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Semaine Abeille en Toscane
Mai 2005
  • Organisateurs: Henri et Chantal Courmont
  • Participants: Christian et Claudine Auzet, Michel Bardin, Colette Bernard, Henri et Chantal Courmont, Agnès Courmont et Pierre, Marcel Daniel et Liliane, Pierrot et Claudette Ève, Jean-Luc et Brigitte Germain, René et Catherine Laoué, Monique Loeuillet, Jean Pelchat et Bernadette, Jean-Maurice et Denise Perrière, Jean-Loup et Marie-Christine Perrot, Guy et Rayjane Piot, Dany et Annick Piot, Claude Sauvage, Jean-Pierre Smith, Roland Véry.
  Velos en Toscane

Jeudi 5 Mai - Ils sont venus ils sont tous là

Trois tandems sont arrivés, dont le superbe Routens de Pierrot et Claudette venu directement de Pernes les Fontaines et un tandem noir qui craint déjà d'être abandonné.Les grands Piots sont venus au radar avec 4 vélos sur leur toit. Marcel et Liliane sont passés par les cols d'Allos et de la Cayolle, puis par l'interminable route côtière le long de la Méditerrannée. Avec Michel, nous avons fait la route avec trois vélos sur le toit et Claude Sauvage à l'intérieur, pour nous tenir éveillés pendant le trajet. Quant aux petits Piots et autres non-cyclos, ils arrivent sans vélo, en avion, à l'heure où chacun a commencé son repas, excellent d'ailleurs, quoi que sans dessert.

Nous sommes à l'Hôtel Carignano, pas loin au nord-ouest de Lucca, notre première république de Toscane située sur le fleuve Serchio, un peu au nord de l'Arno. Le rendez-vous était à 20h00. Tout le monde sauf Dany et Claudine (mais Christian et Claudine ne viendront que plus tard) est à peu près à l'heure en dépit du plan d'accès Italien de l'hôtel. Henri fait son briefing avec Barbara (la demoiselle de l'agence) et tente de comprendre, puis de modifier, puis de nous inculquer le nominal du lendemain. Puis tout le monde oublie et va dormir en dépit de l'absence de dessert.

Vendredi 6 Mai - Città di Lucca

Visite de Lucca en vélo: petite ville environnée de montagnes et placée au fond d'une plaine comme au fond d'un tonneau (citation d'un bourguignon du 18° siècle). Tour des remparts: des murailles à la Vauban datant des Romains, c'est à dire sans doute d'avant Vauban. Visite du Duomo. Il faudra s'y faire: toutes les républiques ou principautés locales rivalisent par le diamètre de leur dôme. Celui-ci est ancien. Les parties les plus importantes sont romanes et la nef est gothique. Visite de la Piazza Anfiteatro qui ressemble à la puerta del Sol, mais en rond et sans les marchands de Chocolate y Churros. C'est d'ailleurs dommage. Visite de la Torre Guinigi avant de manger. 227 marches à monter à jeun pendant que Claudette garde les vélos en bas. En haut il y a des arbres et une belle vue panoramique. C'est comme à Hong-Kong: il faut voir loin quand on est vraiment chef.

