venu dans ces moments là ... Il n'y a pas de souffrance, juste un peu d'efforts certes, mais compensés par tellement de bons moments qu'on n'y pense même (presque) pas.
L'après resto n'est pas plus calme en dénivelé jusqu'aux Tunnels du Fayet, le Pont d'Artuby (qui donnera l'occasion de voir du saut à l'élastique mais nous n'en avons pas fait car ils ne prenaient pas les vélos !). Par contre, la fin de journée sera bien plus roulante sur une route assez large et au très bon bitume. La pancarte de La Roque arrive et nous quittons la grande route pour aller chercher le gîte en retrait pas rapport au bourg mais pas de façon trop exagérée cette fois ci (même s'il y a un petit mur à grimper en toute fin de recherche). Qu'il est bon d'arriver après une bonne journée difficile, de prendre sa douche, de se changer et de savoir que le gîte fait aussi table d'hôtes sur place ... Sauf qu'en arrivant, personne n'est présent ! La ferme est toute ouverte mais sans personne ! Après quelques coups de fil, on apprend que c'est un jour d'élection locale, que le proprio vient de se prendre une veste monumentale, que ses potes l'avaient lâché lors du vote alors qu'ils l'avaient motivé à se présenter, que la proprio va arriver dès que possible et que non, il n'y a pas de repas de prévus .... Belle journée, je vous le disais !
Dans ses moments là, non tu ne vois pas toute ta vie en une seconde mais plutôt ce qu'il te reste dans ta sacoche, la longueur et la difficulté de la route que tu as pris pour faire le bourg (avec son resto) et le gîte... et tu conclues que tu n'aurais pas du prendre ta douche si tôt ! La diplomatie et la négociation étant la base la plus saine de toute relation entre humains, nous attendons le retour de la proprio et après quelques instants de discussion, on est bien d'accord qu'il y a tout ce qu'il faut pour se faire une bonne bouffe sur place, même si on doit se débrouiller tout seul car elle préfère retourner sur le front de la fronde locale pour veiller à la bonne santé de son mari ...
Le temps d'une soirée, nous voilà chez nous, à préparer notre apéro et notre repas avec tout ce qui est sur place. Et il y a toujours ce qu'il faut à la ferme ! Très bonne soirée finalement ...
En ce matin là, tout est redevenu normal. La proprio est là pour le petit déjeuner, le proprio ne s'est pas suicidé dans la nuit et le beau temps est toujours là... Dernière vraie journée de flèche aujourd'hui qui nous même de la montagne jusqu'au bord de mer. Autrement dit, beaucoup de descentes en perspective ! Mais cela commence par le passage du col de Clavel (1063 m d'alt.) qui nous permet de basculer dans notre ultime département traversé : les Alpes Maritimes. Dans un premier temps, la route est quasi toute plate dans un fond de vallée que nous allons suivre pendant 20 km jusqu'à arriver sur une autre vallée qui va être notre fil conducteur jusqu'à la fin de l'étape : la vallée du Loup.
A partir de là, c'est une longue, très longue descente jusqu'à la mer qui nous attend. Heureusement que Gréolières (pointage de la flèche) va nous ralentir et nous retenir. La haute vallée du Loup est magnifique et la descente vers ce village nous enchante. On sait très bien qu'on veut faire durer ce moment de plénitude cyclotouristique le plus longtemps possible. Le bord de mer sera la fin de la tranquillité, du silence, des superbes paysages, des routes à cyclo sans voiture, de l'esprit de voyage qui nous entoure depuis 10 jours. Alors autant trainer dans les petites rues vides de Gréolières, trouver un petit resto dans une toute petite place ombragée, prendre un dernier jaune accompagné de ses olives et de son eau bien fraiche.
La fin du repas reconnue, nous devons bien repartir et attaquer cette longue descente vers l'urbanisme. Les gorges qui suivent sont bien agréables avec sa cascade de Courmes, ses tunnels et ses falaises. Les premières maisons de Bar S/Loup font leur apparition et annoncent le début de la banlieue de Cagnes.
