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Le journal de PARIS - PÉKIN
(mois de juillet)
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Important : Les informations sur le déroulement de Paris - Pékin à vélo 2008 sont strictement associatives, elles ne peuvent être rediffusées que dans le même esprit d'information. Il est strictement interdit d'utiliser ces données à des fins autres que celles définies par le cadre de la loi de 1901, dite "loi associative"

par Henri Dusseau
http://abeille-cyclotourisme.chez-alice.fr/souvenirs/2008_paris_pekin_7.html

Étape 115 : SHIJIAZHUANG - DINGZHOU - Jeudi 31 Juillet 2008.

Distance : 81 Km - Dénivelé : 62 m
Départ : 7h40 - Arrivée : 13h00

Le retour de flamme vaut une étape supplémentaire.

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Initialement nous aurions du avoir une seconde journée de repos à Shijiazhuang et accompagner la flamme Olympique. L'ouverture des jeux étant imminente, et les tensions perceptibles à l'approche de cet évènement, nous n'avons pas pu l'accompagner.

Ce qui, sur le plan cyclotouristique uniquement, nous a permis de scinder l'étape initiale de 140 km en deux étapes de 80 et 60 Km. Nous avons donc remplacé Baoding, que nous atteindrons demain par Digzhou.
De ce fait, cette courte étape nous a permis de déjeuner directement au restaurant de l'hôtel qui nous était réservé et de profiter d'une longue sieste réparatrice, bien utile avec ce climat chaud et humide.

En cours de route un arrêt, organisé dans un village, nous a valu d'assister à une courte démonstration de sports de combat par de jeunes enfants.

Ce matin au départ, pour fêter la Saint Léon, le patron de la ville de Bayonne dans les Pyrénées Atlantiques et pour saluer les fêtes qui commencent dans cette région, 6 cyclotouristes originaires du Pays Basque, ont adopté, comme tenue, les couleurs blanche et rouge pour symboliser leurs attaches.

Les préparatifs pour les journées des 3, 4, et 5 août prochains s'activent et il n'est pas simple d'obtenir une coordination parfaite. Mais comme d'habitude, parce que nous sommes très rôdés maintenant, toutes les cérémonies se dérouleront à la perfection.

NDLR : Nous signalons à tous les lecteurs, que depuis aujourd'hui, pour des raisons "inconnues", tous les cybercafés ne permettent plus d'utiliser Internet. Ne soyez donc pas inquiets (es) si vous n'avez pas de nouvelles, il s'agit sans doute d'incidents ou d'impossibilités techniques.

Repos à : SHIJIAZHUANG - Mercredi 30 juillet 2008.

Repos , pas pour tout le monde !

En effet depuis hier déjà, Jean François et une équipe d'une trentaine de volontaires (toujours les mêmes, dont naturellement l'équipe "camion" dont je vous ai parler hier) s'activent pour mettre en place l'opération du retour de la plus grande partie du matériel, des vélos du Paris Pékin et le maximum des vélos du Xian Pékin et des 13 chauffeurs.

Il est indispensable en effet d'anticiper sur les actions de logistique à réaliser car dès le 5 Août, le groupe historique des 115, va être éclaté, sans espoir de se retrouver avant les cérémonies prévues en France.

En deux mots, il a fallu durant toute cette journée vider tous les véhicules, environ 45 tonnes de matériel divers, allant des installations de douche aux médicaments en passant par le matériel de réparation des vélos. Trier l'ensemble de ce matériel hétéroclite, faire le maximum de reconditionnement, préparer et commencer un nouveau chargement des véhicules, dans une configuration bien différente de l'initiale.

Le tout dans l'ardente obligation de finir pour les cyclos l'expédition en vélo, continuer à transporter les bagages et le matériel indispensable, donc disponible facilement et pouvoir rapidement à Pékin, recharger notamment les deux 20 tonnes, dont l'un sera plein comme un œuf avec près de 150 vélos conditionnés en cartons et repérables.

Étape 114 : XINGTAI - SHIJIAZHUANG - Mardi 29 juillet 2008.

Distance : 125 km - Dénivelé : 185 m
Départ : 7h40 - Arrivée : 15h00

Une étape en milieu urbain.

Ce matin une équipe de télévision française nous accompagne, il s'agit d'une chaîne câblée ou satellitaire : B.F.M.TV. Le caméraman juché sur une moto s'en donne a cœur joie et pour un sujet de 1 minute 45 qui sera diffusé en boucle, il filme plusieurs heures.
Le plus intéressant étant selon nous : les participants cyclotouristes, car le paysage est entièrement urbain sur près de 100 kilomètres.

Notre principal souci est de se faufiler dans une circulation intense où le code de la route n'est pas forcément le même que le notre. En la matière la rigueur n'est pas formelle et chaque conducteur de vélo, de voiture, de camion, de bus, de scooter ou des très nombreux vélos électriques, pilote son engin suivant son inspiration, sa créativité et son besoin de rapidité ! Curieusement il y a peu d'accrochage et tout le monde circule assez lentement.

Nos propres chauffeurs, avec la plus grande prudence et sagement, laissent passer à gauche et à droite les véhicules qui ne s'en privent pas. IL faut dire aussi que nos sept véhicules provoquent la curiosité. Nous sommes les seuls véhicules étrangers à pouvoir rouler sur le sol Chinois, pendant la pré-période des jeux Olympiques !

A l'arrivée à l'étape, nous retrouvons, dans le même hôtel, le groupe des "Xian-Pékin". Un dîner en commun, en présence du Ministre du tourisme de la province, de Monsieur Lin, patron de l' Agence de tourisme Eurasia et Dominique Lamouller clôturera cette journée.

Dans l'après midi, une réunion de travail avec les mêmes plus notamment Jean François Derégnaucourt, Marie Claude Jonac et Jean Michel Richefort, essaie de coordonner les cérémonies prévues les 3, 4, et 5 Août à Pékin. Rien n'est facile, des informations contradictoires et souvent différentes arrivent un peu de partout. Nos "grosses têtes" réfléchissent et surtout agissent dans le seul souci du respect de la parole de la Fédération et du bien commun.

Notre témoin du Jour est : le responsable de l'équipe " camion " Christian Robin, de Saiguede (31)

Pourquoi une équipe camion ?

La première des raisons est de participer activement à la vie collective du périple. L'équipe logistique en place pouvant difficilement assurer seule, pendant cinq mois ce "travail". La seconde raison est d'avoir une vision autre que celle du cyclotouriste passif et consommateur.

Comment agissez-vous ?

Il s'agit d'une équipe de six cyclos, bénévoles naturellement, Jean Pierre Rouxel d'Orléans, Roland Diot d'Ivry sur Seine, Christian Piriou de Lyon, Christian Lemay du Quebec, Georges Farjou de Villefranche de Rouergue, qui sous ma houlette, ont pris en charge spontanément, la gestion et le rangement du camion (20t) de la logistique.
La tache consiste essentiellement au déchargement et au chargement de tout le matériel nécessaire au bivouac et à la préparation des repas.- 2835 kg.
Egalement la mise en place des douches, des rampes de robinets d'eau froide pour la toilette quotidienne. Les jours de pluie, deux tentes de 40 et 80 m² sont déployées, pour que chacun puisse se restaurer tranquillement assis à table et à l'abri. Pas moins de 32 tables et 120 tabourets sont déployés à cette occasion. Cette opération dure en moyenne 90 minutes au chargement comme au déchargement.

En prime de fin de séjour, il nous a été demandé de reconfigurer les deux camions de 20 tonnes, afin de pouvoir ramener en France, l'ensemble de tout le matériel et probablement les 110 vélos du Paris Pékin et 40 vélos du Xian Pékin. Nous espérons boucler cette tache délicate en une journée et demie. Nous consacrons notre jour de repos prévu le 30 juillet pour accomplir cette ultime mission.

Qu'a apporté ce travail supplémentaire à votre équipe et dans votre vie de cyclos ?

Tout d'abord une grande satisfaction et beaucoup de plaisir d'avoir été utile au groupe. Au delà, de la part des autres participants, de la reconnaissance, qui s'est traduite par des gestes amicaux spontanés, que nous avons beaucoup appréciés.

Pour conclure ?

L'ensemble de l'équipe, qui ne se connaissait pas avant de partir, est déjà prêt à repartir pour de nouvelles aventures... ! Notre Paris-Pékin, s'en trouve encore plus enrichi y compris sur le plan des relations humaines.

Étape 113 : ANYANG - XINGTAI - Lundi 28 juillet 2008.

Distance : 126 km - Dénivelé : 85 m
Départ : 7h45 - Arrivée : 15h00

La rénovation permanente !

Nous entrons dès le départ dans une nouvelle région nommée : Hebei, peuplée de 15 millions d'habitants. Des slogans cent fois répétés indiquent que la région se donne trois ans pour reconstruire totalement les maisons et immeubles anciens ! Et cela se voit.

Tout au long de notre étape, pratiquement réalisée en milieu urbain, des kilomètres de maisons détruites et d'autres en reconstruction se succèdent. Des centaines de triporteurs évacuent les déblais et les mêmes apportent les briques pour reconstruire. Rien de très spectaculaire, mais telles les fourmis, les hommes et les femmes font avancer les chantiers et cette province sera très vraisemblablement reconstruite dans moins de trois ans. Déjà les infrastructures sont prêtes.
Il faut dire quand même que ces transformations sont la cause d'encombrements multiples et forts gênants, d'une poussière permanente. Tout le mode semble accepter ces radicales transformations.

Notre étape a été très encadrée cette fois par la police. Voiture devant et derrière le peloton et 6 motards pour régler une chaotique circulation. Il faut préciser que demain, nous arrivons le même jour que la flamme olympique à l'étape.
Hélas l'encadrement envisagé il y a un an est désormais obsolète.

Sans trop savoir pourquoi, aujourd'hui des centaines de spectateurs nous attendaient au bord de la route. Spectateurs attentifs et curieux mais silencieux et pas du tout démonstratifs.
Des cyclistes Chinois ont terminé avec nous cette étape, placée encore sous le signe de la chaleur humide.

Notre témoin du jour est : Lilianne Perdriel de l'A.S.P.T.T. de Paris, demeurant à Paris (14ème)

" Quelques brèves du jour :

Ce matin quand nous avons pris nos vélos pour partir, une épaisse couche de suie recouvrait la selle et le guidon. La pollution n'est pas théorique ici.

Dans la matinée, j'ai entendu un cyclo comparer le bruit du peloton à celui d'un essaim d'abeille ! Je cherchais depuis le départ de Paris à quoi correspondait le bruissement bien particulier d'un peloton en action. J'ai la réponse, merci Yves Michel.

Un membre des jaunes étant fatigué, un petit noyau de ses collègues de la même couleur s'est groupé autour de lui pour rendre sa matinée plus agréable. Rétabli dans l'après midi il a continué son périple.

Ce midi, lors du déjeuner nous avons fait la connaissance d'un jeune Chinois, instituteur de 29 ans Zhai qi, parti de son domicile dans le sud de la Chine le 12 juillet 2008, il compte rallier Pékin à raisons de 200 Kms par jour.

Dans l'après midi notre ami le distrait cascadeur a effectué avec maestria sa 7ème chute, aujourd'hui dans une clairière.

Le groupe de cyclos Chinois, avec qui nous faisons route commune, nous a doublé avec enthousiaste et nous a précédés à travers la ville pour nous conduire à notre hôtel, en criant : PA - RI - PE - KIN - PA - RI - PE - KIN .

Quelle que soit la galère prévue, je voulais, pour moi-même, pour mon club et aussi pour les sceptiques de mon groupe je voulais "faire" moi aussi Paris-Pékin. J'y arrive enfin je suis satisfaite, très satisfaite."

Étape 112 : XINXIANG - ANYANG - Dimanche 27 juillet 2008.

Distance : 111 km - Dénivelé : 80 m
Départ : 7h45 - Arrivée :15h00

Paris Pékin : Un rêve unique, un but commun. Jean Marchand

Une étape de routine.

A force de pédaler, dans des paysages grandioses, d'être encouragés par des centaines de spectateurs tout au long de la journée, nous devenons moins surpris et plus exigeants. Aujourd'hui l'étape nous a paru sans grand intérêt, voire monotone, un bon moment cependant à l'heure du déjeuner, pris au restaurant, nous avons pu déguster pour notre plat unique, des raviolis géants.

Lors d'une rencontre étonnante, nous avons été accompagnés pendant plusieurs kilomètres par un cycliste local, posé sur un vélo couché. C'est le premier et le seul vélo de ce type que nous avons croisé en Chine.

Il est vrai que désormais la route est plate et que nous continuons à traverser une riche campagne sans aucun attrait touristique. Par ailleurs le temps chaud et humide provoque une brume, qui mélangée avec une pollution certaine, bouche totalement l'horizon. Ces dernières étapes sont cependant nécessaires pour toucher au but. Nous avons franchi quand même dans la journée notre 12 000 ème kilomètre et même cette fantastique distance nous paraît ordinaire !

Pour en finir il faut aussi savoir être patient et besogneux.

Notre témoin du jour est : Jean Claude Marandon du vélo-club d'Annecy notre Cuisinier.

Dans une expédition de 5 mois la nécessité d'avoir notre propre cuisinier a été très vite posée et résolue. Cette décision s'est avérée excellente. En effet si en Chine, Jean Claude ne prépare plus aucun repas, il en a été bien autrement pendant les 8 000 kilomètres précédents.

"Avant toute chose, je veux remercier l'équipe de volontaires qui, sous la conduite de Lionel Barbotin, m'a apporté une aide précieuse dans la préparation des repas et le service. Sans eux, tout aurait été beaucoup plus difficile.