Villa Torrigiani
Villa Torrigiani

Midi au jardin botanique. Musette pour tout le monde même les non cyclos. Marcel a mis sa sudisette, sans doute en préparation pour le col d'Allos. Liliane nous l'a transformé, notre Marcel. Ensuite, on décide de flanquer par terre le nominal pourtant patiemment construit la veille. Les Abeilles se dispersent tous azimuts. Villa Mansi (une famille de Soyeux du 16° siècle). Fermée. Villa di Camigliano. Villa construite par un soyeux paysan de Lucca, de la famille Buonovisi, puis acquise au 17° siècle par le Marquis Nicolao Santini, ambassadeur de Lucca à la cour de Louis XIV. La maison est alors transformé en un baroque tape à l'oeil pas si classique à Lucca, pour impressionner la cour de Louis XIV. Le tout peu avant Napoléon et l'arrivée à Lucca d'Eliza Bonaparte, épouse Bacciochi, qui devient princesse de Lucques et Piombino en 1805. Nous partons alors à trois en quête de la Villa Reale d'Eliza Bonaparte avec Guy et Dany dans des chemis creux, herbeux et en pente. Rayjane et Annick ne nous suivent pas. Nous promettons de revenir. Nous contournons par le bas une villa qui contrefait la Villa Reale avec ses 11 fenêtres de façade sur 3 niveaux. Le chemin est terribles, même pour nous autres cyclos aguerris. Après un temps interminable, au moment de revenir vers le groupe depuis la route goudronnée que nous avons finalement trouvée, Jean-Loup qui était arrivé là par l'autre coté crève de l'avant. Nous devons rester à coté pour l'assister pendant que Marie-Christine part seule vers la Villa Reale. Après une réparation héroïque, nous nous lançons enfin sur les traces de Marie-Christine pour ne pas l'abandonner seule dans cet univers impitoyable. Nous arrivons enfin, bourrelés de remords pour Rayjane et Annick, à la Villa Reale. Nous sommes les premiers de l'Abeille. Aucune autre Abeille ne trouvera le chemin pour nous y rejoindre. Pour couronner le tout, il n'y aura pas non plus de dessert ce soir là. Henri nous fait donc un briefing martial sur le nominal de demain, puis nous partons tous dormir pour oublier.

Samedi 7 Mai - Pise, le port maritime du Fiume Arno

Catherine prend le commandement. On part en deux groupes pour éviter de se faire écraser et, par un sens inné de la navigation propre aux Abeille d'exception, Catherine trouve la petite route à droite qui nous mène au mont Messaciucoli. C'est le seul point haut d'un parcours totalement plat. Ascension. De l'autre coté, surprise, on trouve le lago de Massaciucoli, une lagune à droite ( au Nord) de l'embouchure du fleuve Serchio. Gabriel, le guide, séduit les dames par sa connaissance des canards et autres habitants de la lagune. Dans le peloton et grâce aux talents de Gabriel, on commence à parler d'eutropisation, c'est à dire de pollution de la lagune par les engrais azotés. Il faut dire qu'il faut déjà beau et chaud. Henri a plié une fois de plus les deux cliquets de sa roue libre en montant en force avec Chantal sur le futur ancien tandem noir présidentiel une pente qui nous semble verticale vers l'église locale, juste au-dessus de la lagune. C'est un superbe point de vue où presque tous montent à pied. Jean, pour sa part, a imité Bernadette dans un épisode du désormais célèbre vendredi 2 mai 2003 de la semaine Abeille en Andalousie et fait un tout droit vers Pise en évitant la lagune, ses chemins sur les roseaux et ses canards. Pierrot change un pneu du tandem, aidé en cela par nos conseils avisés.

Nous ressortons nos incontournables paniers repas et leurs sandwiches au panini. Jeanjean nous rejoint pour manger, pour une raison qui nous échappe encore.

Tour de Pise
Cathédrale et tour de Pise. Catherine semble penchée

Visite de Pise et de ses vendeurs noirs ambulants. Si Pise rivalisa avec Gênes et Venise au XIème siècle et fut dès le XIIème une des plus anciennes universités d'Europe, puis la ville de Galilée, il ne reste que des souvenirs de pierre de la grandeur passée de la république de Pise. Mais des beaux souvenirs, même s'ils sont construits sur de l'argile qui fait pencher les tours. Alors visite de la ville en vélo avec Gabriel. Si elles le pouvaient, toutes les dames piétonnes monteraient sur un vélo pour le beau Gabriel. Il faut faire la queue pour visiter le Duomo, le baptistère et surtout la tour. Alors la majorité des Abeilles n'insiste pas, même pour les oeuvres des architectes-sculpteurs du cru Nicolo et son fils Giovanni Pisano. On visite avec la foule du dehors, en évitant la foule du dedans.

Glaces et cartes postales. Dispersion en plusieurs groupes pour le retour, dont celui de la messe du samedi soir à Lucca, mené tambour battant par Marie-Christine. Je prends la voie montagneuse, par tre colli et le Monte Serra. 918 m d'ascension vraiment raide, et des bien beaux restos en haut. Mais il faut rentrer à Lucca. Le chemin indiqué sur la carte est privé, donc fermé et non revêtu. Heureusement, il y a une autre route qui descend vers la plaine de Lucca, mais avec un détour de 20 km. Le tout est d'éviter les erreurs de navigation et d'arriver à l'heure pour le dîner car chez les Abeilles, on ne fait pas de quartier. Diner sans dessert et avec briefing. le nominal de demain est décidé.