Et finalement, en coupant quelques boulevards, en prenant quelques rocades et en ciblant l'hippodrome, nous arrivons à notre hôtel que seul Jean Pierre attendait avec impatience. Pourquoi ? Parce que la propriétaire lui a promis une grande gamelle de "Teurgoule", consistant gâteau de riz, roi de la sacoche de guidon à Jean Pierre pour les grandes distances et les petites aussi d'ailleurs .... Cet hôtel s'avère finalement être un petit hâvre de paix dans cette grande ville, pourtant à quelques pas du bord de mer.
Le petit déjeuner est très attendu par Jean Pierre. Faire plus de 1000 km pour venir manger de la "Teurgoule" montre bien sa détermination à bien être contenté et repu. Lorsque la gamelle arrive, son visage anxieux se transforme avec un large sourire. Il doit y en avoir 2 kg approximativement et il doit être rassuré en se disant que cela permettra aux autres d'en avoir un peu ! Mais nous ne sommes pas son danger principal. La proprio, non seulement assure le service des parts mais annonce aussi qu'elle en a fait suffisamment pour qu'il en reste pour elle et son fils le midi ... JP devra montrer beaucoup de finesse et de discrétion pour réussir à se resservir sans être vu. Elle le démasquera quand même, mais avec le sourire !
Une fois la "Teurgoule" rangée, le vélo reprend ses droits et la journée peut commencer. Les 10 derniers kilomètres sont effectués jusqu'à la pancarte de Nice pour la photo traditionnelle de fin de voyage et qui est si pratique pour les fins de diaporamas. Heureusement qu'une piste cyclable existe le long de la nationale 98 entre Cagne et Nice. Il y a même des morceaux totalement isolés de la chaussée qui sont bien agréables et sécuritaires, notamment prés de l'aéroport de Nice. Arrivés sur la Croisette, deux programmes sont organisés : Olivier reste pour se reposer, se baigner et se balader dans Nice, le reste part sur La Turbie.
Pour Olivier : l'eau est bonne, quasiment personne sur la plage, pique nique face à la mer, balade au Marché Aux Fleurs et dans les vieux quartiers, sieste près des sauveteurs nageurs, au cas où. Pour Annick, Dany et Jean Pierre : route de la Corniche pour faire le col d'Eze, voir Villefranche, St Jean Cap Ferrat et bien sûr, but final, la Turbie, son BPF et son resto.
Les retrouvailles se feront sur la Croisette pour que Dany puisse aller se baigner et montrer son superbe bronzage cyclo aux locaux quelque peu soufflés, voire médusés puisqu'on est en bord de mer, par cette tentative de lancer la mode d'un nouveau look assez extraterrestre...
Il ne nous reste plus qu'à trouver un resto pour le soir, avec terrasse. Après, on roule jusqu'à la gare SNCF, on trouve notre train de nuit pour y accrocher nos vélos dans un compartiment et nous coucher dans celui d'à côté pour retourner en dormant à Paris...Bonne nuit !
La traversée de Paris, les bords de Seine vers Notre Dame, le Pied de Cochon sous un ciel gris nous confirment bien la fin de notre périple. Pendant que Jean Pierre part vers le Vieux Campeur avant de rentrer vers chez lui en vélo, les autres reprennent le train vers Vernouillet pour boucler la boucle... Chacun rentre chez soi et reprend une vie normale. Olivier enchaîne même directement avec le boulot et y part de suite après une bonne douche...
En tout cas, on peut remercier chaleureusement Jean Pierre pour sa parfaite première organisation de flèche. Bien sûr, on ne peut oublier ses hébergements en nid d'aigles, mais finalement, qu'aurait on à dire si on n'avait pas ce genre d'anecdotes ? Cela fait partie d'un tout qui donne toute la matière et tout le plaisir à participer à ce type d'organisation. L'itinérant en autonomie reste bien la meilleure forme de pratique du cyclotourisme, non ? Traverser toutes ces régions à la force du jarret, faire toutes ces rencontres, avoir tous ces souvenirs et découvrir toutes ces contrées font toute la richesse de ce voyage. Merci encore Jean Pierre pour cette belle organisation sans imprévu non maîtrisé, pleines de belles et bonnes étapes et de magnifiques paysages. Merci aussi à tous les autres participants pour leur bonne humeur et leur agréable compagnie. Il parait évident que d'autres voyages sont encore à faire dans ces conditions là ! A l'année prochaine, donc ....
FIN
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |
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