Tous les jours, le camion frigo, véhicule très précieux dans notre expédition, conduit par Odette ou moi, doit être présent au départ, toujours au pique nique du midi et à l'arrivée pour offrir aux cyclos assoiffés une boisson fraîche. Un rapide calcul nous permet d'affirmer que nous avons servi depuis le départ plus de 25 000 bières, 4 000 litres d'eau, 6 000 sodas, 1 500 boissons lactées ! Ce qui veux dire que chaque jour ou presque il faut alimenter le véhicule et trouver les fournisseurs.
Heureusement Jean François nous donne un sérieux coup de main.

Mon travail principal est fait le jour du bivouac, car je dois acheter les ingrédients pour préparer 115 repas chauds pour le dîner et 115 petits déjeuners pour 6h30 le matin. Pour faciliter la tache l'organisation avait fait l'acquisition de milliers de rations alimentaires, auprès des organisateurs du Paris-Dakar, annulé en janvier 2008. Ces rations nous ont permis de servir des plats cuisinés variés le soir et quelquefois le midi : pâtes à la Bolognaise, poularde au riz, au curry, Chili con carne, cassoulet, porc au lentilles, porc au pommes de terre.

J'ai du également préparer de très nombreux pique-niques pour le midi et il faut environ trois heures, la veille au soir pour tout préparer. Là encore Brigitte Derégnaucourt nous a beaucoup aidé.

Le matin, debout à 4h30 pour faire chauffer l'eau, 6O litres pour le café, le thé et le chocolat et préparer le petit déjeuner : Pain, confiture, beurre, riz au lait. Heureusement une équipe de volontaires m'a apporté une aide précieuse.

Je tiens aussi a souligner la gentillesse et la serviabilité de tous les commerçants, petits ou grands avec qui nous avons eu a faire, et cela n'est pas une mince affaire car je ne parle pas très couramment l'Allemand, le Roumain, le Hongrois, le Russe et le Chinois.

Mon seul regret est de n'avoir pas eu le temps de faire du vélo, mais en découvrant la Chine, je crois bien que je reviendrai dans ce pays qui me laisse de magnifiques souvenirs que je garde pour moi.

Étape 111 : JIYUAN - XINXIANG - Samedi 26 juillet 2008.

Les statistiques de la semaine du dimanche 20 au samedi 26 Juillet :
Km Parcourus : 577 - Dénivelé : 3961 m
Depuis le départ de Paris :
11973 Km - 53030 m de dénivelé.

Distance : 130 km - Dénivelé : 85 m
Départ : 7h45 - Arrivée : 16h30

L'étonnement est une aspiration à la connaissance. Thomas d'Aquin

Dans le grenier de Maïs de la Chine.

Nous avons connu tous les climats durant ces cinq mois, actuellement très chaud (37°) et très humide (90%) Le matin pas de problème pour des sportifs bien entraînés, après le repas de midi rien n'est plus évident et les organismes sont à la peine. Cependant la journée s'est bien passée. Tout le monde roule groupé, à une bonne allure, régulière et tranquille, le rythme étant donné par trois Capitaines de route : Alain, James et Joël.

Nous traversons une nouvelle province, la 5éme de notre périple, celle-ci étant considérée comme le grenier de la Chine. De fait, la route plate et longiligne traverse des champs de maïs. Petites et grandes parcelles se succèdent, souvent séparées par des rangées d'arbres, qui les protègent du vent, fréquent dans cette large vallée.

Ce soir, nous apprécions le confort d'un bon hôtel et d'une bonne cuisine Chinoise. A ce propos, à part le petit déjeuner qui est plus difficile à avaler, les déjeuners et les dîners, sont appréciés de la très grande majorité des participants. Nous savons maintenant, un peu mieux, ce qu'est la vraie cuisine Chinoise, et nous nous ferons tous un plaisir de vous conduire à notre retour dans un vrai "Chinois."

Notre témoin du jour est : Jean Paul Royer de l'amical cyclos et V.T.T. de Toul (54) Meurthe et Moselle.

"Je suis très heureux aujourd'hui, car selon les calculs de mon cher compteur, j'ai franchi ce soir mes 12 000 km. En ce qui concerne l'étape de ce jour le départ à 7h45 est tout à fait conforme avec le kilométrage prévu.

Avant le départ réel, nous avons écouté attentivement une longue explication de Jean François sur les prochaines festivités prévues pour notre arrivée à Pékin. Cela était indispensable pour unifier le groupe dans trois rendez vous importants : La muraille de Chine, l'ambassade de France, le Club France du C.N.O.S.F. Certains de ses propos m'ont rappelé mon service militaire ! Vélos propres, tenues impeccables, véhicules comme neufs !

La matinée s'est déroulée en traversant beaucoup d'agglomérations, avec une brume toujours aussi persistante. Au km 75, surprise, une copie de notre chère tour Eiffel, d'une centaine de mètres, nous a été présentée. Repas pris au km 105, vers 13h00 car notre guide Chinois Gaston avait disparu ! Après le traditionnel bol de pâtes arrosé d'une bière bien fraîche, nous avons repris la route.

Mon étonnement a été de retrouver un vrai ciel bleu, disparu, depuis Xiang. Le vent a été notre allié pour réaliser ce petit miracle. Au bord de la route, de multiples marchands de fruits, dont beaucoup de pêches, très agréables a déguster : prix du Kilo 20 centimes d'Euro ! Aucun problème pour terminer, en groupe, cette étape ordinaire mais nécessaire !

Après une période de rodage et d'adaptation assez courte pour les participants où je voyais certains cyclos bien mal partis, je suis surpris 4 mois après, d'être toujours accompagnés par 102 collègues et néanmoins amis ! Je tiens à les féliciter, pour avoir su s'adapter à l'ensemble des difficultés présentes dans une telle aventure.

Le bienfait du cyclotourisme a-t-il frappé une nouvelle fois de sa magie les cyclistes ? "

Repos à : JIYUAN - Vendredi 25 juillet 2008.

Oser affronter le mystère de l'inconnu est un excellent moyen de se découvrir soi même. Amand de Thibert

Une journée bien tranquille.

Nous apprécions une fois de plus cette journée tranquille. Un car d'excursion a été organisé et le plupart des accompagnatrices et de leurs compagnons a profité de cette occasion pour bénéficier de cette facilité.
Beaucoup ont profité d'un salon de massage, dans l'hôtel même, pour goûter aux délices du massage Chinois. Il s'agit de soins, distribués par des professionnels, d'une durée de plus d'une heure, sans ambiguïté et qui est facturé 6 euros. Une très bonne séance de relaxation.

L'encadrement prépare studieusement les cérémonies des 3, 4 et 5 Août à Pékin. Rien n'est simple et tout doit être réalisé dans une ville immense, dont la priorité est naturellement l'organisation réussie de ses jeux olympiques. Tout est mis en œuvre pour que ces trois jours et les réceptions à la muraille de Chine, à l'ambassade de France à Pékin et au club France du Comité Olympique et Sportif Français soient une conclusion digne de l'exploit réalisé par nos cyclotouristes.

Notre témoin du jour est : Brigitte Derégnaucourt du club de l'amicale des randonneurs de la communauté de commune de Saint Pourçain sur Sioule (03) Allier

Pourquoi avoir une comptable dans Paris Pékin ?

"Responsable d'un budget conséquent de plus de deux millions d'Euros, Jean François, chef de l'expédition et mon mari avait impérativement besoin d'un comptable pour assurer, au quotidien, des tâches nombreuses et variées. Comptable de métier, il a paru à tous que son choix était naturel.

Le travail est très important en particulier le suivi comptable des centaines d'opérations réalisées chaque semaine et qui doit tenir compte de la ventilation demandée par Stéphanie, la comptable fédérale, je dois en effet avoir les mêmes rubriques et les mêmes codes que le budget fédéral.

Pour faciliter et simplifier la vie du groupe, Jean François a mis à la disposition de chaque participant un compte privé. Il faut donc assumer la gestion des 115 comptes. Ce n'est pas un travail de tout repos car il faut enregistrer les opérations comptables aussi bien en recettes qu'en dépenses et qui plus est en monnaie locale, soit 10 monnaies différentes : Euros, Lei, Rouble,Tengué, Som, Yen, Ce travail ne peut se faire que le soir, dans la nuit ou au petit matin.

A chaque passage de frontière (10), je dois préparer et présenter les passeports, m'assurer que l'expédition soit pourvue en monnaie du pays et que chaque cyclo puisse aussi avoir de la monnaie locale sur son compte.

Pendant la journée en effet, je dois avec l'équipe du camion frigo, assurer la distribution des boissons fraîches. Depuis que nous sommes arrivés à Xian, je ne participe plus à la préparation des piques niques, qui sont assurés par l'organisation Chinoise.

Je suis très heureuse d'aider à la bonne marche du Paris Pékin et d'apporter une aide à mon mari, en précisant que la préparation de cette expédition a commencé pour lui, comme pour moi, plus de 18 mois avant le départ de Paris et se terminera probablement en décembre 2008, à l'assemblée générale de la FFCT à Orléans."

Étape 110 : YU YANG - JIYUAN - Jeudi 24 juillet 2008.

Distance : 71 km - Dénivelé : 182 m
Départ : 7h30 - Arrivée : 12h00

L'âge n'est pas une donnée naturelle en soi, mais un indicateur de mesure. Maurice Halbwach

En parfaite osmose

Il ne nous a pas fallu beaucoup de temps, ni beaucoup d'effort, pour rejoindre notre étape. Il faut dire en effet que désormais le groupe est homogène, bien entraîné et que chacun ayant enfin trouvé sa place, personne n'a plus besoin de prouver qu'il existe par un besoin impérieux de se faire remarquer.

Nous avons rejoint la large et riche vallée du fleuve Jaune, qui ressemble un peu à notre belle Loire en période d'étiage. Différence quand même, dans ce fleuve nous avons pu apercevoir des centres d'aquaculture. Nous avons également longé une mine de charbon, toujours à ciel ouvert.

Si un smog permanent, assez pénible, ne nous empêchait pas de voir le ciel, nous serions heureux comme des cyclos lors d'une sortie de club du dimanche matin.

Ce soir nous faisons étape, dans un hôtel avec le groupe des " Xian-Pékin ". Les contacts fraternels ont été nombreux.

Notre témoin du jour est : Clément Genet, ostéopathe, de Wimereux (62) Pas de Calais, Côte d'Opale. Ancien élève de l'école d'ostéophatie de Paris, notre partenaire.

Quel est le rôle de l'ostéophate dans ce Paris-Pékin ?

" Du point de vue ostéophatique il y a eu deux axes de travail. La prévention pour le bien être du cyclo, afin d'optimiser sa forme physique et lui permettre de rouler en toute sérénité et d'éviter les blessures musculaires et articulaires. Le second, en cas de traumatisme ou de chute est de tout faire pour que le patient soit remis sur ses pédales, le plus rapidement possible, pour éviter de rater quelques étapes.

Notre volonté (nous sommes deux ostéopathes), a été de mieux comprendre les contraintes particulières du cyclotouriste au long cours, et de pratiquer avec eux. Nous avons donc fait quelques étapes en vélo et un jour sur deux, nous sommes dans le véhicule fermant la marche, pour apporter un soutien à l'infirmière Hermina et l'aider à régler les milles petits bobos qui sont présents dans un peloton de 103 cyclos sur près de 13000 km.

Nous devons traiter une population très précise et très particulière ce qui nous oblige à vraiment connaître ce milieu. Ce qui me surprend en effet ce n'est pas tant la "performance" sportive que l'acharnement et la volonté pour trouver une motivation quotidienne pendant 4 mois ! Cela est vraiment caractéristique de ce groupe Paris-Pékin.

Indépendamment de notre rôle spécifique, nous avons pu sans problème nous intégrer facilement dans l'équipe d'encadrement. Nous avons notamment, parlant Anglais, servi d'interprète à la logistique, aimant conduire, au cas où, nous avons même obtenu notre permis de conduire poids lourd Chinois ! et accessoirement fait baisser la moyenne d'âge du groupe (j'ai moi-même 26 ans et Enrique 27)

Pour moi cette aventure, à mon âge, est une expérience imprévue et inoubliable et demain j'envisage sérieusement d'adhérer à la FFCT"

Étape 109 : XANMENXIA - YU YANG - Mercredi 23 juillet 2008

Distance : 130 km - Dénivelé : 925 m
Départ : 7h45 - Arrivée : 15h00

Qui vit content de rien, possède toute chose. Boileau

La route du charbon !

Changement en vingt quatre heures pour modifier l'arrivée de l'étape. En raison de difficultés d'hébergement nous passons la soirée et la nuit à Yu Yang, une petite ville de deux millions d'habitants en lieu et place de Wangshan. L'hôtel est neuf et très confortable.

Ce changement imprévu nous a permis de fréquenter une route peu usitée par les cyclistes du dimanche et qui, pour nous, ajoute une page noire à notre expédition. Explication : nous sommes dans une région de mines de charbon. Curieusement nous ne voyons jamais la mine proprement dite, qui se trouve éloignée de la nationale, la célèbre 310, il s'agit en réalité de gisements exploités à ciel ouvert.

Une noria incroyable de camions, de tous tonnages circulant jour et nuit, tous les jours de la semaine, dans un va-et-vient perpétuel, transporte de la mine aux centrales thermiques, le précieux combustible. Il faut dire qu'actuellement le pays est de plus en plus demandeur d'énergie et que 80% de la production d'électricité sont assurés par des centrales thermiques alimentées par du charbon.
Bienheureux le pays qui assure sa production électrique à 75%, grâce à l'énergie nucléaire. Mais le sait il ?