Toutefois, une conjuration se prépare dans l'ombre. En dépit de la montagne environnante, Guy et moi irons au resto demain pour tenter de contourner les incontournables paninis. Pour nous justifier, nous prétextons un ittinéraire de montagne et choisissons, prudemment, le parcours tracé par les professionnels de l'agence pour le premier jour.

Dimanche 8 Mai - De conjuratio

Route au bord de mer
Route de bord de mer

Le groupe des mangeurs de paninis part à la plage avec Rayjane en vélo et revient en vélo, après un concours de chutes dans le sable, par Camaiore et San Martino in Freddana. Après avoir testé la gauche le 28 mai 2001 en Crète, Annick essaie maintenant la chute sur l'épaule droite, pour changer. Aux dires du peloton, le groupe a gravi 6 km à 6% pour franchir un col à 130 m. On hésite encore entre situer la mer à 230 m sous le niveau de la mer et supposer une exploitation hardie de l'arithmétique des marchands de Lucca. De Camaiore, les Abeilles n'ont même pas tenté d'aller à Casoli, pourtant à coté quoique plus haut en remontant le torrent qui passe à Camaiore et monte vers le monte Piglione à 1232 m.

Avec Guy, nous partons rouler de bon matin droit vers la montagne, avec la première rampe sérieuse 500 m après l'hôtel. Nous faisons don de nos casse-croutes à la collectivité reconnaissante. Nous partons déjeuner, droit vers Pascoso, après Pescaglia, dans un minuscule resto où on parle italien et où il n'y a pas de carte, dans une vallée profonde de l'autre coté du second col du matin, au pied de la route tracée sur la carte sans relief donnée par l'agence, route qui mène à Casoli. Au menu: antipasti, primi piatti, secondi piatti, légumes et caffè, avec deux viandes. Le parcours est Dantesque. C'est normal: Dante Aligheri (1265 - 1321) est un voisin. Associé par ses origines à la démocracie Guelph de Florence, il a commencé comme prieur de Florence en 1300 avant son exil et son errance Italienne, alors la route de notre resto à Casoli, ça le connait. C'est sans doute là et non à Ravenne qu'il a rédigé le premier cantique (Inferno) de la Comédie Humaine. Malgré nos recherches sur des pentes qui atteignent parfois les 15%, nous ne trouverons jamais la route de Casoli. On la montre du doigt en rigolant, de l'autre coté d'une vallée infranchissable, après un col escarpé couvert d'arbres et sans chemin même piétonnier, la direction par avion de Casoli. Alors nous redescendons avant la tombée de la nuit, fourbus. Pour compenser, le soir avant le briefing de Henri, dessert. C'est notre premier dessert Italien du séjour.

Lundi 9 Mai - Firenze: en quête de nos premières tortues Ninja

Ce matin, voiture pour tout le monde pour le tronçon de liaison vers Florence, avec l'incontournable panier repas-panini. Chacun choisit son parcours et tous sauf Henri se retrouvent bien à l'hôtel Villa Giotto sur les hauteurs de Bivigliano. Cet hôtel est une ancienne gloire passée aux chambres à 170 EUR doté d'un parc magnifique et situé juste en face d'un bistrot où les Campari sont à 1,80 EUR. Nous descendons en voiture vers Florence avec nos précieux paniers repas et croisons les Courmont qui montent enfin à l'hôtel après avoir changé la roue libre du tandem à Lucca. À midi, discussions culinaires. Il semble que la majorité des Abeilles ait déjeuné au resto.