Sur cette route du charbon, on n'y rencontre forcément que des charbonniers. Quand les cyclotouristes sont arrivés, ils méritaient bien ce titre, car ils avaient tellement pédalés dans la poussière de charbon, qu'ils étaient vraiment devenus des gueules noires, dignes de Emile Zola.

Tous fringants, ils apparaissent, comme tous les soirs, à 19h30 dans la salle de restaurant ayant déjà récupéré en grande partie la fatigue de la journée. Quand on vous dit qu'il se passe quelque chose de pas ordinaire ici.

Notre témoin du jour est : Georges MAZZEGA du Cyclo-club de Cloubevie dans l'Isère (38).

"Pour moi cette expédition a un intérêt majeur, car elle me permet de rencontrer des hommes et des femmes de cultures différentes et de nombreux paysages que je ne connaissais que dans les livres ou par des reportages.

Tout au long de cette randonnée, tout en sachant que sans le groupe rien n'est possible, j'ai pu cependant exercer mon tempérament de "contemplatif" seul ou avec quelques uns. J'ai beaucoup apprécié aussi des moments de partage quotidiens sur nos péripéties, chacun profitant de l'expérience de l'autre.

Les moments forts de l'expédition sont, de mon point de vue, ceux qui sont provoquées par les autochtones des pays traversés. Par exemple à Albota de Jos, en Moldavie ou à Akhtoubinsk en Russie où un buffet et une réception princière nous attendaient.

Personnellement, en toute intimité d'une famille, au hasard, j'ai eu le bonheur de côtoyer certains anonymes qui m'ont reçu à bras ouverts dans leur maison ! Moments simples, mais moments palpitants qui permettent de découvrir les vraies coutumes locales.

Ce qui m'impressionne chez les Chinois c'est le respect des autres et d'eux mêmes, des lieux publics, des animaux, des paysages et de la nature. Ce sont des gens souriants, calmes. Tout ici est mis en valeur, pour essayer de faire beau, la plupart du temps, l'opération est réussie. Je trouve que le pays est un jardin, cultivé de partout.

Etant à la Fédération depuis 40 ans, je veux simplement dire que sans elle, je n'aurais jamais pu profiter d'un tel voyage, car elle m'a tout appris en matière de cyclotourisme, par l'intermédiaire de mon ancien président de club. Par ce message, je souhaite tous les remercier pour leurs actions discrètes et méconnues."

Étape 108 : RUICHANG - XANMENXIA - Mardi 22 juillet 2008.

Distance : 91 km - Dénivelé : 981 m
Départ : 7h40 - Arrivée 15h00

Si l'on veut plus de sourires dans la vie, il faut créer les conditions pour qu'ils apparaissent. Dalaï-lama

Encore une superbe étape.

Temps gris et frais, pas de pluie, de bonnes conditions météo pour aujourd'hui. Le temps se maintiendra ainsi toute la journée.

Un excellent hôtel nous reçoit ce soir, tout va donc pour le mieux. Pendant que ces messieurs pédalent, les accompagnatrices arrivées à Xian, profitent, en car, des beautés et des lieux touristiques de la région. Elles semblent apprécier.

Nous profitons de nos derniers jours de route pour commencer à préparer le retour ! Les esprits vagabondent. Il faut redoubler de prudence sur la route, car le stress ayant disparu, la fin de l'expédition étant chaque jour plus proche, l'attention est moindre et les chutes plus probables.
Aujourd'hui encore une chute, sans gravité heureusement, a donné du souci au capitaine de route concerné, qui naturellement s'est porté au secours de la "cyclote" ayant chuté. Travail obscur et anonyme des capitaines, dont peu de monde se rend compte, qu'ils en soient ici déjà remerciés.

Notre témoin du jour est : Jean-Luc BERNARD de l'association sportive Cordemaisienne cyclos, de Cordemais (44) Loire Atlantique.

"Une superbe étape, bosselée à souhait, au milieu de cultures multiples et variées: pommiers, pêchers, arbres à coton, maïs, poivriers et toujours des maisons troglodytes.
La circulation est assez difficile, car la pluie de la veille et de la nuit a engendré des coulées de boue, assez dangereuses. Belle et riche campagne mais population pauvre et laborieuse.

Je n'arrive pas encore à croire tout le chemin parcouru depuis Paris. Il me faudra quelques mois pour réaliser. C'est le voyage de notre vie (je suis avec ma femme Evelyne) et il restera graver au fond de mon cœur, encore très longtemps. Mon voyage a commencé à Paris le 16 mars. Le départ a été difficile et émouvant, car notre fille Virginie et son mari Stéphane, venus nous accompagner, ont couru un moment derrière nous et ont disparus sur les quais de la Seine proche. Nous avons continué très ému de nous séparer pour la premières fois. J'avoue avoir versé une larme à cet instant.

Ce voyage est la découverte de trois grands fleuves : le Danube, la Volga et le Fleuve Jaune. Les moments forts sont : le froid et la neige en Allemagne, la pauvreté en Roumanie, l'accueil simple et fraternel en Moldavie, la longue attente à la frontière Russe, dans le froid et sous la pluie, la boue du Kazakhstan.

J'ai réalisé des actions que je n'imaginais pas pouvoir faire : rouler dans des conditions climatiques difficiles, aller dans des toilettes à cinq de front, vivre près de 5 mois en communauté, manger avec des baguettes et une cuisine épicée, avec tous les jours du riz, que je n'aime toujours pas. ! Cette randonnée m'a fait grandir et mûrir dans la connaissance de la vie.

Ce Paris Pékin est "le mien" mais j'ai conscience que sans la FFCT et son organisation, je n'aurais pu réaliser cette expédition.
Mon seul dopage a été les applaudissements de milliers de spectateurs anonymes et les encouragements de toute ma famille et mes amis. Qu'ils en soient remerciés ici. "

Étape 107 : TONG GUAN - RUICHANG - Lundi 21 juillet 2008.

Distance : 61 km - Dénivelé : 530 m
Départ : 7h40 - Arrivée : de 11h15 à 12h30

Après la pluie le temps de la fête !

Ce matin au départ le temps est à la pluie et hélas, le restera toute la matinée. Contre mauvaise fortune bon cœur, il faudra donc s'en accommoder et chacun avec philosophie a pris la route, essayant de se protéger au mieux.
La pluie a comme conséquence première une route glissante et ce matin en particulier une route boueuse et dangereuse. Plusieurs chutes, sans gravité, ont incité les cyclos à une plus grande vigilance. Sur quelques kilomètres nous avons retrouvé, sans rire, la route Kazakhstanaise !
Heureusement la campagne est toujours aussi belle et nous avons traversé des kilomètres de prairies où poussent des poivriers.

Trois hôtels assez médiocres nous attendent, nous profiterons de l'après midi pour vivre zen. Ce soir, nos amis Belges offrent à boire à l'occasion de leur fête nationale. La bière (Chinoise) va couler à flots.

Notre témoin du jour est : Marcel Lefèbvre, membre individuel de Belgique.

"C'est un grand honneur pour un Audax ordinaire qui fait des choses Audaxtraordinaires d'être le témoin du jour en ce 21 juillet, fête Nationale de la Belgique.

C'est très émouvant pour moi car il y a exactement un an, je me trouvais devant le petit écran, entouré affectueusement de ma petite famille pour regarder comme chaque année le défilé militaire se déroulant dans la capitale Bruxelloise et j'ignorais, encore étant sur une liste d'attente des candidats à Paris-Pékin, que je serais invité à participer à cette merveilleuse aventure.
Cette année, moi aussi, je défilerai mais au pied de la Grande muraille.

Pour en revenir à Paris-Pékin, j'aimerais exprimer mon admiration sans borne pour ce bel élan de solidarité qui s'est manifesté souvent et spontanément parmi les 101 cyclos lorsque soudain s'élevait dans les airs, d'abord timidement, puis en crescendo ce mot "crevaison". Tous s'arrêtaient pour attendre la malheureuse victime, la conseiller d'abord sur la façon de démonter le pneu, retirer la jante, remonter le pneu, à la méthode "d'un tel", à la canadienne, "d'un autre", etc.... Mieux, il arrive souvent qu'elle n'ait même pas la possibilité de procéder à la réparation, si ce n'est de fournir la chambre neuve, tant les mains se tendent sur l'objet du désir, j'en parle d'expérience.

Ces minutes, qui au fil du temps se transforment en heures, puis en jours complets, ne sont pas perdues, bien au contraire ; c'était l'occasion pour chacun au début de l'expédition de faire connaissance, puis peu à peu de s'apprécier, puis découvrir que derrière la tenue de cyclo se cache un cœur d'or, une âme de poète, et aussi de se lier d'amitié, et pourquoi pas de s'aimer.
Bref tout est bénéfique, à tel point que certains envisagent la création d'une association des anciens de Paris-Pékin 2008. J'applaudis à deux mains en lâchant mon guidon, mais à la condition que l'on se réunisse tous les 20 ans, la première réunion se passerait à Aubusson lors de la récupération des vélos par exemple et la seconde en 2028 à Pékin, le trajet se faisant bien évidemment à vélo. Pour la logistique, cela ne devrait pas poser beaucoup de problèmes, une camionnette et 2 tentes de 4 suffiraient.

Mais évoquer ces projets m'émeut et des sanglots me viennent dans la voix tandis que je vois perler sur les joues de mon rédacteur, lui aussi ému, des larmes, au risque qu'elles ne s'écrasent sur son clavier et causent un court circuit néfaste pour lui et les prochains compte-rendus".

Étape 106 : WEINAN - TONG GUAN - Dimanche 20 juillet 2008.

Distance : 82 km - Dénivelé : 860 m
Départ : 8h30 - Arrivée : 15h00

" Les raisonnables ont des rêves, les passionnés ont du vécu. " Henri de Bonnaffé.

Vous avez dit, voire plus....

Une séance photo avec le groupe d'une centaine de cyclotouristes Chinois, avec qui nous faisons route commune, permet à tous de partager quelques instants très conviviaux.

Le temps est gris et lourd, mais notre sérénité est totale et notre coup de pédale très léger. L'étape vallonnée à souhait nous permet de franchir, probablement notre dernier col chinois. Nous poursuivons notre route vers le nord à environ 1000 km au nord ouest de Shanghai.

L'assurance d'avoir chaque jour un hébergement en hôtellerie est la garantie pour nous tous, d'être reposés pour avoir profité d'une literie correcte et de sentir "le propre" pour avoir profité d'une bonne douche à la température voulue. Nous qui avons connu des moments de galère notamment dans des hébergements, difficiles à imaginer, nous apprécions davantage à sa juste mesure ce simple luxe.

Notre seul souci désormais est de finir en toute sécurité et au complet ce périple insensé, car nul doute, et sans incidents majeurs, il marquera à jamais nos vies de cyclotouristes, de femmes et d'hommes.

Notre témoin du jour est : Michel Bédard du Vélo club de Saint-Hyacinthe du Québec.

"Mon rêve deviendra bientôt réalité. Il y a quelques mois, j'ai vu une émission à la télévision de langue française de radio Canada où une personne a prononcé une phrase qui m'a marqué : "Les raisonnables ont des rêves, les passionnés ont du vécu". Depuis plusieurs années je rêvais de réaliser un voyage unique à vélo, mais mon côté raisonnable me freinait. Je me trouvais toujours des excuses pour ne pas concrétiser ce rêve, même si je n'avais aucune idée précise de ce projet.
Par un pur hasard, en janvier 2007, je suis informé, sur le site voyage.com du projet de la FFCT : la réalisation de Paris Pékin à vélo 2008. Instantanément j'ai su, que c'était ce voyage que je ferai. Je m'informe plus précisément sur les conditions de participation et j'apprends que 20% de non Français pourront être présents.
Je suis certain en tant que "cousin des Français" de pouvoir participer. Je m'empresse de remplir un dossier, de passer un examen médical sérieux et bonheur en juillet 2007, j'apprends que je suis sélectionné avec trois autres Québécois.

Après quatre mois de vie commune avec les hommes et les femmes de l'expédition Paris Pékin, pour lesquels j'ai la plus grande admiration et cela sans exception, j'atteindrais mon but ultime le 3 août à Pékin. Je serai alors comblé et heureux, car c'était là ma seule et unique attente le 16 mars à Paris, cela et rien d'autre.

Maintenant le retour à la maison est tout proche, cette expédition unique et enrichissante sur le plan humain, restera gravée pour toujours dans mon cœur et tous ensemble nous aurons ce petit quelque chose de spécial entre nous qui confirmera que : "les raisonnables ont des rêves et les passionnés du vécu ".

Étape 105 : XIAN - WEINAN - Samedi 19 juillet 2008.

Les statistiques de la semaine du dimanche 13 au samedi 19 Juillet :
Km parcourus : 537 - Dénivelé : 3384 m
Depuis le 16 Mars : 11398 Km et 50360 m de dénivelé.

Distance : 77 km - Dénivelé : 464 m
Départ : 8h00 - Arrivée : 14h00

Dans les traces du Xian Pékin.

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C'est ce matin que nous commençons la deuxième et courte partie de notre Paris Pékin.

Les "Xian" comme on les appelle dorénavant, sont devant nous avec 24 heures d'avance, ils nous ouvrent la route.
En ce qui nous concerne nous sommes accompagnés par une centaine de cyclos Chinois, qui vont eux aussi à Pékin. Nous ferons route commune encore demain.

Nous sommes également accompagné désormais par un bus, qui fait visiter le pays à une quinzaine de femmes venues nous rejoindre.

Tout s'intègre sans problème particulier.

Notre témoin du jour est : François Hennebert du Cyclo-Sport provencal, d'Aix en Provence (13) Bouches du Rhône.

"J'ai passé aujourd'hui un excellent anniversaire - 62 ans - sur une route de rêve pour un cyclotouriste. Nous avons traversé 5 ou 6 villages, où les villageois, notamment, font battre leur blé par les véhicules traversant le bourg.

J'ai pu mettre, comme chaque jour, en application un premier principe qui m'est cher dans cette expédition : Toujours lever la tête et ouvrir les yeux. Le second principe appliqué, est : tout ce qui m'est arrivé et tout ce qui m'arrive en positif ou en négatif est mille fois mieux que d'être dans mon fauteuil, en train de regarder la télévision.

Pour moi ce très long passage en Chine est le cerisier sur l'énorme gâteau de mon plaisir, après en particulier notre traversée du Kazakhstan et du Kirghizistan. En effet le contact avec la quasi-totalité de la population est facile, chaleureux, décontracté et simple. En croisant n'importe qui, si vous faites un sourire, celui-ci est immédiatement et systématiquement rendu.
Ce matin, et ce geste est répété quasiment tous les jours, une mère a glissé son enfant dans mes bras et a voulu qu'il soit photographié avec moi ! Cela donne une impression de confiance totale entre humains !

Bonne surprise également, car après une surveillance (protection) policière dans certains pays de l'ex URSS, nous pouvons, en Chine pratiquer le cyclotourisme et la visite des villes chaque jour, en totale et entière liberté, nuit et jour.

Je ne souhaite pas terminer ce témoignage sans dire que si "mon" Paris Pékin s'est très bien passé, je le dois aussi à toute la logistique qui nous entoure : Sur le terrain et à Paris.

Pour partager mes émotions et mes impressions plus compètes sur cette histoire incroyable, vous pouvez me retrouver sur : http://velo.hennebert.fr

Deuxième journée de repos à : XIAN - Vendredi 18 juillet 2008.

Encore une journée de repos !

Nous n'avions jamais eu depuis notre départ de Paris, le 16 mars deux jours consécutifs de repos. Nous avons donc profité de cette véritable coupure pour faire ou ne pas faire.
Les chauffeurs des véhicules Ivéco, en ont profité, eux, pour rendre visite au concessionnaire de la marque, pour l'entretien des véhicules qui souffrent beaucoup.

Le soir, la grande majorité du groupe, s'est rendue à l'opéra pour assister à un spectacle où l'Art Chinois, sa poésie, sa sensibilité et sa richesse ont été démontrés avec talent, grâce et émotion.

Notre témoin du jour est : Bernard Monnin du club Les cyclos de Chartreuse de Saint Laurent du Pont (38) Isère.

"Cette deuxième journée de repos à Xian a été la bienvenue car, les visites de la veille ont été pour moi, assez fatigantes. Visites que j'ai beaucoup appréciées, dont je n'ai pas à faire l'éloge ce jour.

Aujourd'hui donc, je me suis vraiment reposé et j'ai pris du temps pour être avec ma fille, arrivée la veille à Xiang pour participer au séjour touristique de Xian à Pékin. Nous avons flâné dans la vieille ville et fait quelques achats dans les échoppes de souvenirs pièges à touristes !

Après le repas pris en dehors de l'hôtel nous hébergeant, nous avons assisté à une soirée à l'opéra de Xian. Spectacle court -1h15- et d'une qualité exceptionnelle, tant pour les costumes, que pour les décors et les artistes. De la danse, des ballets, présentant des costumes et des instruments de musique anciens et traditionnels en Chine sont venus nous charmer avec un spectacle très poétique. J'ai apprécié en particulier une séquence mettant en scène 6 musiciens, qui avec des instruments à percussion et des cymbales, se sont lancés dans un numéro où chaque musicien donnait un rythme différent en une sorte de dialogue plein d'humour avec l'un ou avec les autres.

Tous les participants de Paris-Pékin, qu'ils soient sur le vélo ou dans l'accompagnement sont les pièces d'un puzzle, pièces disparates, qui n'ont qu'un point commun : La passion du vélo. Reste à savoir quelle sera l'image de ce puzzle reconstitué à l'arrivée ? J'espère que cette image du cyclotourisme, de notre fédération et de la France, transportée à l'autre bout du monde, sera belle et restera gravée dans la mémoire de tous ceux qui s'y sont intéressés.

Je souhaiterai que cet itinéraire de Paris-Pékin, tracé et bientôt terminé, soit un fil d'Ariane d'union et de paix entre les pays traversés et les peuples rencontrés. Je voudrais que toutes les routes qui finalement ne mènent pas toujours qu'à Rome, soit pour tous les baroudeurs de tous les pays du monde un trait d'union et d'amitié."

Première journée de repos à : XIAN - Jeudi 17 juillet 2008.

Le voyageur qui vient de si loin ne peut être qu'un ami ! Confucius

Une journée GigXIANtesque !

Nous attendions tous Xian, car nous savions que nous finissions la première partie de l'expédition et que ces deux jours de repos seraient différents. Rencontre avec nos cadets de "Xian Pékin", arrivée d'une dizaine d'épouses ou compagnes, deux jours de repos consécutifs dans la même ville, visites et festivités diverses.

Tout a été différent en effet. Dès 9h00 trois cars ont été mis à notre disposition pour la journée. Première visite de la ville de Xian (8 millions d'habitants), à la pagode des oies sauvages. Lieu de repos, de détente, de calme et de silence. Notre guide nous explique, en Français, ce qui peut être considéré comme une façon de vivre pour la plupart des chinois : Arriver à l'équilibre entre le Yang et le Yin, vivre Zen, suivre la philosophie Bouddhiste, qui n'est pas d'origine Chinoise, mais qui est reconnue et très respectée.
Deuxième visite, permettant à l'Etat de nous présenter dans un show room impressionnant la fabrication et la vente de superbes articles en Jade.

Puis direction du site de l'armée enterrée, à 45 km de notre hôtel. Découvert par hasard en 1974 par un paysan qui creusait un puit, ce site aménagé, comme savent le faire les Chinois, permet de recevoir déjà et pour l'instant une douzaine de millions de visiteurs par an. Les aménagements sont plus fonctionnels qu'esthétiques. Par contre l'objet de la visite est vraiment extraordinaire est mérite le voyage et les 3 heures nécessaires à admirer et essayer de comprendre la mégalomanie ou le génie de l'empereur Tchin Shu Ruangdi, qui a enterré des milliers de statuts de soldats, en tenue de combat, au 3ème siècle avant Jésus Christ !

Chaque fois qu'une salle était terminée et recouverte d'un plafond, lui-même couvert de terre, il faisait entrer tous les artisans ayant participer à cette œuvre, et fermait la salle définitivement, pour éloigner tous témoins de cette croyance en l'éternité !

Le Président Chirac, nous a-t-on dit plusieurs fois, considérait cette découverte comme la 8ème merveille du monde.

Les fouilles continues et il est probable que lors de notre prochaine visite, dans une vingtaine d'années, beaucoup de questions qui se posent encore aux archéologues seront résolues.

Notre journée s'est terminée en apothéose par un dîner officiel et par une cérémonie sur les remparts de la ville où le Maire de Xiang a remis au Président Dominique Lamouller les clés de la ville et à Jean François Deregnaucourt, chef de l'expédition, un parchemin.
Le tout, avec musique, danse et spectacle. Longtemps après minuit, nous étions encore sous le charme de cette surprenante journée.

Notre témoin du jour est : Lionel Barbotin du club La roue Marquettonne de Marquette en Ostrevant (59) Nord.

"Je participe à une magnifique expédition, certes nous avons eu beaucoup de difficultés : Neige, pluie, froid, chaleur, bivouacs improvisés, ce qui m'a occasionné quelquefois un peu de nostalgie au sujet de ma famille. C'est normal, mais l'ambiance qui s'est créée avec le temps, nous a fait oublier toutes ses contraintes et le franchissement de cols à plus de 3000 mètres a été pour moi un moment merveilleux.

Aujourd'hui nous sommes à Xian, là où la découverte des soldats enterrés est impressionnante. Les vacances commencent il ne nous reste plus que 1200 Km à parcourir. Les jeunes et les nouveaux arrivants, partageront un peu de notre expérience, mais je crains qu'ils ne profitent pas comme nous, de nos merveilleux contacts et de l'ambiance trouvés lors de nos traversées de 14 pays différents.

Mon souhait le plus fort est que nous arrivions tous ensemble à Pékin, pour verser des larmes de bonheur et d'émotion sur la grande muraille. Si c'était à refaire, je le referais comme cyclo ou comme encadrant bénévole, pour faire bénéficier à d'autres de cette unique et extraordinaire expérience.

Le seul point noir de ce périple est d'avoir été, pendant des étapes "parqués" en bordure de ville, sans explication par des capitaines , qui selon moi, n'ont pas été tous à la hauteur de la place qui leur avait été confiée".

Étape 104 : FUFENG - XI'AN - Mercredi 16 juillet 2008.

Distance : 109 km - Dénivelé : 282 m
Départ : 9h00 - Arrivée : 17h00

La rencontre avec les Xi'an Pékin !

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Claude et ses compagnons du groupe noir

Avant le départ, nous avons commencé notre matinée par une séance photo. Vue d'ensemble, de chaque groupe, de l'équipe cuisine, de ceux qui chargent et déchargent les camions et de l'équipe de la logistique. Ces prises de vues ne sont pas faciles à organiser car nous avons besoin de la présence de tous et de grandes surfaces au sol pour pourvoir organiser le déploiement de 120 personnes et sept véhicules.
Tout le monde se souviendra longtemps du dernier bivouac, excellent dîner, projection des vidéos de notre expédition, feu d'artifice et feux de camp.

A noter hier après midi, un léger accrochage entre le 20 T de Jean-François et une voiture, qui est venue, en manoeuvrant à reculons s'écraser contre le pneu arrière droit du camion ! Cet incident a bloqué pendant cinq heures JFD, Brigitte, Enrique, co-pilote et notre traductrice, car il a fallu se rendre au commissariat de police, pour régler le constat, les problèmes d'assurance et attendre le verdict de la police, qui a prononcé officiellement la totale responsabilité du chauffeur Chinois.
Il faut dire que la circulation devient de plus en plus intense, nous roulons désormais dans des zones péri urbaines où villages, petites et grandes villes se succèdent.
Les piétons, les tricycles, les vélos et tout ce qui roule, ayant des logiques de circulation assez incompréhensibles pour les chauffeurs. Nous redoublons d'attention et roulons très lentement.

Notre arrivée à Xi'an sonne la fin de la première partie de "notre" périple Paris-Pékin. Dès ce soir, de nouvelles personnes vont se joindre à nous jusqu'à Pékin (pour nous, ce sera deux cyclotouristes et une dizaine d'épouses ou de compagnes), et surtout un groupe important de plus de 150 participants, dont une trentaine de jeunes adolescents de toutes les régions de l'Hexagone et de l'Ile de la Réunion qui vont prendre la route en vélo pour certains ou en car pour d'autres, nous précédant de 24 heures, pour rejoindre Pékin.
Nous sommes persuadés que ces nouveaux venus apporteront une sensation nouvelle en fraîcheur et en esprit, bénéfique pour les deux groupes.

Notre témoin du jour est : Jean-Jacques Skubiszewski du Club Cyclo de Ensisheim dans le Haut-Rhin (68).

"Cette étape suit le dernier bivouac, qui s'est très bien passé, et selon moi a été fort réussi en particulier le dîner, puis la présentation des vidéos par l'équipe de reportages, le feu d'artifice et un feu de camps pour clôturer. Soirée trop courte hélas, mais nécessité oblige, ce matin nous devions pédaler nos kilomètres quotidiens.

Etape classique, très peu vallonnée, ce qui est une bonne surprise par rapport aux deux précédentes. Le temps est gris et nous ne voyons plus le soleil depuis quelques jours.
Nous avons traversé de très nombreux villages, très animés avec des gens qui vivent dehors et qui sont curieux de tout et très bon public. Un bain de foule permanent qui nous a réjouis. Etape importante également car nous réalisons la jonction avec le groupe Xi'an-Pékin, ce qui pour moi est particulier car je devais être participant à ce dernier en lieu et place de Paris Pékin. La chance m'a permis de réaliser cet exploit que je jugeais impossible. Et je prends conscience de ce que j'ai appris, pendant ces 4 mois : gestion de la pratique du cyclotourisme, de la vie en groupe, de mon organisation personnelle et des contraintes d'un effort répété, par tous les temps et dans toutes les conditions.

Inscrit dans cette expédition, un peu pour faire plaisir à mon Président de club, je n'ai pas trop réfléchi pour donner mon accord. Je me rends compte maintenant que j'ai pris cette décision peut être inconsciemment pour relever un défi et il me faudra probablement plusieurs semaines pour réaliser que moi, modeste cyclotouriste, j'ai pu participer à la plus grande randonnée de tous les temps. J'ai du aussi prendre sur moi, un bonheur et une catastrophe, la naissance et le décès de mon petit fils. Cette tragédie personnelle, m'a donné la volonté et l'énergie de participer et je l'espère d'arriver. Je devais cela à ma famille, à mon club, à mon village, à mon département et à ma chère Alsace.

Un seul regret, notre difficulté pour coopérer avec les capitaines de route, car nous aurions du pouvoir vraiment devenir des amis et des complices et malheureusement ce ne sera pas le cas.

Une bonne surprise : la qualité et la fiabilité de notre vélo qui a beaucoup souffert."

Étape 103 : QIAN YANG - FUFENG - Mardi 15 juillet 2008.