Baptistere et Duomo
Le baptistère, le campanile et la cathédrale derrière

Les choses sérieuses commencent avec la visite. Christian et Claudine, arrivés le matin, nous rejoignent en ville. Demain, on va rouler. En attendant, on perd la guide au point de rendez-vous. Il faut dire qu'il y a deux MacDo et trois approches possibles à la gare ferroviaire. Nous étions dans la gare, la guide était dehors devant l'entrée de l'autre Mac Do. Visite piétonne, enfin, de la cathédrale Santa Maria del Fiore (dit "El Duomo"). À droite le campanile de Giotto: c'est beau. En face la façade de la cathédrale: c'est beau aussi. Derrière le baptistère: c'est beau aussi. Pendant 45 ans, il a plu sur le choeur octogonal de la cathédrale, puis Brunelleschi a gagné le concours d'architectes en osant faire un projet qu'il ne savait pas calculer. Du dehors on voit la coupole extérieure. Du dedans on voit la coupole intérieure. Pour les relier, il entretoise l'espace entre les deux coupoles avec des gens et un escalier en colimaçon et ça fait tenir le tout. Il a construit tout ça à l'économie, sur un échafaudage grimpant. Nous trouvons là notre première tortue Ninja: la grande fresque de la voûte est éclairée par des vitraux réalisés d'après, entre autres, des cartons de Donatello (1386 - 1466). Donatello, l'ancien, c'est la tortue violette, qui se bat avec un Bo. C'est aussi un sculpteur de Florence, parfois incompris du courant classique Florentin de l'époque, qui a réalisé entre autres le St Jean Baptiste en bronze de Sienne. Sur la grande fresque de la voûte, c'est comme d'habitude: l'enfer est en bas et et le paradis en haut.

Remontons au dimanche 6 avril 1478, dans ce choeur, au bout de la nef austère et gothique. Ici, la conjuration des Pazzi contre Laurent Médicis le magnifique et son frère Julien échoue. Les conjurés avaient pourtant acquis la complicité du Pape Sixte IV, du roi de Naples et de l'archevêque de Pise. Citons Machiavel (1469 - 1527), agé alors de neuf ans: "Bernardo Bandini, un jeune homme courageux et obligé des Pazzi, d'une courte lame, frappa au coeur Julien qui fit quelques pas et chuta à terre". Pendant ce temps, Messire Antonio de Volterra et le prêtre Stefano, qui enseignait dans le civil la langue latine à la fille de Iacopo Pazzi, ne parvenaient pas à éliminer Messire Laurent qui se défendait à main armée et se réfugia dans la sacristie. La suite est connue. Aucun des conjurés, dont l'archevêque de Pise Francesco Salviati, n'en réchappa, sauf Guglielmo Pazzi qui avait épousé Bianca de Médicis et pouvait servir à renouer une alliance avec le Pape ou le Roi de Naples. Le Pape s'est alors fâché contre les Florentins, pendant deux ans, puis l'affaire s'est tassée. L'ambitieux Francesco Salviati est oublié, les Pazzi aussi.

Piazza della Signoria, les dames de l'Abeille s'extasient devant une copie, en simple appareil, de l'immense David tout nu de Michelangelo (1475 - 1564). Michelangelo est la tortue orange, qui mange des pizzas et se bat avec deux nunchakus. Toutefois, à l'applaudimètre, Neptune, plus costaud, enlèverait les préférences de ces dames.

Enfin, juste en face de l'hôtel de ville (Uffizi), nous trouvons enfin, avec les bustes de Dante et de Machiavel, les trois bustes de nos trois premières tortues Donatello, Michelangelo et Leonard de Vinci (1452 - 1519). Leonardo est la tortue bleue, qui se bat au sabre. Mais pas de trace de Raphaël, qui n'est pas né à Florence mais y a été appelé à 17 ans, quand Michel Ange et Léonard de Vinci étaient déjà tous deux dans la place.

Pour trouver des peintures de Raffaello Sanzio (Raphaël, 1483 - 1520) à Florence, il aurait fallu aller au Palazzo Pitti (Galleria Palatina). on aurait trouvé notamment une de ses madones. Raphaël est la tortue rouge, qui se bat avec deux saï. Par contre, nous ne trouverons aucune trace de Splinter (le rat) ni de Schredder (le méchant).

Ponte Vecchio
Ponte Vechio sur l'Arno, avec son allée couverte en haut

Quelques nouvelles Florentines de la famille Médicis, enfin. Comme dans la Troie antique mais longtemps après le tyrannique Laurent le Magnifique, Cosimo Médicis, en 1569, concentra l'administration de Florence en un nouvel immeuble de bureaux construit pour cela entre le Palazzo Vecchio et l'Arno: le Uffizi, et y ouvrit immédiatement un musée d'art moderne. Avant cela, il avait acheté en 1549 le Palazzo Pitti de l'autre coté de l'Arno pour en faire sa résidence personnelle et spécialiser ainsi le Palazzo Vecchio en lieu de gouvernement. Il fit enfin construire, à l'image de cette allée couverte ayant relié dans le palais de Priam ses appartements à ceux de son fils Hector dans la Troie antique, une allée couverte reliant sa nouvelle résidence au Palazzo Vecchio et aux Uffizzi. Cette allée couverte, interminable, passait au dessus du Ponte Vecchio pour enjamber l'Arno sans se mêler au bon peuple de Florence. Comme le pont de verre du Printemps, mais en pierre.

Le soir, on dit au-revoir à un groupe de Bikers Allemands qui roulent en Harley Davidson, puis bon dîner avec antipasti, primo piatto, du poulet en secondo Piatto, légumes et tiramisu au dessert. Après le briefing on peut aller dormir, l'estomac bien cultivé.

Mardi 10 Mai - Vélo vers la frontière avec Bologne

Le matin, on redit au-revoir aux bikers allemands, et foire d'empoigne pour tracer le meilleur parcours. il faut dire que nos guides, blasés, approuvent avec une égale chaleur chacune des propositions contradictoires qui leur sont proposées. Henri, royal, arbitre dans la bonne humeur. Bien peu d'Abeilles voudraient, de toute manière, faire le grand parcours. Après un commando photocopies de la carte toute pourrie de Dany et carnage au stabilo (pour Marcel) des photocopies, on est prêts.

Catherine prend le commandement et emmène avec Christian le premier groupe. Pendant ce temps, les autres attendent Henri, à la ramasse après son marathon d'organisateur. Dans un virage de la descente, Catherine se trompe et emmène Christian, à moins que ce ne soit le contraire. Rigolade dans le peloton. On attend au café pendant qu'une petite pluie fine et mouillée commence à tomber. Henri et Chantal n'ont pas de Gore-Tex. Rayjane, toujours prévoyante sauve Chantal d'une pneumonie certaine en la dépannant de sa cape. On part finalement par petits groupes, avec René et Catherine loin devant. On ne les reverra plus. A Bosco a Frati, nous quittons le nominal trop fréquenté et prenons la petite route qui monte à droite vers Panna, à trois seulement (Chistian, Claudine et moi). On découvrira plus tard au col Futa (903 m) qu'un club de 5, composé de Michel et des 4 Piots choisira aussi le même chemin, mais après. Sur le chemin du retour du col Futa par des petites routes impressionnantes qui ont parfois vue sur l'autoroute de montagne qui relie Florence à Bologne, passage bref sur le versant "Bologne" du massif, sous un soleil chaud et humide. On reverra ensuite le club des 5 à San Pietro a Sieve, errants à la recherche de la route de Cardètole. Au retour, il faut remonter de la Sieve. Passage par la vallée de la Faltona, puis la montée impressionnante vers Tassaia, avec trois rampes de plus de 15% à casser les vélos.

Le soir, cartes postales, Campari et dîner puis briefing. Henri n'a pas pris froid.

Mercredi 11 Mai - Vélo en longeant les vallées de l'Arno puis de la Sieve

Jeûne, repos et abstinence. Henri est parvenu à convaincre les hoteliers, payés au lance-pierre par notre agence, de nous donner des légumes. Alors les paniers repas contiennent des légumes: rien que des carottes et des épinards. Pas de viande, pas de sucre lent, rien en bref qui fasse avancer les vélos. Il nous faudra des descentes. Les prévoyants se préparent donc des sandwich au jambon au petit déjeuner, les autres sont voués au jeûne, à la prière ou à mourir de faim. Tous survivront pourtant. Tout le monde part en même temps, en descente, en direction de Olmo. À Olmo on s'éparpille. Les partisans du nominal prennent à gauche vers Pontassieve. Les plus véloces descendent jusqu'à Fiesole. Nous admirons à Fiesole les barrières de chantier de la grande place et nous visitons des cellules de moine de la taille de Claudine.