Distance : 95 km - Dénivelé : 852 m
Départ : 7h45 - Arrivée : 16h45

De l'improbable et l'incroyable peut surgir une nouvelle vie impensable et inattendue. Amandine de Bournes

Le dernier bivouac !

Une excellente occasion de mettre à l'honneur aujourd'hui ceux qui dans l'ombre depuis le 16 mars assurent la préparation, la réalisation et le service lors des bivouacs, les petits déjeuners, les dîners et quelquefois la confection et le service du pique nique ou du repas de midi :

Le chef cuisinier officiel, traiteur de son métier : Jean-Claude Marandon et une équipe de cyclos volontaires extêmement dévouée, compétente, énergique et dynamique sous la houlette de Barbotin Lionel (Traiteur) et composée de : Arpin André (assureur), Bacho Paul (Physiothérapeute), Giroux André (Informaticien), Tisserand Serge (Retraité EDF) et Wuyts Marc (Vétérinaire) qui, dès l'arrivée à l'étape, alors que les autres se reposent, prennent en main la préparation des repas.

Ce soir pour terminer en beauté ils ont acheté des moutons, les ont découpés, préparés, mis en brochette, et serviront un dîner de gala avec feu d'artifice et projection des vidéos de Paris Pékin, par Julien et Adrien.
Un feu de camp avec chants et histoires terminera notre première partie de Paris Pékin.

Dès demain en effet les compagnes de cyclos viendront se joindre à nous chaque soir et l'ambiance sera certainement bien différente.

Pourquoi pas encore mieux ?

Notre témoin du jour est : Martine Gothon du Vélo-club d'Annecy en Haute Savoie (74).

"Nous sommes partis ce matin sous un ciel gris et chargé, avec une humidité importante. Rapidement, après quelques kilomètres, la route qui longe le lac nous plonge dans une atmosphère calme et reposante. Nous remarquons des cultures maraîchères sur de minuscules lopins de terre, et un important transport de briques dans des charrettes bondées. Puis, une côte sévère d'environ 4 km, entre 10% et 13%, nous rappelle que nous sommes dans une région montagneuse. Une vue superbe sur les alentours nous rassure : "ça va encore grimper entre les cultures en terrasses verdoyantes".

La deuxième partie de l'étape nous fait traverser des villages où les marchés attirent une foule grouillante et colorée. Nous nous faufilons dangereusement au milieu d'un concert de klaxons et d'une circulation dans tous les sens.
Sur la route, j'ai remarqué de nombreux mûriers, j'espère que nous allons enfin voir de la soie !

A l'arrivée, grosses caisses, scènes de costumes traditionnels nous accueillent sous un soleil radieux.
Et pour notre dernier bivouac, les organisateurs nous préparent une soirée spéciale "inoubliable" !

Pour moi, la route vers le Soleil Levant est longue, mais aujourd'hui j'entrevoie enfin la lumière."

Étape 102 : PIEN LANG - QIAN YANG - Lundi 14 juillet 2008.

Distance : 150 km - Dénivelé : 656 m
Départ : 8h00 - Arrivée : 17h30

Liberté, Egalité, Fraternité. La devise de la République Française

Une journée difficile et superbe !

Tout avait bien commencé. Quelques minutes avant le départ, évocation simple et pédagogique du mot Liberté, par Jean-François, à l'occasion de notre fête nationale, ponctuée par une Marseillaise chantée à l'unisson.

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Claude garde le sourire

Ensuite la route a enchaîné les péripéties, cols inattendus, piste encore moins attendue, et indications kilométriques transmises par le responsable Chinois, complètement fantaisistes. Il n'y a rien de plus agaçant pour un cyclotouriste de ne pas savoir où il va, combien il doit faire et combien il lui reste de Km à parcourir.

En réalité cette étape n'avait jamais été reconnue, au point que la ville étape a été changée à la dernière minute, et est devenue la pose du repas de midi. Certains souhaitaient proposer un carton "jaune" à nos encadrants Chinois.

Heureusement, cet "énervement" a été compensé par un paysage et la vision d'un type de vie très nouveau pour nous. Nous sommes en pleine terre musulmane, (135 millions de musulmans recensés en Chine) dans une région autonome (il y en a cinq dans le pays) qui s'ouvre à l'étranger depuis très peu de temps. Ici encore l'étonnement est partout. Notre invité relate d'ailleurs très bien cette journée, ce qui me permet de la laisser s'exprimer.

Malgré les aléas du quotidien, la robustesse de notre groupe vient du fait que tout le monde a compris que notre force résultait d'être ensemble.

Notre témoin du jour est : Paule Peretti de l'amical cyclos d'Orcet dans le Puy-de-Dôme (63)

Partis à 7h30 sous un ciel menaçant, après avoir chanté la Marseillaise, 14 juillet oblige, nous avons longé une route bordée de cultures d'un côté (maïs) et de l'autre une gigantesque centrale électrique au charbon d'où sortait la vapeur d'eau par quatre cheminées géantes. C'était très roulant jusqu'au moment où nous avons tourné à droite, et grimpé notre première bosse assez sévère, nous avons monté 200 m en quelques km.

Après avoir quitté la ville nous retrouvons une campagne bordée de maisons en briques avec une mosquée et croisons des paysans musulmans avec leur coiffe blanche pour les hommes et une petite toque pour quelques femmes.
La montagne de chaque côté est couverte de feuillus. Puis la route devient de plus en plus mauvaise, nous dansons la carmagnole sur les trous, les ornières et dans la boue, cela pendant vingt kilomètres. Dans le creux de la montagne des maisons troglodytes, dans l'une d'elle une femme fait des pâtes, son habitation consiste en deux pièces, une cuisine et une chambre, plus loin une maison abandonnée où se trouve un lit et un âtre en briques sous le lit pour chauffer.

C'est une autre Chine que nous découvrons : après les grandes villes qui évoluent très vite, des bâtiments neufs, des autoroutes, des pistes cyclables géantes, nous nous trouvons dans la Chine profonde. Les campagnes évoluent toujours lentement dans n'importe quel pays du monde.
La population est curieuse mais réservée à notre encontre, car il semble que peu d'Européens viennent dans cette contrée. Après un rassemblement nous nous retrouvons dans un village avec un grand chantier en construction et une exploitation de charbon, plus loin une exploitation de poterie.
Au sortir de ces zones industrielles nous avons dû franchir un tunnel routier de plus de 2 km. Le plan sécurité C/123, ayant été appliqué à la lettre, nous n'avons eu aucun problème. Pour le second tunnel, plus court (500 mètres) nous nous sommes débrouillés seuls, et cela a été plus fun

Nous déjeunons dans une petite auberge et continuons notre petit bonhomme de chemin. Nous repartons et en milieu de parcours nous passons devant un collège où des centaines d'enfants nous interpellent et nous applaudissent, cela nous fait chaud au cœur.

14 juillet, liberté, égalité, fraternité. La Chine pays frère, pays où je me sens bien, cette étape a été difficile, 150 km au lieu de 120, la pluie, des bosses, une piste comme route mais j'ai eu une autre approche de la Chine."


Qiu Ying : La Montée au pavillon de l'Epée

" En haut, le Soleil sur son char s'en retourne vers les sommets ;
En bas, les flots s'engouffrent dans le fleuve sinueux.
(Même) les grues en vol ne parviendraient pas à surmonter (cette passe) ;
Les singes (de nature si habiles) s'inquiéteraient pour traverser les eaux en se tenant par la main.

A Qingni, que de méandres !
Tous les cent pas neuf virages s'enroulent sur les pics escarpés.
(Les exilés) se hissent vers les astres, gorge béante ils ouvrent leurs poumons ;
(Les voyageurs) s'assoient, en se tenant la poitrine ils soupirent longuement.
Je vous demande, quand reviendrons-nous de ce voyage oriental ?
Je crains un chemin trop abrupt pour le gravir (...)

Li Bo, de la difficulté du chemin vers Shu.

Étape 101 : JINING - PIEN LANG - Dimanche 13 juillet 2008.

Distance : 107 km - Dénivelé : 835m
Départ : 8h00 - Arrivée : 14h00

Un dimanche ordinaire.

6 heures ce matin, le bivouac installé à l'intérieur d'un collège se réveille. Nous déjeunons à 6h30 tous les matins et il y a fort à faire pour tout remettre en place. Hier soir l'équipe cuisine s'est mise en quatre pour nous servir un excellent repas.

En ce dimanche ordinaire, au même moment des élèves arrivent au collège, les professeurs aussi ! Nous croyons rêver. Nous avons appris que ce sont des élèves en difficultés, qui viennent recevoir des cours de soutien ! Un peu comme en France, je crois !

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Nous prenons la route. Une montée assez sèche, sur une route en travaux est abordée tranquillement. Les ouvriers s'activent et avec peu de machines, construisent des murs de soutènement gigantesques. Murs d'une autoroute en construction à travers une vallée très secondaire. Le trafic des camions est intense, peu de voitures. Dans les champs les paysans s'activent, dans les villages les commerces sont ouverts et dans les petits bourgs traversés des dizaines de grues s'agitent, pour apporter matériel et briques aux ouvriers du chantier. Partout ce n'est qu'activité et travail.
Le dimanche ne semble pas être un jour de repos, les autres jours non plus d'ailleurs. Mystère de ce fascinant pays, où toutes les idées reçues volent en éclat où la théorie de la misère généralisée, sauf dans l'est, est loin d'être vérifiée.

Notre expérience, et peu de gens auront parcouru près de 4000 km en Chine en vélo, nous permet de dire que si ce pays étonne c'est aussi par la quantité de travail fourni et en même temps par la gentillesse de ses habitants. Nous avons fait des milliers de rencontres, jamais nous n'avons trouvé un Chinois ou une Chinoise désagréable ! Jamais. Hier notre ami Gérard notre non voyant, est allé au restaurant. Devant sa difficulté à déguster une fondue Chinoise, la patronne s'est spontanément mis à sa disposition, l'a accompagné et fait manger avec délicatesse et gentillesse durant tout le repas. Gérard n'avait jamais vu cela !

Notre témoin du jour est : Patrick Rossignol du club Association de loisirs et action culturelle de Carquefou, section cyclotourisme dans la Loire Atlantique (44).

"Pour commencer, je dois dire combien je suis heureux de rouler de nouveau en vélo après trois jours de pénitence dans le camion, suite à une luxation de l'épaule, conséquence d'une chute malencontreuse au restaurant !

Au moment du départ, ce matin nous avons droit à une séance inattendue d'aérobic, dirigée par une jeune chinoise, au son de la musique diffusée dans le collège.

Le ciel est gris, le temps est brumeux, avec un brin de pollution, au sortir de la ville de Jining (1640 mètres) Ce ne sera pas, hélas, une journée propice à la photo.

Une première montée, sorte de petit col, permet aux plus véloces de se faire plaisir. En ce début d'étape, nous pouvons voir et dominer une importante briqueterie, précédée d'une cimenterie, en pleine activité. Passé ce col, nous commençons une descente dans une plaine d'altitude, aux cultures multiples et variées où l'on pratique le maraîchage sous serre. Celles-ci ne sont plus en terre et briques, mais semblables aux nôtres, avec des arceaux en bambou. Je remarque également des travaux gigantesques de consolidation de pans de montagnes, pour la construction de l'autoroute, en chantier.

Sur ce vaste plateau, la monotonie de la route, désormais légèrement montante, est compensée par les sourires et les saluts de la main des paysans et des enfants, qui répondent à nos "Nirao" (bonjour). Notre route est bordée pendant de nombreux Km par une double rangée de sapins et de saules et d'une bordure de roses Trémières, splendides et de plus de un mètre de haut. Nous savons qu'au point culminant, situé à 50 Km et à l'entrée d'un tunnel (col) à 2370 m nous nous rassemblerons pour déjeuner.

La pente s'accentue et pendant 12 Km un vent de travers et parfois de face, rend les efforts plus importants. Un excellent repas servi chaud, permet à tous de reprendre des forces et une longue descente de 55 Km, malheureusement gâchée par une pluie incessante, permet à chacun de se rendre le plus rapidement possible à l'hôtel, où nous arrivons sales et boueux, pour découvrir que l'ascenseur est en panne et l'eau chaude encore froide. Après quelques discussions, tout rentrera dans l'ordre.

Ce Paris Pékin est pour moi une évasion, me permettant d'oublier mes soucis et de vivre une aventure humaine personnelle et collective, partager d'autres valeurs et de découvrir d'autres modes de vie. Sur la route de la soie, je découvre aussi le chemin du bonheur."

Étape 100 : HUINING - JINING - Samedi 12 juillet 2008.

Les statistiques de la semaine du dimanche 5 au samedi 12 juillet
Km parcourus : 541 - Dénivelé : 3962 m.
Trois passages à plus de 2000 m, un a plus de 3000 m
Depuis notre départ le 16 mars : 10863 Km - 46976 m de dénivelé

Distance : 79 km - Dénivelé : 602 m
Départ : 7h30 - Arrivée de 12h00

Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles. Proverbe Chinois

La Chine profonde fête nos 100 jours !

C'est toujours avec autant d'enthousiasme et de curiosité que notre randonnée se poursuit, d'ailleurs un cap important aujourd'hui cela fait 100 jours en vélo. Depuis plusieurs jours nous sommes en terrain montagneux, et restons à une altitude moyenne de 2000 mètres, avec aujourd'hui un passage à 2060 mètres. La nature autour de nous se prête à la flânerie et le cyclotouriste traditionnel est à l'aise sur ce terrain de jeu.

Nous sommes très attentifs à la vie des gens qui nous entourent et constatons combien ces paysans, vivants modestement dans leurs maisons construites en terre séchée, souvent entourées d'un mur haut de deux mètres environ, près de leur minuscules parcelles, sont en phase avec la vie moderne, exemple : les hommes aident les ânes à tirer une énorme charrette chargée de la récolte de seigle, une oreille vissée au téléphone portable. Tout est paisible, tout semble serein. La barrière infranchissable de la langue ne nous permet pas de connaître réellement la réalité.

Ce soir nous participons à notre avant dernier bivouac et la surprise imprévue s'est produite à notre arrivée dans la cour du collège. 800 enfants, filles et garçons de 10 à 16 ans, en uniforme, encadrés par leurs professeurs, également tous en chemise blanche et pantalon ou jupe bleu ! nous attendaient sagement et en ordre au pied d'un podium. Ovation, émotion, quelques mots en Chinois et en Français, remise du fanion officiel au directeur de l'établissement et nos "gens ordinaires" sont devenus soudainement très populaires et ont été assaillis par les lycéens pour signer des autographes, se faire photographier, et répondre aux multiples questions émises la plupart du temps dans un Anglais scolaire et assez sommaire. A force d'être admirés quelques cyclos commencent à prendre consciences qu'ils réalisent probablement quelque chose hors de commun.

Dans trois semaines chacun pourra commencer son bilan.

Notre témoin du jour est : Peter ERNST Club des Audax randonneurs Danemark demeurant Skagen (DK).

"Chaque jour est pour moi une nouvelle expérience. Les routes, les bivouacs, les températures de -8° en Allemagne à +53° en Chine, l'altitude : au Kirghizistan 3350 mètres, je n'étais jamais monté à pareille altitude, au plus à 2600 mètres en Espagne, (l'altitude maximum au Danemark est de 154 mètres !)

Cette expédition m'a permis de découvrir de nouveaux amis, car la vie en commun est très importante, le soir après l'étape et chaque jour au repas. Aucune randonnée cyclotouriste ne permet de tels contacts.

En Chine je constate des différences énormes entre les villes, modernes et riches et les campagnes où les paysans travaillent encore sans l'aide de machines. Et tout semble très bien fonctionner. Je suis également très surpris, par le regard des Chinois sur moi. En effet je suis barbu, une barbe grise, et énormément d'enfants accompagnés par leurs parents, me demande mon âge (66 ans) et veulent me tirer la barbe et être pris en photo avec moi. Je me prête à ce jeu avec philosophie et tendresse."

Étape 99 : DINGXI - HUINING - Vendredi 11 juillet 2008.

Distance : 65 km - Dénivelé : 850 m
Départ : 7h30 - Arrivée de 12h00

On ne peut se priver de rêve. Andrée Chedid

La fin de la longue marche !

Avez-vous déjà entendu parler de la petite ville de Huining, terme de notre étape d'aujourd'hui ? Probablement pas, car aucun dans notre groupe ne connaissait cette ville hormis notre guide Chinois Gaston et le milliard 350 millions de Chinois qui nous entourent.

C'est ici en effet que, dans l'histoire de la Chine moderne, s'est passé un événement important : en 1936 la fin de la longue marche, conduite par celui qui allait devenir le Président Mao. En mémoire de ce moment historique, un musée vraiment très intéressant que nous avons visité, explique dans une scénographie simple et très parlante, la rude histoire de ces hommes qui partis à 300 000 ont été réduits à 30 000 dans une lutte fratricide.

En dehors de ce haut lieu historique, nous avons encore roulé en montagne, avec l'ascension d'un col à près de 2000 mètres, tout en admirant les cultures en espalier. Chaque cm² est toujours cultivé à l'ancienne, avec par exemple le battage des lentilles sur la voie publique, ce spectacle n'étant pas le moins intéressant, et au milieu de cette vallée au mode de vie séculaire la construction d'une autoroute.

Paradoxe et fascination de la Chine !

Notre témoin du jour est : Gilbert Gauthier des cyclos Romainvillois en Seine-Saint-Denis (93) et demeurant à Paris (17ème).

"Paris Pékin est pour moi une expédition prodigieuse, unique, indescriptible et enrichissante à tous points de vue. Que de souvenirs !
En Allemagne j'ai été frappé par l'organisation et les aménagements des pistes cyclables le long du Danube et des très belles réceptions. En Autriche j'ai été frappé par les magnifiques villages et leurs maisons particulières ainsi que la discrétion des populations à notre passage. En Hongrie j'ai trouvé, un peuple sérieux et triste. En Serbie, par contre, j'ai apprécié les visages souriants des villageois où nous avons eu un excellent contact avec les enfants, en particulier. En Moldavie, excellent accueil aussi et beau spectacle réalisé par de jeunes enfants, en présence de l'ambassadeur de France et du Ministre des sports du pays. En Roumanie ma surprise vient de la pauvreté du pays où j'ai trouvé les automobilistes très imprudents. En Ukraine je retiens cette immense terre céréalière représentant 80% d'un territoire grand comme 6 fois la France ! En Russie, j'ai vue de très grandes et belles villes avec beaucoup de statues, en particulier celle de Lénine. J'ai trouvé les gens assez froids, mais qui nous ont réservé, lors des cérémonies officielles un accueil très sérieux et agréable. Le très beau musée de Volgograd, reste dans ma mémoire. Au Kazakhstan l'accueil a été chaleureux, avec de très belles réceptions, notamment les chanteurs et les chanteuses aux voix magnifiques. Ce peuple semble aimer la musique sous toutes ses formes. Au kirghizistan c'est le pays qui nous a le plus frappés par ses sites de montagnes sublimes, sans oublier cette descente vertigineuse de 50 km. Nombreux contacts avec les habitants et visite de Yourtes. Ce pays d'élevage me laisse un souvenir exceptionnel. Enfin la Chine. Tout ici est étonnement. Dès l'entrée le poste frontière est surprenant et grandiose. Depuis notre entrée ici, je suis stupéfié par l'accueil et la sympathie des Chinois. Je trouve des gens travailleurs, serviables, vivant calmement et efficacement. Les gens dans la rue conduisent sans trop respecter les règles, et en klaxonnant beaucoup, mais il y a peu d'accrochages et les gens ne se disputent jamais. La population est toujours d'accord pour se faire prendre en photo avec nous et cela les fait beaucoup rire. En se promenant tardivement en ville ou en village, la sécurité est totale, partout. Je suis complètement ébloui par ce pays, qui sans aucun doute, sera rapidement une des deux grandes puissances du monde.

Dès mon retour, je vais m'intéresser à l'histoire de la Chine. L'idée d'avoir inventé ce périple est géniale car pour moi ce n'est que du bonheur et je n'oublierai jamais cette aventure qui marquera ma vie, moi chauffeur de taxi à Paris qui n'avait jamais eu pratiquement l'occasion de quitter la France."

Étape 98 : LANZHOU - DINGXI - Jeudi 10 Juillet 2008.

Distance : 105 Km - Dénivelé : 1061 m
Départ : 7h35 - Arrivée : 16h00

Prendre de l'altitude

Partis de Lanzhou, capitale de la Province du Ganso, nous quittons la vallée du fleuve Jaune pour nous trouver rapidement dans un paysage de montagne. Sur le papier l'étape était annoncée facile. Sur le terrain, la réalité a été tout autre. Une très longue montée, pour prendre près de 1000 m d'altitude durant toute la matinée. Le point culminant étant de 2057m par un passage en tunnel non éclairé de 500 mètres de long. Tout ressemblance avec le Galibier...
En échange, un spectacle champêtre varié et toujours plaisant nous est offert.

Ce matin nous étions dans la région de la pastèque et du chou en pleine récolte. Cela génère une très forte activité dans les champs et sur les routes. Des centaines de triporteurs à moteur livrent la coopérative, laquelle alimente des camions plus gros, pour livrer la ville proche. Les paysans s'affairent, dans un climat bon enfant. Chaque centimètre de terrain est travaillé et irrigué. Ici les parcelles sont très petites et sont travaillées à la main. Nous n'avons vu aucun tracteur dans cette vallée. Les montagnes pelées sont équipées de canalisations à ciel ouvert pour récupérer les eaux de ruissellement.

Notre pique-nique quotidien sonne la fin de la longue montée. Après, nous reprenons la route pour atteindre notre hébergement prévu dans une école, en plein centre d'une petite ville.

Notre témoin du jour est : Geneviève Ravel, Présidente du Club Vélocio du Pilat de Fraisses dans la Loire (42). Capitaine de route.

" L'étape est belle mais je suis surprise par le dénivelé et aussi par les paysages. Des ravins profonds et des cultures en terrasses nous étonnent. Du lin, du blé, du maïs et plusieurs légumes sont cultivés à la main sur des parcelles minuscules. Les gerbes de blé sont groupées en gerbiers car ici le blé est coupé à la faucille et battu à la main. Pour l'instant, on rencontre peu de mécanisation.
Curieusement, nous avons vu une section d'une trentaine de militaires en chapeau de paille, donnant un coup de main aux paysans.
Des roches, très friables, proches de la route sont creusées. De nombreuses cavités semblent servir de greniers pour les récoltes. Ici, deux légumes sont rois : la pastèque et le chou-fleur !

Depuis le 16 mars, nous avons pédalé près de 600 heures et le groupe est en bonne forme. Je suis admirative du courage et de la ténacité de tous et en particulier des femmes.

Profitant de ce témoignage, je souhaite un excellent anniversaire à mon beau-père Paul, 88 ans, et à mon père Joseph, 81 ans... et naturellement, je salue cordialement tout le personnel hospitalier de Firminy."

Repos à : LANZHOU - Mercredi 9 juillet 2008.

" L'homme le plus heureux est celui qui saura savourer le plus complètement l'instant qu'il tient dans les mains." Pierre Teilhard de Chardin.

Nous pouvons affirmer que tous les membres (hommes et femmes) de l'expédition savourent ces instants magiques que procure chaque jour notre périple.

La découverte de la ville, avec ses petites rues, ses échoppes ouvertes nuit et jour, sous la surveillance du ou de la propriétaire qui dort au milieu de son étal, ses buildings ultra modernes, ses temples, la pagode blanche, le pont Allemand, ses parcs nombreux et très bien dessinés, ses avenues immenses, ses pagodes traditionnelles, ses incroyables magasins en sous-sols et ses salons de coiffure, s'ajoutent aux souvenirs de cette Chine qui nous fascine et nous surprend.

La sieste fait partie pour beaucoup de la journée de repos, car la route est encore longue. Sans oublier le courrier afin de témoigner à tous et à chacun de son passage à Lanzhou.

Notre témoin du Jour : Nicole Rompteaux de l'Aviron bayonnais dans les Pyrénées-Atlantiques (64) côté Pays basque.

"Après la beauté des sites naturels que nous avons traversés au Kirghizistan, je ne m'attendais pas à trouver avant Lanzhou des paysages de haute montagne, certes très différents, mais également très beaux et riches en couleurs, avec ces cultures variées.
Les habitants surpris et curieux, nous accueillent toujours avec gentillesse. Nous allons de surprise en surprise chaque jour en découvrant des villes mais aussi des villages en pleine évolution. Notre arrivée dans Lanzhou, par la rive gauche du fleuve Jaune, nous montre une ville moderne où nous avons pu visiter ce matin le quartier des temples et de la pagode blanche.

Je n'aurais jamais pensé, il y a deux ans, pouvoir participer à une telle expédition, mais un entraînement progressif en endurance, programmé par Jean-Pierre mon mari, me permet d'effectuer les étapes dans de bonnes conditions, même celles de haute montagne et de profiter totalement du voyage qui m'apporte beaucoup, tant sur le plan découverte géographique que par le contact avec les habitants, dans la vie de chaque jour et aussi pas la qualité des spectacles auxquels nous avons eu la chance d'assister.

Il reste 20 étapes dont je vais profiter pleinement. Notre famille et nos amis attendent le récit de notre aventure, Ils devront attendre ..."

Étape 97 : TIANZHU - LANZHOU (altitude 1525 m) - Mardi 8 Juillet 2008.

Distance : 145 Km - Dénivelé : 306 m
Départ : 7h30 - Arrivée : 17h00

II est de la nature de l'homme de dépasser sa nature. Maurice Zundel

Notre première très grande ville.

Partis de plus de 2000 m ce matin, nous avons perdu plus de 600 mètres pour atteindre cette immense métropole Lanzhou. Le décor reste le même, cultures irriguées en pleine terre ou sous serres, villages en pleine mutation où l'habitat traditionnel pauvre en terre séchée est remplacé, à coup de bulldozer et sans état d'âme par du neuf coquet et plus fonctionnel.
Les routes entre les villages sont excellentes, par contre dans quelques bourgs la voirie laisse vraiment à désirer.

A midi halte pique-nique dans la cour d'une usine car il est très difficile de pouvoir arrêter un groupe de 100 personnes et des véhicules au bord de la route. La sécurité est prioritaire ! Nous roulons l'après-midi, avec une température de 35° et au fur et à mesure que nous approchons de la capitale provinciale, peuplée de plus de deux millions de citadins, nous sommes surpris par la pollution très visible issue de nombreuses usines pétrochimiques.
Nous atteignons également un autre grand fleuve mythique : Le fleuve Jaune, le bien nommé. A ce stade, très en amont, aucune navigation mais déjà une grande vigueur qui alimente des retenues avec production électrique.

L'entrée dans Lanzhou n'est pas évidente, et la peur de se perdre est réelle. Ici aussi la ville est un chantier, des dizaines de tours destinées à l'habitation ou aux affaires sont en construction. La circulation est importante et les embouteillages existent déjà. Notre hôtel étant à côté de la gare centrale, notre arrivée a été un soulagement pour tous.