Pour rejoindre Pontassieve, nous remontons la rive gauche de l'Arno, passons devant un restaurant magnifique avec vue sur l'Arno qui devait servir un cassoulet fabuleux gratiné dans des terrines. Dany décrète qu'il ne s'arrêtera pas dans un restaurant qui ne donne que sur la Sieve. Dany s'est lourdement trompé: c'était bien l'Arno. Nous avons ainsi perdu notre dernière vraie occasion de manger à notre faim. À midi, arrêt à Pontassieve. Visite de l'église haut perchée, du musée et du cloitre qui vont avec. Nous y retrouvons les dames de l'Abeille. La guide est pour sa part restée en bas, au mini-bus. Elle connaissait sans doute déjà les lieux. Nous regardons les objets Chinois exposés et achetons de images pieuses pour Dany.

On mange nos paniers-repas à coté du marché. Christian dévalise la boulangerie, et Dany, assisté d'Annick, le marchand de fromages. Un caffè et on repart. Nous longeons maintenant la Sieve, de préférence par sa rive droite. La légende du peloton dit que Guy aurait, avec Rayjane, gravi la route allant au parc de Vallombrosa (958 m). En arrivant en vue de Borgo San Lorenzo, deux groupes Abeille se croisent, chacun certain d'être sur la bonne route vers le Sud. Il en résultera trois groupes: le premier emmené par Claudine pour un interminable diverticule, le second emmené par Michel vers le marchand de glaces de Borgo san Lorenzo, le troisième emmené par Henri le long de la rivière Fistoria, puis un premier col aux pentes verticales vers Olmo, puis un retour par une pente cool vers l'hôtel. Je n'ai jamais vu un rythme aussi rapide que celui emmené par Jean-Maurice sur ces derniers kilomètres.

Le soir, affluence au troquet en face de l'hôtel. En plus des Campari pas chers, nous avons aussi découvert la biere en bouteille pour deux: on en a plus pour moins cher qu'en prenant deux bières. Mon cothurne Roland apprécie.

Jeudi 12 Mai - Sienne

AngelinoLe matin, transfert voiture vers le gite du Parco de Cavriglia situé sur un col au-dessus de Porcellino sur la rive gauche de l'Arno. Les tarifs affichés dans les chambres baissent d'un coup de 170EUR à 35EUR. Nous avons pour le vélo un vrai guide: Angelino, champion de VTT et fier de sa région de montagnes aux sources de l'Arno, près du mont Falterona (1654 m), qui a déjà mis des photos de l'Abeille sur son site ouaib < www.mountainbike.toscana.it>. Angelino est équipé d'une remorque bien pratique pour les vélos.

Avec Dany, on écume les maigres ressources du parc pour trouver du pinard. Opération réussie. Pique-nique devant l'hôtel, avec de quoi boire.

Descente vers Sienne, de l'autre coté du col. Nous y trouvons une vraie guide, Isabelle de Callataï < [email protected]>: une vraie habitante de Sienne, mais qui a épousé un Florentin. Sienne, située en un site défensif naturel sur trois collines de l'ancienne voie Romaine locale, n'a pas la chance d'être sur une rivière. D'ailleurs, un port sur l'Arno ne lui aurait été d'aucune utilité à cause de l'octroi qu'auraient imposé les Florentins et les Pisans. Ville ancienne et rivale de Florence, Sienne avait bien négocié un accès vers le port maritime de Castiglione della Pescaia, mais c'est bien loin et les chemins sont coûteux et peu sûrs. Néanmoins, une vraie ville de cocagne. Comme les Florentins font payer un péage pour laisser passer la marbre depuis Carrare par l'Arno, les édifices publics sont une combinaison de marbres locaux et de brique couleur terre de Sienne brûlée. Comme d'habitude, il est bien difficile de garer les voitures. Le mieux semble toujours être de loger à grands frais dans les hôtels de luxe du centre ville, et de venir en vélo.

Piazza del Campo
Piazza del Campo, sans le sable, la foule et les chevaux

Dans les rues, on trouve des odeurs de pizza (3EUR pour pizza + coca) qui titillent les papilles. On retrouve enfin la trace de Donatello dans son style de maturité, avec le bronze de St Jean Baptiste situé dans une chapelle renaissance dans le trancept gauche de la cathédrale (Duomo). Isabelle la guide nous parle de sa ville, de ses traditions, dont le Palio delle Contrade, course folle de chevaux montés par des mercenaires Sardes aux couleurs des Contrade (les quartiers des trois collines) en deux tours de la Piazza del Campo. L'histoire de cette ville, depuis sa fondation mythique par Rémus frère de Romulus est une histoire de marchands, de banquiers et de prêteurs sur gages. L'atmosphère de ses rues gothiques bordées de maisons patriciennes trop hautes bordant des rues trop étroites y est unique. Nous voulons tous y revenir et les Piots vérifient le prix de l'Intercontinental au centre historique: 400EUR la nuit, mais avec, comme à Cannes, des promotions énormes en janvier.