Notre témoin du jour : HOU Lizhao (20 ans). Il s'agit d'un des deux cyclos Chinois qui participe à l'aventure.

C'est la première fois que vous venez en Europe, en Asie Centrale et à l'ouest de la Chine, pouvez vous nous donner vos impressions premières sur ces trois parties du monde, ensuite vous me parlerez de Paris-Pékin.

" Ma première impression ce sont les monuments de Paris, et en particulier la nuit, l'éclairage des bâtiments publics : l'Arc de triomphe, la tour Eiffel et les Champs Elysées notamment j'ai trouvé cela merveilleux et je n'en suis toujours pas revenu. Il faut dire que c'est la première fois que je quitte mon pays et que je suis arrivé la veille du départ à Paris. Je suis allé également dans un restaurant Chinois à Paris où la cuisine servie ressemblait à peu près à ce que nous avons l'habitude de manger en Chine.

J'ai sympathisé tout de suite avec des Français. J'ai également été très surpris par le froid et la neige du mois de mars, en France et en Allemagne.
J'ai visité également des églises et j'ai admiré la beauté des vitraux et les exceptionnelles couleurs diffusées sous le soleil, en particulier en Allemagne, à Donauschingen.
J'ai été également très surpris par les nombreuses réceptions, avec discours, remise de cadeaux, buffets en présence des dirigeants des communes et des régions. En Russie, j'ai été surpris par les chants et les danses des enfants des écoles, toujours très agréables et divertissants. Au Kazakhstan, j'ai pu entrer dans des maisons privées, et j'ai découvert de belles demeures, avec de splendides tapis aux murs et aux sols. Au Kirghizistan ce sont les paysages de montagne aux neiges éternelles et du lac Issy-kûl qui m'ont séduit.
Pour la Chine, retrouver les baguettes et les prix très modiques pour manger a été très apprécié. J'ai également été impressionné par les magnifiques paysages montagneux de l'ouest que je ne connaissais pas. J'ai été très heureux aussi de pouvoir parler chinois, avec beaucoup de monde, donc d'être autonome.

Pour Paris Pékin, ma première bonne surprise est l'entraide spontanée que j'ai reçu des cyclos de mon groupe les verts. J'étais en effet incapable de parler ni de lire le Français. Je trouve aussi que pouvoir avoir des boissons fraîches est bien agréable. J'ai aussi apprécié de pouvoir loger dans des écoles où le contact avec les élèves et les professeurs est très enrichissant, je m'exprime en Anglais.
Au départ je ne pensais pas pouvoir arriver à rallier Paris à Pékin. Le premier mois a été très difficile pour moi car j'ai eu très froid. J'ai beaucoup progressé et sauf accident, je sais que je finirai cette expédition."

Étape 96 : GULANG - TIANZHU - Lundi 7 Juillet 2008.

81 km - Dénivelé : 1054 m
Départ : 7h30 - Arrivée : de 12h30 à 14h00

Une étape comme nous les aimons !

Nous continuons de parcourir le corridor Hexi et nous avons atteint aujourd'hui son point culminant. Un col autour de 3000 m. Une montée d'une quarantaine de km, en pente douce, hormis le final de 5 km à 7, 8%, puis une descente longue et très appréciée. En prime un décor splendide de vallée ouverte avec des champs jaunes de fleurs de colza, alternant en damiers avec des surfaces vertes de plantations diverses. L'irrigation étant permanente jusqu au col !

Au bord d'une 2x2 voies, nous longeons de vieux villages traditionnels, construits en terre ocre. Manifestement tous ces hameaux n'ont pas encore bénéficié du progrès économique. Depuis plusieurs jours également nous croisons de très nombreuses serres, utilisées pour toute culture. Les serres chinoises sont très particulières, avec un mur épais d'au moins un mètre de large, trois mètres de haut et 50 mètres de long, et partant du sommet du mur et allant à terre, des arceaux en bambou, faciles à déplacer et couverts d'une bâche amovible. Ces constructions sont impressionnantes, originales et très fonctionnelles.

Ce soir nous sommes à l'hôtel dans une petite ville où les Tibétains sont très nombreux. Nous avons même croisé trois moines bouddhistes en robe rouge !

Nos témoins du jour : Ils sont deux : Adrien Flipo, 21 ans, de Pézenas dans l'Hérault (34) et Julien Lessi, 21 ans, de Maule dans les Yvelines (78), nos deux reporters officiels de l'expédition.

Vous êtes les témoins privilégiés de cette expédition. Quel est votre plus grand étonnement ?

Adrien :

"Tout est source d'étonnement. Le plus grand est certainement pour moi cette nouvelle façon de voyager : traverser un pays d'un point à un autre, permet de saisir autre chose que l'ambiance d'une simple ville. Le fait de survoler chacun des pays n'empêche pas des rencontres émouvantes avec des populations toutes aussi fascinantes les unes que les autres.
Le second est la dimension journalistique de mon travail en tissant un lien de confiance avec nos témoins pour obtenir le plus honnêtement possible ce qu'ils ressentent au quotidien et dans l'instant."

Julien :

"Je retiendrai particulièrement, les différences entre les aspects humains de cette expédition. Dans les pays traversés les variations de coutumes, de langue, de niveau de vie, et de perception de l'étranger.
A l'intérieur du groupe de l'expédition, la révélation des caractères, l'affirmation des affinités, et cette vie communautaire constituent pour moi une aventure hors norme et hors du commun, car nous devons vivre à 115 pendant 150 jours et moi qui suis de nature plutôt sauvage, je suis plongé dans un collectif 24h sur 24.
Cette randonnée m'a surtout permis de découvrir un trait de caractère dans ma personnalité que j'ignorais : ma capacité d'adaptabilité à une longue séparation, au changement incessant de mes habitudes et de mes repères. Sur le plan professionnel, j'ai compris comment capter les sentiments de chacun."

Que vous apporte cette expédition sur le plan personnel ?

Julien :

"Grâce à ce voyage, j'ai pu enrichir mon expérience personnelle et professionnelle et cette ouverture sur le monde me permet d'entrevoir dans ma vie de reporter de nouvelles perspectives et de nouveaux projets inattendus et impensables il y a six mois."

Adrien :

"Je réalise chaque jour la chance que j'ai de pouvoir vivre cette aventure notamment avec mon meilleur ami Julien. Je m'efforce à chaque instant de rester original et créatif dans mon travail pour permettre à mes proches et à tous les internautes de partager cette aventure hors norme."

Étape 95 : WUWEI - GULANG - Dimanche 6 juillet 2008.

63 km - Dénivelé : 535 m
Départ : 13h30 - Arrivée : de 17h00 à 18h00

Rêvez pour nous réveiller ! De rêveurs vous deviendrez des réveilleurs. (Gitta Mallasz)

La chaleur pour compagne.

Nous profitons de l'attrait de l'hôtel en centre ville et du faible kilométrage à venir, pour prendre le départ de l'étape en début d'après-midi.
Nous reprenons notre route vers le sud Ouest du pays toujours dans notre fameux couloir de la route de la soie. La chaleur (33°) a été un élément perturbant pour bon nombre de cyclos. Heureusement le camion frigo rempli de boissons fraîches a permis à tous, en suivant le peloton éparpillé de parcourir l'étape sans trop de difficultés.

Ce soir nous montons le bivouac, dans la cour d'un collège ultra moderne, de la toute petite ville de Gulang. Les équipes hébergements et cuisine sont rodées et en 2h00, tout est prêt pour le plaisir de tous.

A noter d'une pierre blanche, qu'hier samedi 5 juillet, dans la journée et la soirée, une équipe très motivée par l'opération "école solidaire" s'est rendue à l'école, à la demande d'une enseignante d'Anglais et du directeur, "Wuwei sunstrine English school", sous la responsabilité de Gil Degugliemi, accompagné de 4 ambassadeurs. Cette délégation a été prise en charge et conduite dans cet établissement privé, qui enseigne la langue anglaise les fins de semaine et pendant les vacances aux enfants de 5 à 18 ans.
Gil a présenté de 14h30 à 17h00 l'expédition Paris-Pékin et l'opération école solidaire, puis sous la direction du professeur d'Anglais, particulièrement motivé, dynamique et enthousiaste, les enfants ont posé des centaines de questions toujours pertinentes, parfois surprenantes : la nourriture en France, les lois, notre façon de vivre, etc...

En soirée nouvelle présentation par Gil et Raymond Cambarat d'un deuxième établissement où là encore, pendant plus de 2h00, les questions ont fusées, sur notre mode de vie : après les échanges traditionnels des adresses et remise de fournitures scolaires, il était temps de rentrer avec la satisfaction d'avoir rempli son rôle d'ambassadeur.

Notre témoin du jour est : Xavier Latorre Vilallonga notre cyclotouriste Espagnol du club Velocio du Pilat de Fraisses dans la Loire (42)

"Ce qui m'intéresse dans ce voyage est avant tout l'aspect culturel des pays traversés. Le vélo étant un moyen, peut être le meilleur, pour découvrir la culture, au sens large des nations rencontrées. Ouvrir les yeux pour améliorer la connaissance du pays, connaître son histoire, sa géographie, sa ou ses religions, sa ou ses langues.

Ce Paris-Pékin a donc été longuement préparé pour me plonger dans le contexte, ce qui m'a déjà donné beaucoup de plaisir. Je préfère d'ailleurs chercher dans les livres que sur Internet. Ces livres et des cartes m'accompagnent depuis le 16 mars. Notamment pour l'Europe : le Danube de Claude Magris, pour la Russie : Vie et destin de Vassily Grosmann et pour la Chine le roman de Mo Yan.

Ce voyage est pour moi particulièrement intéressant car il me permet de vérifier sur le terrain, depuis près de cent jours les incroyables bouleversements de l'histoire de l'Europe, de l'Asie centrale et bien sûr de la Chine.
Pour l'Europe des pays développés mais qui semblent progresser lentement, pour les états de l'ex Europe de l'est, des états ruinés et en reconstruction plus ou moins rapides et pour les pays de l'ex-URSS, en Asie centrale des pays encore pauvres, fiers de leurs origines et qui récupèrent leur personnalité, leurs religions, leurs propres politiques au rude prix de l'indépendance.
Pour la Chine, je vois à tous les instants, les bénéfices d'une orientation générale nationale qui manifestement profite à l'amélioration constante du niveau de vie d'un peuple qui travaille. Les Chinois utilisent leurs racines millénaires, au profit d'une planification exemplaire, le tout dans le calme, le sourire et la sérénité.

Actuellement sur la route de la soie, je mesure mieux l'apport inestimable des échanges entre la Chine et les pays voisins, éléments du développement actuel, les chinois ayant su et voulu valoriser et canaliser la totalité des apports hétérogènes de tout ces peuples, de toutes ces richesses économiques, humaines, culturelles et politiques."

Étape 94 : YONGCHANG - WUWEI - Samedi 5 juillet 2008.

Distance : 71km - Dénivelé : 55 m
Départ : 7h30 - Arrivée : 11h45

Une descente de 50 km !

A force de monter, il fallait bien redescendre et aujourd'hui notre courte étape a été très facile et sans histoire particulière. Arrivés pour déjeuner au restaurant de l'hôtel en fin de matinée, nous nous reposons ici pour 24h00. Notre départ de demain étant programmé vers 14h00.

En revanche, nous avons été témoins de deux anecdotes significatives. En pleine campagne, sur un lopin de terre très petit, 1000m2 environ, un couple de paysans, avec délicatesse et conscience, faisait la moisson du champ de blé dont il était manifestement propriétaire ou fermier. Rien de particulier me direz-vous ? J'ai oublié de préciser que le champ était moissonné avec une faucille. A notre vue, l'homme s'est avancé, chemise ouverte, fusil d'aiguisage et gourde à la ceinture, a pris un épis, l'a écrasé entre ses doigts pour nous montrer la qualité de son blé et de son travail. Nous nous sommes retrouvés au milieu d'un tableau digne de Millet, acteurs involontaires d'une scène rurale simple, digne, belle et émouvante. La femme souriante, foulard sur la tête, perles de sueur au front, un peu en arrière, attendant que l'homme fasse le geste du menton pour la reprise du labeur.

Ces petites tranches de vie, que chacun a pu découvrir selon son regard, à tous les instants, sont pour nous plus instructives, que tous les discours et les analyses de "grands" spécialistes ou experts entendus dans nos pays d'Europe.

Autre anecdote : un cyclo arrive dans une grande poste, il est 18h35, le service public cesse à 18h30, déçu, de ne pas pouvoir acheter un timbre et envoyer son courrier, il fait tout de même un signe de l'extérieur pour attirer l'attention des postières en train de faire leur caisse. Une femme s'approche souriante et très calmement ouvre la lourde porte, comprend le souci du "client étranger", le conduit au guichet, demande à une collègue d'arrêter sa caisse pour vendre un timbre, le colle, ferme l'enveloppe avec du scotch et d'un grand sourire lui fait comprendre que sa missive partira dans la nuit. Soudain de derrière arrive, manifestement un chef qui a tout vu de la scène, il s'approche et offre une tranche de pastèque à notre cyclo qui a fait rouvrir la poste et payé seulement 0,60 €. No comment.

Notre témoin du jour est : Charpentier Michel des Cyclotouristes de Vesoul en Haute-Saône (70)

"Depuis mon départ, je suis de plus en plus en forme et de mieux en mieux physiquement. Réaliser un tel périple dans cet état rend vraiment facile cette randonnée. En 1960, j'ai assisté aux jeux olympique de Rome, je ne voulais, sous aucun prétexte rater ceux ce Pékin, je suis donc très heureux.

Ce qui me faisait rêver avant de partir était le passage au Kazakhstan et au Kirghizistan. Je n'ai pas été déçu, car j'aime la montagne et les paysages somptueux, les lacs et la nature. J'aime, contrairement à certains, les bivouacs et leur convivialité, l'inconfort, l'imprévu. Peut-être que devenu vieux, j'aimerai moins. (Ndlr. Michel a 74 ans !)

Il s'agit de mon deuxième séjour en Chine, je suis venu en effet, dans le sud en Novembre 2007, pour un mois de vélo, et je suis stupéfait de la différence. Autant ce que j'ai vu dans le sud était archaïque et hors du temps autant ce que je vois à l'ouest et au centre est en mouvement, moderne et particulier à la fois. Je dois dire aussi que j'apprécie la gastronomie Chinoise, car elle est variée, pleine de légumes, et toujours servie avec une multitude de plats différents où les couleurs et la présentation ont une grande importance.
Je reste également impressionné par la courtoisie et la gentillesse des personnes rencontrées, toujours souriantes, prévenantes et disponibles.

Je souhaite bien entendu terminer avec tous à Pékin. Je ne considère pas du tout ce que je fais à vélo comme un exploit, par contre vivre avec 100 compagnons est une aventure peu banale où la découverte de chacun nécessitera d'écrire un livre."

Étape 93 : SHANDAN - YONGCHAN (Altitude : 1977 m) - Vendredi 4 juillet 2008.

Distance : 117 km - Dénivelé : 910 m
Départ : 7h45 - Arrivée : 16h00

Une très belle étape.

La pluie de la veille ayant cessé, nous repartons ce matin rassurés et tranquilles. Le soleil brille et la température s'annonce très convenable, entre 20 et 25°. Nous continuons notre progression dans une immense plaine bordée au loin au sud et au nord de hautes montagnes. Il s'agit d'un couloir plat et large d'une trentaine de km et d'une altitude moyenne et constante entre 1500 et 1800 m.
Ce corridor a toujours été propice à la circulation des hommes et des biens. C'est pourquoi dans un ordre chronologique et historique on y trouve des ouvrages et infrastructures, marquant toutes les époques de l'histoire des voies de communication chinoises.

Un mur de 5 m de haut et de 1 m de large, construit il y a plus de 600 ans, pour arrêter les envahisseurs venant du nord constitue en fait la première Muraille de Chine. Elle est encore assez bien conservée mais n'est pas destinée aux touristes, donc fort intéressante pour nous.

Nous longeons une des premières routes historiques de la soie, un chemin, première voie carrossable, allant d'ouest en est. Nous empruntons aujourd'hui une route goudronnée qui lui est parallèle, à côté se trouve une autoroute à péage à 2 x 2 voies, une double voie de chemin de fer électrifiée et pour finir un pipe-line en construction pour acheminer du gaz.
Cette étape très variée nous permet, par un long faux plat montant, de franchir un col de 2 577m, presque le Galibier.

En pleine forme et de bonne humeur, le groupe se trouve ce soir à l'hôtel, ce qui permet, après une douche chaude, de trouver le repos bienfaiteur.

Le témoin du jour est Paul Bacho, notre seul participant Américain originaire de Cleveland dans l'Ohio.

Quelle est votre impression générale sur Paris-Pékin, sur la traversée de l'Europe de l'ouest et de l'est, puis de l'Asie centrale et enfin de la Chine ?

"Depuis Paris, je suis dans l'inconnu car je connaissais l'ouest de la France, pour avoir fait Paris Brest mais pas l'est.

C'est la première fois que je réalise une randonnée cyclotouriste avec une centaine de personnes. J'ai quelques difficultés à rouler dans un peloton compact car j'ai besoin d'espace. Mais je m'adapte.

J'ai trouvé dans l'est de la France un excellent accueil, en Allemagne et Autriche, plus de froideur et au fur et à mesure que nous passions à l'est une sympathie de plus en plus chaleureuse. En ce qui concerne les pays traversés, je trouve l'Europe de l'ouest d'un bon niveau général et que depuis la Hongrie, les villes sont modernes et d'un bon niveau. En revanche dans les campagnes, j'ai l'impression de me retrouver avec un siècle de retard !
Tout est nouveau pour moi et je découvre avec des yeux d'enfant, ces pays qui me surprennent tous les jours.

N'attendant rien de précis de l'organisation et n'ayant aucune référence en ce domaine, je suis satisfait de ce que l'on me propose. Pour le 4 juillet, anniversaire national aux Etats-Unis, il est de tradition de faire claquer des pétards. Ce matin, surprise pour moi au départ de l'étape, des Chinois ont lancé des pétards et ce soir, à l'arrivée, de nouveau des pétards ont éclaté. La tradition est respectée"

Étape 92 : ZANGHYE - SHANDAN - Jeudi 3 juillet 2008.

Distance : 63 Km - Dénivelé : 249 m
Départ : 7H30 - Arrivée : 12h00

Belle étape, bivouac sordide.

Il y a des jours comme cela, l'étape semble une formalité sur le papier et puis un problème imprévu vient perturber notre quiétude.
Parti ce matin avec le vent dans le dos, par une température de 21°, nous arrivons à midi, heureux de trouver notre bivouac.

Patatras, le bivouac en question se trouve dans le chantier d'un futur stade. Le gymnase qui nous est dévolu est promis à la destruction et de ce fait, ne possède ni eau, ni électricité. De la poussière, des gravats, un environnement assez sordide. De plus, un pique-nique chinois des plus simples, pourrait briser un moral de cyclos non aguerris, ce n'est pas le cas.

Après un moment d'hésitation et de mauvaise humeur, nous nous organisons, donnons un coup de balai, installons les douches, mettons en place le groupe électrogène, construisons une tente pour abriter les latrines, sortons lits et duvets et donnons à notre décor un aspect plus humain et acceptable.

Ce soir notre équipe cuisine mettra "les petits plats dans les grands". Ce "mauvais moment" vite oublié, permet de constater, une fois de plus la cohésion quasi-totale de notre groupe.

Notre témoin du jour est : Gérard Muller du club de l'Association Sportive d'électricité de Strasbourg dans le Bas-Rhin (67).
Il faut rappeler que Gérard est non voyant et qu'il réalise le parcours en tandem, avec Michel Cabart son pilote.

"Le tandem dans le peloton a une position particulière. Avant de partir, je ne pensais pas avoir le même pilote pendant 13 000 km, surtout pour le soulager. Dans la réalité, Michel est le seul qui m'a conduit car tous les deux, nous y trouvons tous les jours notre plaisir.

Lui est plutôt cyclotouriste, moi par tempérament, je souhaiterai de temps en temps "jouer avec les gros bras". Grâce à lui, j'ai vraiment découvert, non seulement le cyclotourisme, mais aussi la solidarité entre cyclos. Dès le départ, chacun de nous pédalant avec et pour l'autre, nous avons trouvé un rythme commun qui nous satisfait pleinement. Notre relation est équilibrée et nous pédalons vraiment en osmose,
Nous roulons toujours en queue de peloton, car nous avons besoin d'espace, pour être libre dans nos mouvements.

Plus j'avance dans ce périple, plus le tourisme, les rencontres, les "à côtés" du vélo prennent de l'importance. Alors que le premier mois nous étions presque seuls, désormais autour de nous s'est formé un groupe. Nous profitons au mieux de la vie collective empreinte de convivialité et d'amitié. Personne dans le groupe ne connaît le monde de la cécité, mon militantisme actif, me pousse à donner une certaine image de celle-ci, bien loin des stéréotypes traditionnels. Je dis souvent : Il vaut mieux faire envie que pitié. Dans la vie du groupe et dans les différentes activités quotidiennes, j'essaye d'avoir toujours le plus d'autonomie possible. Comme dans ma vie sociale et familiale habituelle, je reste soucieux de mon look et de mon apparence, l'élégance n'étant pas incompatible avec la cécité. Le regard de l'autre est important pour moi car la plupart des non voyants ont eux-mêmes une image négative de leur handicap. J'ai besoin, comme tout le monde d'être reconnu, non pas comme handicapé mais comme Gérard Muller, cyclotouriste.

J'espère que ce séjour aura fait connaître la condition d'aveugle, et si les 115 participants pensent désormais que les non voyants sont des gens comme eux, je n'aurais vraiment pas perdu mon temps, en dehors naturellement d'avoir participé à une randonnée hors du commun, avec des relations humaines assez exceptionnelles."

Repos à : ZANGHYE - Mercredi 2 juillet 2008.

Le temps passe à toute allure et plus particulièrement les jours de repos.

Nous sommes partis depuis plus de cent jours, avons traversé 14 pays, pédalé plus de 10000 kilomètres. Tout cela nous paraît très proche, très lointain, très simple et très compliqué. Confusion des étapes dans les esprits et mélange dans notre kaléidoscope de souvenirs. Il nous faudra probablement un peu de temps pour remettre en ordre ce fabuleux parcours. Quand nous y parviendrons, nous nous rendrons compte combien cette expédition fera date dans notre histoire personnelle et collective.

Dans cette grande ville, à notre échelle (2 millions d'habitants) chacun est libre de gérer sa journée à sa guise. La majorité d'entre nous se repose, se balade, essaye de comprendre cette fascinante et surprenante Chine d'aujourd'hui.

Il paraît sage aussi à certains de commencer à faire des emplettes car ils pensent, à raison, que les prix d'ici n'auront rien à voir, avec ceux de Pékin !

Notre témoin du jour : Jean-Marie Haboury du Vélo club d'Annecy en Haute-Savoie (74)

"Une journée de repos est toujours appréciée, car elle permet de souffler et notamment de vérifier les vélos. Je dis les, car j'ai le privilège de réaliser cette expédition avec Danielle ma femme, ce qui pour moi est une grande chance.

Il s'agit de mon deuxième séjour en Chine. Cette fois nous traversons la campagne et nous prenons une provision d'images assez exceptionnelles. Les contrastes et les surprises se trouvent partout : à chaque coin de rue, derrière chaque triporteur ou en poussant une porte de magasin.
Ce qui me frappe est l'importance de l'irrigation dans les campagnes. Surprise également dans les villes où les immenses avenues, larges de deux ou trois voies de circulation, sont bordées d'arbres, fort utiles pour dispenser l'ombre. Dans les rues du centre ville, des fleurs et des calicots publicitaires ou explicatifs donnent un air à la fois simple et convivial.
La ville d'aujourd'hui par exemple est un modèle de mélange entre les vieilles constructions traditionnelles et les immeubles récents et modernes.

Parmi mes meilleurs souvenirs, la traversée du Kirghizistan et l'approche de ses hautes montagnes aux cimes enneigées. A l'approche des grandes murailles les Ramoneurs sont toujours vaillants !"

Étape 91 : GAOTAI - ZANGHYE (1497 mètres) - Mardi 1er juillet 2008.

Distance : 88 Km - Dénivelé : 229 m
Départ : 7h30 - Arrivée : 13h30

En liberté totale.

Nous pensions avoir ici, la même "protection" des autorités, que nous avons connue depuis notre entrée en Roumanie. Un service de police omniprésent, des voitures nous encadrant et pour les pays les plus soucieux de notre sécurité des assignations à résidence sévères, nous interdisant, par exemple de quitter l'enceinte de notre hébergement.

Depuis notre entrée en Chine, c'est tout le contraire. nous n'avons jamais été encadrés ou contrôlés par la police. Nous roulons absolument où nous voulons et nous avons un sentiment de sécurité totale. Dans la campagne, sur la route et dans les villes, aucun policier nous encadre, hormis les agents de circulation débonnaires. Dans les hôtels, aucune vérification de passeports ! Là encore la surprise est grande. Tout semble cohérent, calme. Chacun peut mener sa vie, comme il l'entend, habillé simplement mais sans excentricité.
Notre impression de sérénité souriante se développe de jour en jour.

Demain repos, quel plaisir !

Notre témoin du Jour : Michel Rougert du Club Sportif et artistique de la défense de Roanne dans la Loire (42)

"Depuis ma toute première jeunesse, j'ai été animé par deux grandes passions (en dehors de celle de ma famille) : l'activité physique et les voyages.
A 56 ans, j'ai la possibilité d'assouvir ces deux passions. Rien que le nom de Paris-Pékin à vélo inspire le respect et je suis heureux de participer à une telle expédition. C'est pour moi avant tout une grande aventure humaine, dont les séquelles seront indélébiles et où j'ai eu la confirmation que le mot solidarité n'était pas un vain mot dans notre milieu. J'ai appris que la notion de solidarité n'est possible que si elle est partagée. Pour pouvoir en bénéficier il faut surtout en faire profiter les autres et dans une randonnée de plus de trois mois, il est indispensable d'être bien dans son corps et dans sa tête, je parle en connaissance de cause, pour que ce mot, quelquefois galvaudé prenne tout son sens.

J'ai conscience que chacun de nous, construit son propre Paris Pékin d'abord pour son histoire personnelle, mais que sans la magie du groupe, personne ne l'aurait réalisé. Nous ne sommes pas encore conscients que nous écrivons, ensemble, quelques belles pages de l'histoire fédérale, et je suis certain que dans quelques mois, revenus sur terre, nous serons simplement fiers de pouvoir dire en toute simplicité : j'y étais !

Pour finir, je dois dire à tous les jeunes des écoles solidaires, de la Loire en particulier mais aussi de toute la France, et de la ville de Piatra-Neamt en Roumanie, que sans leur soutien et leur enthousiasme, je n'aurais jamais pu terminer cette grande aventure. Dès mon retour je leur rendrai ce qu'ils m'ont offert : Leur confiance et leur amitié."



"Le Cyclotourisme, un art de vivre"