Toute cette nuit, Monique fera grincer son lit et aucune Abeille ne poura fermer l'oeil, Claudine peut en témoigner et Christian restera au gîte le lendemain. Rien n'arrêtera, Néanmoins, Claudine dans les côtes.

Dîner, dessert, briefing, la routine, quoi.

Vendredi 13 Mai - Arezzo

Christian, malade, ne nous accompagnera pas aujourd'hui. Pour sa part, il verra trois ours. Départ en voiture. Pour des raisons mystérieuses, Angelino déconseille furieusement de descendre du gîte en vélo et d'y remonter après par le même chemin. Il doit s'agir des habitudes décadentes des vététistes quand il faut monter des pentes. On prend les voitures jusqu'à Porcellino. On partira de là en vélo. Dans la première côte d'un parcours tout plat qui nous rapproche des terres d'Angelino, le Président crève trois fois, toujours de sa roue (la roue avant). Après remontage du pneu, la 1° chambre de rechange est crevée. Du jamais vu: la 2° chambre de rechange est neuve, mais est équipée d'une valve de camion qui ne passe pas à travers le trou de la jante. La 3° chambre, la dernière du stock d'Henri, ne fuit pas. À midi, Jojo a perdu Jean-Maurice dont il avait pourtant la garde. "On entre dans la ville, Jean-Maurice est là et tout à coup, pfffuit, Jean-Maurice a disparu". Jean-Maurice nous retrouvera pour manger après un tour complet de la ville.

Pique-nique et siestes dans le parc en haut et visite de Arezzo. Tout le monde et surtout les dames tombe en arrêt devant la cathédrale, la Piazza Grande et d'autres monuments en pierres de chez pierre. pas de chance: les magasins, comme toujours, sont fermés jusqu'à 16:00.

Au retour, arrêt à Borro, un petit village sur une colline étroite avec accès par un pont étroit traversant un précipice, comme le château de Maléfice dans la belle au bois dormant. Dany nous dirige, au retour pour longer l'Arno en évitant la nationale, sur une petite route qui commence par deux côtes monstrueuses. On lui promet de ne pas répéter à Annick qu'il le savait avant et nous avait prévenus.

Le soir, arrosage par Liliane. C'est une bien bonne idée. Le lit ex-grinçant de Monique a enfin été changé, on va pouvoir dormir. Au dîner, Jeanjean finit le plat de pâtes.

Samedi 14 Mai - Un remords d'estomac (Roland)

Approche voiture comme hier vers la route historique entre Sienne et Florence. Les "Grands Parcours" iront à San Gimignano, puis Volterra. Pour le trajet voiture, nous vendons Claude Sauvage aux Laoué et embarquons à la place les petits Piots dans la voiture de Michel. En pratique, tous se retrouvent à San Gimignano et y déjeunent.

San Gimignano
Claude paraît bien sauvage dans cette belle rue de San Gimignano, et que dire du vélo de 1348 de Catherine ?

San Gimignano: Ville fortifiée aux 23 tours nobles, dont la population a été brutalement réduite par la peste noire de 1348. La cité privée de ses habitants est ensuite restée dans son état médiéval. Bien que proche de Sienne, elle est annexée par Florence en 1353. On remarque ici aussi un petit hôtel sympathique au centre ville, ainsi qu'un musée des machines de Leonard de Vinci (Leonardo, la tortue bleue au sabre).

Après le déjeuner et le caffè, nous sommes encore trois survivants (avec Christian et Claudine, bien sûr) pour le grand parcours, agrandi par la route des crètes. En arrivant sur la nationale à 10 km de Volterra, nous votons à deux contre une pour tourner à gauche vers la maison, sans faire le détour par Volterra. Nous ne verrons pas la citadelle de Volterra dans les cachots de laquelle Laurent le Magnifique fit enfermer les quelques cousins de Pazzi survivants des exécutions après l'échec de leur conjuration. Nous retrouvons bientôt Michel, Marcel et les deux petits Piots au bistrot sur la route du retour à droite. Un groupe mené par Henri arrive alors. Henri s'arrête, Roland et Jean-Luc passent fièrement. Après 1 km de réflexion, Roland décide de revenir (un "Remords d'estomac"). Jean-Luc suit aussi. Visite en voiture de Monte Riggione, arrivée célèbre d'une course de VTT par une ascension monstrueuse depuis la route tout en bas.

Le soir, arrosage par Chantal, puis dîner et briefing. On en redemande.

Dimanche 15 Mai - 3 de chute

Conciliabules interminables pour décider de l'ittinéraire musclé du dernier jour de vélo. Finalement on décide enfin de descendre en vélo et de se donner rendez-vous à mi-remontée à Albola (à ne pas confondre avec l'Albulapass) à 15:00 pour y acheter du pinard et se faire remonter à la mode VTT. Ensuite on change d'avis: le camion ramassera les débris d'Abeilles à 15:30 à la sortie de Radda, là où la pente devient sérieuse. Tous sont prêts sauf Annick qui fait une petite lessive à son homme avant de prendre l'avion du retour demain.

Au premier carrefour, Dany se trompe et part à droite droit dans la pente, en descente, du mauvais coté, alors qu'il fallait aller à gauche si on croit les panneaux. 2 1/2 km plus loin ils font demi-tour. Il leur faudra 1/2 journée pour recoller au peloton. Nous franchissons le passo di Sugame (530 m), puis descente vers la vallée suivante.

Abeilles en côtePeu avant midi, nous montons visiter Montefioralle, village fortifié en haut d'une côte plutôt raide. Claude Sauvage décide de rester en bas et de nous attendre une heure. Certains dans le peloton (mais on ne le dira pas à Claude) ont même suggéré de redescendre de l'autre coté, pour larguer Claude. Le curé ferme l'église juste après notre passage pour aller dire la messe ailleurs avec sa petite voiture. Nous récupérons Claude en redescendant et, en sortant du village suivant, Claude a une irrépressible envie de s'arrêter sur le bord de la route. Il coupe à droite, juste devant Jojo et Annick. Jojo tombe et Annick pass par dessus Jojo. Heureusement, elle portait son casque. Elle le casse et (re)tombe sur son épaule droite (oui, celle qui n'avait rien eu en Crète). Du coup, on s'arrète pour manger et attendre la voiture hopital. Heureusement, les vélos n'ont rien. Allons-nous limiter nos pertes à deux de chute ? Non: quelques kilomètres plus loin, pour passer son petit plateau, Claude fait dérailler sa chaine et chute aussi. La journée se terminera à trois de chute. Pendant ce temps, Agnès, seule sur le vélo mythique de Jo Routens prêté par Pierrot, monte les côtes de plus en plus vite. Claudine n'a qu'à bien se tenir.

Castello d'Albola
Le modeste castello d'Albola

Au retour, visite de la cave et dégustation de Chianti à Albola. Le propriétaire est un pauvre homme qui n'a que 17 propriétés équivalentes en Italie, c'est à dire immenses avec un chateau au milieu, et une autre aux États Unis. Comme prévu, certaines des Abeilles ne monteront pas en vélo jusqu'en haut et préfèreront metttre leur vélo dans la remorque. Pourtant la côte se monte, même si elle est un peu raide et seule Annick a une excuse valable.

Le soir, diaporama sur la télé et collation. C'est notre dernier soir, alors pas de briefing. Dessert après le dîner.

Lundi 16 Mai - Retours

Le lendemain les Abeilles vont s'égailler dans toutes les directions. il s'en trouve même qui travaillent mardi et vont rentrer rapidement. D'autres resteront sur place pour prolonger leur séjour.

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Que de découvertes on a aimé en Toscane.

Merci à nos organisateurs de nous avoir fait visiter ce pays merveilleux, de nous avoir fait manger des pâtes, des rizottos, des Bombolonis, de nous avoir fait retrouver des racines de notre histoire, 500 km de plat sauf dans les côtes, et surtout de nous avoir donné envie de revenir, à vélo.

Merci, Chantal et Henri, de nous avoir organisé ce voyage si beau et si original.

Jean-Pierre

"Le Cyclotourisme, un art de vivre"